
p'oite une mine de foufre par des puits qui communiquent
entr’eux, au moyen de galeries fou-
terrain.es creuiées à différentes profondeurs. Le
minéral que l’on extrait de ces galeries fe tire des
puits par le moyen de plufieurs tours qui font à
leurs embouchures. Les mottes ou glèbes qui renferment
ce minéral, font un mélange dé foufre tout
formé & de diverfes terres, d’oxide rouge de fer,
& fouvent même d’antimoines on en fépare le
•foufre au moyen de la fulion, puis on le verfe
dans des baquets : quand if eft refroidi, il s’y fige
forme une mafle, & c’eft ainli qu’il circule
dans le commerce ; au fond de la matière mife en
fufion on trouve l’antimoine & l’oxide rouge de
fer , appelé vulgairement finople , dont on fe fert
pour marquer les moutons ou pour d’autres ufages.
' Ce qu’il y a de plus remarquable dans cette exploitation,
ce font les puits qui font remplis de.
mofettes qui s’y maintiennent à différentes hauteurs,
& qu’on reconnoït par l’excin&ion des
lampes, par des exhalaifons fuffocantes & par une
chaleur fatigante & extrêmement fenfible. Dans le
froid vif Ôl rigoureux de l'hiver, lorfque le vent
fec du nord vient à louffler, la mofette defeend
•dans îc s fou ter rai ns & d vient moins a 6liy.es mais,
dans les rtmps pluvieux, lotique le vent ell au
midi, elle s’cleve davantage, & développe une action
plus vivelk plus dangereufe. :i.; / J
• Pour la détruire ou au moins pour la refierrer
dans des réduits plus profonds, & faciliter aux
ouvriers le moyen de -pratiquer avec fécurité les
puits & les galeries, ori fait defeendre <ks fagots
de bois et flammé jüfqu a la furface de la mofette
; un ouvrier defeend en même temps pour
entretenir ce feu& i’abaiffer à mefure que la mofette
s’abaiffe elle-même. C’eft ainfi qu’on parvient
a détruire entièrement la mofette, ou à la
forcer de gagner les parties des, fou terra ins où il
n’eft pas néceffaire de travailler. Un amas trop con-
fidérable de mofettes y outre l’inconvénient de
rendre le travail des ouvriers fort d fficile , feroit
dans le cas de s’enflammer fubitement, &r l’explo-
fîon feroit pour lors fauter en l’air les .étais .&
les madriers qui foutiennent les galeries & ies terres
dans lefquel es on a creufé ces puhs.
Dans quelques-uns de ces puits la mofette eft
continuelle, de manière qu’on ne: peut s’en garantir
qu’en la concentrant continuellement au
moyen de combuftions. Le dodeur Santi fut eu-'
rieux de- vifiter un de ces puits à mofi-tte : il >y defeendit de manière à s’app rocher de la furface
de la mofette , que deux ouvriers étoient occupés
par un feu foutenu à fixer à un certain point 5
mais ayant hafardé d’avancer la tête julqu’a cette
furface, il fe trouva frappé de manière à perdre
la refpiration : en conféquence il s’empreffa de fe
relever. Une chandelle plongée dans la mofette
s’y éteignit; la folution de fournefo! y devint ab-
foJument rouge; l’eau de chaux renfermée dans,
- une petite bouteille débouchée qu’on y defeendit*
devint tout-à-coup laiteufe & dépofa un fédimerit
blanc , &c. D’après ces expériences & beaucoup
d’autres* dont nous fupprimor.s les détailsle
doéfcur Santi eft porté à croire que ce territoire
renferme, à une certaine profondeur, un grand
travail de la nature, une effervescence &c unedé-
compofition continuelle de fulfures qui, en s’élevant
de ces laboratoires fonterrains par les puits
& les galeries, fourniffent (ans ceffe des émanations
de gaz hydrogène le plus fouvent fulturé,
de gaz acide carbonique & de calorique libre.
Ainfi c’eft à la fuite de cette compofition que ies
ouvriers, à force de feu, confument le ^az hydro-
i gène fuifure & ré iuilent la mofette au feul gaz
! acide carbonique,- qui, par fon propre poids, fe
concentre au fond des puits : ainfi, quand la mofette
ne contient pas d’acide carbonique , ils la
confument entièrement ; mais quand le dernier y
domine & s’élève feul en rèmpliffant la capacité
dés puits, comme on n’a aucun moyen de s en
débarrafier, les ouvriers font obligés de les abandonner
tout-à-fait.
