
b.lable ne s* y rencontroit ; que , dans toutes les
autres montagnes, toutes les couches font fuivies
& horizontales ; que leurs matériaux n’ont point
été altérés par le feu, & qu’en un mot tout y
fulftifte depuis la bafe jufqu’au fommet, dans le
même état de régularité où cet ouvrage des eaux
eli forti du baflin de la mer, fans que les feux
fouterrains y aient rien altéré ni dérangé.
Nous ajoutons même que certaines montagnes
pourroient montrer à leur bafe des‘matières volcaniques
recouvertes enfuite par un affémblage de
bancs fuivis fur une certaine étendue & parfaitement
horizontaux, fans qu'on pût être par-là
autorifé à dire que ces collines ont été foulevées
par les feux fouterrains-. Nous pouvons citer à
cette occafion les chaînes des collines du Vincen-
tin, dont la plupart ont pour bafes des amas de
matières volcaniques nivelées par la mer, & recouvertes
enfuite par des couches de pierres-calcaires
dépofées par La même mer : tels font les
monts Euganiens, telles font les collines qüi bordent
la vallée de Ronca, & c .
MONTE-ROTONDO en Tofcane (Lagoni de).
Dans le fond d'une étroite & profonde vallée, û-
tuée entre les montagnes de Berto & de la Meta ,•
on voit une longue bande de Lagoni, ou Buli-
cami, ou Fumacchi, comme on les appelle i c i ,
qu'on reconnoît de plufieurs milles de diftance,
par la fumée abondante qu’ils exhalent j leur direction
eft du midi au nord : ils commencent un
peu au-deffus du château , & s’étendent vers le
haut de la vallée qui fépare les deux montagnes.
II. eft à remarquer que les vaftes Lagoni di Sajfo j
font derrière ceux de Monte-Rotondo , fur la pente
oppofée j d’où l'on a inféré qu’il y a , dans l'ofla-
ture de cette montagne, beaucoup de filons de
matière fulfureufe propre à maintenir les Lagoni.
11 y .a encore de femblables Lagoni dans la commune
de Luftignano, fur la pente feptentrionale
du Monte-Rotondo j il y en a d’autres fur la colline
de Cerboli, qui part de la même montagne. On
voit enfin dans le voifinage de Monte-Rotondo un
grand lac d’eau fulfureufe, nommé le lac delt
Bdifoio^De ce grand nombre de Lagoni on doit
conclure que la nature a dépofé , dans les filons
des montagnes primitives de la Tofcane inférieure
, une grande quantité de foufre & de
métaux*
Targioni vifîtant les Lagoni de Monte-Rotondo ,
un matin qu’ il faifoit très-mauvais temps, ob-
ferva qu’ ils faifoient un très-grand fracas, &
qu’ils exhaloient une fumée extrêmement épaiffe.
Le Lagone Cçrckiaio eft le plus grand de tous,
mais il l’ eft beaucoup moins que celui du mont
Cerboli j tous les autres font des trous irréguliers
le long d’un torrent très - femblable à ceux de
Caftel-Nuovo. On a fait dans le voifinage de ces
Lagoni deux trous, dans lefquels on fe baigne I
pour guérir les maladies de la peau. I
Le terrain des environs, ainfi que les bords
des Lagoniy eftfulfureux, &. couvert, d'efpèces
de pierres-ponces & de ces pierres qui fe fendent
& fe réduilent enpouflière comme la chaux éteinte.
Un de ces Lagoni du Monte Roiondo3 très-impétueux,
avoit commencé à s’ouvrir cinq ans avant les autres.
Sur le bord de ce Lagoni., Targioni vit une
plante (le genijla juncea) fur laquêlle il obferva
un phénomène curieux; les vapeurs aqueufes qui
forcent du. La go ne , fous la forme d'une fumée
épaiffe & blanche, s’attachoient à la fuperficie
des rameaux de cette plante fèche , & par Je froid
de l’air s'étoient converties en glace fi belle, que
toute la plante paroiffoit un criftal affez uniforme,
mais plus gros dans fa partie inférieure qui regar-
doit le Lagone. Il en prit un morceau qui étoit
formé de couches pofées les unes fur les autres ;
il le mit dans fa bouche, & ce morceau fe fqndit
bientôt en eau, fans aucun goût. & parfaitement
inodore. Il fort d'une roche voifine d’un autre
Lagone, un filet d?eau rouffâtre un peu moins
âpre que la teinture de fe r , & qui laiffe, fur les
pierres où elle coule, une trace rougeâtre.
