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tité incroyable de lacs dont elles font bordées, &
qui forment une efpèce de chaîne. Ils fon t, pour
la majeure partie , ou faumaches ou amers : il y
en a même dans le nombre, qui font fortement fa-
I.es i mais la nature faline du loi fait auflî que cés
lignes ont une grande difette de bonne eau, n'étant
couvertes d’aucuné rivière.
La nature généralement faline de h Steppe d’ I-
îp u ^u.e ce^e •- ^tePPe fi^uée entre le
îo b o l & Tlrtifch, doit nécefîairement provenir des
montagnes fecondaires ou difpofées par couches
horizontales du voifïnage. Il y en a de ce genre,
mais baffes, qui s'étendent le long de l'I fe t t , en
defcendant le long du Tobol & de l'Irtifcb, &
fur quelques cent verftes au fud de la Steppe Kirgifienne.
Il faut donc bien plutôt avoir recours à
cette chaîne confïdérable & continue de montagnes
qui fe prolonge depuis le Jaïk vers l’eft, tra-
verfe la Steppe Kirgifienne , & va fe joindre à la
grande chaîne altaïque. Il eft inconteftable que ce
font les branches étendues & nombreufes de cette
fuite de montagnes fecondaires qui fourniffent
aux plaines immenfes dont elles font environnées,
cette quantité de fources falées dont elles font
pénétrées en une infinité d’endroits j car toutes
les^ plaines fituées au nord de ces montagnes juf-
qu'aux frontières de l'empire de Ruffie, & toute la
Steppe Kirgifienne, entre le Jaïk & l'Irtifch, font
remplies de lacs & de terrains falés , tout comme
la Steppe Barabinienne, qui , s'étendant plus loin
1 eft, depuis Tlrtifch, jufqu’à l'Oby, tient probablement
cette même nature faline des monts AI-
taïques & Obiens. Cette chaîne dont nous parlons,
& qui traverfela Steppe Kirgifienne,eft corn-
pofee de montagnes contiguës. Toutes les eaux
qui en defcenJent vers le nord tombent dans le
l opol & dans Tlfchim en defcendant, & qui font
riches en minéraux, paroiffent avoir une connexion
avec cette même chaîne. A quarante verftes
environ de Swerinogolofskaja, l’on trouve dans la
Steppe le lac Tfchebaikul, d'une belle étendue
& tres-poiffonneux j & quoique fe s eaux foient
douces, fes bords fon t, dit-on, falés dans.tout
leur contour > ils font même fouvent couverts
d une couche epaifié de fcl amer décompofé.
En fuivant la route le long de TUk , à travers
des bois de bouleaux, humides & montueux, où le
pays ,en s’élevant, devient plus froid & plus tar-
dif, on defcend des hauteurs qui l’environnent dans
des plaines baffes & marécageufes qui rempüffent
tour l’intervalle qui fépare l*Uk du Wagai ( r i-
vières)^ jàonvoit, dans les contours, des fonderies
argileufes, du fel amer, mêlé de natron en ef-
norefcence, qui devient toujours plus fréquent en
approchant du Wagai.
En cheminant le long de la rive gauche du Wa-
m * ? n rencomre encore des efpaces confidé-
rables de terrains falés & des places marécageufes
couvertes de fel amer, mêlé de natron, qu’on
prendroit pour de la neige. La contrée eft d°ail-
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leurs plus élevée & plus fè ch e , & le terrain ne
ceffe pas de s'élever & de s’abaiffer alternativement
en ondes plates , tantôt découvert, tantôt
boifé en bouleaux jufqu'aux bords de Tlfchim. En
defcendant le long du Wagai, ou font lîtués plaideurs
flobodes dans un fond humide, beaucoup
d’endroits font couverts de fel en effiorefçence.
La rive orientale de Tlfchim , & plus loin vers
1 Irt;fch , fur toute la Steppe Abuzkienne (c'eft le
nom général qu'on lui donne), eft moins élevée,
que la partie qui eft à l'occident j aufli le fol eft
partout falin près d’Aubskaja.
j Sloboda eft un lieu très-chétif, dont la juridiction
s'étend fur toute la vallée, de côté & d’autre de
cette rivière. Dans une étendue de quelques
verftes y il y a un bas-fond très-humide & très-
falin où Ton voit quantité de fourmillières (de
ces fourmis jaunes qui infeftent affez ordinairement
les pays faîins, & qui s'introduifent même
dans les maifons) qui occupent fur toute la furface
du fol des buttes en pain de fucre, qui font toutes
blanches de ce fel décompolé, mêlé de natron,
dont il a déjà été queftion ailleurs.
