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a’une brèche rougeâtre 8c très-dure, compofée de
cailloux de toutes'grolîeurs. indépendamment de
ces produits, on voit encore, ça & là , quelques
focnes, fchiftëufes qui repofent fur des parties
granitiques. Vers la pointe nord, d'une baie qui a
reçu le nom de baip des ETéphaas, il exfftè un rocher
qui, du bord de la mer, s-’avantre ^ufqne ftans l’ in-
terieur d’une vallée voifine, & qui fe compofe
éntièrement d’un grès coquillier tiès-dur & très-
Compadte.
Toutes les eaux de Tîle font chargées d’une iï
forte proportion d’oxidè de Lcr, qu’il paroït probable
que de métal qui fert de bafe à cét oxide’
entre pour beaucoup dans la compofition de certaines
roches.
Les pêcheurs anglais établis fur cette côte prétendent
qu'il y a dans l’ intérieur du pays une colline
entièrement compofée de fél gemm~; mais on ne
Tauroit garantir ni çontefter ce fait important.
Toutes les parties de l ïle qui oht .été reconnues
par les.navigateurs français préfentent le tableau
d’une végétation forte & vigoureufe j en divers
endroits, les arbres 8c les arbriffeaux le trouvent
• tellement preffés à la furface du f o l , & leurs débris
font partout fi multipliés , qu’ il eft prefqu’ im-
poifible de pénétrer au milieu des forêts ; mais en
général les végétaux qui les compofent, ri’ cffrent
pas les proportions gigantefques que.Bon admire
dans ceux de la terre de Diemen : du refte ils appartiennent
aux mêmes genres1 que ces derniers ;
comme eux, ils de meurent toujours verts; comme
eux, ils font encore dépourvus de toute efpèce
de fruits mangeables, 8c font inutiles , fous ce rapport
, à l’ homme & aux animaux frugivores. Lés
Familles des fougères, des mouifes 8c des fungus
préfentent un grand nombre d’ efpèces àuflî belles
que vigoureufes i. tous les rivages font couverts
d’une grande quantité de fucus..
~ Siir toute l’étendue de l ’îte de King on n’aperçoit
aucune trace de l’efpèce humaine , & tpüt
annonce que cette île eft également étrangère aux
peuplades farouches de la terre de Diemen & de
fa Nouvelle-Hollande ; en revanche il y a peu d’ endroits
, dans les régions auftrales, qui pourrilTent
autant d’animaux utiles ! Péron & Lefueur. y ont
recueilli notamment deux dafyures élégans, deux
kanguroos, Té fingulier animal que les habitans de
la Nouvelle-Hollande connoiffent fous le nom de
■ wombat , 8c dont M. Géofftoy-Saint-Hilaire a
compofé le genre qu’il appelle pkafcolomv; ils y
ont également trouvé l’ècnnidé foyeux , quadrupède
très-remarquable. Tous les rivages font couverts
d’ un nombre prodigieux d’amphibies , dont
quelques-uns n’ont pas moins de dix-huit à vingt
pieds de longueur, & qui font devenus pour les
Anglais la fource d’un commerce intéreftant.
1 L ’intérieur des Forêts recèle une grande quantité
de cafoars. Un rocher (celui des Elérhms)
nourrit un nombre. prodigieux de pétrels, de
•mauves 8c de manchots , dont pîufieurs efpèces
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font nouvelles pour les naturàliftes ; enfin, la plupart
des oiféaux de la terre dé Diemen fe retrouvent
fur cés rivages brumeux.
La famille des reptiles préfente furtoü»: deux
lézards & deux ferpens; ces derniers, voifins <iu
genre boa, fous le rapport des écaillés , font armés
de crochets : on y a trouvé une efpèce de
crapaud.
Les moîlufques, les vers, les zoophytes furrout
abondent fur les côtes de cette ile l Lés efpèces
les plus abondantes appar tiennent aux genres éponge
, antipathe , gorgone, çelleporë , retepore,
aéttnie, afeidie , holothuries \ doris, amphicrite,
aphrodïte, néréide, planaires , 8c c.
