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les dépôts intérieurs & littoraux de brafiers ou
de pierres de fables , les dépôts torrentiels de lavages
extérieurs, fur les limites de l'ancienne & de
la nouvelle terre qui font fort étendues} enfin les
anciens lits des grandes rivières, ainfi que leurs
embouchures, les mines de fe r , tous phénomènes
que no^us fommes en état de diftinguer par des caractères
affez précis, lefquels conviennent aux dif-
férens maffifs qui s’offrent à la furface du Globe ,
& dont nous avons fait une étude particulière, en
. conféqucnce de laquelle nous nous croyons auto-
rifés à joindre les époques fucceffives qui conviennent
à chacun d’eux, & qui les feront connoître
aux naturaliftes qui ont pu les obfçrver. Si nous en-
vifageons de même leur conformation extérieure,
nous découvrirons, à l’aide d’une anal y fe exaCte ,
qu’elle eft l'ouvrage d’une infinité de dégradations
qui appartiennent à toutes ces époques, & qui font
remarquables à la furface de tous ces mafiifs $ car
la plus grande partie de toutes ces dégradations
©ntétévifiblement aflujetties à une certaine marche
régulière, dont les traces principales font ailées à
reconnoître & à fuivre, & qu’il eft également important
de décrire & d’ expofer en détail.
i Le premier mafiif dans l’ordre des tems, celui
que l’ordre fyn.thétique nous préfente d’abord, eft
l’ ancienne terre. Le caractère propre de ce maflif
eft d’offrir de grands amas de granits, fans couches:
diftinâes.Ony remarque feuiementquelques fentes-,
avec des faces fort larges, & très-unies dans tous les.
fens, & qui font vifiblement les effets de la deflic-i
cation de la matière, qui fe trouve divifée par tra-
pézoïdes plus ou moins réguliers. Autre caractère «
diftinCtif de ce maffif : les trois principes qui com-:
pofent les granits, y font le plus fouvent diftribués i
uniformément, & criftahifés entr’eux , c ’e f t - à - ;
d ire , que le quartz, le feld-fpath & le mica font j
réunisaffez régulièrement enfemble, quoique dans
des proportions qui varient. La nature même du
feld-fpath change auffi. Cette ancienne terre paroîc
être la bafe primitive du Globe. Le plus ordinairement
fés parties de ce monde ancien, qui fe montrent
à découvert, occupent un niveau plus élevé
que celui de la nouvelle terre, & la dominent. Il
paroîtmême, dans ces circonftances, fervir de bafe
à ce maffif, ou bien il en trace les limites en s’élevant
infenfiblement au de (Tus î ce qui porteroit
à croire qu’ il s’enfonce fous les parties de la
nouvelle terre, dans toute l’étendue de l’affem-
blage des couches horizontales qui le compofent,
mais à une profondeur indéfinie qu’on n’a encore
jeconnue que dans certains lieux ou aux-environs
de leurs limites, ou par les fouilles de certaines
mines de charbon de terre.
2°. Le fécond maffif eft la moyenne terre, que
je fuis tenté de fubdivifer en deux grandes claffes
de maffifs, à qui je donnerois la dénomination d$
moyenne terre graniteufe & de moyenne terre
calcaire.
La moyenne terre graniteufe eft cptopofée.des
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matériaux du granit, diftribués par raies ou par
lames inclinées à l’horizon fous toutes fortes
d’angles. Malgré les flexions multipliées que ces
lames éprouvent dans leur longueur, elles ont fou-
vent une allure affez confiante, & une direction
fuivie vers certains points de l’horizon. Çe maffif
eft affez fouvent mêlé avec le précédent : il y a même
des cas où l’ancienne terre m’a paru former des
îles, totalement enveloppées parla moyenne terre
graniteufe. Les granits rayés qu’elle renferme, peuvent
être confidérés comme les matrices ordinaires
des filons de plomb, de cuivre , d'argent., d'antimoine
& de fer. Le fehifte graniteux, les ardoifes,
les couches inclinées de grès, qui fervent de toits
& de murs aux mines de charbon de terre, les
mines de charbon de terre elles-mêmes, fe rencontrent
auffi dans ce maffif;, & plus fouvent fur fes
limites. Cette moyenne terre eft d’ une formation
poftérieure à l’ancienne terre puifqu’elle la recouvre,
& <|ue dans beaucoup de pays il eft aifé
d’y reconnoître les matériaux de l’ancienne, dif-
pofés feulement différemment. Il eft vrai que, dans
certains cantons, ils font plus défigurés, foit par
les révolutions, foit par des mélanges. Quoiqu’ il
foit affez difficile d'afligner une caufe à cette orga-
nifation nouvelle, on ne peut en méconnoître une
particulière, foit dans la diftribution des principes
du granit entr’ eux , foit dans la fuite des filons des
mines, & furtout dans l ’allure des filons des charbons
de terre.