Le pays élevé qui borde ce bar-fond forme un
rivage très-efcarpé. Le fol en eft argileux & propre
à la culture j cependant les laboureurs fe
plaignent qu’au bout de peu d'années l’herbe, &
fürtout la mauvaife, prend tellement le defliis
dans leurs champs § qu'ils en deviennent incultes.
Ce fol eft d'ailleurs trop poreux & trop fpon-
gieux pour que les grains y réuflîffent aufli bien
que fur l’autre rive de Tlfchim & de la Karaffum.
La partie delà Steppe Ifchimienne, qui eft Tur-
kaja, renferme de très-grands lacs où le gibier
aquatique abonde: on y voit furtout, en très-
grand nombre, la grande grue blanche, qui a ,
debout, la hauteur d’un homme.
A vingt verftes ou environ de ces derniers, pour
arriver à Tinskalinskaja Sloboda ( endroit peuplé
par des colons ruffes & par des exilés, bâti de-
; puis 1765, ainfî que les villages d’alentour & quel-
| ques autres flobodes voifines ) , les bois de bouleau
vont ordinairement en diminuant jufqu'à Tlrtifch,
& font v o ir , fur la droite, quantité de lacs
: peuplés de karaffes, qui deviennent toujours plus
: fréquens à mefure qu'on approche de Katai. Près
de la première flarion de pofte qu'on rencontre
, après avoir paffé la flobode dont nous avons parlé
f ci-deffus , on trouve quantité de places falines,
I °^. K terre eft fouvent couverte, à un pouce
d’épaifleqr, du plus beau natron , femblable à de
’ la farine, & mêlé de fel de Glauber > de forte
; qu'on pourroit en faire d’abondantes récoltes. Du
refte , le fol commence à devenir ici plus fec &
meilleur, quoique la mauvaife herbe ( l e peuceda-
■ nun}}> commune à tous les environs de Tlrtifch, &
qui indique toujours un fol un peu falin, y croifle
en abondance.
j Près de la ftationde Samiralowo, à vingt-cinq
Yerftes de Bekifchew'o , le terrain eft élevé &
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fablonneux ; mais il sabaiffe tout-à-coup par un
efcarpement très-rapid e, qui forme une vallée
humide & faline.
Note fur la terre propre a faire la porcelaine qui fé
fabrique dans la province d’Ifett.
Tout autour des lacs de Tfchebâr ou Tfche-
barkul & de Jelowoi, qui entr’ eux renferment
fept île s , dont les unes font marécageufes > les
autres font plus élevées, mais toutes couvertes
de brouffailles tout autour de ces lacs, avons-
nous d i t , de même qu'à l'entour de celui de Je-
landshik , la roche eft çompofée d’une pierre
micacée, d’ un gris-roux, melée de couches de
fchifte corné , & Ton a trouvé dans cette roche ,
en plufieurs endroits, particuliérement dans le
côté attenant à l'Ural, des indices de glacies maris.
( pierre fpéculaire ou verre de Ruflze), dont
on a même ouvert quelques carrières qui en fourniffent
toute la, province d’I fe t t& fes environs.
Une de ces carrières eft fituée à plufieurs
verftes, au nord-eft de la fortereffe de Tfchebar-
kul, dans un terrain un peu élevé & rocailleux ,
entièrement compofé d’un quartz rougeâtre ou
blanc, fec & très-fouvent fraCturé , paroiffant
feuilleté dans la fràCture, & pénétré de blende
fans aucune régularité. La terre végétale qui la
couvre, eft une argile rougeâtre» mêlée de fable
micacé. C'eft dans cemême quartz que Ton trouve
cette pierre fpéculaire ou glacies maris : on la
diftingue par la groffeur de la blende où elle eft
renfermée en tables, en couches & fous diverfes
fçrmes ; elle eft rarement pure , médiocrement
tranfparente, & tout au plus de la groffeur d’ une
palme. On rencontre aufli, dans la partie méridionale
du lac, une pierre fpéculaire en groffes maffes,
tout,e. noire à l’extérieur , & qui fe fépare en
lames très-fines, mais un peu caftantes ; elle forme
un filon d’ une aune & demie de hauteur dans une
roche verdâtre. Cette blende fe trouve jetée ,
pêle-mêle, dans la gangue , en grandes & petites
tables, & mêlée en divers endroits avec une concrétion
argiieufe de couleur blanche. Les feuilles
minces de ce glacies maris o n t , lorfqu'on les
oppofe à la lumière, une couleur verdâtre ou d ’un
brun-olivâtre , & , lorfqu’on les paffe au feu ,
elles fe réparent ou deviennent poreufes fans
fubir pour cela le moindre changement dans leurs
couleurs.
