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pèces différentes de coquilles. Il eft vrai que quelques
couches de pierres calcaires,. formées vili-
biement des débris, de plusieurs autres efpèces de
coquilles, fe trouvent placées au-delîus & au-def-
fons dés bancs qui contiennent les lenticulaires
prsfque feules & bien confervées.
LENTO, en Corfe. Il y a des mines de fer &
de cuivre en exploitation dans ce lieu.
LENTURGBEM, lieu du département dû Pas-
de-Calais, dans lequel on exploite des carrières
de marbre & de pierre dure.
LESINA-, île de la mer de Dalmatie, fituée à
la. hauteur de Narenta. La longueur de cette île
eft de quarante-quatre milles, & fa plus grande
largeur de huit. Elle renferme une grande variété
de pierres; la plus belle eft un marbre fallu d’un
grain fin & de couleur de chair , diftribuée par
bandes. Il ne fe trouve pas par bancs fuivis ,
mais par rognons, comme les albâtres , qui font
aufli fort communs dans cette île. Une autre efpèce
de marbre, beaucoup plus intéreffante pour le n.i-
ttiralifte que pour le marbrier, fe trouve dans cette
Se par bancs très-étendus; elle eft d’un blanc-
iale , mais d'une pâte très-dure & très-compacte.
Les fragmens des corps marins s’y montrent fous
la forme d’un fpath jaunâtre. L’efpèce de marbre
d’un rouge-foncé, connue à Venifê fous le nom
de rojfoda cattaro3 s’y rencontre communément. La
breccia colorata y eft aufli en grande quantité :
fes taches varient depuis la couleur de vin jufqu au
bleu-foncé, & outre cela elles paroiffent toutes
avoir été roulées , parce qu'elles font arrondies.
Ces brèches occupent ordinairement le fommet
des montagnes, ce qui forme une correfpondance
marquée de cette île avec les parties du continent
qui font voifines , & dont les hauteurs offrent la
même efpèce de pierres, 8c ce qui indique en
même temps l’ancienne contiguïté & des îles
entr’elles 8c des îles~âvec le continent.
11 faut obferver aufli que les pierres roulées ■
qui entrent dans la compofition des brèches , &
qui renferment des corps marins, annoncent une
fuite d’événemens très-mtéreffansj- car en voyant
des corps marins pétrifiés dans ces taches dont les
brèches font compofées , il faut néceffairement
admettre le travail de la mer, quia formé ces
maffes; outre cela il y a eu des époques pofté-
rieures ou cesqpierres ont été détachées des montagnes
, enfui te roulées parla mer qui avoit- abandonné
fon premier travail ; enfin , tous ces matériaux
ont été réunis par un ciment qui, ayant reçu
une infiltration conjointement avec les taches, en
a formé la brèche dont il eft queftion-Il eft également
utile & fatisfaifant de s’occuper des révolutions
atteftées par l’état- des matériaux qui fe trouvent
en différentes parties de la furface du Globe,
& qui portent, les empreintes des,mêmes, caufes. :
LES
L’ordre de ces révolutions 8c leur nombre font
prouvés par les obfervations les plus exa&es, &
nous ne pouvons nous refufer aux inductions qu’on
eft en droit d’en tirer ; nous les rappellerons dans
beaucoup d’autres articles de ce Dictionnaire.
L’île de Léfina , quoique pierreufe & ftérile
dans la partie la plus elevée , renferme cependant
des libères d’un fol fertile 8c productifj de-là
vient qu’elle eft une <§# plus peuplées de la mer
d’Illyrie : plufieurs de fes villages furpaffent, par
le nombre de leurs habitans, quantité de petites
villes. •
Le plus confidérable eft celui de Civita-Veechia.
Il eft fitué au bord de la mer ; dans ce feul endroit
la terre gagne vifiblement fur la mer. La preuve
frappante de ce prolongement, de la plage eft le-
penchant de la côte, qui s’élève doucement & qui
fe termine, aux pieds des plus hautes montagnes.
