
règne dans la partie fupérieure de la grotte , &
cependant ceux «qui le refpirent n’en reçoivent
aucun dommage. On peut ajouter encore q ue , par
l ’ouverture des animaux auxquels la vapeur du
bas de la grotte a caufé la mort, on ne découvre
rien d’extraordinaire qui annonce l ’a&ion des vapeurs
malignes} mais ce qui achève d'établir l ’étiologie
des effets de la vapeur que nous avons
.expofée, ce font les expériences que l’on a faites
dans ces derniers temps, & qui démontrent, d’a-
j?Fès la do&rine des airs, que la vapeur eft un air
fixe ou méphitique qui n’a d’autre inconvénient
que de n’être pas refpirable.
.Quant à la grotte, il y a grande apparence
qu’en creufant à peu près fur la même ligne, on
-foùrroic donner iffue à des vapeurs femblables
qui s’échapperoiènt de defTous les maffes volcani-
lées qui s’y trouvent.
C e qui nous donne lieu de le croire, c’eft que
nous avons trouvé une femblable vapeur dans une
cave'crêufée à côté d’un courant de matières fon-
-dues qui s’était échappé du flanc deOraveneire, à
une lieue de Clermont , & qui Vétoit porté à
une demi-lieue de la même ville. Cette cav e, où
des accidens à peu prés pareils à .ceux qu’on fait
.éprouver aux chiens dans la grotte de Pouzzole
-font arrivés plufîeurs fois à des hommes qui y dé-
.pofoient du v in , a pris à cette occafion le nom de
Lefioufy. ( Vjye[ cet article. ) On voit que Lcf-
■ toufy ;le trouve dans les mêmes circonftances que
la grotte du C h ien , c’eft-à-dire, au milieu de
pays où font des amas de matières volcanifées, &
tout ce qui annonce les produits des feux fou-
terrains. ( V o y e i A c ide c a r b o n i q u e . )
, NAPPE D’EAU. On a dit qu’il y avoir partout
rune nappe d'eau recueillie fur une couché d’argile
non interrompue , & que cette nappe d'eau
fervoit à l’entretien des fources ; mais les écrivains
ne paroiffent pas avoir fuivi comme il con-
venoit, ni cette nappe d’eau, ni les couches d’argiles
qu’ ils diftribuent ainfi partout. Ces aflertions
vagues ne font fondées fur aucun fa it, ni fur
aucun examen un peu détaillé : à cela oppofons
-ce que les obfervations nous apprennent.
.Nous penfons que fi cette couche d’argile eût
entré primitivement dans le plan de la nature, &
qu'elle eût exifté dans les commencémens, elle
n’exifteroit plus, a&uellement que les couchés fu-
perficielles du Globe ou les.maflifs ont été entamés
.& détruits dans plufîeurs endroits & de différentes
manières.
Comme il ne fe trouve pas des couches partout
, il eft.évident que les couches d'argile n’y
-recueillent pas^ l’eau des fources : on auroit dû
montrer ce qui fupplée dans, le cas de cette ex-
céption.
Il y a fouvent des endroits où l’on ne trouve
.pas d’argile, & ou l’on voit des fources ou bien
ile l ’eau flagnante dans les puits..
Enfin, il y a fouvent plufîeurs lits d’argile les utw
fur les autres, qui fervent à recueillir l’eau pluv
iale, & l’on voit pour lors plufîeurs niveaux
dans les fources.
Lorfque la première couche â été. détruite,
l’eau pluviale fe raffemble fur les couches inférieures,
qui fuppléent & forment des fources à
des niveaux plus bas.
A in fi, aux environs de Paris, on a compté juf-
qu’à trois couches d’argile qui fervent à-recueillir
l ’eau affez abondamment pour fournir à des
fources qui fe perdent auflitôt dans les fables.
Lorfque la totalité des couches a été confer-
v é e , on voit fouvent ces niveaux d’eau, qui font
aifés à reconnoître, quoiqu’etablis les uns fur les
autres. Il eft vrai que les premières couches donnent
plus abondamment que les couches inférieures’,
& que la dernière, lorfqu’elle eft feule,
en fournit bien plus que lorfque les fiipérieures
exiftent. Ce que nous difons des fources qui.four-
niffent à un écoulement continuel ou périodique,
nous le difons des puits, où ces' mêmes effets fe
retrouvent avec un raccord très-marqué j mais ces
diftributions de couches argileufesne fe continuent
pas de la même manière partout, quoiqu’elles re-
paroiffent en plufîeurs endroits.
