
ordinaire de voir le thermomètre à vingt-quatre
degrés aux mois d'avril & de mai , & s'élever
jufqu'a^ vingt-huit & trente en été. Ces chaleurs
font d'autant plus incommodes , qu'il règne en
même tems, dans l'atmofphère , un calme parfait
ou un vent du fud-eft qui vient de la Méditerranée
, & eft chargé d'une certaine humidité.
Un autre effet de la grande culture & de la
deftruétion des bois eft la rareté des pluies : il ne
s'élève prefque plus , de ce fol defféché , des
vapeurs aflez abondantes pour former des nuages
qui tombent en pluies : ceux qui donnent de
l'eau viennent des contrées circonvoifïnes , &
furtout de l'Océan par le vent d'oueft. Les pluies
commencent ordinairement au mois d'oétobre &
finiflent au foîftice d'hiver. Le vent d’oueft fe
trouvant reflerré à un certain point dans le golfe
de Gafcogne y acquiert une force proportionnée à
la réfiftance qu'il y éprouve ; il arrive chargé de
vapeurs rafletnblées fur la mer qu’il a parcourue,
& il les laifle précipiter en pluies fur toute cette
grande province.
La conftitution & la forme de ce pays con courent
à augmenter la chaleur & ia fécherefle
qui y régnent. On a vu que tes grandes plaines
étoient ouvertes & dirigées du fnd au nord , &
que les coteaux qui font expofés à l’occident font
efcarpés & dénués en général de plantes. Il n’eft
donc pas ét-onnant que les vents qui circulent le
plus librement dans ce s contrées foient ceux du
n o rd , que rien n'arrête dans leur courfe : ceux
du midi , par la même raifon , peuvent y circuler
avec la même facilités mais comme ceux-ci font
obligés de franchir la chaîne des Pyrénées , leur~
mouvement fe trouve interrompu , & ils arrivent
avec moins de force que les vents du nord, lesquels
eux-mêmes perdent une partie de leur viteffe
& de leur force en traverfant les montagnes du
Limoufîn , du Quercy & de la .Gu ienne, qui
coulent du fud-eft au nord-oueft.
G A T TE S . Les montagnes nommées Gâte es ou
Apennins indiens s'étendent depuis la rivière Tapty
ou rivière de Surate jufqu'au cap Comorin. Ces
fameux Apennins, qui marquent avec plus depré-
cifion peut-être qu'aucune autre limité" la ligne
d'été & d'hiver, ou plutôt du fec & de l’humide,
s’étendent dans l’efpace de treize degrés, comme
nous venons de le dire , depuis le cap Comorin
jufqu'à Surate, à l ’exception d’une vallée de quatorze
ou quinze milles, vis-à-vis Paniany, à
d’inégales diftances de la cô te , rarement plus de
foixante-dix milles, & communément quarante
milles, & dans un court efpace feulement ces montagnes
s'approchent à fix milles de la mer. Quoique
leur hauteur ne foit point connue , on fait quelle
fuffit pour empêcher de paffer au-delà les nuages
qui s’élèvent de la mer, & conféquemment qu'il
en réfulte que les mouflous nord-eft & fud-oueft
qui. fotifflenc alternativement font une faifon plu- ,
vieufe fur un côté de la montagne feulement,
c ’eft-à-dire , celui d'où vient le vent. Il paroît
cependant qu’ il paffe au deflus de ces montagnes
aflez de nuages pour occafionner une faifon plu-
vieufe à une dinance conlidérable de l’autre côté
du vent où ccs nuages defeendent, quoique dans
le tems où ils ont pafle fur les Gattes ils dévoient
être trop hauté, & conféquemment trop légers
pour s y réfoudre en pluie. Je fuis engagé à-penfer
ainfi par le détail que fait le lieutenant Ewart des
faifons à Nagpour au centre de l’Inde, où elles
diffèrent peu de ce qu’elles font au Bengale & dans
la partie occidentale de l’ Inde. La mouflon fud-
oueft y occafionne une faifon pluvieufe j mais les
pluies n’y font pas fi fortes ni fi longues que dans
ies lieux précédemment nommés. La mouflon fud-
oueft occafionne aufli une faifon pluvieufe à l'embouchure
de la rivière Gadavery. Cette rivière
gonfle alors & fe déborde , & cet endroit eft
aufli loin au vent des Gattes que Nagpour. Nous
pouvons, il me femble , conclure que les Gattes
n’abritent qu’une certaine étendue, au-delà de
laquelle les nuages légers & plus élevés qui
pafïent par-deflus, defeendent & fe réfolvent en-
pluie.
