
fa largeur j en quelques endroits, n’eftque de deux
ou trois. Le coté oriental, qui eft expofé au vent
aiifé, offre un rélfif d'une largeur considérable,
fur lequel la mer brife avec beaucoup de violence.
Ce reffif, en fe prolongeant, joint Lêfooga
à Foa, qui n’eft éloignée que d3un demi-mille; 8c
comme il eft à fec en parcie lorfque la marée eft
baffe;J les naturels peuvent paffer à pied d'une
terre à l'autre. La côte eft un rocher de corail,
élevé de fix ou fept pieds, ou une grève fablon-
neufe plus haute que celle du côté occidental,
lequel eft élevé feulement de trois ou quatre pieds
au-deffus du niveau de la mer, & terminé par une
grève de fable dans toute fa longueur.
LEGE, village du département de’ta Haute-Garonne,
canton de Saint-Beat-fur-Laune. Près de
cette commune il y a des mines de plomb argentifère.
Autour de ce village, les montagnes font
compofées de bancs de marbre gris; plus loin ,
elles préfentent des bancs de fchifte dur.
LÉMAN (Lac) ou lac de G en èv e . ( Voye*^ ce
dernier mot. )
LENA, rivière de Sibérie très -confidérable,
tant par fon cours propre que par fes affluens. La
Lena prend fa fource~dans un petit lac fîcué entre
des montagnes voifines du lac Baykal, 8c à environ
vingt-cinq lieues de Katfchouga-Prfftan : elle eft
déjà affez confidérable près de Katfchouga, quoi-
qu'en été il y ait des hauts-fonds qui y gênent la
navigation jufqu’à trois cent milles de fa four ce 5
plus bas, elle devient très-profonde. Son cours
eft plein d’ofcillations, mais toujours dans une
direction eft-nord-eft jufqu'à Yakoutsk, 8c de-là,
jufqu'à la Mer-Glaciale, elle fe porte tout-à-fait
dans la direction du nord.
L’afpeét qu’offrent les bords de la Lena font fin-
gulièrement variés : là , fon lit eft bordé des deux
côtes par de hautes montagnes couvertes de
pins 5 ic i, les montagnes font ltériles , pelées, &
le prolongent dans la rivière, de manière qu'elles
la forcent de faire un détour. Leurs formes ref-
femblent quelquefois à des ruines de châteaux,
de tours & d'églifes, 8c préfentent de vattes cre-
vaffes, bordées tout autour d’aubépines, d'églantiers
, de grofeiliers 8c d'autres arbultes. Plus loin,
les montagnes s'éloignent & laiffent entr'elles 8c
la rivière de grandes plaines, qui femblent être
des plaines fluviales : on y voie quelques villes
mal bâties, ainfi que des villages environnés de
champs de blé,.de jardins 8c de prairies avec
quelque bétail. Ces plaines font très-nombreufes
& à des diftances très-inégales; il y a quelquefois
jufqu’à dix lieues de France de l’une à l'autre
, 8c d'autres fois il n’y en a qu'une ou deux.
On y voit toujours des villages jufqu'à Olekma,
qui eft à quatre cent cinquante lieues de Katf-
chouga^Priifan. Le pays qui s'étend au-delà d’Ô- *
lekma eft défert ; il rie s'y trouve d’autres habitations
que les villes éloignées de Pokroffsky, de
Yakoutsk, de Gigansk, 8c quelques miférables
cabanes qu’habitent les exrlés qui gardent les chevaux
pour la pofte. La meiileure des trois villes
dont nous venons de parler n’eft qu’un affemblage
de huttes habitées par des Popes, par leurs do-
meftiques 8c par quelques détachemens de cofa-
ques. La Lena a fon embouchure à 71 d. 30' de
latitude nord, & à 127 de longitude à l’eft du méridien
de Greenwich j elle parcourt une étendue
de pays de trois mille quatre cent cinquante milles
géographiques.
Voici les noms des rivières qui fe jettent dans
la Lena : d'abord l’Ilga , à quarante-deux lieues
de Katfchouga-Priftan.
Le Kout, à cent vingt lieu? s. Très - près du
lit de cette rivière, il y a un lac falé très-peu
profond; on y a établi des falines qui appartiennent
à l’ifpravinsk du diftridt : chaque fois qu'on
fait bouillir les chaudières, on en retire mille
quatre-vingts livres pefant de fel fabriqué.
