
de Cuenfù. A quatre lieuès de diftance eft la lagune
de U gna, où il y a un î'c : flottant, qui change continuellement
de place. Il y a deffus des plantes &
des arbrifleaux.
On y trouve différentes fortes de pétrifications,
& furtout une, très-grande quantité de cornes
d’ammon,qui font vifiblementun dépôt de mer. Si
Ton reuniffoit,par la penlèe, les différentes maffes
qui, dans les montagnes de l ’Efpagne3 renferment
des coquillages, & q if on en déterminât le niveau général,
on verroit évidemment que la mer a couvert
une grande partie de fa furface, & même qu'elle
s'eft portée à des hauteurs très-confidérables.
3°. Il va être queftion maintenant de toutes les
montagnes qui verfent leurs eaux dans la Méditerranée
, depuis le cap de Creus jufqu'au détroit de
Gibraltar.
Le cap de Creus eft fous le vingt-unième degré
de longit ude, un peu au-delà du quarante- deuzième
ue latitude} il fait fuite avec les Pyrénées dont il
eft une extenfion, & s'avance confidérablement
dans la mer,'comme pour offrir une borne naturelle
entre les côces orientales de YEfpagne & le s côtes
méridionales de la France. Les bancs & les couches
de ce cap , qui fe montrent à l'extérieur, font de
pierres calcaires.
A peu de diftance au fud-oueft de ce cap & un
peu plus dans l'intérieur des terres, précisément
entre Girone & Figueras, on trouve des traces
d'anciens volcans. C e font deux montagnes pyramidales,
d'égale hauteur, & qui fe touchent par
leur baie. C'eft vers cette bafe qu'on trouve des
dépôts foumarins, remplis de coquillages pétrifiés.
IWais pour conftater tous ces monumens des ravages
du feu & du féjour de l’eau, il faudroit qu'ilseuf-
fent été obfervés & décrits par des naturaliftes inf-
truits. Depuis le cap Creus jufqu’à l'embouchure
de l'Ebre, la côte de YEfpagne court du nord-eft
au fud-oueft. On remarque dans l'Ebre une elpèce
de digue, qui s'oppofe à ce que les poiffons qui
remontent de la Méditerranée, puiffent remonter
plus haut. Cette conftruétion, faite par les habitans
de Tortofe , fes rend maîtres de toute la pêche de
la rivière & de tout le commerce du poiffon dans
le royaume d'Arragon.
_ Avant d'arriver à l'embouchure de l ’E bre, on
fe trouve refferré entre les montagnes & la mer.
Toute cette c ô te , depuis le cap de Creus jufqu'au-
delà de l’Ebre, comprend la principauté de Catalogne.
Gri voit que l’Ebre, à fon embouchure, a formé
de grands aterri(Terriens que la force du courant
a fort heureufement rangés de chaque côté de
fon lit.
Des montagnes calcaires s’avancent du nord-
oueft , & bordent d’affez près le rivage de la
mer.
L'efpace fe rélargit enfuite , & ouvre le beau
'baffio où coulem le Guadaiavir & Xucar.
Au nord de l'embouchure du premier d® ces
fleuves,on trouveMorviedro, ville fituéeau pied
d'une montagne de marbre noir avec des veines
blanches : ce marbre eft en couches qui font tra-
verfées par plufieurs fauffes veines de fpath. Au
fommet de la montagne, ce marbre eft jaune &
rou x .C ’eft une forte de brèche : on en trouve aufli
quelques morceaux mêlés de taches bleues & de
veines blanchâtres.
En s'avançant dans le pays, on trouve une chaîne
de monticules compofés de marbre rou x , de
pierres calcaires & de pierres de fable. Les ravins
des environs font remplis de galets, ainfi que de
débris détachés des montagnes par les eaux des
torrens.
Il y a , dans ce même lieu, beaucoup de ce marbre
que l'on appelle brèche ; elle eft compofée de
morceaux de pierres à chaux, qui ne different du
ciment qui fert à les unir, que par iè volume &
les couleurs variées.
En s'approchant des montagnes à l'oueft , v on
trouve une maffe degypfe roux, bleuâtre & blanc.
A quelque diftance de là on voit un ruiffeau dont
les eaux ont creufé, à plus de. cent toifes, les maf-
fifs des roches calcaires qui fe trouvent fur fês
bords.