On trouve dans cette plaine un grand nombre
.de fources d’eaux fulfureuiès qui coulent en petits
"ruifiéaux ; elles font acides & de l’acide fulfuriquequ’ellestiencnoernrtoefniv desif fào luratiiofonn:
plufieurs de ces fources , autour defquellès il n'y
a aucune produétion végétale, font fangèufes ou
abfolument fèches - en. et é , ne renfermant plus
que les émanations de gaz hydrogène fulfuré;fmais
en hiver les eaux courantes ,- les boues & les émanations
aériformes font dans une aêlion fi foi te,
fi continue, qu’on court rifque de s’approcher de
ces contrées méphitiques.
Nous palfbns dé là avec notre obfervateur au
Mont-Alcino &: <à fes environs. La charpenté de
cette maffe montueule’offre .des bancs de pierre ,
de fable &.de cicerckine : celle-ci, dont on trouve
fréquemment des maffe s confiJérables fur les croupes
de la mont-igné , varie pour le grain & la .couleur
; elle n’eft fufceptible qué d'un poli groflier.
Enfin, ce font dès brèches composées de petits cailloux,
les uns quartzeux , les autres calcédonieux
& rarement calcaires, tous réunis par un empâtement
ou ciment fablonneux de diverfe'nature :
louvent il eft fiüceux , quelquefois calcaire, avec
de nombreux filets d’oxide de-fer jaune ou rouge.
Ces couches ou bancs de piefrts, qui ont tous
des rapports & de l’affinité ëntr’eux , fe trouvent
fur tous les’coteaux & diverfement inclinés j ils
-font conftamment pofés les uns fur les autres , de
manière que c’eft tantôt un banc de grès qui
domine, tantôt un banc de cicerchine; d’autres
■ fois ils fe fuccèdent tellement les uns aux autres en
maffls contiguësqu’il n’exifte aucun intervalle
maOrqnu et reonurvre’e ufoxu.vent dans ces .contrées la pierre
calcaire avec dés filets de fp'ath r on en voit aulli
j plus fouvent encore qui font percées de et IIules
| ou. de trous de pholades, ce qui doit parojùre extraordinaire
au milieu des terres. Cependant le |
grknd nombre de corps marins bien conlervés } qu’on trouve dans' ce voifinage , rend ce phénomène
plus facile à comprendre : effectivement on
y voit une grande quantité d’opercules , de ftrom-
bites, de volutes, de peêlinites , de chamites
& d’oftracites d’une grandeur peu commune, èc fouvent avec un grand noyau fpathique.' Çes pro^
duélibns font non feulement détachées & ifolées ,
mais encore réunies en brèches lumachelles, dans
lefAqu eulnlees cleesr tvaoinluet edsi fdtaonmcein eonnt .trouve également
de grandes maffes découches calcaires trouées par
les pholades, & dans le voifinage, des echinites ,
des oftracites, des turbinites & divers autres coquillages
fofliles. Nous obferverons à cëtte occa-
fion que les trous de pholades au milieu des couches
calcaires n’ont pu avoir lieu que dans le baftin
de la mer ou près des côtes , ce qui prouve que
les débris de coquilles qui ont concouru à la formation
des couches calcaires, avoient pris une
certaine confiftance dans fon baflin , pendant que
lès pholades s’y étibliffoient en creufant leurs cellules.
Ainfi l’on voit que ces débris confolidés^en
couches fe font trouvés affez long-temps à côté
des coquillages eux-mêmes, bien, confervés fous
leur.foime primitive. -
Nous fumons ici maintenant notre naturalifte à
San-Quirico & aux bains de Vignone. Dans la colline
fur laquelle eft San-Quirico * on trouvé une.-
grande quantité de dépouilles marines , comme
coquilles bivalves, madrépores, dents de poif-
fons, des gleffopètres; çes corps marins font le
plus fouvent difpofés par couches, & d’autres fois
errans çà & là à côté de ces bancs, à moitié détruit.
«.