•Il n’eft pas ’même néceffaire que ces couches
foient fuivies, car dans les dépôts des rivières où
elles font fouvent interrompues, il y a des fources
& des puits abreuvés continuellement.
NARBONNE, ville du département de l’Audé.
Il paroîc qu’autrefois la rivière d’A u d e , qui
aujourd’hui eft éloignée de la ville de Narbonne ,
la traverfoit & favorifoit un commerce affez étendu
: cette même marche des eaux de l’Aude con-
tribuoit également à fa falubrité } car comme elle
étoit très-peuplée fous l’Empire romain, ceci èxi-
geoic une certaine police relativement à la température
qui y régnoit, & furtout à l ’état des environs
, qui étoient arrofés par plufîeurs fources,
dont les eaux dévoient avoir un débouché facile ,
vu la proximité des eaux de la mer Méditerranée.
Le vent de nord-oueft n’y arrivoit qu’après avoir
traverfé'la montagne Noire & les gorges des collines
qui étoient couvertes de forêts j ainfi les
habitans d’une ville qui joignoit l’élégance à la
propreté de fon enceinte, avoient des dehors cul-
tivés & productifs. On peut s’autorifer enfin fur
ce paffage du poème de Sidoine Apollinaire, dans
lequel on lit ces mots : Salve Narbapotens falu-
britate , pour établir les circonftances de cette
agréable fîtuation.
Les premières caufes de la décadènce de Narbonne
datent de 40 7, époque où les Vandales
commencèrent leurs ravages qui furent fuivis de
ceux des Vifigoths ; mais une des caufes qui nous
intéreffe le plus, qui entre le plus dans notre plan,
c’ eft l’éloignement infenfible & fucceffif de la rivière
d’Aude par des attériffemens & des -enyafemens
• mens qui caufèrent des inondations locales, & en
même temps la ruine de fon commerce.
La côte de la mer s’étant agrandie & éloignée
par des enfablemens, les lacs & lés étangs ayant
ceffé d’avoir des débouchés faciles qui renouve-
loient les eaux, & les forêts ayant été auffi détruites
en même temps, la ville de Narbonne s’efl
trouvée expofée à l’influence des eaux marécage
ufes. „
L’influence des faifons contribue beaucoup à
donner aux habitans de Narbonne des fièvres intermittentes.
Qurni l’hiver eft fec & qu’ il eft fuivi
4’un printemps également f e c , les amas d’eaux
fe deffèchent entièrement, & ils ne laiffent échapper
aucune des exhalaifons putrides par Iadeftruc- 1
tion des végétaux & des fubftancès animales.
De l’expofition des caufes de l'infalubrité nous
croyons devoir paffer à l'indication «des moyens
d’y remédier. C e qui occafionne inconteftable-
ment l'infalubrité'de Narbonne, ce font, outre les
circonftances générales que nous avons expofées,
les amas d ’eaux raffemblées dans les bas-fonds
lirues au nord eft de Livière & au fud de l’étang
de Salin , fujets à être fübmergés à la moindre des
inondations. Au fud quart-eft de la ville, le marais
appelé le Cercle tient toute l’année une niaffe d’eau
ftagnante, d’où & de tout le terroir de la Rouquette
partent des émanations qui cuifent les maladies
dont nous avons parlé, li eft aifé de.voir,
en conféquence,’ quels avantages il y auroit de
deffécher avçc précaution le marais du Cercle,
& dé tenir fübmergés à volonté les terrains bas &
aquatiques de Livière & de l’étang S i lin : quant
aux autres moyens , qui font des objets de la policé
intérieure & extérieure de la v ille , nous les
fupprimerons comme n’étant pas compris dans
notre plan. -
Il feroit à defirer qu'on rédigeât avec foin une
carte: topographique de l’ancienne ville de Narbonne
& de fes environs, & qu’on y traçât les limites
des divers attériffemens de l’Audé j qu’on
s’occupât auffi à diftinguer les terrains1 propres à
la culture, de ceux qui font encore imprégnés de
fel ; enfin , où l’on mît en évidence les grandes ref-
fources qu’on peut avoir maintenant pour éviter
les épanchemens qui nuifent quelquefois à des
récoltes confidérables : telles font ^es différentes
vues que nous avons cru devoir expofer dans l’article
A ude de-ceDi&ionnaire. {Voye[ cet article.')
