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11 en eft de même du Lot & des autres rivières
du Gevaudan , du Vivarais, qui fuivent une pente
.contraire à celles qui coulent dans le Rhône &
l’Ailier, & qui débouchent, d’orient en occident,
l'Ifère, la Drôme & la Durance ; mais elles fuivent
la direction perpendiculaire à la bordure des Alpes
du Dauphiné.
En Allemagne d’abord, le Rhin eft dirigé du fud
au nord dans route l'étendue de fon cours ; en-
fuite le Danube coule de l'eueft à l’eft ; mais tous
les autres fleuves qui s’y jettent, coulent du nord
au fud.
Tous les fleuves qui fe jettent dans la Mer-Noire,
excepté le Danuhe, coulent du nord au fud. 11 en
eft de même des fleuves qui fe Çafpknne, jettent dans la mer
§i l’an fuit le cours de tous Iss fleuves■ de Y Aile ,
il eft. ai-é de voir qu’ils ont plufieurs dire étions ,
fuivant les malhfs des grandes montagnes, & la plupart
font dirigés du nord au fud, direction contraire
à celle que fuppolé M. de Buffon : tels font
Je Don , le Wolga* le Niéper, &c.
On doit donc dire, en général, que, dans l'Europe,
l’Afie& l’Afrique , les fleuves 8c les rivières
ont toutes forte s de dircéëons, & que dans le cas où
ils? s'étendent d’oficnt en occident ou d'occide-nt
en orient » ce quin eft pas le plus fréquent, cela
ne vient pas d§ ce que les chaînes de montagnes
£<gng dirigées da.n.s. ce feus, mais du nord au fud.
Dans f Amérique méridionsT le cours dssfteu- ■ yws'eft communément dirigé de l’oueft à l’eft , ou
de l’eft: à l’qqeft j ce qui vient certainement de ce
que la chaîne principale desCordillières eft dirigée
du nord au fud, & que les fleuves, dans ce Continen t
comme dans l’ancien, coulent fuivant une direction
perpendiculaire aux croupes des montagnes &
à leur allure.
Dans la confidération de la dire&ion du cours
des fleifves_x il faut faire entrer celle de tous les
maffifs que nous avons diftingués à la furface du
Globe. Les longues chaînes des grandes montagnes
déterminent d’abord les fourcesdes fleuves, & la
direétion.de la première partie de leur cours. Après
cela viennent les parties baffes du Globe , les pays
à collines, qui fe continuent depuis le pied des
hautes montagnes jufqu’à la mer, & foovent ces
paries baffes fe trouvent former d§s golfes te-r-
reftres & de longs intervalles entre les chaînes ;
alors fes fleuve* fui vent le milieu, à peu près , de ces
longs golfes. Par conféquent la direction générale
du cours des fleuves n’eft jamais déterminée par
l’aljuçe générale de la chaîne des montagnes d'où
fortent les fleuves. Toutes les directions font pof*
ftbfe«, d’abord quant à la partie fupérieure du
Cours de$fleuves3 puifque toutes les croupes des
ronftîfs des hautes montagnes peuvent fêrvirde lirs
à ces fleuves ; enfuite tes parties inférieures peuvent
avoir toutes fortes, de pentes du pied des montagnes
jufqifaux cotes de la mer, où eft néceflàire-
ment l’embouchure des.fleuves. j
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D’aill eurs, on ne peut pas confidêrf rle canal
principal d’un fleuve comme déterminant la marche
des eaux qui contribuent à l’alimenter. La plus
grande partie des eaux eft verfée dans ce canal
principal par des routes & des pentes perpendiculaires
à la direction de ce canal. Par conféqlient la
confidération fimple delà direètion du csnal principal
d’un fleuve ne peut donner aucun réfultat général
par rapport à la diftvibution des pentes qui
favorifent l’écoulement des eaux dans les différenétetes
ncdounet.rées de la Terre, prifes fut une certaine
Cependant la plupart des pentes collatérales qui
V.erfeut des eaux dans un tronc principal , participent
un peu de la pente de ce tronc , & leur débouché
a pris une dircélion moyenne entre la pente
collatérale & la pente de h rivière principale 5 auflt
la rivière collatérale: fe réunit-t-elle à la principdea
llea, rfiovuiès ruen.angleobtus du côté de l’embouchure
Embouchures des fleuves & des rivières dans la mer.
