
tifs à rien, & il n’eft pas befoin de citer d’autres
preuves de l’engourdilfement de leur efptit.
Leur teint eft d’un noir-fale, & moins foncé
que celui des nègres d’ Afrique > la chevelure de
même couleur & auffi laineufe que celle des nègres
de Guinée. Leurs traits ne présentent rien de dé-
fagréable. Leur nez eft large & plein, quoiqu’il ne
Soit pas aplati. La partie inférieure de leur vifage
• s’avance en faillie, comme celle de la plupart des
infulaires de la mer du Sud ; en forte qu’une ligne
perpendiculaire , tombant du haut delà tê te , cou-
peroit une partie beaucoup plus confidérable du
menton que fur un Européen. Leurs yeux font affez
• beaux, quoique d’une grandeur médiocre ; il y a
moins de blanc que dans les nôtres ; & , fans être
ni vifs ni perçans, ils donnent à leur phyfïonomie
«n air de franchife & de bonne humeur. Leurs dents
font larges; elles ne font ni-égales* ni bien ran-,
géès ; elles ne paroiffent pas d’un blanc aufli par-
1 fait que celles* des nègres * mais-la faleté peut en
être la caufe. Leur bouche eft un peu trop grande;
elle l ’eft peut-être moins qu’elle ne paroît , parce
qu’ils portent leur barbe longue. Leur ftature eft
• ordinaire , mais un peu mince ;4eur corps eft d’ailleurs
bien proportionné * quoique leur ventre foit
un peu gros; ce qui peut venir de ce qu'ils ne
portent point de ceintures comme les autres peu-
.ples.de çqs contrées. La plupart des en fans font
jolis, mais les femmes ne pofîèdent pas ce précieux
2 avantage.
La terre Van-Diemen préfente un cap dans la
partie fud-oueft, un autre dans la partie méridio-
. mie. Le point où l’on trouve un excellent mouil-
. làge eft celui où eft fituée la baie de l’Aventure;
. c ’eft l’endroit où l’on trouve auffi une plus grande
abondance d’eau.douce pour l’approvifionnement
. des vaiffeaux, 8c où l ’on embarque facilement du
bois à brûler,.
La baie de F Aventure, découverte en 1773 par
le capitaine Furneaux, qui lui donna le nom du
navire qu’ il commandeit, appartient à la côte
orientate dé File Bruny , qui forme , avec la terre
- de Van-Diemen , le fuperbe canal d’Entrecafteaux.
L ’ifthme Saint-Aignan, qui gît dans le nord-nord-
oueû d’un cap appelé Cap cannelé, la fépare de ce
.canal. Les terres de l’ifthme étant, très-baffes ,'&•
fa largeur étant à peine de quelques centaines de
. pas , il ne doit pas paroître étonnant que, la décou-
. vert« même du canal ait échappé fucceffivement à
Furneaux & à Côok , qui, long-temps avant l’amiral
d’Entrecafteaux 3 avaient féjour.né dans la
. baie de l’Aventure. Sa latitude eft de 40° 20' fud *
& fa longitude 1450 10' à l’eft.
De tous les points de la terre de Diemen 8c
des'îles qui s’y rattachent, le mieux arrofé fans
doute, & fous ce rapport le plus intéreflant pour
les navigateurs, eft celui que préfente la baie de
1*Aventure. Cet avantage paroît dépendre moins
encore de la hauteur des montagnes & de i’épaiffeur
des forêts, que de la nature du fol, effentie!-
lement compofé de roch'es granitiques d’un grain
très-Hn 8c d’une couche de terre argileufe q ui,
repofant elle-même fous la terre végétale, fe développe
fur toute cette portion de nie. L’eau des
Unes & des rofées. ne pouvant s’ infiltrér dans
intérieur du fol, eft forcée découler à fafurfacè,
où elle forme de nombreux ruiffeaux, S: plufieurs
étangs & marécages affez étendus pour nourrir
quelques poiflbns d’eau douce.
Les produirions végétales & animales de cette
baie confident en une efpèce de kangiybo plus
petite que celle de la terre de Van-Diemen. Il n’y
a ni cygnes noirs ni pélicaus.
Les végétaux confident principalement en me-
laleuca , en correa3 en fagara , en conchium , en
ftyphilia, en meirojideros , qui forment d’agréâ-
bles bofquets au-deffu$ defquels fe projettent l’eucalyptus
globuleux, le leptofperme géant, Texo-
c'arpos, lé cafuarina 3 le bankfia, 8cc.