N A R E N T A , rivière dont l’embouchure fe
trouve à l’extrémité de la côte du Primorie, dif-
trïêfc de la Dalmatie} elle prend fa fource dans
la Bofnie, au delfus de Moftar} elle reçoit le
Trebizat & le Norin, & d’autres rivières du côté
de Xarabie. ( Voye\ ces articles. ) Malgré la largeur
de la Narenta, les grandes barques ne peuvent
la remonter que jufqu’ au village de Met'kovich, &
les petites beaucoup plus haut.
Géographie-Phy/ique. Tome IV
| La pêche la plus confidérable qui fe faffe dans
les marais de la Narenta eft celle des anguilles,
qui y montent dé la mer voifine en grande abondance.
Il eft certain que le produit de cette pêche,
fi l’on faloit les anguilles, feroit confidérable.
Dans l’état préfent du lac marécageux , le p -iffon
qu’on y prend & qu’on mange tout de fuite eft
mal-fain, & l’on en fait ufage fans danger , feulement
lorfqu’il eft fa)é, ou qu’ il a eu le temps
de dégorger dans des viviers particuliers.
Outre les anguilles du marais, on pêche dans
la Narenta plufîeurs efpècès de poiflons des plus
délicats. On y trouve des faumons, & les truites
defcendent en grande quantité des parties fupé-
rièures de la rivière. Vers fes embouchures &
aux environs de î’île Opusy les muges, dans le temps
du frai, s’y affemblent en grand nombre, & le
peuple en prend une grande quantité.
Dans les endroits que l’eau de la rivière np
couvre pas continuellement ,<&le fol eft fablon-
neux, comme doit être un terrain fréquemment
inondé par une rivière qui fe répand librement,
& qui reçoit les eaux torrentielles des montagnes
& les terres dont elles font chargées. Par ces al-
luvions qui fe.forment encore à préfent, le fol
de l’ ile Opus a haufle depuis le temps des Romains
de dix-huit pieds i car on trouve cette épaif-
feür dans les dépôts fucceffifs qui couvrent des
fra^mens de verre & de poterie romaine. Malgré
cet attériffement confidérable, |it§ ne peut pas
être cultivée dans fon enrier : il y refte encore de
grands efpaces marécageux, qu’ il feroit cependant
poflible de deffécher & de mettre en valeur.
L’abondance de toutes les productions de la
plaine de Narenta devroit naturellement exciter
I’induftrie des habitans, fi le mauvais air ne les
rendoit pareffeux. C ’ eft pour cela que le pays de
Narenta n’eft pas peuplé, & qu’il eft moins fréquenté
par les étrangers, qui craignent les effets
du mauvais air. Au refte, la mauvaife qualité de
cet air n’eft pas fans remède} plufîeurs parties
de ce pays font devenues habitables depuis qu’on
a cultivé les environs. A mefure que l’agriculture
s’ introduira dans ce canton, on pourra le rendre
riche & agréable, comme il l’étoit anciennement.
Les collines dés environs de la plaine de Narenta
font d’un marbre dont la pâte ne diffère
pas de celle du marbre des îles décrit dans
l’article L és ina. La partie montueufe eft remplie
de gouffres & de cavernes qui abforbent une
grande quantité d’ eaux courantes ou pluviales.
NASSAU -DILLENBOURG. Les montagnes
ou le plateau connu fous le nom de JVejlerwald
font une continuation tirant vers l’oueft de toutes
les hauteurs qui fe trouvent dans la principauté
de Dillenboürg. Elles confiftent en une pierre
argiieufe très-dure & très-compa&e, bleuâtre ,
Sc contiennent du fpath calcaire & même de la