On a c ru , jufqu’ à ces derniers tems, que toute
la prefqu'île de l'Inde étoit partagée, du nord au
fud , par les Gattes , depuis le royaume de Bou-
tan jufqu'au cap Comorin ; mais les différentes
faifons n'ont lieu à-Ia-fois que dans une partie de
la prefqu’île , parce que la caufe celle fous le parallèle
de Surate. Cette chaîne de montagnes .fe-
détourne à l’eft & fuit le cours de la rivière Tapty ,
& les vents fud - oueft, qui ne trouvent plus
d’obftacle, portent partout, loin & près, l'humidité
dont ils font chargés.
GAUJAC. Le bitume "de Gaujac fe trouve dé-
pqfé dans un fyftème de couches horizontales calcaires
inta&es ; il fort par les fentes des intervalles
de ces couches lorfque la chaleur extérieure le
ramollit, le fait tranfiitder au dehors. Si l’on fouille
dans ces couches, & qu'on parvienne jufqu’ à l'origine
de ces tranffudations de bitumes, on voit
qu’il occupoit des trous arrondis dans les couches,
6c que par conféquent il a été dépofé en gros
tampons dans les couches en même tems qu’elles,
fe font formées.
Il n’eft plus queftion que de favoir d’où vient
originairement ce bitume, & par quelles fuites de.
circonftances ils’eft trouvé dans les lieux du baflia
de la mer où les couches fe formoient, & où il a
pu être mêlé aux débris des corps marins qui font
entrés dans leur compofition.
En Auvergne, où il y a de femblables dépôts de
bitume qui tranfîude de même, on a les volcans
antérieurs à l’ invafion de la mer, & qui ont pu
fournir ces fubftances bitumineufes.
GAVE : nom fynonyme de celui de rivière
dans le ci-devant pays de Béarn. Les gaves ont
tous leur fourcedans les Pyrénées, aux confins de
l’Arragon, & leur rapidité eft caufe qu’ils ne portent
point de bateau. Au refte, ces rivières font
très-poiffonneufes : on y pêche des truites, des
brochets, dés faumons & des faumonneaux qui
font d’un goût exquis.
Le gave d’Afpe a deux fources, l'une au port
d’Aragues ( pou lignifie en béarnois pajfage ou
gorge entre les montages ') , & l ’autre auprès de
Sainte-Chrifiine , fur les frontières de l’Arragon :
de là , ferpentant vers le feptentrion , i! reçoit les
rivières d’Anfave & de Sanshèfe, qui fe joignent
auprès de Lefcum, & , continuant ae traverfer la
vallée d’Afpe qui lui donne fon nom, il fe charge
de quelques ruifleaux, comme le V e r t , la rivière
de Bourdios, & arrive à Oléron, qu'il fépare de
Sainte-Marié.
Le gaved’Ofïan prend fa fource au port d'Of-
fan, fuit la vallée de ce nom du midi au nord,
& arrive à Arudy ; il circule & fe détourne vers
le couchant,.puis vers le couchant d’hiver, pour
arriver à Olé ron, qu’il fépare de Marcadet. Au
feptentrion d’Oléron il rencontre le gave d’Afpe,
avec lequel il fe mêle : dès-lors ces deux gaves
perdent leurs noms particuliers & prennent celui
de gave d’Oléron. Le gave d’Oléron, s’étant ainfi
formé des gaves d’Afpe & d’Offan, reçoit enfuite
quelques autres rivières, telles que le V e r t , la
Larune, le Jos, paffe à Navarreins, reçoit l’Aran-
car,puis baigneSauveterre, fe groflit de la rivière
de Soûle, appelée leSufon, enfuite d’ une autre rivière.