3°. La moyenne terre calcaire eft compofée de
couches on bancs calcaires, plus épais que ceux
de la moyenne terre graniteufe, fablonneux , inclinés
& courbés dans tous les,fens. C e maffif fe
trou ve placé fur les deux précédens. Je l’ai reconnu
& obfervé fur les fommets les plus élevés des
Alp es , des Pyrénées & de l’Apennin : en forte
que fa bafeïe trouvera formée des deux maffifs dont
nous avons parlé j ou bien il préfente unelaige
enceinte qui circonfcrit les deux premiers maffif$;j
il étend des branches fort alongées., & fe lie dans
fes appendices à la nouvelle terre, dont il atteint
le niveau & les collines. Malgré cela les limites des
deux terres, moyenne & nouvelle, font toujours
plus ou moins diftinCtes, & toujours reconnoiffar
blés à.des yeux exercés. .
4°. La nouvelle terre calcaire eft un maffif trèsr
étendu, qui offre un affemblage 4e lits & d’afo
fîfes compofées de fubftances calcaires, fablonr
neufes ou argileufes. Ces lits font conftamment
affujettis à la djfpofition horizontale, La fubftance
dominante eft un produit de la.yie animale, un dér
bris de coquillages ou les coquillages eux-mêmes»
C e maffif eft le plus moderne de tous, celui dont
l’organifation eft la plus régulière & la plus Ample*
celui dont il èft plus aifé de déterminer.les phénor
mènes & leur caufe, celui par lequel on a voulu
expliquer la formation du G lo b e , & par confét
quent cêlle des autres maffifs , quoiqu'on doive re?
cpnnojcre ;dans ceux-ci un fyftème d’agens, totalet
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nient différent des caufes qui ont figuré dans toute f
1-économie de la nouvelle terre ; enfin, c ’eft celui
par lequel il faut commencer à étudier notre G lo be,
mais fans s’y borner, fi l’on eft jaloux d’acquérir
des connoiffances complètes de notre G lo b e , & fi
l’on ne veut pas s’expofer à rencontrer une infinité
de phénomènes qui feroient autant d’ exceptions
aux principes qu'on auroit tenté de généralifer.
Quoique ce maffif foit le plus fimple, il fe trouve
entre les dépouilles des animaux & les débris des
coquillages, ainfi qu’ au milieu des couches qui le
compofent, des fubftances auffi ftratifiées , qui méritent
une attention générale & nos recherches par«
ciculières. Ces fubftances font, ,i°. les fables mêlés
de quartz, de mica & de feld-fpath , difpofés par
couches fur les limites de l’ancienne & de la nouvelle
terre : on y rencontre parmi ces ftratum,
beaucoup de cailloux roulés de quartz, dé granits,
de fehiftes, de pierres ollaires & de pierres calcaires
infiltrées. Les quartz, les granits, font tires
de l’ancienne terre ou de, la moyenne graniteufe, 8c
les pierres calcaires de la moyenne, graniteufe, &
les pierres de grès de la moyenne calcaire. Cestranf-
ports & ces dépôts ont eu lieu lôrfque l’ancienne
mer baignoit les côtes des anciennes terres, &
fbrmoic des dépôts fur les bords de la nouvelle
terre. J’appelle ces fubftances qui ont été voiturées
de l’ancienne terre 8c de la moyenne, foit grani-
teufes, foit calcaires, & dépofées par les eaux de
l’ancienne mer, le produit d’un lavage intérieur.
Ces matériaux, qui font immenfes, ont été vifiblement
chariés de l’ancienne terre dans la nouvelle,
par les eaux pluviales & torrentielles qui ont dé-
-gradé fucceffivement l ’ancienne terre & les deux
claffes de la moyenne lorfque ces terres formoient
des îles à la furface du Globe, & fer voient de bords
i la mer dans le tems où la nouvelle terre fe formoit
dans Ion fein.'
