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qui en eft diftant de deux lieues. C et endroit eft
■ meme moins chaud & plus fain que la ville , parce
qu’il eft fitué fur une hauteur moyenne , où il eft
expofé aufouffle des vents qui modèrent les rayons
folaires.
Le 7 février 1778, à fix heures du matin, le thermomètre
étoit à dix-huit de grés & demidans la ville,
& à midi & demi à vingt degrés. Vers le foir il y
eut des coups de vent & une pluie confidérable :
cela dura jufqu’au 19 , que la chaleur augmenta ;
de forte qu’ à fix heures du matin, le thermomètre
étoit à vingt degrés, & à vingt-deux & demi
à midi. Depuis trois jufqu’ à quatre heures après
midi, le tems changea, devint p’uvieux Sc le vent
tomba j à cinq heures , le vent tourna au nord &
le tems fe rafraîchit. Le jour fuivant, le thermomètre
étoit à dix - fept degrés à fix heures du
matin, & refta à.ce point le reftè du jour & les
deux qui fuivirent.
Les grandes chaleurs de l’été commencent en
mai à la Havanne. Le thermomètre y fut, dans ce
mois, à vingt-deux degrés & demi à fix heures
du matin ; à vingt-cinq & demi à midi ; à vingt-
deux & demi vers onze heures du foir. Le 23
juin il monta à vingt-fix degrés & demi, & del-
cendit à vingt-trois degrés & demi à onze heures
du foir. On obferva la même marche à peu près
dans le courant des mois d’août & de feptembre.
La chaleur fut modérée en oétobre j le thermomètre
fût inconftant ; cependant il y eut des jours
où la liqueur s’éleva jufqu’à vingt-cinq degrés. Le
point le plus ordinaire eft vingt-trois degrés &
demi & vingt-quatre. En novembre , ce même
point eft de vingt-un & demi à vingt-trois & demi
a deux heures après midi. La même marche de la
chaleur a lieu en décembre & en fév rier, qui font
les mois de l’hiver, dans lefquels on dit qu’on y fent
du froid ; & cependant la différence des deux fai-
fons n’y eft que de trois degrés. Le thermomètre
étoit placé dans une chambre ouverte, où il étoit
expofé à l’impreffion de l ’air libre , mais non aux
rayons mêmes du foleil; car lorfqu’on l’y a exp
o fé , il a monté jufqu’à quatre-vingt-dix degrés
& demi.
Les vents fouffient toujours du nord, à la Havanne
, dans les mois d'hiver. La liqueur du thermomètre
fe condenfe, & c’ eft alors qu’on fent
plus de fraîcheur. Dans les mois d’é té , quoiqu’ il
pleuve prefque continuellement, la chaleur fe fou-
tient toujours, parce que la pluie eft ordinairement
fuivie de calme, & qu’alors les vents font
tournés au fud ; ce qui entretient la chaleur. C e .
qu’ il faut remarquer ici dans les obfervations dont
on vient de voir les détails, ce n’eft pas tant les
degrés auxquels monte la liqueur, que la confiance
avec laquelle il s’y maintient, & le peu de varia- j
tion qu’on y voit d’une faifon à l ’autre. En effet, j
la liqueur du thermomètre s’élève au même degré ;
dans Ja zône tempérée, même dans les contrées
feptenrrionales ; mais cela n’a lieu que pendant un
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court efpace de tems, comme d’un mois & même
dans certains jours , après cela elle defeend peu
a peu au point d’où elle étoit montée. En décembre
, lorfque le foleil eft au tropique du capricorne
, il fe trouve à quarante-fept degrés du zénith
de la Havanne. On voit par ces obfervations,
que quoique la Havanne foit éloignée de l’équateur
à la diftance du tropique, ce n’eft pas une
raifon fuffifante pour que la chaleur s’y trouve
moindre que dans les contrées qui font près de la
ligne, en fuppofant néanmoins la même uniformité,
quant à la pofition des lieux. En effet, le
foi eft bas, plat près de la mer, dans les endroits
dont je compare ici la température. ( Voye^ Por-
to-Bei.o , Pan am a , & c . )
La caufe de ce phénomène eft la direction des
rayons folaires, qui refte plus long-tems perpendiculaire
à la Havanne, que dans les contrées qui font
près de l’équateur ; car le mouvement du foleil eft
ralenti dans fa déclinaifon lorfqu’il s’approche des
tropiques, au lieu qu’ il eft accéléré lorfque cet
aftre fe trouve vers la ligne. Voilà pourquoi il
échauffé plus la terre, & la pénètre avec plus d’aêti-
vité à la Havanne, que dans les contrées voifines
de 1 équateur, fur lelquelles il paffe avec célérité.
