1 Eyerlandfche-Gat, quipaffe entre les îles d’Eyer-
land & de Vlieland. Les deux premiers, en venant
de la mer, fe perdent dans le Mars-Diep ; où eft
la première & îa meilleure rade qui par les dunes
qu Helder fe trouve à couvert des vents de fud-
oueft.
L Eÿerlandfche - Gat (!é pertuis d’Eyerîand )
n’eft prefque plus fréquenté aujourd’hui par les
grands vaiffeaux, à caufe de fon peu de largeur;
il fe rétrécit même encore tous les jours par l'en-
talTement des fables. Il y a encore derrière le
Helder le Nieuwe-Diép, qui eft une bonne retraite
pour les pilotes & les barques des pêcheurs. Après
cela on trouve, de ce même côté le Znidwal, le
Balg & le Weflwald , où les fonds deviennent plus
étroits & plus bas dans plulîeurs criques & cannelures.
Du coté du Texel il y a , en venant delà
mer, le Drooge-Hors, le Duitjespjaat & le Laati.
On trouve enfui ce, à l’eft de cette île, le Mofcovif-
che & leCoopvaarders-Reed , qui nous conduifent
a la grande'eau qui coule le long du Waard, par le
Vlieter, dans le Wieringer-Vlaak. Outre les ouvertures
& iffues du Zuiderzée-, dont nous venons
que les marins appellent Z o u t -H o l l e n , fur lefquels on a placé
des bahfes-blanches. C’eft entre ces balifes & la côte que fe
trouve le pertuis nommé le S c h u lp -G a t . En 1573, l’Oude-
Gat éprouva une révolution fi grande, que depuis* cette an-
nee, & même encore aujourd’hui (en j rj ' ] o ) , il ne peut plus
y pafler de gros vaiflèaux. D’un autre côté, le Schulp-Gat
s elt élargi vers la côte, & y a pris plus de profondeur ; de
forte que les pilotes côtiers font aujourd’hui pafler par
cette ouverture les plus gros vaiflèaux qu’ils doivent conduire
a la rade du Texel.
On adonné le nom de Nieuvre-Gat à l’entrée; qui fe nom-
moit autrefois le N ie u w e - S p a n ja a r s -G a t .
Un y a aujourd’hui (en 1775) point d’autres ouvertures
aux environs du Helder & de ce côté-ci du Texel, que
pelles que nous venons de nommer. Le Spanjaards-Gat,
par lequel Je Grand-Penfionnaire Jean de Witt fit pafler fa
flotte en mer, en 1672 , avec autant d’adrefle que de bonheur
, eft aujourd.’hui obftrué par le fable , ainfî que le
Booms-Gat ; ce qui fait que le Noorder & le Zuyder-Haak
à forment aujourd’hui,un'banc de fable.
> Depuis Kykduin jufqu’au Helder & le Nièuwe-Diep, il :
n’y a point de dunes j ainfi les vaiflèaux ne s’y trouvent point
à l’abri des vents du fud-oueft.
La digue de Kykduin jufqu’au Helder a été renforcée
beaucoup depuis quelques^ années,- par le terrain qu’on y a
gagne fur la mer-, & au moyen de jetéçs de.pierres qui forment
une pente douce 5 mais depuis le Helder jufqu’au
Nieuwe-Diep , il n’y a ni grève ni avant-terrain.
En 1771 8c 1772 cette digue s’eft éboulée devant le Helder
8c meme plus loin. Quelque rems après on l’a confîdé-
rablement fortifiée en dedans.'
L’ouverture d’Eyerland eft totalement comblée par le fable,
8c le Texel fe trouve jçint à l’Eyerland par une-digue.
Il y a un fiecle qué les grands vaiflèaux marchands trou-
yoient une bonne rade dans le Nieuwe-Diep & aux environs.
Depuis çè tems cette radea‘été çomblée'dç fable; mais
en 1775 les vaiflèaux quiprenoient dix à onze pieds d’eau,
8c peut-être davantage , pouvoiènt de nouveau y entrer 8c
mouiller à l’abri des vents 8c des glacés. D’un autre côté , le
paiïage entre^ le Texel 8c le Drooge-Hors a beaucoup moins
jd’p4U qu’il n’en avoir il y a-quarante ans.
de parler , il y en a encore d'autres,- mais de peu
a importance , auxquelles il eft par conféquent
inutile de nous arrêter.
Lac de Harlem.