Dans ce même canton , encore fur la droite du
Guadaiavir, on trouve de mauvais jais noir, bitumineux
} mais les terres changent fi l'on fe porte
vers, le fud-eft.
La plaine où fe trouve fittiée la ville de Valence
eft compofée de deux coud h s d'argile , au milieu
defquelies il y a une terre fablonneufe & un fable
pur. On trouve au defl’ous de la première de ces
couches , une nappe d’eau qui peut avoir quinze
pieds d’épaiffeur.
Comme l'argile nelaiffe pas filtrer aifément l’eau,
on fent pourquoi cette eau s’infinue ainfi entre les
deux couches argileufes du territoire de Valence.
Mais dans les endroits où la couche fupirieure
vient à manquer, comme l'eau ne peut être que
très-peu abondante, la couche inférieure forme
une efpèce d'inondation. On-préfume que c'eft à
cette abondance d'eau fouterraine qu'eft dû le lac
d'Aibufera , qui fe trouve au fud de Valence , &
dont les eaux communiquent avec celles de la mer.
Le fond du baffin de ce lac eft auffi formé d’une
argile pure & très-propre à contenir fes eaux.
Les pierres calcaires des montagnes & des couches
de toute cette contrée de YEfpagne ont un
grain de même nature que celui de la pierre calcaire
des Hautes-Alpes, & parcît devoir être rapportée
à la même époque.
Le Guadaiavir, dont j’ai déjà parlé, reçoit les
eaux d'un grand nombre de torrens & de ruilfeaux,
& avec elles toutes les terres quelles tiei .*.snt dans
un état de fufpenfion. Ce fleuve les porte à la mer
de Valence, laiffant à fa droite &r à fa gauche des
bandes d'eau teintes de jaune. Comme ces terres
rencontrent dans la mer une grande quantité de
véhiculés pour les tenir, ainfi toujours fufpendues,
il
îl n'eft pas étonnant qu'elles ne fe précipitent pas
fur les bords de la;mer; mais on auroit grand tort
d'en conclure qiîê toutes ces terres éprouvent un
changement continuel &c fucceffif qui les dénature.’
•
, LeXucar coule au midi de Valence, & de l’oueft
à-Telt. Il prend fa fource dans un endroit très-élevé
au nord & fort voifin de la Tourbe du Tage} mais
la pente des terrains qu’il arrofe , le conduit v e r s .
d-’autres points de i'horiz,on. Dans les provinces
qu'il ttaverfe, & à peu de diftatice d'Iniefta, il y a
une mine confidérable de fel gemme, dans la juridiction
du village de la Mingraniila. ( Voye% cet
article.')-.; i
En defcendant au fud , lorfqueTon a paffé le
Xucar, on trouve à quelque diftance de la mer , j
en allant vers Mogente, i° . une montagne efcar- j
p ée, compofée de pierres calcaires pofées fur une i
bafe de plâtre mêlé de fable, & , tant à la fuper- !
freie qu'au centre de ces bancs de pierres, on trouve
des criftaux de forme régulière. Au pied de la même
montagne font des amas de coquillages pétrifiés, i
& fur le, fpmmet une couche de. pierre à Tufil.
Enfin dans les environs, les mêmes couches corref-
pondantes de plâtre & de pierres calcaires un peu '
fablonneufes fe retrouvent encore. On y remarque j
auflj une roche calcaire blanchâtre , parfemëe-de
petits çriliaux rouges, blancs & n o i r s q u i donnent
des étincelles avec l’acier trempé.
En arrivant à Mogente, le terrain s’aplanit} la
terré eft un débris de pierres calcaires, cendrée
& profonde. A fix ou huit pieds de profondeur on
trouve de l'eau dans quTqu'endroic qu’on fouille.
Cette humidité fouterraine, jointe à la culture , -
contribue à la fertilité de ce fo l, qui donne deux
récoltes par an.
- Près de la ville de Villena, au fud, eft un marais.
de .deuxiieues dé circuit, dont l'eau donne du lel.
cpminè-celle dés marais falans 5 mais à quatre lieues
de djftarice-ybn trouve un coteau entièrement com-
pofé d'une mafiè de fel gemme, qui eftxecou verte
d'une couche de plâtre de différentés couleurs.