Le foleil eft au zénith delà Havanne, à la différence
d’ un degré\, depuis le 21 juin jufqu’au 12 juilîètj
ce qui fait un efpace de vingt't-deux jours. Mais
dans les deux faifons où il paffe par le zénith de
' Panama, favoir, en avril & en août, il y eft onze
; jours en tou t, c ’eft-a-dire , cinq jours & demi à
rchaque paffage. Ceci fait donc la moitié du terris
pour la direction des rayons perpendiculaires du
foleil dans ces endroits voifins de l’équateur, relativement
à cette même dire&ion pour la Havanne.
Il refte encore une confédération à joindre à
celle-ci : il y a un intervalle de fix mois entre ces
1 deux tems, de cinq jours & demi. C ’eft alors que
la chaleur acquife pendant ces cinq jours & demi
va toujours en diminuant, pour recommencer pendant
les derniers cinq jours&demi. Il s’enfuit donc
que la chaleur acquife par le terrain de Panama
par l’a&ion perpendiculaire des rayons folaires doit
etre moindre que celle de la Havanne, où cette
impreffion dure douze jours confécutifs.
Pour mieux comprendre ces effets & leur différence
, il faut confidérer qu’un même degré de
chaleur , répandu dans la terre qui le reçoit pendant
plufieurs jours , devient, pendant chacun de
ces jours, plus fort qu’il ne l'étoit les jours précédons;
car les rayons folaires frappant la terre ,
déjà pénétrée de chaleur les jours précédens, la
trouve d’autant plus difpofée à la retenir, que la
communication de cette chaleur a été plus fouven.t
répétée : d’où il réfulte que la chaleur de la Havanne
, fituée prefque fous le tropique, doit être
plus grande que dans les contrées qui s’éloignent
de ce cercle en fe rapprochant de l’équateur. C ’eft
auffi par toutes ces circonftances, que les effets de
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la zône torride doivent y être & y font réellement
plus fenfibles que dans les autres pofitions de cette
zône.
Pour que la terre perde la chaleur qu elle a acquife
pendant quatre mois de fuite, il faut beaucoup
plus de tems qu’ il n’en faudroit fi ces quatre
mois avoient été interrompus par un efpace de
tems pendant lequel le foleil feroit refté plus éloi
gné du zénith. Voilà pourquoi, lors .même que
cet aftre eft hors de cet efpace , fa chaleur fe fou-
tient à la Havanne, comme on le yoit en feptembre
&même pendant plufieurs jours d’o&obre. En
effet, le thermomètre eft alors au même point que
uand le foleil eft dans les dix degrés qui précè-
ent immédiatement ceux du zénith; auflî y remarque
t on les effets que les rayons perpendiculaires
du foleil produifent fur les eaux fouterraines; car
elles y font chaudes, tandis que partout ailleurs
elles fe trouvent fraîches, comparées avec la température
de l’air pendant ces mois-là. Ces effets
s'obfervent conftamment dans la température des
eaux de fource, qui fortent de la terre. La caufe
n’eft autre que la chaleur du foleil, q ui, étant
comme ftationnaire, échauffe la terre & la pénètre
d’autant plus, qu’il refte plus long-tems au zénith
& aux environs du zénith. Or , cette chaleur ne
diminue que peu à peu , & pendant le même ef- 1
pace de tems quelle avoit mis à parvenir au dernier
point. Lorlque les eaux fortent du fein de la
terre , elles prennent infenfîbiement la température
de l’ air extérieur; & quoiqu’elles fe montrent
avec le degré de chaleur qu’elles ont contracté dans
leur marche fouterraine, elles le perdent bientôt
pour fe remettre au degré de l’atmofphère. ^
Les vents contribuent auffi plus ou moins au
degré de la chaleur, fuivant le point d’ où ils fouf-
flent. S'ils viennent du nord , la chaleur diminue
fenfiblement > mais au contraire elle augmente
confidérablement fous les vents du fud. Les vents
du nord régnent à la Havanne, fans cependant y
être continuels, depuis novembre jufqu’en mars,
mais plus exa&ement jufqu’ en février : on les appelle
brifes. ( Voye[ cet article. )
Le foleil produit auffi une plus grande chaleur
à proportion qu’il eft plus de tems fur l’horizon.