Les eaux pluviales & torrentielles qui defcendent
de ces montagnes dépofent les terres dont elles
font chargées, & c’eft ainfi que s’ augmente l’étendue
du terrain qui s’ava-nce dans la mer.
De Civita-Vecchia jufqu’au petit golfe de Zu*
kova, on trouve, fur le rivage de la mer, les carrières
des tables d’un marbre blanchâtre, dont
les infulaires de la Dalmarie fe fervent pour couvrir
leurs mai fous. En fendant les lames les-plus
épaiffes de cette pierre, il arrive affez fouvent qu’on
découvre fur leurs faces desimpreflions de plantes
marines & de poiffons inconnus.
Les circonftances locales ne forcent pas la mer
à s’éloigner du rivage; au contraire elle gagne; fur
la terre, 8c fubmerge peu à peu les couchés de
marbre feuilleté où les fquelettes des poiffons
font enfermés. Ces couches feront couvertes avec
le temps par, le gravier & par les débris des tef-
tacées de la mer Adriatique. Si quelque naturalifte
veut à l’avenir examiner la carrière fubmergée,
8c comparer les dépôts formés lur cette bafe par
la mer aétuelle, il trouvera, ce nous femble , dans
ces différentes productions de la nature, les caractères
qui diftingueront les temps de leur formation
; il verra que les fquelertes de poiffons
de Zuckova n’appartiennent pas à la mer qui aura
fait une fuperfétation fur les couches qui les
renferment, & ce nouveau travail aura un grain
tout autre que celui du marbre feuilleté. C’eft
par de femblables indices-qu’on reconnoît ai'.é-
ment dans les mêmes mers , en pêchant le corail,
que les morceaux de marbre lenticulaire qu’on
tire des plus grandes profondeurs n’orrt rien de
commun avec les coquilles & les madrépores formés
dans la mer actuelle,'& nul naturalifte ne s’y
méprend.
Près d’un petit hameau nommé Vvrbagn3 affez'
loin de la mer, fe trouve une carrière du même
marbre fciffile qui renferme des fquelettes de poiffons.
Ce village-eft éloigné de deux milles de Var-
boska, d’où l’on fe rend à Gelfa par une route de
quatre milles... Dans ce trajet, on rencontre, une
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production de la nature qui mérite une grande
attention. Une grande partie du chemin , comme
auffi une colline prefqu’entrère, font compofées
d’un tuf ou dépôt fait par l’eau. La formation de
ce tuf eft due à quelque fourcequi s’eft perdue.
I! tft vifible d’ailleurs que ce tuf eft de beaucoup -
poftérieur aux couches de marbre qui font répandues
dans toute l’île ; outre cela, comme il occupe
une plaine .& une vallée, il eft poftérieur
encore aux événemens qui ont figuré le maffif de
l'ile en vallées & en montagnes.
Gelfa eft un grand village bien peuplé ; il eft
avantageufement fitué fur un bon port, qui reçoit
les eaux de ruiffeaux permanens; il eft au pied des
collines de marbre dont les couches inclinées fe
perdent infenfiblement dans la mer. On voit dans-
les environs le plus beau marbre, foit difperfé fur
les chemins , foit employé en pavés ou en chétifs
bâtimens. La brèche de Gelfa eft compofée de
morceaux anguleux de marbre blanc liés par un
ciment d’une terre rougeâtre bien infiltrée; aufli
cette brèche eft-elle fuïceptible d’un beau poli :
quelquefois cette brèche a des morceaux ou taches
irrégulières de couleurs variées & dignes de la
décoration des édifices les plus magnifiques ; mais
il faut favoir faire choix des blocs bien entiers 8c
bien fains, & éviter furtout d’extraire dans cette
carrière, comme dans toute autre, les couches
extérieures, ordinairement dégradées par les injures
de l’air 8c l’aétion de l’eau, & plus encore
par l’air falé de la mer. Les marbres de Gelfa font
très-rbeaux , & leur poli eft aufli brillant que celui
des plus belles brèches qu’on voit à Rome, &
qui probablement y ont été apportées de la Dalmatie
; mais quand les morceaux polis font ex-
pofés au foleil & à la pluie , le ciment qui unit
les taches fouffre une altération notable qui détériore
l’égalité 8c la continuité du poli. Outre
ces brèches, on trouve auffi dans les environs de
Gelfa le marbre lumachelie blanc 8c noir ; le fond
noir en eft formé d’une terre bitumineufe durcie ,
& les taches blanches font des, orthocératites
changées en fpath.