: En revenant à Villena , on voit de groftes veines
d'albâtre encaiffées dans les rochers blancs caT_
caires,- vQifins de cette ville.
-De; même en .fe rapprochant d’Alicante, on
trouve, dans l'intérieur des terres, un fouterrain à
peuprès fèmblabJe aux belles-grottes d’Antiparos ;
i f offre partout de belles ft ata élites qui préparent-•
journellement &, lentement pour les races futures
dés carrières d ’albâtre. C'eft ainfi que la nature
travaille dans la plupart des grottes & des cavernes..
( Voye-{ ces articles & le mot A l ic a n t e . )
i Gandia,1 que,l'on.trouve fur le bord de la mer,
offre des coWine&dans fon voifinage, qui donnent
des-pierr.es dé .faille calcaires.' ,
- A l'^ftt fe trouve, je cap- Saint-Martin , qui eft
avancé dan$Ja;mé.ride. plus de dix lieue* . Nous paf-
fons, en lupprimant ce qui concerne Alicante & Tes
en vi r op.îj j .a u c a p; d e j San ta -Pola , dans le voifinage
Geographie-Phyfique. Tome IV "•
duquel eft un grand marais qui n’a aucune communication
apparence avec la mer : on en tire malgré
cela une.très-grande quantité de fel. A mefure que"
l’eau s’évapore le Tel fecriftallife. Arrivé à c c té ta t,
il eft brifé en gros débris, dont on charge des bâ-
timens. Cet endroit fe nomme la Mara.
La Segura, que l'on traverfe un peu au fud, fort
des montagnes qui font à l’oueft.
A une certaine diftance de la mer on trouve, peu
loin de cette rivière, un rocher dans l’intérieur
duquel eft un fouterrain fort profond, & vers les
fourçes de la Segura il y a une mine qui contient
un peu d’o r , un peu d’argent, du cu iv re , du
plomb, du zin c , &rc.
Plus près des cotes de la mer, le terrain porte
l'empreinte du ravage que le feu y acaufé dans des
tems reculés. Cependant on a cru voir dans une
des montagnes voifines de Carthagène, les reftes
d’un volcan dont le cratère exifte encore. A
quelques lieues aux environs on voit les mêmes
traces du fe u } & à trois lieues à l’eft de Cartha-
gène, non-feulement on voit des cavernes de même
nature, mais encore des veftiges d'une mine d’alun
Sc quatre fources d'eau chaude. 11 feroit à defirer
que, pour conftater ces anciens ravages du feu, nous
euflîons de fes effets des defcriptions plus rai Tonnées
&: plus préciles , rédigées par des naturaliftes
habitués à l’obfervation des volcans.
La campagne à l'oueft de Carthagène offre une
grande plaine où Ton recueille de la foude & de la
barille, dont les cendres font connues dans le commerce
fous le nomade foude et Alicante. Pour retirer
l'alcali de ces plantes, on les coupe, puis on les
fait lécher au foleil, enfuite on les met par tas dans
d,es foffes qu’on bouche de manière qu'il n’y entre
que l’air fuffïfant pour y entretenir le feu : on y
met le feu : les cendres fe vitrifient en partie, &:
forment des maffes fort dures avec la terré cuite
qui fe. mêle gà la partie faline. C ’eft en cet état
qu'on les exporte dans les pays étrangers fous le
nom de foude.
, En s'éloignant de Carthagène vers te fud-oueft ,
on trouvée au village d'Almazaront, une grande
quantité de terre bolaire fine, rouge & fans mélange
de fable : bn s'en fert pour doucir les glaces
& pour faumurer le fameux tabac de Séville.
On ne. trouve que des montagnes formées de
pierres calcaires, en s'avançant encore vers le fud.
; Sur leTommet d’une de ces premières montagnes
; on trouve une grande quantité de coquilles fofliles
qui ont reçu une .teinte couleur de feü.
Vers le leizième degré,de longitude, près de la
cô te , on trouve une haute montagne dont le fommet
eft eompoféde grandes maffes de marb e blanc
veiné. deSrouge, & le refte" du pays continue à
offrir des montagnes calcaires,
i.. On eft à peu près fous le trente-fcptième degré
| de latitude lorfqu'on rencontae le mont Fiiabrès.
Cette montagne' prodigieufe n'eft proprement
qu’ un bloç d.e marbre-blanc, d'une lieue de circuit
I