Lorfqu’il eft au zénith de Panama, il paroît
onze heures douze minutes fur l’horizon : ainfi
la nuit proprement dite eft de onze heures
quarante-huit minutes. Mais quand il eft au z é nith
de la Havanne, il refte treize heures vingt-
fix minutes fur l’horizon ; ce qui fait dix heures
trenterquatre minutes pour la nuit : ainfi il y
échauffe la terre pendant une heure & quatorze
minutes de plus qu’à Panama. O r , on s’apperçoit
fenfiblement à la Havanne , que cette plus longue
ftation du foleil empêche la terre & l’atmofphère
de fe rafraîchir la nuit autant qu’à Panama.
H É C L A , volcan d'Ijlande. Le mont Hécla a
toujours été compté parmi , les volcans les plus fa-
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m è u x d e l ’U n i v e r s , à c a u f e d e f e s t e r r i b l e s é r u p t
io n s , I l e f t a c t u e l l e m e n t u n d e s m o in s d a n g e r e u x
d e c e t t e î l e ; c a r - d e p u i s p lu f i e u r s a n n é e s i l s ’ e f t
f o rm é d e n o u v e a u x v o l c a n s , q u i o n t f a i t p e n d a n t
c e t e m s a u t a n t d e r a v a g e s q u e l 'Hécla e n f a i f o i t
c i - d e v a n t . D e c e n o m b r e . f o n t l e s m o n t a g n e s d e
K b e t l e g a n & d ’O r e i f e o u D r a i f e d a n s l e c a n t o n d e
S k a f t e f i e l d , & l e m o n t K r a f l e d a n s l e c a n t o n d u
N o r d . ( V o y e ^ V olcan d’Islande. )
L 'Hécla n ’ a j e t é d e s f lam m e s q u e d i x f o i s d a n s
1 e f p a c e d e h u i t c e n t s ân s ; c e q u i e f t e n v i r o n le
t em s q u e l ’ I f l a n d e e f t h a b i t é e ; f a v o i r : d a n s l e s
a n n é e s 1 1 0 4 , 1 1 J 7 , 1 2 2 2 , 1 3 0 0 , 1 3 4 1 , 1 5 6 2 ,
l l o 9 > Ï Û 3 6 , & l a d e r n i è r e f o i s e n 1 6 9 3 :
c e t t e f o i s i l c o m m e n ç a à j e t e r d e s f lam m e s l e 1 5
f é v r i e r , & c o n t in u a j u f q u ’ a u m o is d ’ a o û t fu i v a n t .
L e s in c e n d i e s p r é c é d e n s n 'o n t d e m ê m e d u r é q u e
q u e lq u e s m o i s .