Je diftingue encore, i®. d’autres matériaux que
je nomme Tes produits des lavages extérieurs, ou
bien ce font des matériaux de l'ancienne & de la
moyenne terre y tranfportés à la furface de la nouvelle
, ou feulement des matériaux de la nouvelle
terre, déplacés. Parmi les premiers » je place le;s
naines de fe r , dilatées & dépofées furies cimes des
collines de la nouvelle terre, toujours dans les directions
qui indiquent leur fortie de l’ancienne
terre ou des moyennes, ou toujours auffi dans la
proximité des limites de ces claffes de maffifs j
z ° . des fables, des débris de granitsfur les limites
de ces différens maffifs ; y°. des cailloux roulés,
compofés des matériaux des trois terres, arrondis
& dépofés le long des vallées des grandes rivières,
lefquellefi prennent leurs fources dans les contrées ;
dépendantes des trois terres, & particuliérement 1
d e f ancienne.
Les matériaux, d e la nouvelle terre, déplacés ,
font, ou des cailloux roulés, dépofés fur les croupes
des vallées à de grands canaux * ou des fables mêles
de dépôts ferrugineux , accumulés à U rencontre
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des eaux courantes ou dans le milieu des conti-
nens, ou à l’embouchure des grandes rivière s,
dans des lieux où ces rivières avoiem éprouvé des
débordemens très-étendus lorfqu’elles n’étoient
pas encore contenues dans un lit bien approfondi.
É p o q u e s d e s V o l c a n s .
Sur la détermination de quelques époques de la nature
par les produits des Volcans , & fur l'ufage
de ces époques dans létude des Volcans (1).
M. Defmareft, s’étant livré d’une manière particulière
à l’étude des volcans éteints de l’Auvergne
, fentic bientôt la n^ceffité de mettre par ordre
& de claffer les différens produits du fe u , fui-
vant leur degré de cuiffon, & fuivant les matières
premières qui avoient fervi de bafe à la fonte. Il
vit bien que c’ étoit faute de cette nomenclature
précife, que les obfervateurs qui avoient publié
quelques faits relatifs aux opérations du feu dans
lés yolcans enflammés, s’étoient toujours bornés
à dés affertions très-vagues. Ce premier pas fa it ,
il s'occupa de la diftribution des matières volcaniques
à la fuperficîe des cantons ravagés par le feu.
Il voyoit avec peine, que certains obfervateurs,
en annonçant des volcans éteints, n’euffent pas
; indiqué nettement les cratères & les courans de
laves fortis de ces cratères j il trouvoit plutôt dans
. leurs écrits, des cantons volcanifés que des volcans
j des produits du féu en défordre, que des
laves & des courans fortis de certains centres d’ éruption.
C ’eft pour éviter ces inconvénient, qu'il
crut devoir ramener fes obfervations & leurs ré-
fultats à une précifion, fans laquelle l’étude de la
nature ne pourrait être une fcience capable d'occuper
un nomihe raifonnable, Le travail fur les
époques des différens produits du feu eft le fruit
de cette marche méthodique qu’il a cru néceffaire
i. de fuivre dans fes obfervations ; & nous le publions
avèc d’autant plus d'empreffement, qu’ il pourra
difpenfer de la même étude ceux qui en auront bien
faifi l’efprit & les réfultats.
Après avoir étudié long-tems les différens produits
des volcans, après avoir fuivi & reconnu la
diftribution & les tranfports immenfes des laves
autour des centres d éruption , M. Defmareft trouva
tant de différence dans les réfultats de fes obfer-
vations, qu’au lieu d’en recueillir des vérités pré-
cifes, il éprouva l’embarras que doit naturellement
faire naître une multitude de faits difparates.
Ici certaines productions du feu lui offroîent
une correfpondance auffi régulière qu’ inftruCtive.j
il pouvoit y faifir des circonftances Amples & uni-
(1). Le Mémoire dpnt on donne ici l’extrait, a été lu
dans la téance publique de l’Académie royale des fcienccs,
à la rentfée de U Saiuc-Martin iqjjffîi
F 1