La Marakoffka, à cent cinquante lieues.
La Makarova , à cent foixante-douze lieues.
La Kiringa, à cent quatre-vingt-quinze lieues.
La Witima , à deux cent quatre-vingt-quatorze
lieues. Cette rivière fort du lac fitué à l’eft du lac
Baykal j elle eft prefqu'aulfi large 8c auffi profonde
que la Lena y & elle eft fameufe par les
martres zibelines, les lynx, les renards, les écureuils
8c les daims qu’on chaffe fur fes bords,
comme fur ceux de la Kovima.
Les zibelines des rives dé la Witima 8c du
Motno, qui fe joint à la première à Soixante-
quinze lieues au-deffus de fon embouchure , font
d’une qualité ffipérieuré. Un grand nombre de
Tongouths s’y rendent pour les chaffer.
A une lieue environ au-deffus de la fource (le
Witima font les montagnes qui ren'fèrment du
talc : on voit des morceaux de ce talc de vingt-
huit pouces carrés , 8c auffi tranfparent que du
verre. Toutes les fenêtres de ces contrées e.n font
garnies.
Le Pellidoui, à trois cents lieues. Les bords
de cette rivière font fameux, 8c parce qu’on y
trouve les mêmes animaux que fur ceux de la Witima
, 8c parce que c'eit le dernier endroit qui
produit du blé. Les moineaux 8c les pies ne fe
trouvent pas plus avant dans le Nord : ils n'y font
venus que depuis que l’on a commencé à cultiver
du blé dans ce canton.
La Nonye, à trois cent foixams-dix lieues.
La Yerba , à trois cent Coixante-qùinze lieues.
Près de l’embouchure de la Yerba, la Lena eft remplie
d’iles, où les Tongouths rélident de temps
en temps pour faire la pêche.
La Pama ; à trois cent quatre-vingt-quatoix®
lieues.
L’Ounaghtal, à quatre cents lieues.
L’Olckma, à quatre cent cinquante lieues.
L’Aldan,-
L'Àklan, à fïx cent cinquante lieues.
Diverfes'autres rivières fe jettent .également
dans la Lena plus avant dans le nord, mais elles
font très peu confidérables.
Yakoutsk eft fitué fur un bras de la Lena très-
peu profond , 8c à une lieue à l’oueft du principal
lit de cette rivière , qui a, près d'Yakoutsk, auffi-
une lieue de large : cette ville eft dans une plaine
baffe8c fablonneufè, qui a quinze-lieues d’étendue
de i’eft à l’oueft, 8c trois litues feulement du nord
aufud , 8c qui ne produit guère que de l’abfinthe,
des chardons, quelques fleurs 8c des oignons
fiuvages. On y voit de loin en loin quelques
touffes d’ôrfier 8c quelques pieds d'aubépine,
d'églantier, de grofeiller 8c de framboifier. Cette
plaine eit bornée à l’oueft pas une chaîne de montagnes
peu élevées 8c couvertes d’arbres. Le bras
de la rivière fur laquelle la ville eft fituée commence
à manquer d’eau vers le milieu de juillet,
& il refte à fec.pendant tout l’hiver ; ainfi il faut
que les habitans. aillent chercher l’eau à trois
quarts de lieue de diftance. Quoique la Lena foit
poiffonneufe dans toute fon étendue, ils tirent le
poiffon qu’ils confomment, ainfi que la viande,
des environs de la Vilouye , qui eft à cent lieues
de chez eux, 8c ils font venir les légumes 8c les
herbages de Kiringua, fitué fur la Lena , à quatre
cents lieues plus haut que Yakoutsk.
Dans le mois de juin, toutes les chofes nécef-
faires à là vie font portées à Yakoutsk par des bateaux
qui defeendent la Lena , 8c cette foire
s’appelle Le Yarmank. On appelle auffi Yarmank les
plaines voifines de Yakoutsk , parce qu’elles font
le rendez-vous général .des voyageurs, des marchands
, des voituriers qui vont dans l’eft 8c le
nord-eft de l'Empire ruffe.