O n v o i t q u e YHécla a y a n t f a i t l e s p lu s c r u e l s
r a v a g e s a u q u a t o r z i è m e f i è c l e , à q u a t r e f o i s d i f f é r
e n t e s , i l a é t é t o u t - à - f a i t t r a n q u i l l e a u f i è c l e f u i v
a n t , 8c q u ’ i l a c e f f é d e j e t e r d e s f lam m e s p e n d a n t
c e n t f o i x a n t e - n e u f a n s d e f u i t e .
A & u e l l e m e n t o n n ’ a p p e r ç o i t f u r YHécla n i f e u ,
n i e x h a l 'a i f o n s , n i fu m é e : o n n ’ y t r o u v e u n iq u e m
e n t q u e d e l ’ e a u b o u i l l o n n a n t e & c h a u d e d a n s
q u e lq u e s p e t i t s c r e u x . D e p a r e i l l e s e a u x , & m ê m e
d e p lu s c h a u d e s , f e t r o u v e n t e n c o r e d a n s b e a u c
o u p d ’ e n d r o i t s d e l ’î l e . ( Voy e ç I s l a n d e . )
Q u o i q u e YHécla a i t f a i t d e g r a n d s r a v a g e s p a r
f a d e r n i è r e é r u p t i o n , e n d i f p e r f a n t f u r d e b o n s
p â t u r a g e s u n e g r a n d e q u a n t i t é d e f a b l e s , d e c e n d r e s
& d e p i e r r e s - p o n c e , o n n e s * e n r e f f o u v i e n t g u è r e
q u e p a r l e b i e n q u i e n e f t r é f u l t é ; c a r l e s f a b l e s &
le s c e n d r e s p o u f l é s p a r l e v e n t d a n s l e s m a r a is
le s o n t d e f f é c h é s & r e n d u s p r o p r e s à p r o d u i r e d e
b o n s p â t u r a g e s . E n d ’ a u t r e s e n d r o i t s i l s ’ e f t f o rm é
u n e c r o û t e d e t e r r e p a r - d e f fu s l e s c e n d r e s q u i f e
t r o u v e n t a u x e n v i r o n s , à u n o u d e u x p i e d s d é p r o f
o n d e u r , & l e s p â t u r a g e s d ’ a u t o u r d e YHécla f o n t
e n g é n é r a l b e a u c o u p m e i l l e u r s q u ’ i l s n e i ’ é t o i e n t
a u p a r a v a n t . O n t r o u v e m ê m e , t o u t a u p r è s d e c e
v o l c a n , d e s m é t a i r i e s & d e s m a i f o n s q u i n e f o n t
p lu s in c o m m o d é e s d e c e v o i f in ja d i s f i d a n g e r e u x .
UHécla e f t u n e m o n t a g n e t r è s - h a u t e & u n e d e s
p lu s g r a n d e s d e I T l l a n d e , m a is n o n p a s la p lu s
é l e v é e ; c a r l e W e f t r e - J o c k u l l ’e f t e n c o r e d a v a n t
a g e . L >Hécla a f o n f o m m e t c o n t in u e l l e m e n t c o u v
e r t d e g l a c e & d e n e i g e .
H E I L G E L A N D ou I L E S A C R É E , v is - à - v i s l ’ e m b
o u c h u r e d e l ’ E l b e & d u W e f e r , d a n s la m e r , e f t
l e r e f t e d ’ u n e î l e c é l é b r é e p a r T a c i t e p o u r l e c u l t e
d e H e r t h u m o u la t e r r e m è r e c o m m u n e q u e l e s
n a t io n s v o i f in e s a d o r o i e n t d e f o n t e m s . E l l e f o r -
m o i t ja d i s u n e t e r r e d ’ u n e é t e n d u e c o n f i d é r a b l e ;
m a is d i f f é r e n t e s c a u f e s l ’ o n t r é d u i t e à fa p e t i t e f l e
a & u e l l e . L ’ o n c i t e p a rm i c e s c a u f e s d i f f é r e n t e s
in o n d a t i o n s a r r i v é e s e n t r e £ 0 0 & 1 6 4 9 . L a g r a n d e