Le lac de Harlem eft une grande mare d'eau
méditerranée, qui autrefois n'étoit qu'un grand
marais, & qui dans la.fuite eft devenu un lac par
les eaux du Rhin qui s’y font jetées. Anciennement
il fe trouvoit, sinli que tous les autres lacs
de niveau avec le Zuiderzée : d'où vient le nom
d A W o u d Aimera ( tout lac) qui fe donnoit au
Zuiderzee & a tous les lacs qui y étoient réunis
11 dechargeoit alors fes eaux, ainfi qu'il le fait encore
aujourd'hui, tant par le lac même, que par
le Spaarne, dans l'Y e , & de là par le Fievum ou le
F lie , dans la mer du Nord. Le Rhin fe trouvant
arrête près de Katwyk, le lac a pris plus d'eau , &
s eft étendu de plus en plus en fuperficie, furcout
depuis que plulîeurs lacs connus fous les noms de
Harlemmer-Meer, de Kager-Meer, -de Fenneper-
Meer & cie Spieringer-Mcer fe font réunis enfem-
ble, & n’ont formé qu'une feule maffe d'eau. Autrefois
il y avoit une alfez grande langue de terre
près du château nommé le Kuifter-Kan ou Zwa-
nenburg, qui aujourd’hui eft baigné par le lac qui
communique dans.cet endroit avec l 'Y e , par le
moyen d’éclufes. On pouvoit auffi fe tendre par
terre, de Killegom par Aàlfmeer, de même que
par Ryk & Slooten, jufque dans i'Amftelland. Du
Rmgenhock jufqu'au Vénnip, on ne trouvoit que
quelques folles, & la petite île de Biènfdorp n’ étoit
féparée du Venip que par un canal.
• T ?Vte-S CÊS terress & plu&urs autres, font aujourd'hui
tellement fubmergées ou emportées dans
I eau , qu'à peine peut - on en trouver quelque
trace; de forte qu'après le Zuiderzée, le lac de
Harlem eft maintenant la plus grande étendue
d’eau qu'on trouve dans les terres de la Hollande.
II gagne même encore tous les jours tant de terrain
dans quelques endroits, que l'intendant & le
maître des-digues du Rhinland , qui ont l'infpec-
tion de ce lac, ont enfin férieufement penfé à faire
garnir de digues fes bords du côté d’Àaffmeer ■
d'un autre c ô té , la Société des fciences de Harlem
a cherche a féconder ce louable projet, en propo-
fant pour queftion : les meilleurs moyens d’empêcher
que l'eau ne gagne davantage fur les terres;
queftion à laquelle M. David Meèfe, favant bo-
tanifte, a pleinement fatisfait. Il eft furprenant
que, parmi les moyens qu'on a cherché à employer
pour cet effet, on n aitpas fongé à augmenter les
rofoyes, & à planter des bourlàults & des frênes
le long des rivières, des chauffées, des tourbières
& des polders, ainfi qu’en plufieurs endroits du
lac de Harlem,, tandis que les perfonnes inflruites
en font ufage pour garantir leurs terres du plus
grand effort de Peau. r
Lç l^c 'de flarleixi fe trouve fîtué au miliey de
la partie du Rhinland, la plus fertile &r la plus
riche en beftiaux , & reçoit dans fon fèin prefque
toutes les eaux de ce diftriéfc, dont nous avons
parlé en faifant la description du Rhinlan 1 &
du Rhin. Gn compte que ce lac a , du nord au fud-
oueft, cinq lieues de long; & , fuivant la me-
fure faite par M. Bolftra , ce lac de Harlem, en y
comprenant les tourbières qui y ont été réunies,
a trehte mille morgens , mefure du Rhin , ou
foixante & quinze mille arpens de Paris (1). On
doit obferver i c i , auant à la dénomination, q u e ,
quoique cette grande étendue d’eau porte en général
le nom de lac de Harlem, il a cependant plulîeurs
noms particuliers, & fe trouvé partagé en différentes
fous-divifions. Du côté de Harlem, cette
eau porte proprement le nom de lac de Harlem ;
du côté de Leyde, on lui donne celui de lac de
Leydt ( Leidfe-Meer ) , de même que, du côté du
village de Kage, on lui a donné celui de lac de
Kage ( Kager-Meer)> celui de lac de Vennip (Ven-
niper-Meer ) dans Tendroit où fe trouve le Ven-
nip fubmergé ; à la partie qui s’étend du côté de
Polanen, le nom de lac de Spiering (Spieringer-
Meer). Mais ces divifions & d’autres fous-divifions
encore font toutes comprifes fous la dénomination
générale de lac de Harlem.
