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ces vapeurs, retenues 8c multipliées d'ans les concavités,
de la montagne, l'emportent enfin fur-la ré-;
fiftance .de l'air extérieur, qui commence à fe con-
denfer par l'approche de la nuit, & c’eft alors aufli
que ces vapeurs, en s'échappant, commencent à?
produire un vent fenfiblë,. qui fe renforce enfuitef
pendant la huit à mefure que l’air continue deJef
refroidir. Mais enfin ces vapeurs prefqu’épuiféessi
font arrêtées derechef le lendemain .par la racé-,'
fa&iori nouvelle qui fur vient d'ans i’air. au. retour*
dû foleil, & le vent drfparoîc pour lors de nouveau
pour recommencer de la même manière la
nuit fuivante. Comme les changemens que le coûts'
- journalier du foleil caufe dans la . raréfaction de?
Tait fui vent. un ordre confiant ôé régulier, dans]
leur viciffitude, les variations que ces changemens!
produifént fur le vent de Pas doivent garder dej
même un ordre fixe & périodique, & c ’eft aufli çe
que lès obfetvations juftifient;
C e vent efi froid dans l’été ; il fort de concavités ,
q u i, quoique plus chaudes en été , qu'elles me lev
font en hiv er, le font pourtant moins à proportion
que la furface de la Terre & que l'air qui l’envi-
• ronne. Ce vent doit donc participer de la même
température, & paroître par conféquent èn été*
moins chaud , ou * ce qui revient au même, plus'
froid que l'air extérieur.
R Ce v en t, au contraire,eftplus tempéré en hiver':
• que l'air extérieur., & ilempê.che, quand il fouffle,;
ï qu’il ne fe forme de la gelée blanche dans le vallon
de Blaud.: c'eft qu’alorsles concavités d'où il fort,
: font plus chaudes que la furface de la Terre &
-.que l'air extérieur, quoiqu’elles le foient pourtant'
j moins qiie dans l’é té , & par conféquent ce vent ,<
qui efi au même degré de :chaleur, doit être plus*
-chaud aufli quel’air extérieur, & empêcher la pro-f
duêtion de la gelée blanche dans les endroits où iU
fouffle.
Ainfi ce vent, qui fért à rafraîchir le vallon de
Blaud en été, fertrà l'échauffer au contraire en hiver
; il y entretient par ce moyen-une température
-prefqu’ uniforme, & par là bien différente de:celle‘
■ des heux d’alentour, où Ton éprouve les changë-
mens de rems les plus fréquens & le s plus .extraordinaires.
Il chaffe en mè ne tems du vallon
les brouillards qui pourrôient s’y former , & les:
. mauvaifes exhalaifons dont l’air pourroit être
chargé. C ’eft par ces moyens qu’il contribue à la
fertilité de ce vallon , qurabôode. en toutes fortes
d’arbres-fruitiers., quoiqüe;dans unpays très-irbid :?
c ’eft par-là aufli qu’il procure la.faute & la longue .i
vie de,ceux qui y habitent, dont piufieurs atteignent!
- la centième anKsè;fans infirmités, & dont»quelques-i
, uns ont jotii d’ uiae'-vit-iitelfe vigourèufèi j-ufqu’ à j
•* cent onze & cent dix-huit ans, lainfi qu’ifétoit jtrf-?
tifié par deux exemples affez récens en 1713 ,■
- lorfque j’y fus/
Les vents de l’efpèce de celui qu'on vient de*
décrire ne font pas rares.' Tel.éjtoit autrefois celui i
q u ifo r to it du creux- du mont Fàrnaffe ,1 par an i,
E S C
trou renfermé dans le fanêtuaire du temple de
Delphes, & oue la Pythie, afîïfe fur le faeré trépied
qui lecou vroit, devoit recevoir, à ce qu'on croyoit,
pour être en état de rendre des oracles. Tels étoienc
encore ceux qui s’engendroient dans certaines car
vèrnes, au rapport de Pline , d’où ils fouffloient
fans diftinèfiori. Sine fine, dit- il, vent os générant
jam quidam fpecus. Tels font aujourd’hui un grand
nombre de vents fouterrains qui forte.nt des fentes
de piufieurs montagnes, & dont on trouve beaucoup
d’exemples dans les- auteurs modernes*
Le Père Kircher rapporte qu’allez près de Terni,
il fort un vent froid de quelques fentes de la montagne
fur laquelle la petite ville de Cefi. eft bâtie«»
que ce vent fouffle principalement en été} que*les
habitans de Cefi le conduifent par des tuyaux dans
leurs caves & dans leiirs maifons pour rafraîchir
leur vin & pour fe rafraîchir eux- mêmes pendant les
chaleurs} qu'en ouvrant, au pôincqu'il leur plaît,
le tuyau qui le conduit, ils en prennent à-leur gré
la quantité qu'ils veulent ; enfin que ce vent leur
eft très'avantageux pour la confervat-ion de la fan té
& pour la prolongation de la vie. -
On trouve précifément le même détail fur cett.e
montagne dans le Voy âge d‘ Italie de iVliffon, où cet
auteur parle de ce vent comme d’un fait,dont il a
été témoin,;I1 rapporte., dans le même ouvrage, une
autre obfervation prefque pareille du ^aroiyt V é -
fuve j mais-il avertit qu’il ,nela rapporte que fur la
foi d’un ami dont il tranfcrit la lettre : « Le mont
» V é fu v ë , y eft-il d it, foufflele froidm le chaud.»