Il faut diftmguer les embouchures des confluences
dansks confluences : ce for.t deux rivières dont
les eaux courantes fe réunifient, & il faut y con-
fidérer dans ce cas tout ce qui peut. appartenir à
chacune des deux rivières, mais encore ce qui
dépend de leur réunion. Dans les embouchures il
eft queftion dune rivière ou d’un fleuve, qui font,
il eft vrai , toujours affez considérables, ik qui ‘fô
jettent dans la mer. Il eft vrai que, fort fouvent*
dans c:-s circonftanees, les canaux dés rivières 8s des fleuves fe partagent en plufieurs canaux , 8c forment
ainfi plufieurs îles avant de gagner la même-
mer. Outre« cela, il faut confidérer la manière dont
l’eau courante des rivières fe comporte avec le
flux & le reflux de la mer par rapport aux dépôts
qui fe forment à l’endroit même où le mouvement
de l’eau du fleuve s’affoiblit confîdécablement 8s retrouve
fufpendu, 8c où :i fe forme des barres ; les
dépôts,, outré cela, dans le prolongement de la
terre-ferme 5 ks amas de fables & d'autres matériaux
qui fe forment aux environs dé ces embouchures*
en un mot, tout ce que le fleuve porte à la
5 mer , de même ce que la mer fait contre i^eau cou-
; rante des fleuves ;- ce qu’elles ont fait feufes & fé-:
j parement > ce que cës deux forces combinées ont
| produit* les barrés, les plages & les autres aterriffe-
\ mens, ce qui efteonfidérable ; les maféarets ou barres,
les cailloux roulés. Dans l’article des Embou-
chur.es des Rivières , il fautconfîiérertous ces-
rapprôcheméns. Il parcît effectivement que c’eft
aux embouchures cfè$ rivières qu’appartiennent
; principalementcès deux-grands effets : les dunes,,
| par* les âmasi des labiés qui fe forment'fort près de
•ces embouchures dans la tirer',les Cailloux roti-
lésj dont les matériaux fonfvoitùrés par les rivières
, cdhanust ela. mer, toujours aux environs de leur ernbou-
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ïl n’y a rien de fi fimple qu’une embouchure
•d’une rivière dans la mer. La géographie ne pré-
fente ceci que fous cette idée fimple, ces circonf-
tances li fimples} mais la Géographie-Phyjique doit
s’occuper, en parlant de ces embouchures, de
beaucoup d'objets intérefians qui en dépendent, &
qu’il faut rapprocher le plus méthodiquement qu’il
eft poflible. voilà la marche que fuitia Géographie-
Phyjique:
Dépôts des fleuves.
Si l’on confidère le nombre d’années qu’il a fallu
aux fleuves pour détacher les débris des Confinons
, les entraîner & les dépofer vers leurs embouchures,
on peut prendre une idée de la durée
du Monde. Combien cette durée ne recevra-t-elle
pas d’extefifion li fon ajoute à cette première con-
lideration celle de l’excavation des vallées, où la
plupart dès fleuves ont fait leurs dépôts , car ce
travail de l’excavation a dû néceffairement précéder
celui du rempliffage produit par les dépôts !
Ne voyons-ndus pas que tous les fleuves, toutes
les rivières un peu confidérables ont formé des
pays nouveaux? Je puis rappeler ici le Nil, le Niger,
le Zaïre, l’Indus, le Gange, les fleuves de la
Chine , 1e Wolga, le Danube, le Rhin, le Rhône,
lé Pô , &c. qui ont tous formé des pays plats &
des canaux naturels.
La nature & la difpofition de ces différens dépôts
dès fleuves peuvent fournir autant de monu-
mëfis pour attefter l’antiqmté & les différentes
époques de leur travail fucceffif.