L’île de Léfina étant la plus peuplée des îles de
la mer Adriatique, eft aufli la plus riche en productions
de toute efpèce. On y recueille du vin, de
l’huile , des figues , des amandes, du fafran , du
miel. Les plaines y prod^ifent du froment. La
douceur du climat y fait multiplier les aloès,
dont on peut tirer du fil pour \s fabrique des filets.
Les palmiers , les orangers , les- caroubiers y
viennent très-bien.
La faline fait la branche la plus importante du
commerce des habitans de Léfina<$■ autrefois fes
habitans fourniffoient de fardines l'Italie 8c la
Grèce.
LESMONT, bourg du département de l’Aube,
canton de Brienne-le-Château, près de l’Aube.
Dans l'examen que j'ai fait de la grande plaine de
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Etienne, j’ai reconnu que Lejbiont occupoit le cap
inférieur d’un tertre aior.gé, placé au milieu de la
plaine , & fur les croupes duquel font fitués les
trois villages de Précy-Saint-Martin , de Saint-
Léger-fous*Brienne & d’Efpagne. Outre cela, à
la tête du même tertre eft.un mont arrondi, au
fommet duquel eft bâti le château de Brienne, 8z
d’où l’on jouit de la plus -belle vue. Le fol de la
plaine a pour fond le gravier calcaire plat.
LESTRE, département de la Manche, prés
de la mer, à une lieue fud-oueft du port de la
Hougue, & à une demi-lieue du petit port de
Quineville. On a fait des recherches de houille
dans cet endroit.
LEUGNE, département de la Haute-Saône ,
village fitué à l’orient de Vefôul. On y trouve
une grotte de trente-cinq pas de longueur fur
foixante de largeur. Au haut de la voûte , qui a
cinquante pieds d’élévation , font fufpendues des
colonnes de glace d’un poids confidérable. Le
ruiffeau qui occupe une partie de ce réduit, eft
glacé, dit-on, en été, 8c coule en hiver.
LEVI, dans Je département de l’Ailier, commune
-dans laquelle il y a une fabrique de porcelaine.
LIBAN, montagne de Syrie, dont le fommet
a 1491 toifes d’élévation au-deffus du niveau de
la mer. Ce fommet fe trouve couvert de neige
pendant line partie de l’année ; mais il s’en dépouille
entièrement l ’été, excepté dans certains
enfôncemens où elle refte à l’abri du foleil pendant
une partie du jour, du côté du nord & du
nord-eft. La chaîne du Liban fe prolonge dunord-
eft au fud-oueft; elle eft coupée par des ravins
profonds que les eaux des pluies 8c de la fonte des
neiges y ont creufés. Plufieurs montagnes d’une
moyenne élévation s’appuient fur les flancs de U
chaîne fupérieure, 8c paroiffent avoir réfifté à
l’impétuofité des torrens qui fe précipitent des
fommets les plus élevés.
Le Liban eft compofé prefque partout de couches
calcaires parallèles entr’elles, 8c un peu inclinées
yers l'oueft. Tout près de Coffeya l’on
trouve, dans une vafte étendue de terrain au-
deffous dès amas de brèches calcaires , des lit«
de cailloux roulés qui ont été arrondis & dépofés
ainfi par la mer.
Les eaux qu’entretiennent les neiges qui fub-
fiftent toujours dans les enfôncemens dont nous
avons parié, minent ta montagne en divers endroits
; elles y creufent des fouterrains dont les
voûtes s’écroulent de temps en temps.
A l’oueft du fommet le plus élevé du Liban ,
où le Cadicha prend fa fource , les eaux ont
creufé un canal foutervain qui fe prolonge à plus
de cinq cents toifes du côté du glacier. Si la voûte
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