*» d’un côté il y a des foupiraux ardens répandus
» en differens endroits vers I fou fommet, 6c ,de
i l’autre on voit .vers Ottavïano certainesipuver-
? -tujres d’où il fort un vent fi froid, qu’il n’eft
39 pas poffible d’y tenir la main. »
: Gafl'endi parle ,’ dans la Vie de Peirefc Fii l’pcca-
fîon du vent appelé le Pondas f qui règne près de
Nions en Dauphiné, 8c qui eft fujet à des variar
tions réglées de même que le vent de Pas, de quel^
ques vents qui fortent du. creux de plufieurs,monr
tagnes, comme du mont Coyer & du mont Ma^
iignon en Provence, du mont Ventoux dans le
Gomtat, & d’ une.montagne peu éloignée de \fi-
cence en Italie, fur l'aquelleveft. bâti un bourg
que Gaffendi appelle Gufiofa. .
Ce dernier lieu eft décrit plus exa&ement dans
un ouvrage de géographie, intitulé Géographie cbm*
pendium , & Hifpanie y Gallie,, ac Italie loti us bre~
vis & accurrata defcriptio.
: On y rapporte qu’en allant de Vicence à Efté, on
trouve une>chaîne de collines fertiles 8c agréables
que- les gens du pays appellent \z-.Rm.era,• .que-ffir
cecte c h a îh e& à cinq milles ;d*e Micence, .eff bâti
lev village de iGuftofa:,1 erv latin Cdftodia■ ( cVft le '
Guftofa de Gaffendi ) » qu’ il y a en cex endroit une
caverne très profondevlongue d?e fépt mille pas,
& foutentie par plus de miLie toi on nés formées par
congélation y enfin fqu’affeziprèsde .cette caverne >
il y a un autre antfe appelé Cubola, 1 ttoù i f fort
un vent; froid qu’ un , particulier de Vicence a eu
l’arc de conduire, par des canaux fous terre, dans
une mailon de> campagne* qu’il aVoit dans le voifi-
nage. On trouve dans ce même ouvrage l’infcription
que cet homme de Vicence avoit fait mettre fur
la porte de fa maifon pour l’authenticité du fait,
fa même que Gaffendi indique, qu’il dit que Peirefc
eut foin de copier, & qu’il ne rapporte pourtant
pas.
M. 4e Marca fait mention d’un autre vent de la
même efpèce dans l’ouvrage qui a été publié après
fa mort, fous Je titre de Marca Hifpanica. «Il y a ,
« dit-il, dans la viguerie de Campredon en Cata-
»s.logne , près de la petite ville dlOlot, une mon-
» tagne dont l’ intérieur eft creux, & d’où ii fort
» un vent continuel par quelques fentes qui s’y
trouvent, & que les gens du pays appellent:/^
» Bouffadours , c’eft-à-dire , Us Soufflets. Les- hriti-
» tans du voilihage, ajoute-t-il, ont eul’adreffe d ’en
« retirer un avantage cpnfidérable 3 en'çondüifant
»ces vent dans.leurs maifons par des tuyaux,
j» pour modérer les.chaleurs de l’été. ».
