cataûrophes que les efprits hypothétiques imaginent.
Température du Saint- Gothard.
La température du Saint - Gothard eft comme
celle du Saint-Bernard. ( Koyt^ cet article. ) Le
chaud , le froid s’y fuccèdent rapidement, fou-
vent dans le meme jour & à la même heure.
Elle dépend des vents qui dominent : il y gèle,
il y n e ige , il y pleut, il y tonne dans une même
nuit d'été. Les orages font bien moins fréquens
fur le fommet que vers le milieu & le bas de ces
montagnes élevées, parce que les vents rabaiffent
& accumulent dans les fonds les nuages qui s’é-
coient d'abord raffemblés autour des fommets.
Souvent les orages y durent plufieurs jours de
fuite, jufqu’ à ce que les vents diflipent les nuages.
( y o y e ^ . l'article du Mont Saint-Bernard,
où nous expofons plus en détail ces phénomènes
météorologiques, qui font les mêmes pour toutes
les hautes montagnes. )
Rivières qui découlent du Saint- Gothard, & maffes
qui te compofent•
Les quatre grands fleuves & les rivières fans
nombre qui fortent de l’arrondiffement des malfes
dont le Saint Gothard fait le centre, & auxquelles
il donne fon nom , font une nouvelle preuve de
l'importance de ce point & de fon élévation. Le
Saint-Gothard fe trouve placé aux confins du canton
d 'U r i, du val Levantine (o u vallée de Live-
n e n ) , du canton de Berne, du Vallais & du pays
des Grifons. La Reufs a fa fource au midi, & coule
au nord jufqu'au lac des quatre cantons forertiers,
communément appelé le lac de Lucerne. L'enceinte
de ce qu'on nomme le Saint-Gothard s'étend de
ce côté jufqu’ à Amfteeg : il y a au moins fept
lieues de cet endroit jufqu'au fommet du Saint-
Gothard^ & on monte toujours en côtoyant la
Reufs. Le canton de Berne eft à l’oueft du Saint-
Gothard. Le Mayen, gros torrent, prend fes four-
cesde ce cô té , & va fe jeter dans la Reufs à Vaften.
Au fud du Saint-Gothard eft le mont Fourche, où
naît le Rhône, q u i, après avoir traverfé le Val-
lais dans toute fa longueur de l'eft à l'oueft, fe
jette dans le lac de Genève. Le Grimfel, très-
haute montagne, fait partie de cette malle, &
tient à la Fourche. L'Aar prend fa fource dans les
glaciers de cette montagne, coule au nord-oueft,
& , après avoir traverfé les lacs de Brientz & de
Thim , paffe à Berne & à Soleure, & va groflir
les eaux du Rhin.
Le mont Pettine eft entre la Fourche & le
Saint-Gothard : c'eft fur cette montagne que le
Tefin prend une de fes fources, ainlï que des
lacs qui font fur le mont Saint-Gothard. Il coule
du nord au fud, & fe jette dans le lac de Locarno
après avoir traverfé le val Levantine ou de Live-
nen. Les montagnes de Platta , de Profa & le
Gofpis font à l’eft du Saint-Gothard, Au-.delà,
du même côté, font le Crifpalt, le Badutz, le
Luckmannier, qui font partie de l’état des Grifons
: c’eft de ces dernières malles que le Rhin
tire fes nombreufes fonrces, après qu'elles fe font
réunies à Richenau. Le Rhin coule au nord & va
fe rendre au lac de Confiance. Un grand nombre
de montagnes font intermédiaires, & renfermées
entre celles que nous venons de nommer, & toutes
enfemble forment proprement le groupe le plus
confîdérable & le plus intéreiîant qu i! y ait dans
les Alpes 5 en un mot le Saint - Gothard, où ils
s'en détachent comme des branches. Il fera plus
facile de faire connoître en détail cet amas de
montagnes entafièes les unes fur les autres, ou
adofféçs les unes aux autres, quand on aura une
bonne carte, & que les malles montueufes y feront
deflinées comme il convient.