GAVERNY (L acs d e ) . Plufieurs des écrivains
qui ont décrit la vallée de Gaverny ont fup-
pofé que les lacs qui fe trouvent au fond de cette
vallée avoient été primitivement pleins d’eau, &
qu’enfuite leur digue avoit été détruite par les
eaux qu'ils contenoient 5 mais on ne m'a pas encore
expliqué comment les badins de ces lacs ont ;
été creufés & approfondis, & je ne puis concevoir
que ce travail ait été exécuté naturellement !
par l'aétion d’une eau courante avant que la
digue ait été formée & ait contenu la malle d’eau
que nous y voyons dans quelques-uns , & q u i,
dans l ’état de repos où elle fe trouve, ne peut pas
enlever & forcer ces digues.
Par conféquent les digues quife trouvent forcées
& démolies l'ont été de tout tems, & les brèches
approfondiesen même raifon que le refte du prétendu
baflin que je confidère comme un cul-de-
fac de vallon, mais qui n’a jamais été baflin de lac.
Je répète que les lacs qui s’y trouvent, ne l’ont pas
toujours été , mais qu'ils ne cefieront pas de l’être
par la rupture de la digue , à moins que ces digues
ne fe trouvent furchargées par de grandes inondations.
GELÉE. On appelle ainfi les effets du froid
qui convertit l ’eau en glace dans certains cantons
de la T e r re , dans des régions déterminées. Ces^
effets tiennent à la température & à la conftitution
de l’atmofphère. On fait que l’eau fe gèle partout
au même degré de froid , & que la gelée n’a lieu
que quand la température du milieu qui environne
les corps fur lefquels elle agit, eft parvenue à ce
degré, bien entendu que fi cette température ex cède
ce degré, la gelée devient plus forte & fes
effets plus marqués. Ce qu’ il nous importe de conf
é r e r ici après avoir établi ces principes, ce
font 1 intenfite & l’étendue de la gelée dans les différentes
contrées de la Terre , tant fur les végétaux
que fur les animaux, fuivant la forme & la
difpqfition des terrains. Ainfi , nous verrons qu’il
ne gèle jamais fous la zone torride ni aux extrémités
des zones tempérées, voifines des tropiques
dans les régions qui ne s'élèvent qu’à un certain
point au deflus du niveau de la mer; car fur des
hauteurs qui excèdent cette ligne il y gèle aflez
fouvent, même fous la ligne, & il y a de certains
degrés d’élévation où la gelée eft continuelle &
produit des effets étonnans, dont nous expoferons
les détails dans les articles locaux qui concernent
ces pays.’
De même, dans les zones glaciales, la gelée varie
dans certains endroits, pendant quelle eft conf-
tante dans d autres. Au milieu de ces effets des
deux zones extrêmes, les zones tempérées ont
des viciffitudes de gelée 3c de dégel plus étonnantes
encore dans ces zones. L'aélion des deux zones
voifines tend à une efpèce d'équilibre , & peut-
être parviendra-c-on à découvrir les lois de l'in-
conftance même.
Nous ferons v o ir , dans plufieurs articles, que la
gelée & fes retours dans routes les zones déterminent
non-feulement l’exiftence de certains végétaux
indigènes dans les diverfes contrées de la
Terre , mais encore l'introduélion des exotiques
par les hommes cultivateurs : il en eft de même
des efpèces d'animaux qui habitent certains pays
naturellement, ou bien dont on a fait des élèves
tirés d'autres parties de la Terre , fuivant qu'il y
gèle plus ou moins fort , plus ou moins long-tems.
C'eft ce point de température qu'on ne fauroitob-
ferver avec trop d'attention & crop de précifion.
GEMMI. Une des plus hautes montagnes du
Vallais, & fituée fur une bafe très-élevée , :eft la
Gemmé : elle fait partie de la grande chaîne qui
fépare le canton de Berne du Vallais; elle eft remarquable
par la route importante qu’on y a pratiquée,
par les grandes difficultés qu'il a fallu
furmonter pour la tracer, & parce qu’elle eft la
feule communication qui foit ouverte entre les
deux cantons. Nous nous bornerons à décrire ici
la nature de cette mafte prodigieufe.
La Gemmé eft la partie la plus haute de cette
chaîne, qui commence aux galeries ; elle eft en
général calcaire. On commence à monter infenfi»
K k a