Les kanguroos de li lé de King ont une chair
pliis tendre' & plus favoureufe que celle des <jni^
maux du .même; genre répandus, fur le continent
voifin. Le wombat , déjà domeftique, fournit
une.chair délicate. La langue des phoques eft regardée
comme un bon ranger par les pécheurs»
Le cafoar donné des oeufs,de la groffeur de ceux
de l’ auti-ùche, & plus délicats que ces derniers ; là
viande de cet oïL-au, intermédiaire entre celle
du coq d’Inde & celle du jeune cochon , rft véritablement
exquife. Les innombrables troupes de
cormorans , de pétrels, de mauves, de manchots,
fourniffent, pendant une partie de l'année., des
milliers d’oeufs prefqu’aufti bons que ceux de ,nos
poules domeftiques ; enfin, les cruftaçes, les vers &
les coqüillagès qui pullulent dans ces mers, complètent
le riche enfemblé des reffoùrces que la na:
ture ici préfente à l’homme.
L’éiéphanr marin, qui eft l ’animal le plus remarquable
de cette île , couvre les plages fablon-
neufes de fon énorme corps, dont la couleur brune
fe détache fortement fur la couleur blanchâtre de
la grève ; il fait retentir le rivage de fes affreux
mugiflemens.
Les pêcheurs anglais, établis fur ces île.s, fe
nourrirent de chair de kanguroos & de cafoars'»
qu’ ils font chalfer par des chiens dfeffés à cét
ufage, qui courent feiils dans les forêts, 8ç qui
manquent rarement d/étrangler chaque .jourplû-
fieurs de ces animaux. L’expédition terminée , ces
chiens abandonnent leur proie , accourent ver?
leurs maîtres, 8c, par des figues non"équivoques
annoncent les fuccès qu’il* ont obtenus;quelqut-s
hommes fe détachent alofs , füivënt lës intejlïgéij^
pourvoyeurs, qui, fans fq tromper , ’lesconduife.nc
àux lieux où gifent leurs viiftimes. /
Iles Hunier. Elles font fituées par 4Ô0 25' $0"
delatitudeauftrale, & par 1420 ^7' 7*' àTo iverturé
occidentale dii grand détroit qui fépare U Nouvel'e-
Hollande de la terre de Diemen. Elles ont été découvertes
en 1798 par le capitaine Flinders; mais
ce navigateur n’avoit pu déterminer exaétemenc
ni le nombre de cés îles , ni leur pofition relative,,
ni leur configuration particulière ; il eh étpit clé
même des canaux qui exiftent entr’ellés,' 8c du
détroit plus important qui fes fépare de la terre dé-
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Diemen. La côte norJ-oueftde cette dernière terre
étoit également inconnue avant le Voyage aux
Terres auftrales.
. La «lus occidentale des îles Hunter & la plus
grande eft nommée île Fleurleu ; la fécondé a reçu
le nom de Three kummock.
Le fol de ces îles eft granitique. Le terrain eft
en général bien buifé $ mais les vents impétueux
qui régnent dans ces parages renverfent une
grande quantité d’ arbres 4 & ne permettent pas
que les végétaux acquièrent ici les'dimenfijns co-
loffales & majeftueufes qui caraélérifent'ceux dont
fe compofent lés forêts du canal d’Entrecafteaux
à la terre de Diemen. Le détroit qui féparè cette
dernière terre des îles de Hunter eft obftrué par
tin très-grand nombre d’îlots & de reftifs} les vagues
qui viennent fe brifer fur ces amas de roches
offrent un fpeétacle effrayant 5 quelques-uns de ces
reftifs, -abfolument à fleur d’eau, ne préfentent à
loe i l qu’une nappe d’écume blanchâtre; d’autres,
plus élevé s, mpis d’une couleur noire, forment
avec les premiers un contrafte impofant & terrible.
,• Ici fe termine la defeription fuccintte dés principaux
points de la Nouvelle-Hollande & des îles
adjacentes. Nous nous abftiendrons de parler de
la côte nord de ce continent, jufqu’alors trop
peu connue. Nous nous contenterons de dire qu’on
lui a donné les noms de ttfres (CArnheim & de Car-
pentarie ; que cette dernière renferme le vafte
golfe de Carpêntârie, tout récemment exploré
par le capitaine Flinders , mais fur lequel nous
ne poftedons aucun détail de géographie-phyfique.
