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circonflances favorables pour produire de la lumière
, & que ces circonflances n’exiftent pas toujours.
Les matériaux de cette matière phofpho-
rique exiftent dans la mer, mais on croit que le
concours de l’air eft nécefl'aire pour la faire briller.
Outre cela il femble , comme on fa déjà dit^
que l'agitation & le mouvement y concourent
aulfi. Ainfi l’effort des rames, le choc des bâti-
mens, par leur fillage, caufent un certain mouvement
aux corps chargés de cette matière , que
leur légèreté fait monter à la furface. Au re lie ,
nous penfons qu’on doit confidérer les vers &
infectes lumineux & phofphoriqueis comme la caufe
de la lumière que rend l'eau de la mer > la plus probable
& même la mieux établie par fobservation
& l’expérience.
§ . IX. Divijion des mers.
On divife les mers en mers extérieures & en mers
intérieures ; mais comme-les fécondés ne font pref-
que toutes que des extenlîons des premières, il
convient de les rapprocher, en faifant connoître
les divers rapports qu'elles ont entr’elles. ( Voye[
la Mappemonde. )
Ç)n diftingue quatre mers extérieures, qui font :
i ° . Le grand Océan ƒ qui s’étend d’ un pôle à
l’autre entre l’Europe & l’Afrique d’ un cô té , à
l’ëft, &c l'Amérique de l’autre, à l’oueft.
2°. La mer des Indes, à l’eft de l’Afrique, &
baignant les parties méridionales de l’Afie.
$°. La grande mer ou mer du Sud, s’étendant
d’un pôle à l’autre entre l’Amérique & l ’Afie.
40. La mer Glaciale, vers le pôle arétique.
I. Le grand Océan, appelé, dans fa partie fep-
tentrioriale, mer du Nord, s’étend à l’eft & à l’oueft
entre les terres, & forme plufieurs mers intérieures.
i° . Il forme à l’e ft, par le détroit du Sund, la
mer Baltique, laquelle Te prolonge au nord par le
golfe de Bothnie, & à l’eft par celui de Finlande.
( V oy ei Ba l t iq u e . )
20. En s’enfonçant à l’ouèft entre les terres
d’Amérique, l’Océan forme, par le détroit de
Davis, la baie d’Hudfon & celle de Baffin.
A paitir de la hauteur des lies britanniques juf-
qu’ à l’équateur, l’Océan prend le nom Atlantique
; il fe réunit :
i° . A l ’e f t , au moyen du détroit de Gibraltar,
à la Méditerranée, qui s’avance entre l’Europe au
nord & l’Afrique au midi, jufqu’aux côtes de l'Alîe
les plus occidentales : une partie de cette mer
forme, entre l’ Italie & la Turquie d’Europe, le
golfe de Venife j à l’eft de la G rèce, la mer de
l'Archipel j puis en fe prolongeant au nord-eft
entre l’Europe & l'A fie , d ’abord par le détroit
des Dardanelles, la mer de Marmara, qui s’étend
jufqu’au canal de Conftantinople j puis, au-delà de
ce détroit, la mer Noire, qui fe réunit au détroit
de CafFa 5 enfin vient la mer d’A z o f , dont fait partie
l’embouchure du Don, où l ’Europe & l’Afie
forment, à droite & à gauche, les rives de ce
fleuve.
2*0. A l’oueft, l’Océan atlantique forme le golfe
du Mexique, entre l'Amérique méridionale &
l’Amérique feptentrionaie; c’eft là qu’on trouve,
au nord-oueft de la prefqu’ île d’Yucatan, la baie
de Campêche, & vers le fud, la baie d’Honduras.
Les parties méridionales du grand Océan communiquent
avec la grande mer par le détroit de
Magellan, qui coupe la pointe fud de l'Amérique,
& plus au fud encore par le détroit de Lemaire,
entre la terre de Feu & la terre des Etats f plus
loin fe trouve la portion de mer qui environne le
pôle antarctique, & qui eft couverte de glaces en
grande partie.
A l'eft l ’Océan communique avec la mer des
Indes par la partie qui baigne le cap de Bonr.e-
Efpérance, le cap des Aiguilles, & c . , & que quelques
géographes nomment mer des Coffres.