C’eft en fuivant féparément toutes ces rivières ,
toutes ces eaux courantes , qu'on prendra une idée
générale de la quantité d'eau qui fe diftribue fur
les différentes pentes du Saint-Gothard, & de la
quantité de matériaux que ces eaux entraînent. On
voit quelle eft l’aâivité de cet agent infatigable
pour détruire, furtout loifqu'il tft favorifé par
des pentes aufli rapides.
On a la facilité, le long de ces eaux courantes,
d’examiner une grande variété de pierres de natures
différentes, & de connoître en abrégé les
rochers qui compofent ces malfes : il ne relie plus
qu'à reconnoître leurs pofitions relatives. On voit
aufli que toutes les pierres s'arrondiffent de plus
en plus à mefure qu’elles parcourent un plus grand
trajet dans les canaux des rivières, & qu’elies ont
été précipitées de plus haut par les eaux qtui les
ont amenées. Si l’on a la confiance de fuivre une
forte de pierre jufqu’au lieu de fon origine,.on
l'y trouvera anguleufe, & n’y ayant fubi d’autres
changemens que ceux produits par l’intempérie
des faifons. On verra qu’à meiiire qu’elles s’éloignent
de leur première.polition, leurs angies &
leurs parties faillantes s’-émouflent, & qu’elles
finiffentpar prendre une forme un peu ronde,
luivant leur dureté & la longueur du chemin
qu’elles ont fait. Aurefte, il ne faut pas confondre
ces pierres roulées feulement dans les rivières &
même dans leurs parties fupérieures, avec celles
qui ont été roulées fur les bords de la mer : celks-
ci font bien mieux dégroflîes, arrondies & polies,
malgré leur dureté, que les premières > & il y a des
circonftances où il importe de les bien diftinguer.
(V o y e i C a i l l o u x r o u l é s . ) Ici nous voulons
faire envifager particuliérement la grande maffe&
la grande étendue des tranfports qui fe font chaque
jour, depuis les fommets élevés des Alpes jufque
dans les plaines, & appuyer fur la conlîdération
que nous avons déjà préfentée de cet article. au commencement
Hauteurs mesurées du Saint-Gothard.
La hauteur du Saint-Gothard a été mefuréepar
différentes perfonnes. Selon M. Caflini, le fommet
de cette montagne eft de mille deux cent quatre-
vingt-deux toifes au deffus du niveau de la mer.
Selon Micheli, il s’élève à deux mille fept cent
quatre-vingt-deux toifes. M. Caflini)ne s’eft pas
expliqué fur ce qu’il a pris pour le Saint- Gothard, dont il prétendoit déterminer la hauteur. Quant
aux déterminations de Micheli, Tes inftrumens &
la méthode qu’il a employés ne peuvent affurer
les réfultats de fes calculs. Toutes fortes de raifons
nous engagent à donner la préférence aux opérations
de M. de Sauffure.
Selon M. de Sauffure, le lac de Genève eft au
deffus de la Méditerranée, de 1 8 7 toifes 4 pieds.
Les capucins du Saint-Gothard
font au deffus du hc
de Genève , de............. 8 7 3 3 Et la pointe du Fiendo, une -
des montagnes ou pics qui
bordent lé vallon, eft au deffus
du lac de Genève, de... 1 1 9 0 2
De là il réfulte qu’un des fommets du Saint-
Gothard (la pointe du Fiendo) eft à 1 3 7 8 toifes
au deffus de la Méditerranée. LePerePini a trouvé,
par les mêmes moyens, lahauteurdu montFiendo
au deffus du lac Majeur, de 1 3 0 4 toifes Û Sur la mer, de 1 4 3 1 toifes
~ Sur le couvent des capucins, de 3 2 3 toifes f.
Le Pere Pini diffère donc de M. de Sauffure de j
5 } toifes.