U île Tafman, oü plutôt la prefquîle Tafman,
eft un énorme plateau ftérile, dont les flancs noirâtres
s’élèvent du fein des eaux comme des remparts
volcaniques. Sa pointe fud, ainfi que ie cap
Raoul, porte d’ immenfes colonnes bafaltiques.
Dans le capFillar, la même conftitution, les mêmes
déchirures fe reproduifent; on les retrouve encore
plus horriblès dans le cap Haüy, qui, à la diftance
de quelques milles 5 fe préfente comme un im-
menfe jeu d’orgues repofant à la furface des eaux.
Au-delà de ce cap eft une baie (làbaieDolomieu)
peu confidérable, mais très-jolie. A droite & à
gauche de cette baie s’élèvent des maffes .énormes,
noires & ftériles; leurs fommets font déchirés 8c
comme taillés en dents de fcie. Vers le fond de la
baie fe préfente une lifière charmante de verdure,
qui fournit le contrafte le plus heureux avec les
flancs nus & fauvagss des monts noirâtres qui l’entourent.
Au-delà des premiers plans, & dans le
lointain, s ’élève ..une haute montagne, dont le
forhmet fe termine par un triple piton. A peu de
diftance au nord de la baie Dolomieu, eft la baie
Monge, très-cohfidérable, & qui n’ çft féparée de
la baie Buache, du canal d’Entrecafteaux, que par
un ifthme étroit, bas & fablonneux dans toute
fon étendue. La baie Monge eft terminée an nord
par le cap Surville. Entre ce dernier & .celui de
Frederick-Hendrick, les terres font très-hautes,
coupées à pic à leur bafe, arrondies en larges
dômes vers leurs fommets, & leur couleur eft
d’un vert-fombre. Vient enfuite la grande baie
Marion, prefqu’en face de laquelle eft l’île Maria.
Cette île préfente-, au fud, un cap (cap Pé-
ron) , en avant duquel eft un rocher granitique,
pyramidal, & ayant de cent cinquante à deux cents
pieds d’élévation. De ce point, la côté de l’île fe
dirige brufquement au nord-nord-eft , taillée à pic
comme un immenfe rempart de granité. A partir
: du cap eft, cette même côte fe dirige au nord-nofd?
1 oueft, s’ àbajffe rapidement, 8c préfente une-baie
va fie
yafte &■ commode. Vers l’orient Sa le nord, lé rivage
préfente de toutes parts des murailles de
granité de trois cents. & quatre cents pieds de
hauteur perpendiculaire, dont l’épailfeur offre de
vaftes cavernes , où les eaux , en s’engouffrant
avec fracas, excitent de lourds mugiffemens fem-
blables au bruit d’un tonnerre lointain. Partout le
rivage eft inacceffibie.
. La c<>ce. oueft de l’île Maria a fon afpéêl tout
différent ; Je fol s’abailfe rapidement 8c développe,
fous l’abri de la terre de Diemen, une longue
plage fablonneufé qui fe continue fur toute ion
étendue , & notamment dans une grande baie
( baie aux Huîtres ) oppofée à célle que préfente
le rivage de l’eft.' Les fucus y abondent , & ces
plantes marines ont jüfqu’à deux cent cinquante
& trois cents pieds de longueur.
, Au n° r(^ l’île Maria fe préfente la longue
chaîne d lies appeléesîles Scjiàutten 3 qui fe projette
fur le flanc oriental de la terre de Van-Diemen,
én laiffant en apparence un large canal, ou plutôt jj
un long détroit entre cette terre 8c elles. Ces îles j
font granitiques, prefque nues, & n’offrent de
couches horizontafès que fur leurs côtes occidentales
; elles s’élèvent brufquement de leur bafe , &
font toutes réunies par des terres extrêmement
baiies qui n en font qu’une', & qui n’avoient point
été aperçues par Tafman, Furneaux & Fiinders;
de plus , elles font jointes par une femblable terre
baffe à celle de Van-Diemen, de manière à former
avec elle une vafte baie.
En avant des îles Schoutten font les îlots Tail-
le fe r , au nombre de fept, dont cinq ne font que
de' grofles roches'.
de Van-Diemen de la Nouvelle-Holland^, fut découvert
par M. Bafs, chirurgien du navire anglais
envoyé à la pêche aux phoques, dix ans après l’éra-
bliffement de la colonie du port Jackfon. Il a cinquante
lieues environ de largeur du nord au fud,
fur une longueur prefqu’égale de l’ eft à l’oueft.
