
branches versBreft & Alençon. On voit que les
Vofges , dans le département de ce nom , & au !
fudde la Lorraine, communiquent avec les montagnes
de la Suiffe : ces montagnes & le diftriét à
l’eft forment ce que les Allemands appellent le
Hundfruck. La France ayant reculé fes limites jusqu’
au Rhin, cette portion intéreffante de l’ Allemagne
eft une acquifition pré<ieufe, renfermant (
non-feulement une grande partie du Palatinat, avec
les villes de Mayence, Worms & Spire, mais encore
les pays de Simmern, Sponheim, Oberftein,
Birkenfeld & Zweybrucken, qui compofent l’important
duché de Deux-Ponts. A l’oueft & à 1 eft
de Deux - Ponts courent de grandes chaînes de
montagnes riches en produttions minérales, particuliérement
en mercure & en belles agates.^
En Suivant les montagnes des Vofges jufqu a leur
origine, on trouve qu’elles commencent fur les
frontières de la ci-devant Champagne, de la Franche
Comté & de la Lorraine j qu’ elles s’ étendent
de l’oueft à l’eft fur plus de vingt-cinq lieues, vers
Béfortj que delà, changeant de direction,elles s’a-
îongent du midi au nord, accompagnent le Rhin,
& féparent les départemens du Haut & Bas-Rhin
de ceux de la Mofelle, de la Meurthe & des V o s ges.
Au nord du département du Bas-Rhin, elles
fe refferrent j mais elles commencent à fe rélargir
vers- les frontières du Mont-Tonnerre & de la
Mofelle. Sur la gauche, entre les mêmes départemens,
elles longent la rivière de la Sarre, s’étendent
dans le département de ce nom, & elles fe
joignent au Hundfruck. Sur la droite, ces montagnes
s’étendent jufqu’ à Neuftadt, où elles for-
menr leHardt, qui prend fa direction vers le nord,
jufqu’au-delà de Durkeim. Dans le centre enfin ,
du midi au nord, elles fe dirigent vers Lautern ,
où elles prennent le nom de Wefirich, que l’ on
appelle aufli le Wafgau proprement dit.
J’ai fait connoître depuis long-tems les caracr
Itères par lefquels on peut diftinguer certaines montagnes
des Vo fg e s , & les formes par lefquelles
on pept les féparer des Alpes & du centre des Pyrénées.
Le nom dt ballons que portent les plus
hauts fommets des Vofges futfit, je crois , pour
indiquer en quoi je les différencie. ( Voye[ l'arti-
çle B a l l o n . )
Dans les Alpes, des rochers de la forme la plus
a igu ë , & femblables à d’immenfes obélifques,
s ’élancent à plufieurs centaines de mètres au deffus
du corps de la montagne à laquelle ils appartiennent
, & portent le nom d'aiguilles. Dans le
centre des Pyrénées, de groffes maffes de rochers
offrent, de toutes parts, des pentes roides, des
faces efcarpées, mais acceflibles, & reffemblent à
des pyramides j elîe^portent le nom àe pics. Vers
l ’extrémité de la chaîne des Pyrénées , j’y. ai vu
des formes arrondies, très-détachées du refte : telle
eft en particulier la Rune ; qui fe montre en face
du port du Partage. Dans les Vofges?S comme je
l ’ai déjà dit, on v o it , à leurs extrémités, les bal-
Ions d’Alface & de Franche-Comté, qui ont des
formes arrondies, des pentes douces, & qui ne
préfentent point cet afpeél âpre & rude qui appartient
aux autres maffes. En général, on n’y rencontre
aucun de ces grands accidens fi communs
dans les Hautes-Alpes, & qui donnent un fenti-
ment de furprife & d’effroi, plutôt que de plaifir.
Dans les Vofges au contraire , l’arc donné par le
berceau des vallons, les pentes douces des coteaux
, la convexité des fommets, ainfi que leur
moyenne élévation, femblent ne devoir annoncer
que des montagnes du fécond ordre, parce que les
matières qui les compofent, ne font pas des matières
primitives. Il faut tout dire : Deux caufes donnent
la forme de ballons aux maffes arrondies des Vo f-
ges, la compofition de pierres de fable, & l’aétion
des eaux fur ces matières : voilà le dénoûment de
tous les phénomènes qu’on obferve dans les V o fges
, & que j’ai remarqués à l’extrémité oeciden-?
taie des Pyrénées, ainfi que dans les départemens
de la Corrèze, où font de grofies maffes, de pierres
de fable. La fubftance qui domine Giromagny eft
le pétrofiîex. Il conftitue prefque toutes les montagnes
qui bordent la vallée, principalement celles
qui renferment les filons.