On trouve çà & là , dans la. vallée, de grandes
maffes nues d’dtberefe, compofée de couches entre
; quelques-unes defquelles on voit du jafpe de cour
leur brunâtre. C’eft fous ces maffes que font communément
les Fumacchi'. En continuant de monter
-.le-long des Lagoni, vers un lieu nommé Aquavivay
on trouve une grande quantité de foufre natif>
criftallifé en pyramides.à trois faces, autour de
trous d’où il fort une. fumée blanche. La/fumée
fort non-feulement de>la furface de l’çau des Lagoni
t mais encore de quelques trous qui font fur
leurs bords, & des fentes derjoches d’alôerefc
qui contiennent du fpath , qu’on nomme dans le-
pays pierre à chandelle. Les vapeurs.des Lagoni macèrent
& réduifent en pouflière la pâte crétacée de
Y alberèfe y mais les lames fpathiques, qui réfiftent
plus long-temps à l’aétion de ces vapeurs, reftent;
& font paroître la pierre toute cayerneufe. On
trouve plus haut beaucoup de morceaux d’une
forte de brèche compofée de fragmens d‘alberèfe,
unis par une pâte fpathique mélangée de craië ;
on voit encore, beaucoup de places blanches &
nues, couvertes de matière pierreufe, mais friable
, femblable à l’alun calciné : dans quelques-
unes de ces places blanches il y a des mofettes.
Les plus élevés de ces Lagoni de Monte-Rotondo ,
vers le haut de la vallée, n’ont que très-peu d’eau,,
mais ils fument beaucoup & font un grand bruit.
De même qu’il s’ouvre à Monte-Rotondo de nouveaux
Lagoni, on voit que plufieurs anciens s’épui-
fent par le défaut de matière propre à la fermen?
tation, ce qui arrive quand ils font baignés par
les eaux pluviales & fouterraines. Targioni. en a
reconnu plufieurs dans le bas du château ,.qui
paroiffoient épuifés depuis long-temps.
Les eaux des Lagoni, ainfi que celles qui s’écoji-
lent des collines d/ Berto & de la Meta, fe raffemblent
blent en un torreùt qu’on nomme Riputide, nom
qui s’eft formé de Rivulo-Vatrido que ce torrent
portoit anciennement.
L e long de ce torrent, qui defeend vers la
Millia, on trouve une colline nommée il Poggio
aile Pietrelle , dans laquelle on voit deis maffes
d'alberèfe de couleur de cendre , avec des nids de
marcajfites incçrporés dans leur intérieur; ce qui
fait voir que la matière ou la pâte des filons de
cette pierre étoit une vafe liquide crétacée, mêlée
de fucs pyriteux & ipathiques qui (e font criftal-
lifés. La marcajfite s’eft criftallifée en cubes, le
fpath en lames formées de pyramides à trois faces,
& la vafe purement crétacée a formé Y alberèfe.
On emploie à Monte-Rotondo, en place de fable
pour le ciment, une terre grife ou noirâtre, vi-
treufe, femblable à la pouzolar.e de Rome, &
qui fe trouve dans un lieu nommé le Rene ; elle fait
le même effet que la pouzolane , & réfifte très-
bien à l’humidité. Peut-être eft ce un détritus des
ponces des Lagoni épuifés, ou peut-être encore
une cendre de quelque petit volcan éteint, femblable
à celui de Pietramale
MONTE-SANTO ou ATH<5o , grande & célèbre
montagne fur les côtes maritimes de la Macédoine
, dans une prefqu’ile dont elle occupe
toute la longueur. On donne ordinairement à cette
prefqu’île quarante lieues de circuit, & c’eft dans
cette enceinte que fe trouve la bafe du mont
Athos. Il eft regardé par plufieurs auteurs comme
une des plus confidérables maffes convexes qui
foient dans ces contrées; c’eft une chaîne de plufieurs
fommets, & pour ainfi dire à plufieurs
étages, parmi lefquels il en eft un qui, par fa hauteur
& le nombre des habitations qu’on y a établies
, attire l’attention des voyageurs : c’eft celui
que l’on appelle proprement Athos ou le Monte-
Santo. Sa hauteur n’a point été mefurée comme
celle du pic de Ténériffe , mais on a prétendu en
donner une idée par l’étendue de l’ombre projetée
qu’elie fait. Pline & Plutarque rapportent
qu’au folftice d’é té , vers le coucher du foleil, la
place du marché de Myrrhina, dans l’ïle de Les-
bos, aujourd’hui Stalimène , recevoir l’ombre du
mont Athos. Des obfervations faites depuis ont
confirmé le fa it , & l’on fait que de l’île à la montagne
il y a dix-fept à dix-huit lieues de diftance.