^11 eft vrai que, dans l'examen de ces divers dépôts
des fleuves i on doit faire entrer, noti-feule-
mènt le volume & la rapidité des eaux du fleuve, mais encore le concours de la mer à l’embouchure,
fes invafions Se fes retraites : toutes ces circonstances,
tous cës grands événeitiens, Ont été dif-
cutés dans les articles des différens fleuves dont il
vient d’être fait mention , de manière à donner
une idée complète du travail de la Nature par
Izsjtéüvès & lés autres eaux cornantes, & du tems
qu’il a dû exiger.
Phénomènes & variations des fleuves.
Les fleuves font fujets à de grands changemens
dan» une même année, fuivant les différentes fai-
fons, & quelquefois dans un même jour. Ces
changemens font occafionnés pour l’ordinaire par
les pluies & par les neiges fondues. Par exemple,
dans le Pérou 8s dans le Chili , il y a des fleuves
qui ne font prefque rien pendant la nuit, & qui ne
coulent que dé jour , parce- qq’iis font alors augmentés
pâr la fonte des neiges qui couvrent les
• montagnes. De même Je Wolga groffit confidéfa-
blemént pendant les mois de mai & de juin ; de
fqtte qu’il couvre alofs entièrement des fables qui
font à.feC tout lerefte de fantiééj Le Nil , le Gange,
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l’Indus, &rc. groffifTent fouvent jufqu’à déborder,
& cela arrive, tantôt dans l’hiver à caufe des
pluies, tantôt en été par la fonte des neiges.
FLOIRAC , village du département de Lot &
Garonne, arrondiffement d’Agen, bc à trois lieues
un quart de cette ville. Il y a des carrières de plufieurs
fortes de marbres, toutes à grain très-fin.
FLORAC, ville du département de la Lozère,
fur le Tarn. Cette ville eft fituée dans un vallon
fort refferré, mais agréable. Les coteaux qui la
dominent, font couverts de vignes , & au deftus
encore s’élèvent .des châtaigniers & même des
chênes. A l’oueft eft une chaîne de hauts rochers,
dont la bafe préfente un banc de pierres entr’ou-
vert, d’où jaillit unefource abondante. Ses eaux,
très-bonnes à boire, paflent encore pour être minérales.
Le territoire produit d’ailleurs des grains,
des fourrages & toutes fortes de fruits.
FLORENCE (Pierre de). On trouve la pierre
de Florence dans plufieurs endroits du territoire de
cette ville, principalement à Rimacio, près San-
Caciano, qui eft à deux milles de Florence.
Cette pierre offre deux parties bien diftin&es:
la partie inférieure, qui repréfente les ruinés de
bâtimens, & la partie fnpérieure, qui repréfente
le fond du defîïn, le ciel du tableau. La partie
de ces pierres qui forme les ruines eft Ordinairement
plus argileufe & plus ferrugineufe que celle
ddue tfeoinndte s, dqeu if eerf.t plus calcaire & moins chargée
Ce mélange de terre argileufe & marneufe a
été expofé à fe fendre parla defliccation , dans le
tems où elle a pris une certaine confiftarice, &
que fon grain acquéroit un certain degré d’induration.
Ces fentes ont été forr nombreufes, &
particuliérement irrégulières à la furface des couches
: il en eft réfulté plufieurs faces trapézoïdales,
cqoumi rbelpesr.éfentent différentes formes de toits & de
C’eft fur ces faces que les eaux, chargées de ces
fucs ferrugineux dont j’ai parlé , ont laiftë des
teintes de couleurs jaunes ou noires, plus ou
moins, foncées.
Telle eft la bafé ftir laquelle la Nature a formé
enfuite dès dépôts poftérieu-s , des bancs d’une
efpèce de fuperfétation. G'eft cette bafé qu’il eft
rrès-àifé.dediftinguer dans les carrières de la pierre
de Florence. Elle offre, comme nous l’avons dit,
des fuines de bâtimens , dés clochers, des tours
des édifices démantelés : ce font les extrémités dè
toutes les fentes de defficcation qu’a éprouvées
le mélange de marne & d'argile* & qui fe trouvent
.dans la première couche.de dépôts : c’eft fuc
ce premier lit qu’un fécond dépôt s’eft formé,
qu’il a rempli ks vides des fentes, & qu’enfuite
il a recouvert par des additions horizontales. Lorf-
qtfon a obfervé ces mafies, on voit que les pré