Les montagnes ou collines qui régnent le long
de la Meufe & de la Sambre, & dont la plus élevée
n’a pas plus d’ un hectomètre ( cinquante-une toi-r
fes) au deffus du fol, font la plupart des matières
calcaires, primitives oufecondaires, & recouvertes
, tantôt d’argile , tantôt de fable calcaire ou
vitreux.
Les montagnes qui bordent la rive gauche de la
Mofelle,-arrondiffement de Trêv es , font compo^s
fées de pierres de fable à gros grains, renfermant
des empreintes variées de végétaux, & entourées
par une autre forte de pierre de fable à grains fins,
peudure. Cette forte de pierre eft de couleur rouge.
Il s’ y trouve cependant quelques bancs plus ou
moins épais d’ une jefpèce de brèdie-pouddingue.
Des montagnes entières du canton de Daune con-
fiftent en bafalte, dont.Chaptal a fait faire, fans aucune
addition de fe l, du verre de bouteille, préférable
à celui dés verreries ordinaires. Lés plus
hautes montagnes des Vofges, dans le département
de ce nom , font le Donon, qui a cinq
cent foixante-dix toifes d’ élévation, & le Ballon ,
qui en a fept cent vingt au deffus du niveau de la
mer.
Le mont Jura eft comme le pofte avancé des
Alpes, & fert de barrière entre la France & la
Suiffe. Le Reculet & la Do le , qui font les plus
hautes montagnes du Jura, ont de huit cent
quarre-vingt-fix à huit cent quatre-vingt-fept toifes
d’élévation au deffus du fol. Comme le Mont-Blanc
eft définitivement mis au rang des montagnes fran-
çiifes , les autres Alpes ne peuvent rivalifer fa
fublime élévation. Le Dauphiné montre plufieurs
branches alpines., qui s’étendent aufti dans une
grande partie de la Provence.
Du
Du côté de Lyon eft le mont Pilât, qui ne s’é lève
guère qu’à cinq cents toifes au deflti. du Rhône,
mais qui appartient encore à là chaîne primitive :
c'eft à fon iommet que fe raflemblent. les nuages
qui viennent former. à Lyon tir dans la plaine du
Dauphiné. la plupart des orages & des pluies. Les
nuées fombres qui les annonçent, forment fur le
Pilât une efpèce de chapeau, d'où on a voulu
tirer l’origine du nom de la montagne ( morts Pilea-
tus). Le mont Pilât eft couvert d’une grande quantité
de bois , non-feulement à fa bafe & fur fes
flancs, mais dans la plus grande partie de fes hauteurs.
On trouve, prefqu’ au fommet, une efpèce
de plaine, où font d’excellens pâturages bien ar-
rofés.
A l’oueft du Rhône s’élève la grande chaîne des
Cévennes, donc on nous a donné la defcription.
On obferve que les Cévennes, multipliant au loin
leurs branches, femblent êcre le centre des montagnes
primitives àe France. i° . La branche principale
nie le long de l’Ardèche, vers Alais. 2°. Une
autre, traverfant le Rhône entre Tournon &
Vienne, court vers les plaines du Dauphiné. J°. Une
troifième, formant les montagnes du Beaujolais,
paffe par Tarare, Autun, & c . & difparoîc près
d’Avalon. Sa longueur eft d'environ foixante 8c dix
lieues : fa largeur eft quelquefois d’une lieue tout
au plus. Elle renferme les mines de’ Chéfi & de
Saint-Bel, avec quelques mines de plomb. On
trouve aufli du charbon fur les pentes des montagnes.
4°. Une branche qui, féparant le badin de la
Loire du baflin de l ’A ilier, forme les montagnes
du Forez, pafle entre Roanne & Thiers, & feperd
vers Saint-Pierre-le-Moutier. Ces deux dernières
plaines granitiques bornent la plaine deMont-Bri-
fon. j ° . Celle qui fépare le baflin de l’Ailier de
celui du Cher s'avance par Clermont, à Mont-Lu-
çon.é°.Unefîxième s'étend vers Limoges. 70. Une
feptième, de la Dordogne, file vers la Charente.
8°. Enfin, la huitième fépare la Dordogne de la
Garonne.