II. La mer des Indes, qui s’étend au fud de
l’A fie , depuis les côtes orientales de l’Afrique
jufqu’aux îles Philippines & aux grandes parties
des terres auftrales qui la féparent de la grande
mer, forme cinq golfes remarquables.
i° . La mer Rouge, entre l’Egypte & l’Arabie,
depuis le détroit de Babelmandel jufqu’ à l’ifthme
de S u e z , fans lequel il y auroit communication
avec la Méditerranée.
20. Le golfe Perfique, entre les côtes orientales
de l’Arabie & les côtes dufud-oueft de laPerfej
il s’étend depuis le détroit d’Ormus jufqu'à l’embouchure
du T igre , groffi des eaux de l’Euphrate.
3q. Le golfe de Bengale, entre les deux pref-
qu’îles de l’Inde : on peut y ajouter l’archipel des
Indes, qui eft rempli d'une grande quantité d’ îles,
où fe trouve le détroit de la Sonde, entre les îles
•de Java, Sumatra & Bornéo ; & le détroit de Ma-
Iaïe , entre la prefqu’île du même nom & l’île de
Sumatra.
40. Le golfe de Siam, & y0. celui de Tonquin.
III. La grande mer, ou , comme on d it,Ta met
du Sud, forme, vers la partie du nord , des golfes
confidérables. En defçendant au fud on trouve à
l’eft la mer Vermeille, entre la prefqu’île & le
Nouveau-Mexique, & plus bas le golfe de Panama
, nommé ainfi d’après l’ifthme qui fert de
jonClion aux deux Amériques.
A l ’oueft&plus au nord on trouve le golfe de
Kamtchatka, & au-defious celui de Leaton ou de
C orée, voifins des prefqu’ îles qu’ils avoifinent.
IV. La mer Glaciale, au nord de l’Europe & de
l’A fie ,-fo rm e , fur la côte feptentrionaie de la
Ruflie européenne, la mer Blanche, à l’ett de laquelle
eft le détroit de Waigatz, qui fépare la
Ruflie de la Nouvelle-Zemble, & dont le paflage
eft fouvent impraticable à caufe des neiges & des
glaces dont il eft ordinairement encombré : outre
j cela, les parties de cette mer voifines des embouchures
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cbures de plufieurs grands fleuves qui s’y jettent,
ne font pas fouvent acceflîbles aux navigateurs*
Nous renvoyons nos leéteurs à chacun des articles
dont les noms font cités dans ce paragraphe,
comme ceux-ci : M é d i t e r r a n é e , C a s p ie n n e ,
Mer^Gl a c i a i e , M e r -N o i r e , M e r -M o r t e ,
Ba l t iq u e , A z o f , O c é a n , & c . & c.
M e r -G l a c i a l e . On appelle ainfi une partie
de l’Océan comprife entre le Groenland & le
détroit de Bering, fur la côte feptentrionaie de
la. Sibérie.
Plufieurs auteurs ont cru que la mer ne pouvoir
geler : cependant la Mer Baltique & la Mer-Blanche
gèlent tous' les aus, & les mers plus feptentrio-
nales reftent gelées une grande partie de l’été. On
fait, il eft vrai, que l’eau faiée fe gèle plus diffi-*
cilemenc que l’eau pure, & qu’elle a befoin d’un
plus grand froid pour fe convertir en glace; mais
on fait aufii que l’eau des mers voifines dja pôle eft
moins chargée de fel que les eaux des mers qui
font dans les zones tempérées.
D’ ailleurs, lorfqu’on examine les circonflances
qui contribuent à la congélation de l’eau de la_
Mer-Glaciale y on ceffe d’être étonné de la quantité,
de la mafle& de l’étendue des glaçons qu’offre
cette mer. Les fleuves du Nord tranfportent dans
la Mer-Glaciale une prodigieufe quantité de glaçons
q u i, venant à s’accumuler, forment ces
mafles énormes de glaces qui fe promènent dans
cette mer : un grand nombre de ces glaçons font
formés d’eau douce, & defcendent dans les golfes
& dans.les embouchures des fleuves lors du dégel
& de la débâcle qui en eft la fuite. Un des endroits
de la Mer-Glaciale où les glaçons font les plus
abondans, eft le détroit de Waigatz, qui eft couvert
de glaces en entier pendant la plus grande
partie de l’année : ces glaces font formées en grande
partie des glaçons que le fleuve Oby tranfpt)! te dans
ces parages j elles fe fixent le long des côtes,
& s’élèvent à une hauteur confidérable aux deux
côtés du détroit. Le milieu du détroit eft l’endroit
qui gèle le dernier, & où la glace eft la moins élevée.