Fabrique de la porcelaine. .
A fîx lieues de la fortereffe on voit le lieu où on
lave & on prépare la terre à porcelaine de la province
d’Ifett pour la manufaéiure impériale de
Pétersbourg. Cette fabrique préparatoire, appelée
G-linoptomiurlna fabrica , eft établie depuis 175 2.,
& confifte en deux bâtimens pour les lavoirs -3 un
kangar pour faire fécher la terre à porcelaine ,
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une tnaifon pour le maître, & une dixaine pour
fes dix-huit élèves, outre les magafins néceffaires
pour l’argile non préparée. Tous les travaux s’exécutent
avec beaucoup de> propreté. On.y emploie
environ vingt-quatre grands baquets, outre cent
quatre tonneaux de dépôt, qui ont chacun près
de fix pieds de hauteur. L'argilè crue, qui aujourd'hui
ne fe tire..plus d’ailleurs que des bords
de la Misj-r.ek, fe met d’abord dans les. grands
baquets, où Ton a foin de la délayer exaétemeic
dans de l'eau bien pure en l’agitant beaucoup.
Il lui faut alors fix à huit heures de tems pour dé-
pofer toutes les parties groflières & fablonneufes
ce qui fe fait, dit-on, beaucoup plus, vîte lorfque
le tems eft ferein, que dans les jours fombres & plu-,
vieux j enfuite on fait paffer cette argile, délayée,
avec de l ’eau, à travers, de fins tamis de c r in ,
dans d’autres baquets, où on lui laifle encore le
tems de dépofer > après quoi Ton paffe la liqueur
la moins épaiffe par des tamis de taffetas, & Ton
en remplit les hauts tonneaux de dépôt dont nous,
avons parlé. C ’eft là que fe dép.ofe la fine carre:
blanche à porcelaine, & à mefure que Teau s’éclaircit
on la fait écouler par les différens trous,
fermés chacun d’un bondon, que Ton a pratiqués"
dans ce tonneau, à différentes hauteurs. Lorfqu'il
n'y refte plu$ qu’une bouillie affez épaiffe, on la
tire des tonneaux de dépôt pour la. verfer toute
enfemble dans des baquets placés en trois ran-:
gées, pofées les unês fur les autres.. Après ce petit
repos à chaque reprife, on fait couler cette
bouillie , par une ouverture, du baquet fupérieur
dans celui du milieu, & de celui-ci dans l’inférieur,,
afin que les parties Tes plus groflières & ce qui
refte de fable puiffent encore fe précipiter au
fond de ces baquets : c ’eft par-là que fe termine
l’opération.
L'argile, ainfi purifiée , fe porte dans une mai-
fon, dont l'intérieur eft échauffé fortement au
moyen de quelques poêles : on la verfe dans des.
cadres garnis He- toiles à v o ile , & pofés fur des
chevalets pour que l'eau puiffe en dégoûter plus
facilement. Enfin, lorfque cette argile à porcelaine*
devenue blanche comme la neige, eft parvenue à
une certaine confiftance , on en forme, en la battan
t, de très-grandes briques, dont trois, lorf-
qu’elles font entièrement fèches,pèfent un poude.
On les marque toutes d’une empreinte particulière.
Cinquante poudes d’argile brute fe ré-,
duifent, après avoir fubi toutes les manipulations
, à environ fept poudes & demi de fine
: terre à porcelaine, dont on prépare entre trois à
quatre poudes chaque mois. On. livre chaque hiver
la provifion de Tannée à la chancellerie provinciale
d’ I fett, qui l’expédie, au commencement
du printems , à Blagodat-Kufchuwrndskoi-
■ Sawods , au tribunal des mines qui y réfide, & qui
expédie le tout,-par des bâtimens, dans la Kami *
& , de* cette rivière , dans le Wolga., jufqu’à Pétersbourg
'-3 à l'adceffe du cabinet impérial.