Cette defcription eft a fiez, confufe, parce qu'on
v voit beaucoup de branches & pas une chaîne
principale & bien fuivie. La grande chaîne des C évennes
paroît courirdunordaufud, & émettre des
branches vers l'ett & l'oueft. Nous avons cru rectfr.-
noître, dans les départemens de la Haute-Loire &
du Cantal, des veftiges d’anciens volcans, & ces
veftiges confiftent principalement en cratères, en colonnes
& en éminences bafaltiques, dont l’origine
eft décidément volcanique. En étudiant les volcans
du centre de la France, on eft obligé de convenir
que des colonnes bafaltiques font des indices in-
conteflables d'anciens volcans. Les rocs du Puy,
d ’Expailly & de Polignac offrent des laves fous
différentes formes, & quelques-unes fous la forme
exaâementprifmatique. Les montagnes bafaltiques
d ’Auvergne font trop étendues pour avoir été produites
par un volcan, & la conjeéfure d ’une chaîne
de volcans, quelque hafardée qu'elle patoiffe, fera
Ghgraphic-PhyJtque, Terne ÏV%
toujours bien reçue, d’après les preuves qu’on
en appoite de tous côtés. La partie feptentrionale
de la chaîne volcanique porte le nom du Puy-de-
Dôme : ce font ceux des volcans dont les éruptions
font les plus récentes , & dont les cratères
font les plus ouverts. Les Monts-Dor occupent le
centre de ce pays, anciennement brûlé, & font les
plus hautes montagnes de l’ intérieur de la France, 8c
dont les cratères ontdifparupar le laps de tems. L e
Plomb de Cantal eftfuiv i, pour la hauteur, d'audacieux
rivaux , tels que lePuy-de-Griou, le Coi-de-
Cabre, le Puy-Maiie& le Violent. C et énorme af-
femblage de rocs couvre un efpace de cent milles,
& , fuivant nos obférvations raifonnées, eft principalement
volcanique, & même en grande partie
bafaltique. Le Puy-de-Sanfi porte une calote de
neige prefque continuelle, au deffous de laquelle
font des rocs pelés. Ses flancs donnent, avec beaucoup
d’autres, naiffance à la Dordogne, & lui ouvrent
deux fources. A peine s’eft-elle échappée des
Monts-Dor, que, bruyante, elle fe précipite en caf-
cades pittoresques, à travers les colonnes de bafalte.
Le 13 juin 172 7, un village fitué fur la pente
d’une de ces montagnes, fût entièrement englouti
par fa chute. Une partie de la montagne,
en maffes détachées de bafalte , roula dans la
vallée : heureufement que les habitans fêtoient,
à quelque diftance, la veille de la Saint-Jean 3
ce qui les avoit raffemblés autour d’un feu de joie.
Ces montagnes font expofées, en hiver, à d’épouvantables
ouragans de neiges, qu’on appelle acirs.
En peu de tems les ravins, les précipices, les chemins
, les rues, tout eft comblé, tout eft mis fous
un fatal niveau. Les habitans ne peuvent fortir de
leurs demeures qu’en creufant jdes voûtes fous
l’enveloppe de neige. Malheur au voyageur qui fe
trouve furpris fur la route !
L’été s’y paffe, accompagné de tonerres terribles
, qui ne s’appaifent que par des torrens de groffe
grêle, fous laquelle font quelquefois abattus les
fruits Sc les troupeaux. Ces animaux paiffent au
milieu de ces cimes, durant fix mois de l’année,
fous la garde d’un berger, qui bâtît fon buron où
il conftruit fes fromages, ayec un art qui a mérité
mes obférvations, mon examen raifonné & une
defcription très-détaillée.
Partons au Pyrénées» Cette chaîne jmmenfe,
connue fte célèbre depuis Hérodote, appartient
autant à l’Efpagne qu’à là France; mais comme la
partie la plus produ&ive & la plus intéreffante fe
trouve du côté de la France, & que les favans de
ce pays fe font attachés à la décrire, il eft au moins
tout aufli convenable d’en placer la defcription,
que nous tirerons des relations récentes qu’en ont
tirées les naturaliftes. A la furprife de ces obferva-
vteurs, les Pyrénées ont préfenté' des veftiges calcaires
, & même des coquilles fur leurs plus hauts
j fommets, qui font au centre de la chaîne. Le mont
Perdu, qui mefure une hauteur de mille fept cent
cinquante - une toifes au deffus du niveau ,de h