Il y a dans les plaines de Yakoutsk de yaftes
prairies, où les pâturages font excellens. La plante
qui s'y trouve le plus communément eft le lin fau-
vage, foit à fleurs bleues, foit à fleurs blanches ;
on y trouve abondamment une plante que les
Ruffes appellent [emlannoi-laudon, c’eft-à-dire,
encens de la terre : elle ne produit point une gomme,
mais fa racine eft aromatique. La capillaire abonde
auffi dans ces contrées ; les Cofaques la ramaflent,
la font fécher, 8c s’en fervent au lieu de houblon :
outre cela, les habitans de Yakoutsk la font in-
fufer, 8c y mêlent du jus de gr,ofeille , de fram-
boife 8c d' autres baies , ce qui leur fournit une
boiffon agréable. .Quelques parties fablonneufes
des plaines d’Yakoutsk font couvertes de raiforts
& d’oignons fauvages.
Tout le pays qu'on travevfé depuis Yakoutsk
jufqu’à l’Anga, offre un afpeét fort varié : on y
voit des bois,, de belles prairies émaillées d’une
immenfe quantité de fleurs, des lacs, dont quel-,
ques-uns très-étendus 8c remplis de jolies îles .;
on y voit auffi beaucoup de Canard«., de courlis
j* d’autres oifeaux aquatiques , 8c on en tue
beaucoup.
. Géographie-Phyfique. Tome IF'.
De l'Angà à l’Aldan on rencontre un pays mon-
tneux, très-boilé , 8c ayant beaucoup moins de
pâturages • que- celui qui s’étend entre la Lena
8c' l’Anga.
Les habitations fituées fur la rive feptentrionale
de FAidan confident en quelques huttes, dont une
appartient aux Cofaques qui gardent le bac, 8c
les autres aux Yakoutsk, qjiiont des chevaux. Ce
lieu eft à quatre-vingt-trois lieues de Yakoutsk. Là,
l’Aldan a cinq cents toifes de large : il coule vers
l’oueft, 8c le poiffon y abonde ainfi que dans les
lacs voifins. Les bois font remplis de bêles fau-
vages 8c de gibier ; les plaines font habitées par
de-riches Tartares , qui ont d’immenfes troupeaux
de chevéaux 8c de bêtes à cornes.
Vers le midi, l’Aldan a fur fes bords une montagne
qui s'élève verticalement de foixante-dix
toifes, 8c dont la bafe eft compofée d’une pierre
vitrifiable très-dure, 8c remplie de gros arbres
pétrifiés. Tous ces arbres foffiles font placés de
la même manière, les racines tournées vers le
nord-oueft, 8c les branches vers le fud-sft. Au-
deffus des arbres il y a une couche de pierres vi-
trifiables détachées 8c de coquillages, avec un mélange
de terre verdâtre qui a une forte odeur 8c
un goût de couperofe on y voit auffi des boules
de foufre. Au-deffus eft une autre couche de pierre
très-dure , très - compacte , 8c remplie d'écaiiles
d’huîtres, de pétoncles 8c d’autres coquillages plus
gros. La quatrième couche eft compofée de goémons
8c de bois pétrifiés, 8c la cinquième eft d’une
pierre grife extrêmement dure, dans laquelle il y
a beaucoup de petites .coquil.es de moules on
trouve dans quelques-unes de ces .coquilles de
très-beaux criftaux. Cette montagne a environ une
lieue 8c demie dé long, 8c fe trouve au moins à
cent vingt-cinq lieues de la mer.
En s’éloignant de l’Aldan on ne voit plus de
plaines fertiles 8c habitées, car ori traverfe un
pays inégal, rempli de bois & de marais. Les rivières
& les torrens s’y préelpe.nl du haut des
montagnes , 8c d’ailleurs les productions de la nature
y font différentes de celles des campagnes
que nous avons décrites ci-deiTus j les pins mè ne
8c les mélèzes y croiffent mal, 8c y font d’une
bien plus petite efpèce : on aperçoit de grands
efpaces couverts rhubarbe fauvage 8c de romarin;
on voit enfin du genièvre, du genêt, du
thym 8c des oeillet«. .
LENTICULAIRES ( Amas de) ou de Numis-*- f
m a l e s . Nous croyons qu’ilconviendroitdediftin-
gïier de l’amas des cérithes ou vis celui des lenticulaires,
qui dominé en grande abondance dans certaines
contrées fituées au nord du premier. Nous ne
penfons pas qu’il foit auffi étendu que ces amas de
I cérithes-; mais en général les individus de ces corps
organifés font beaucoup plus abondans que ceux de
l’amas des cérithes; d'ailleurs, ces lenticulaires le
1 trouvent mêlées avec un moindre nombre d’ef-
Sss