Aux anciens philofophes de la Grèce qui fe reti-
roient dans les environs de cette -montagne, ont
fuccédé vingt-deux couvens de moines g re c s , &
une multitude d’hermitages & de grottes ; ils vivent
des produits de leur culture, mais furtout
des aumônes que leur font les fidèles & les princes
de l’Eglife grecque. On dit que quelques-uns de
ces moines s’occupent de l’étude & de la. contemplation;
ce n’eft toutefois pas de celle de la nature:
car pourquoi cette maffe jntéreffante dans toutes
fes parties n’auroit-elle pas fait l’objet dés recherches
& des obfervat-io.ns de ces religieux, qui,
Géographie-Phyjtque, Tome IV .
| en nous communiquant leurs réfuîtats, nous au-
! roient plus inftruits fur le mont Athos quê les Anciens
, au merveilleux defquels nous nous trouvons
encore réduits? j?
MONT-FERRIER (département de l’Hérault),
c’eft-à-dire , montagne à pierre noire & couleur
dé fer ; c'eft un culot d’ un petit volcan enveloppé
de couches calcaires de la moyenne terre. M. Jou-
bert a donné un Mémoire fur ce petit volcan.
MONT-JEAN, près de Vizille ( I tè r e ) . On
trouve près de cette commune une mine de plomb
fulfuré.
M o n t -Je a n , dans les Vofges. C ’eft: le nom
d’ une montagne qui renferme la mine de plomb,
cuivre & argent de Saint-Pierre, & la mine d’argent
de Saint-Georges ; elle fe lie à la montagne
dite de la Suijfe.,
M O N TM A LARD , hameau du département de
l’A ilie r , commune de Brenay. Il y a près de cet
endroit une mine d’antimoine dont l'exploitation
abandonnée paroît fufceptible d’être reprife : elle
eft lituée fur le fommet d'une petite colline.
M O N TM A R TR E , colline ou butte ifolée,
fituée au nord de Paris. Sa forme eft à peu près
conique , mais plus étendue d^Peft à l’oueft que
du nord au fud. Elle eft féparée du Mont-Valérien
par la vallée de ia Seine ; des buttes de Sanois,
d’Orgemont & de Cormeilles, par la plaine de
Saint*Denis, & de la butte Chaumont par un col
é le vé , dans lequel arrive le canal de l’ Ourcq.
Cette butte eft très-remarquable, en ce q u e ,
dans fon étude, on peut, en quelque forte , faire
celle de tout le terrain gypfeüx des environs de
Paris.
Je vais décrire, fucceflivement & avec détails,
d’abord d’après MM. Brongniart & Cuv
ie r , les couches de fable marin 8c de marnes
marines qui couronnent cette butte ; enfuite ,
d’après mes propres obfervacions, les trois maffes
de gypfe calcaire ou gurh'qui en conftituent le
corps ; enfin, d’après les recherches de mon fils
& de M. Prevoft fon ami, les couches les plus inférieures
& celles fur lefquelles elles repolent.
N°. I . Sable & grès quart feux. — Le quartz qu’on
trouve au fommet de Montmartre eft quelquefois
agglutiné & forme des grès rougeâtres, mais
friables, qui renferment des moules de coquilles.
La matière de la coquille n’exifte plus, & on ne
voit même dans lé fable aucun débris de ces coquilles.
C e grès eft compofé de grains de quartz
affez gros, peu arrondis , mais point.criftallifés ; il
ne fait aucune effervefcence, & eft infufible au feu
de porcelaine. Les moules de coquilles qu’ils renferment,
font tous de coquilles marines généralement
femblables à celles de Grignon ou d elà
O o o o