Le détroit de Torrë s , compris entre le câp Yorck
& la Noùvellé-Guinéé, eft rempli de bas-fonds
qui en rendent le paffageekceflîvement dangereux,
fi ce n’ eft très - près des côtés de la Nouvelle-
Hollande où il exifte une paffe que Cook a nommée
détroit cTErndeavour. (Voye% l'article BOTANIQUE
(Baie).)*
Notice fur la végétation de la Nouvelle-Hollande,
par M . Lefchenault.
- De toutes les.produélions de la nature , les végétaux
font fans doute les plus immédiatement
Utiles à' 1 homme j leS plantes céréales & les fruits
forment généralement la bafe de fa nourriture; la
nature, tant dans l’ancien que dans le Nouveau-
Monde, a prodigué ces précieufes produétions ;
l-homme,'par la culture, les a multipliées , les a
améliorées ; 8c partout où l’agriculture a été le
plus perfe&ionnee , la civilifation a fait le plus
de progrès. La Nouvelle - Hollande offre une exception
bien malheureufe pour fes hâbitahs. Non-
feulement ce. p3y$ fablonneux ne produit aucune
plante céréale , mais encore aucun- végétal propre
à la nourri üre de l’ homme ; car on ne peut regarder
dignes d’être cultivées comme une ref-
fource ftiffifante, l’efpèce dé fougère ( preris
efculema ) dont les habitans dé la terre de Van-
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Diemen mangent les racines , les bulbes d’orchidées,
& l ’efpèce de céleri que mangent les habitans
de la terre de Leuwin, & les fruits du cycas
Riedlei, qui ont befoin d’être torréfiés pour perdre
leurs qualités malfaiTantes. •
L’hiftoire de la végétation de la Nouvelle-Hollande
, très-curieufe loùs le rapport des diflerta-
tion botaniques auxquelles elle peut donner lieu ,
& des plante« nouvelles qu’elle renferme, n’offVe
pas cet intérêt général qu’entraînent après elles
les découvertes immédiatement utiles à la fociété;
mais peut-être un jour ce pays , à peine connu j
nous enrichira-t-il de quelques productions pré-
cieufes. Parmi les végétaux de ce vafte continent,
il eft-à croire que pîufieurs'feroiènt de quelque
utilité dans les arts 8c dans la médecine ; mais les
fauvage^, dénués de touteinduftrie, n’ont aucune
connoiflance de leurs propriétés; le hafard, lé
temps 8c l’expérience peuvent feuls nous éclairer;
& déjà quelques-unes de ces plantes, en les ju*-
géant pâr leur analogie Ou par leurs produits, méritent
une attention particulière; telles font principalement
:
LeS xantherea, d’ oft découle très-abondamment
une réfine odorante , dont les naturels fe fervent
pour bouchet les futures de leurs canots en écorces;
8c pour fouder la: hampe de leurs' zagaies
avec le morceau de bois dur qui leur fert dé
pointe ;
V eucalyptus refini fer à , dont la gomme rouge
eft renommée, par les Européens, comme un très-
bon remède contre les dyffenteries ;
\Jhibifcus keterophyllus, qui croît fur les bords
de la rivière d’Hawkesbury, 8c dont l ’écorce peut
fervir à faire des cordages ;
Pîufieurs mimofa qui donnent des gommes;
Pîufieurs plantes de la famille des myrthes &
de celle des compofées qui font éminemment
aromatiques
Une efpèce d’indigotier du détroit d’Entrecafteaux,
duquel on obdendroit peüt-être une fécule
colorante ;
Un cafier du même lieu ;
Deux efpèces de lin de la côté occidentale ;
Deux efpèces de tabac de li lé Decrès.
On doit aufli mettre au nombre des plantes in-
tereffantes le cafuarlna torùlofa , le xilomelum py-
rifera, dont les bois font propres à la marqueterie;
l’atherofperma mo/chata de l 'île King , arbre
dont le bois a une forte odeur d'anis ; Y eucalyptus
robufia , bel arbre qui parvient à une hauteur con-
fidérable, 8c fournit un bon bois dé conftru&ion.
On trouve à la Nouvelle-Hollande, comme dans
lès parties méridionales de l’Afrique, d’innombrables
légions de bruyères 8c de protées qui renferment
pîufieurs arbuftes remarquables par leurs
formes gracieufes 8c délicates, qui parent la fté-
rilité de l'un 8c de l ’autre climat.
La végétation des forêts de la Nouvelle-HoU
lande eft généralement fombre 8c trifte; elle a
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