Gabriel Boule, médecin de Nions en Dauphiné,
fit imprimer à Orange, en 1647, un Trairé fur un
vent particulier qui fouffle dans le vallon de la ville
de Nions, appelé le Fondas. 11 paroît bien , .par ce
qu’il en d it, que ce vent fort d’un trou de,1a montagne
du Tili i mais il faut avouer que le refte des
propriétés du Pontias ne s’accorde point avec les
propriétés connues du vent de Pas. Cet auteur
parle, à cette oççafion, dans le même ouvrage,
de piufieurs autrés vents qui naiffent, du creux de
montagnes, comme du vent qui fort d'une montagne
appelée le Rochas de Miraèelow B cires roujfes 3
dans le mandement de; Bouvières en Dauphinéj
de celui qui,fort de la Baume de la Mené, fur la
pente feptentrionale du mont Ventoux dans le
Comtat Venaiftinj de celui qiii fort en été de la
fpntaine de Vauclufe dans le même Comtat} enfin
de celui de la Vtçine, qui fort de quelques fentes
de rochers, au pied d’une montagne au deffous
du village' de-Pîles» à trois lieues de Nions en
Dauphiné;
M. Scheuchzer rapporte de même, dans fes
Voyages dès Alpes , qu’ il fort des vents froids du
creux de la montagne de Chiavenne, dont les habitans
Tavent fe lervir à propos pour rafraîchir
leurs caves, qui font créufées dans la montagne
même. Cet auteur avoit dit un peu plus haut, dans
la defcription du même Vo yage, qu’ il fortoit un
vent fouterrain d'un trou qui étoit au pied de la
montagne de Blattisberg, fur lèriac de Wahlenftat,
près;de la ville de Wefen. - ,
■ Enfin l ’auteur de.lEtat & des Délices de la Suijfe
parle de quelques autres vents femblables qui fortent
des cavernes de piufieurs montagnes du canton
de C laris, & furtout d’un vent qui fort d’ une montagne
près du bourg de Codelago, fur le borft du
lac de Lugano,, dans le bailjiage du même nom.
!$j Tous ces; différens vents( fouterrains fe forment
de la même manière que le ’vent de.Pas, & l’explication
que nous venons de. donner de ce vent
; peut fervir à expliquer la génération de tous ’les
autres. Je ferois même tenté de croire, quoique
les auteurs ne le difent pas de tous exprefiément,
que , par une fuite.de cérte conformité, tous ces
vents fouterrains font fujets à des variations & ' à
des périodes réglées, de meme que le vent’ de
Pas, parce qu’ il [emble que les caiifes -qui pro-
duifent ces variations; dans le vent de Pas-doivent
en produire aufli dans les autres-vents de la même
efpèce. Mais ces périodes ne font pourtant pas les
mêmes dans tous les vents fouterrains : piufieurs
de ces vents gardent, dans leurs cours, un ordre différent
de celui du vent de Pas. Le vent qui fort de
la montagne de Cefi en Italie fouffle à la vérité en
été & non én hiver, comme celui de Pas 5 mais il
ne fouffle que le jour, fuivant le Père Kircher, &
ceffe de fouffler à l’approche de la nuit. Le vent
de Fondas, près de Nions en Dauphiné, fouffle
principalement pendant la n u it, comme le vent
de Pas j mais c’ eft dans l’hiver qu’il règne avec plus
de violence , félon Gabriel Boulé, & il eft peu
fenfible en été j enfin le vent de la Vezine près de
Piles en Dauphiné paroît répondre exa&ement
aux périodes du vent de C e fi, & fouffler de même
en été de non en, hiver, le jour & non la n uit,
au rapport du. même Boulé* f -
• E S C A U T (Département de T). Ce département
tire fon nom d’une riviere confidérable3qui,
navigable depuis .Valenciennes | département du
Nord, pafle à Gand en traverfant celui de l’Efcaut
du midi au nord.
Les bornes de ce département font au nord la
Hollande, à l’ eft YEfcaut lui-même , qui le fépare
du département des Deux-Ne thés ■ & de celui de
la Dÿ le j au fud celui de Jemmapes, & à l’oueft
celui de la Lys. I
^ La fuperficie de ce département eft d’environ
cinq cent foixante-cinq mille neuf cent quatre^
vingt-fix arpens carrés , ou deux cent quatre-;
vingt-huit mille huit cent foixante-dix hectares,
& fa population eft de cinq cent quatre-vingt cinq
mille deux cent cinquante-huit individus. »11 eft
compofé de trois cent quarante-deux communes.
Il eft'divifé en quatre arrondiffemens communaux
ou fous-préfeétures, & en'quarante-un cantons ou
juftices de paix. La préfeèture. de ce département
eft à Gand. Oudenarde , Termonde Ôc Sas-de-
Gand font les fiéges des foùs*prëfedures. Cè département,
compris dans l’évêché de Gand, dépend
de la vingt-quatrième- divifion militaire ,■ dont
le. commandant.réfide à Bruxelles , département dé
la Dyle.
Les principales rivières font YEfcaut, dont il eft
parlé au département de l’Aifne y la Lys , voyez
le département du Pas-de-Calais j ,la Dendre ,
département de Jemmapes i la Dut me , département
de YEfcaut. ,