Outre les marnes & les tufs , on voit dans les
environs,des bancs d’argile tantôt cqmpaêfe &
tantôt défunie,.& féparée en petits fragmens ; ils*
renferment dans différens états des morceaux d’agate,
de calcédoine Sc de jafpe , qui font d.’ùn
très-petit volume , mais d’une très-belle eau, &
qu’on peut employer fort utilement dans les ajrts.
En paffant dq^là au bagno di Vignone, on trouve '
ces bains au pied d’une montagne dont le maftif
eft compofé d’une terre calcaire mêlée à une terre
rouge f/rmgineufe qui renferme de fr^quens morceaux
de manganèfe noire, & qui n’ont aucune
forme décidée. Les bains offrent des fources qui
fe manifeftent à leur fortie par un mouvement
d’ébu lition continuelle, & par les bulles d’air qui
viennent crever à leur furface. Cette eau thermale
eft conftammënr fi abondante, que non-feulement
elle fert à l'ufage des bains, mais encore
.va faire tourner plufieurs moulins fttués au-def-
fous de la chute rapide des baffins qui fervent aux
baigneurs. Cette eau, peu agréable.à boire, a un
goûc légèrement acide qui fe diflipe bientôt : il eft
produit par un fluide aériforme qui s’en échappe
-continuellement, & qui. eft un gaz. acide carbonique,
car il rougit la teinture de tournefol &
éteLin’eta lua dluems dièifrfee,r e&nsc .baffins, fi on la làiffe en repos
, ainfi que celle qu’on garde dans des val es
découverts, dépofe un fédiment que l’analyle
chimique, a prouvé, être un eompolé de fulface
& de carbonate de chaux. -
A deux ou trois cents pas des bains chauds, il y
a,une fource d’eau addule, qu’on emploie fouvent
avec fuccès comme apéritive & tonique.
D’après les effais chimiques ordinaires, il paroit
que l’eau acidulé froide a• beaucoup de reffem-
blance avec celle des bains chauds, eu-égard a
l’acide carbonique qu’elL s tiennent l’une & 1 autre
en diffolu.tion ; car on n’y voit d autre différence
que dans la quantité furtout de l’acide carbonique ,,
qui eft abondant dans l’une & qui eft fort rare
dans l’autre. De plus , l’une eft chaude, & l autre
eftU fnroei doeb.fervation que nous devons ajouter à la
fuite de celle-ci, c’eft la grande quantité de travertins
qu’on trouve dans les environs des bains î
d’abord tous les rochers qu’on rencontre dans leur
enceinte, tant au-deftus qu’au-deflous, font des
maffes dé travertins; ils fe prolongent même à une
certaine diftance, furtout à l'oueft, le long du cours
du fleuve Orcia. Quoiqu’on en voie de gros ro-
rhers dans les lieux à préfent éloignés des fources
d’eau , on ne peut cependant douter que ces
fources d'eau chaude coulèrenr autrefois^ dans
ces divers lieux, & qu’après avoir formé à leur
fortie de la terre & le long de leur cours, le travertin
qu’on y voit aujourd’hui, elles furent forcées,
après avoir obftrué leurs conduits, à changer
de cours & à faire leurs dépôts' ailleurs, Ile.ft meme
I très-vrailemblable que les fources que nous voyons
maintenant fubiront le même fort, fi- l’on négligé
d’entretenir leur écoulement, fi on les abandonne
à lLa em atrrcahveer dtien lad ensa tdurraein. s de Vignone eft tre,s-
blanc; & quoiqu’il foit plein de trous & de cellules
, il eft fort dur & fort folide, furtout lorf-
qu’il eft expofé à l’air : auffi,en voit-on de grandes
carrières dont on tire «continuellement des blocs
' de differentes formes & de différens volumes.
MONT-BLANC. C’eft le nom de la plus haute
montagne de l’Europe , & c’eft la fommité la plus
conlîdérable de la Chaîne des Alpes.
Cette maffe de montagnes, fituée en Savoie ,
eft creufée par trois rivières principales; l’Ai ve,
l’ifère & l’Arc , qui forment trois vallées particulières
: celle àe Ciufe, celle de la Tarentaife, &
celle de la Maurienne.
Elle eft compofée de roches granitiques.
Sa pente va enfuite en baiffanr jufqu’au Rhône ;
& les montagnes qui lui font a iodées, changent
de nature dans leur abaiflement.
L’efpèce de pierre qui comppfe les Hautes montagnes
le long du Rhône, eft de calcaire primitif»