( Voyei W a i g a t z & N çu .v e l l e - Z em b l e . )
Les vaifleaux qui vont au Spitzberg pour la
pêche de la baleine au mois de juillet, & qui en
partent dans le mois d’ août, rencontient quelquefois
d’énormes glaçons de foixante même
de quatre-vingts brafles qui fe font détachés des
côtes garnies de glaces, & qui voyagent dans la
haute mer : outre ces glaçons détachés, il y a
fouvent de grandes plaines de glaces qui occupent
différens parages de la Mer-Glaciale , luivant que
lèvent en détermine la pofition. Nous expoferons
à l’article du Spitzberg tout ce qui concerne la
formation des glaces côtières & des plaines de
glaces qu’on a rencontrées dans la Mer-Glaciale au
nord de l’ Europe & de l’Afie.
Quant à ce qui concerhe la Mer-Glaciale du
nord de l’Amérique, il paroîtpar les récits des na-
Géographie- Phyjique, Tome IF .
vigateurs qui en ont approché, que; cétts mer eft
aufii invelue par les glaces, qui occupent en
grandes maffes la plupart des golfes & des détroits
les plus voifins du pôle : ils nous aflurent que les
montagnes de Frifiand font entièrement couvertes
de neige, & que toutes les côtes font revêtues de
glaces qui forment un boulevard qui ne permet
pas de pénétrer au-delà. On trouve dans la mer
des îles de glace formée d’eau douce qui ont plus
d’une demi-lieue de tour, & dont la luperficia
au-,de(fus de l’eau furpaffe l’extrémité des mâts
des gros navires, tandis que la partie qui plonge
dans la mer a plus de foixante à quatre-vingts
brafles : ces îles, ou montagnes de glace font fi
mobiles, que, dans les temps orageux , celles qui
préfentent une grande furface hors de l ’eau, fui-
vent la courfe des vaifleaux.
Lorfque ces mafles énormes de glace viennent
à fe rompre & à fe détacher des glaces côtières ,
& viennent enfin fe précipiter dans la mer, cette
réparation fe fait avec un bruit & un fracas terribles.
Plufieurs voyageurs ont tâché d’expliquer
comment des amas de glace fe formoienc dans la
baie de Baffin & dans le détroit d’Hudfon ; ils
nous difent donc que les côtes font fort élevées
tout le long des bords de la mer, tant dans la baie
de Bjffin que dans le détroit d’Hudfon f & elles le
font de plus de cent brafles dans une quantité de
petits golfes dont les cavités font remplies de.
neige & de glace f ces mafles de glaces fe détachent
des côtes & font entraînées dans le détroit, eu.
elles augmentent en maffe même pendant l’ été
où tout ce qui tombe de ,1’atmofphère eft gelé i
ce q u i, joint aux vagues de la mer, produit un
accroiffement continuel aux montagnes de glaces
flottantes ; & comme le vent de nord-oueft fouille
pendant neuf mois de l’année, tout le pays y eft*
pendant ce temps à une température femblable à
celle des cantons des Alpes où font les glaciers de
la Suifie. Une grande partie des glaces qu’ on voit
près du Groenland eft fournie par les rivières de
la Mofcovie & de la Sibérie, & le refte par les
glaciers qui fofh: diftribués le long des côtes de ce
pays, qui chaque jour eft de plus en plus invefti
par les glaces, (jVoye[ GROENLAND, HUDSON
(baie d’ ) , & c . )
M e r -M o r t e . La Mer-Morte eft connue dans
l’Écriture-Sainte par plufieurs autres noms ; elle
y eft appelée la mer de f e l, la mer d’ Orient, la mer
de foufre, & c . Les Turcs la nomment ula degni^i ;
les Arabes bahar lctk3 la mer çogar, &c. Les géographes
latins lui donnent le nom de lacus afphal-
tites , & mare piortuum.
Les auteurs ne font pas parfaitement d’accord fur
la grandeur de cette mer. Jofèphe lui donne une
longueur qui revient à foixante - douze milles
anglais, & à une largeur de dix-huit milles. Pline
la fait un peu plus grande. Diodore de Sicile fixe
fa longueur à foixante-deux milles, fa largeur à
Gggg