Il ne fera peut-être pas inutile que nous faffions
ici quelques obfervations fur le lit & la qualité des
eaux de ce lac. L’eau en eft douce , mais en quelques
endroits, où les fonds font faumaches, tels
que près de Slooten & du côté d’Amfterdam, elle
eft un peu falée. 'Cependant la grande abondance
des eaux du Rhin & le concours d’ on grand nombre
de petits lacs & d’autres eaux empêchent que
le goût faumâtre y domine ; ainfi l’on peut dire
qu’en général l’eau de ce lac eft douce.
Le fond ou le lit du lac de Harlem eft prefque
partout marécageux & d’ tine terre propre à faire
de la toutbe, principalement du côté où ce lac fe
joint aux tourbières fubmergées. 11 y a cependant
des endroits où l’on trouve quelquefois de l’argile,
tel que dans les environs de Riefdorp & de
Vennip.
Les bords de cette grande mare d’ eau font pour
ainfi dire partout garnis de rofeaux dans les baffes
terres avancées. En plufieurs endroits même on
a planté des bourfaults, & , là où l’effort des
eaux eft le plus confîdérable, on a élevé de fortes
chauffées. On s’eft occupé, pendant un nombre
confidérables d’années , à empêcher que ce lac
ne s’étende davantage du côté d’Aàlfmeer. Quant
à la profondeur du la c , elle n’eft pas en géné-
. '(1) M. de Lalande, dans fes C a n a u x d e n a v ig a t io n , & c .,
Pag- 495> ne donne au lac de Harlem que vingt-cinq mille
morgens ou foixante mille arpens de Paris de fuperficie. Ge
favant dit aulïï qu’on calcule que la fouille des tourbes ajoute
toutes les années une douzaine de morgens ou trente arpens
de Paris, à la fuperficie de ce lac.
Géographie-Phyjtque. Tome I F ,
fal fort confidérable ( i ) . Les endroits- où il y
a le plus d'eau font ceux qui ont été des anciens
lits du lac de Harlem & du lac de Leyde. Il eff
donc néceffaire que les bateliers qui conduifent les
bateaux qui prennent une certaine quantité d’eau
connoifftnt bien la direélion qu’ils doivent fui-
vre. On doit obferver encore q u e , quoique ce
lac n’ait pas de marée réglée, il peut cependant
y avoir un flux & un reflux fi grands lorfqu’ il
eft agité par des tempêtes ou par de grands vents,
que l’on a vu la Leyde, devant Warmond, paf-
fer quatre fois dans un jour par-deffus fes bords
peu élevés ; & l’on a remarqué q u e , pendant ce
tems, tous les foffés fe trouvoient fans eau. Il en
eft de même de_ toutes k s autres terres fituses aux
environs de ce grand la c , & qui font inondées
par fes eaux lorfqu’ il fait de grands vents ou des
tempêtes.
Petits lacs de la Nort-Hollande.
Le nombre des lacs & marais de la Non-Hollande
eft de plus de quatre-vingts , dont le Lange-
Meer, formé de plufieurs petits lacs , eft le plus
confidérable. Mais il faut obferver que, dans la Hollande
méridionale, ces lacs & marais font formés
par le cours réglé des rivières & la fouille des
tourbes $ au lieu que dans la Nort - Hollande ils
doivent leurexiftence en partie aux eaux fuperflues
qui defeendent dans le pays , & en partie à celles
de l’Ye & du Zuiderzée, ainfi qu’aux irruptions &
inondatio,ns auxquelles ce pays étoit anciennement
très-expofé.
Outre le lac de Harlem , il y a encore un grand
nombre d’autres petits lacs difperfés dans la Sud
& Nort Hollande, dont on a defféché plufieurs fut>
ceflîvement, qui portent encore le nom de lacs.
On trouve aulfi d'autres eaux connues fous le nom
de tourbières ( veenen ) , Sc de mares ( plaffen ) ,
à qui on pourroit donner de même le nom de lacs.
Cependant il faudroit plutôt appeler ces derniers
marais y à caufe de leur fond marécageux & bourbeux.
On en compte au moins cinquante dans la
Sud-Hollande.
§ . V . Marais de la Hollande.
Par marais on entend les terres marécageufes 8c
fangeufes , lefquelles, quoiqu’il fe trouve deifous
cette fange une terre à tourbe, n’ont cependant
pas encore été fouillées. 11 eft queftion ici de ces
terres baffes, qui ne font pour ainfi dire ni terre
■(i) « Lorfqu’un vent extraordinaire pouflè les eaux du
Zuiderzée dans l’Ye, & que celui-ei pâlie par-deflus les digues
, il augmente de huit pouces la hauteur du lac de Harlem
-, mais un écoulement de deux ou trois jours fuffit pour
faire baiflèr les eaux de fix pouces. » ( M. de Lalande, d e s
C a n a u x d e n a v ig a t io n , & c . , pag. 4 9 7 0
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