Son ouverture orientale fe trouve confidérable-
ment diminuée par les Deux-Soeurs, les îles Furneaux,
dont le nombre & la. grandeur ne font pas
encore bien connuSvTîle Clarke, celle de la Prê-
fervation, l’îlë Svan & le petit îlot qui en dépend.
Entre la terre de Djemén, l’îlë Swan & Ton îlot
d’une part , & toutes les autres îles de l’autre,
il exifte un canal de dix milles de largeur. C ’eft à
cette paffe'du détroit principal que M. Fiinders,
qui la.découvrît le premier, a cru devoir donner
le nom de détroit de Banks. Entre les îles Furneaux
au ^ ^e. promontoire W ilfon, qui forme
la pointe méridionale de fa Nouvelle * Hollande,
^ui fé projette de plus de vingt milles, vers l’intérieur
du détroit, fe trouve le groupe de Kent,
les r,qc|iêrs très-nombreux du promontoire, la pyramide
& plufieurs autres roches très^dangereufes,
qui obftrùent h grande paffe du nofd de Pouver-
turp orientale^ du détroit. A l’oueft f© préfentent
Géographîe-Phyfique. Tome IV\
Tes îles Hunter, flanquées elles-mêmes d’ un grand
nombre de rochers, de bancs, de reffifs redoutables.
Plus vers le nord , & précifément au milieu
de l’ouverture occidentale du détroit, font fitué*
la grande île King , les îlots du Nouvel-An , le
rocher des Eléphans, & plufieurs réflifs qui fe
rattachent au fyftème particulier de ce dernier
groupe.
Nous ne pouyons fans doute décrire toutes ces
îles ; auffi renvoyons-nous à la carte , que nous
joindrons a notre Atlas pour la prefque totalité
d’entr’elles. Nous nous bornerons à donner quelques
détails plus particuliers fur l ’île de King, la
plus confidérable des terres de cette région auf-
tralë après lé continent de h Nouvelle-Hollande 8Ç
la terre de Diemen.
Ile King. Elle eft fituée au milieu de l’ouverture
occidentale du détroit de Bafs, à une diftance
prefqu’égalé de la terre de Diemen & de la Nouvelle
Hollande , par 3 4 7 30" de latitude fud, &
par 1420 7' 1" de longitude eft.
t La longueur de cette île , du nord au fud, eft
d’environ quarante milles, tandis que fà largeur*
deTeft à l’oueft, n’eft que de vingt-cinq; fa circonférence
totale eft de cent onze. Toute la partie
occidentale, étant fans abri contre les flots de
l’Océan auftral , fe trouve hériffée de brifans
dangereux; il en exifte auffi beaucoup' vers le
Cap-Nord. Le braffiage eft en général affez con-
fidérable autour de l’ïle , & même, à une petite
diftance de'terre, on ne trouve guère moins de fîx
a dix brafles. Le fond, prefque partout, eft d’ un
fable vafeux & noir, très-propre au mouillage ;
mais la couche en eft peu profonde, & recouvre des
roches tellement tranchantes, qu’il n’eft peut-être
pas d’endroit plus à craindre pour lés navigateurs.
Cette île eft en outre expofée aux vents .du fud-
oueft les plus impétueux & les plus redoutables
dans ces parages. Sa circonférence ne préfente aucun
port, ni même aucune baie profonde.
Par fa pofîtion entre les hautes montagnes du
promontoire des îles Furneaux & de la terre de
Diemen, par ion ifolement & fon expofition aux
vents duïud oueft, par l’épaiffeur des forêts qui la
couvrent 8c la nature des roches qui compofenc
fon fol,* l’île King paroît avoir habituellement une
température humide & froide. Il y pleut la plus
grande partie de l’année, & les pluies y font extrêmement
froides. Les fources y abondent de
toutes parts.
Les produits minéraux de l’île King font très-
variés, & prefque tous appartiennent aux roches
primitives; parmi ces dernières on diftingue un
très-beau porphyre , qui contient des criftaux de
fer fulfuré, plufieurs efpèces de roches ferpenti-
neufes & argileufes, dont quelques-unes offrent
dans leurs fiffures comme de petits filons d’asbefte*.
Sur divers points du rivage on rencontre des criftaux
affez volumineux de quartz hyalin , des
fragmens de jafpe, & furtout de très-gros blocs
D d d d d