L’hofpice du Saint-Gothard eft occupé par deux
capucins italiens, qui reçoivent fort bien les étrangers
que la néceflité oblige d’avoir recours à leur
hofpitalité. A côté de l’hofpice eft une écurie où
un hofpitalier vend ce qui eft néceffaire pour les
bêtes de fomme, qui, au nombre de douze cents,
font occupées au tranfporc des marchandifes qui
paflent le Saint-Gothard. Cette route eft fort fréquentée
l’hiver comme l’été : les tranfports s’y
font même plus aifément l’hiver, au moyen des
traîneaux. Cette montagne eft plus praticable que
le Saint-Bernard, par les chemins qui font faits, &
aufli bons qu’ils peuvent l’être dans un pareil pays j
mais le Saint-Gothard eft plus dangereux que le
Saint-Bernard, à caufe des avalanches.
A peu de diftance de l’hofpipe il y a un petit
lac de trois à quatre cents toifes de longueur :
trois autres font à peu de diftance & ont à peu
près les mêmes dimenfions. On dit qu’ils font très-
profonds. Ces lacs communiquent les uns aux
autres, & les enviions en fout marécageux. Ce
font les fources du Tefin , ainfi qu’un cinquième
plus petit, fi tué du côté de la montagne de Furg,
nommé Lago del Pettine. Tous ces lacs font mal
placés fur les cartes géographiques. Lorfque ce
plateau .eft dégagé de neiges en été, on y voit un
court gazon entre les maffes des rochers > mais
on n aoperçoit aucune trace de végétaux ftir ces
rochers qui entourent le vallon du fommet du
Saint- Gothard j ils font couverts de neige & de
glace , & très-fouvent entourés de nuages qui
font le centre des orages. Ce n’eft qu'avec des difficultés
très-grandes que des criltalieurs ou mineurs
qui cherchent des criltaux de roche parviennent
à fe guinder fur.ces rochers pyramidaux.
Ce font ces pointes neigées qui refléchiffent dans
un beau tems les rayons du foleil long-tems avant
le lever de cet aftre & long-tems après Ion coucher.
Roches qui fe trouvent fur le Saint-Gothard.
Quoique nous ayions fait mention dans différens
articles, & dans ceux d’ ÀiROLE & d ’ALTORF en
particulier, des rochers qui fe trouvent fur les
divers afpeéts du Saint-Gothard, & que nous ayions
indiqué leur nature & leur compoficion , nous
croyons devoir raffembler ici & rapprocher ces
variétés que les eaux amènent de deflus ces hauts
pics, & dont elles ont compofé différens amas, des
mefipdèacleess. de montagnes au pied de ces roches pyrai°.
Roche fablonneufe, mêlée de feldfpaih très-
; barlagnenc ti&n. luifant, entre-mêlée d’un mica blanc-
! leu2r® .d eA umtroely dbed èlan em.ême forte, avec un mica cou3
®. Autre plus compare, plus dure, avec des
parties quartzeufes,. fans feldfpath jaunâtre &
blanc, avec un mica très-fin, jaune & brillant.
no4ir°e.s Rdoocmhien efanbt.lonneufe, où les parties micacées
mic5a0 . trRèos-cbhlea ncfc.hifteufe de quartz blanc & de
6®. Roche fablonneufe 3 dont le fable eft très-
fin : il y a du mica fort fin qui s’y trouve mêlé.
fon7t® p. luAsu vtirfei brleosc,h e& ddoonntt llees m picaar teiefts nqouira.rtzeufes
8°. Roche fchifteufe par raies alternatives de
mica brun & de quartz. Le mica domine.
> tou5>t°e- Rdeo cmheic fac h&if tde’uufne vpeerud âdter eq, ucoamrtzp.ofée prefque
io°. Même forte, dont les parties micacées font
plus grandes, plus luifantes.
1 1°. Roche fchifteufe, dont les raies éprouvent
dfpeast rhe.nflemens par des grains de quartz & de feldCes
différentes variétés de pierres fuffifent pour
faire connoître que ces fommets, outre le granit
ordinaire , offrent des compofés qui raffemblenc
les parties élémentaires du granit différemment
diftribuées, & quant à leur arrangement, & quant
à leur proportion. Il eft certain , au refte, que
toutes ces fubftances ne peuvent venir que des
rochers qui couronnent le plateau du Saint-Gothard.
Il ne peut y avoir d’erreur à ce fujet
vu qu’elles le trouvent au pied de ces maffes
verticales. D'ailleurs, les déplacemens qui s'y