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quentées. Les eaux minérales dti département de
l'Aliier font les eaux chaudes deNéris, où fe voient
les reftes d'un aqueduc & d'un amphithéâtre romains.
Lors du tremblement de terre de Lisbonne,
une des fources s’éleva au dcffüs de Ton niveau en
chariant une quantité fort conlidérable de pierres
& de fables qui comblèrent la plus grande partie
de fon baflin. Les eaux chaudes minérales dé Bour-
bon-1'Archambault, même département, font célèbres.
Entre Cérifly & Bourbon fe trouvent les
eaux minérales ferrugineufes de Saint-Pardoux. Les
eaux minérales du département de l’Yonne font
celles de Toucy, d’Appoigny, de Diges & Pour-
rain, des Écharlis dans la commune de Villefràn-
che, deNeuilly, deChamplot, deSaint-Germain-
des-Champs, de VilleErgeau , de la Vault, de
Lugny, de Vézelai, de Véron près de Sens, de Tonnerre,
de Cerizier, de Belembre près d’Auxerre.
A Charbonnière, près de Lyon, eft une fource fer-
rugineufe & fulfureufe. Les eaux minérales, dans
le département d’Indre oc Loire , font à Sambian-
cey & à Vallères. Dans le département de la L o zère
il y a un grand nombre de fources froides &
acidulées ; mais les plus célèbres eaux minérales
de ce département font les eaux thermales &■ _ ful-
fureufes de Bagnols. La fontaine fort d’une grande
voûte qui eft au bas du village de Bagnols, fitué à
Lorient, & bâtie en amphithéâtre dans un terrain
pyriteux, fur la gauche du Lot. A Caftera, dans
le département du Gers, oïi trouve' des eaux minérales.
Dans le département des Baffes-Pyrénées
il y a des eaux minérales dans la vallée d’Oflau,
qui Portent d’un monticule calcaire, & à une demi
lieue de là, dans une gorge étroite, où les
montagnes s’élèvent très-majeftueufement, il y a
des eaux chaudes qui Portent d’un fond de granit j
ce qu'on doit remarquer avec foin comme une cir-
conftance fingulière.On trouve, dans l’île de Corfe,
des eaux minérales gazeufes au canton d Orezza,
& d’autres ferrugineufes au cap Corfe, & ailleurs ,
dans Fiiimorbo, les eaux thermales de Migliac-
ciajo.
Il y a encore beaucoup d autres endroits en
France où l’on rencontre des fources d’eaux minérales
dignes d’être indiquées & décrites ; mais
nous nous attacherons à en donner des notices
dans les articles particuliers de ce Dictionnaire.
France ( Ifle de ). Le contour de cette île eft
de quatre-vingt-dix mille fix cent foixante-huit
toifes. 5on plus grand diamètre eft à peu près ,
nord & fud, de trente- un mille huit cent quatre-
vingt-dix toifes; & fa plus grande largeur, prife
à peu près eft & oueft, eft de vingt-deux mille
cent vingt-quatre toifes. Sa figure eft ovale, ayant
Le fommet du nord plus alongé, & celui du fud plus
aplati. Sa furface eft de quatre cent trente-deux
mille fix cent quatre-vingts arpens à cent perches
de vingt pieds de longueur.
Çe^e dé a deux très-beaux ports, l’un plus
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petit & fitué vers le milieu de la côte de l’oueft de
i’ile : c’eft là qu’eft le principal établiffement de
la côte de l’îls. On n’entre dans ce port qu’en fe
touant, mais on en fort vent arrière > il eit connu
fous le nom de Port-Louis. L’autre port, appelé
Port-Bourbon, eft vers le milieu de la côte eft de
l’île 5 il eft très-vafte & fort fûr. On y entre ver.t
arrière ou vent largue ; mais la fortie en eft difficile
à caufe des vents qui, foufflant toujours de
la partie du fud-eft, donnent prefque directement
dans les deux paifes qui forment les débouches du
port.
Le contour de l’île eft en généra! tout de
roche. Le fond de la mer, aux environs delà côte,
eft couvert de coraux, de madrépores & d'amas
de coquilles : il y a peu de fable véritable , & ce
qu’on en trouve fur le bord delà mèr n’eft guère
qu’un amas de débris de coquillages. La côte eft
bordée de refiifs, contre lefquels les vagues viennent
fe brifer. Ces reflifs s’étendent quelquefois à
plus d’une lieue de la terre; en forte qu'on peut
faire en fureté une bonne partie du tour de l’île
dans une ïimple pirogue. Il n’y a que la partie du
fud , où la mer brife prefque partout, fur la côte
même ; ce qui la rend inabordable, excepté dans
certains endioits, où un canot peut fe mettre à
l’abri de la groffe mer.
La plus grande partie de l’île eft couverte de mon-
; tagnes, dont les plus élevées ne furpaffent pas quatre
cents toifes* Le Port-Louis en eft entouré à demi,
ainfi que le fort-Boui bon. Toute la partie du nord-
; oueft eft ferifiblement unie, & celle du fud-oueft eft
toute couverte de chaînes de montagnes de trois
! cent à trois cent cinquante toifes de hauteur :1a plus
haute detdutesen a quatre cent vingt-quatre.
Le terrain ds l’ile eft en général affez bqn ; mais
le fol eft partëfmé d’une quantité prodigieufe de
pierres de toutes groffeurs, dont la couleur eft cen-
drée-noire. Une grande partie eft criblée de trous ;
elles contiennent la plupart beaucoup de fer, &
la furface de la terre eft couverte de mines de ce
métal. On y trouve audi beaucoup de pierres-
ponces , particuliérement fur la côte feptentrio-
nale de l’île ; des laves ou efpèces de laitier de fer,
des grottes profondes tx d’autres veftiges mani-
feftes de volcans éteints.
L'IJle de France eft prefque toute couverte de
bois qui font affez beaux, iuriout du côté du fud-
eft de l’ile; mais ils font fort embarraffés defouges
& d e lianes.Les principaux arbres fontlepalmifte,
le latanier , le vacoa > le mapou, le bois de natte à
grandes & petites feuilles ; ces deux dernières efpèces
font les plus beaux bois rouges de Y lie : le bois
de canelle, qui n’eft pas une efpèçe de canellier,
mais un grand arbre, d’un bois affez liant & léger,
le plus propre & le plus employé à la menuiferie ;
le bois de lait, ainfi appelé d’une liqueur blanche
& gluante qui en fort lorfqu’on le caffe fur pied ;
le colophone, ainfi appelé d’une réfine qui en dif-
çille, mais qui n’eft pas U véritable colophone.
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C ’eft au refte un des plus gros & des plus beaux
arbres de l’île : le benjoin, gros arbre qui n’ a au-’
cun rapport avecle benjoin des îles de la Sonde &
des Moiuques, mais ainfi nommé) au lieu de bien-
joint, parce que c'elt le bois le plus liant du pays :
fi ne s'éclate jamais, fi eft excellent pour le cha-
rônage : le baux tacamaca, le bois de ronde,
l’ébène, qui eft de trois fortes, favoir : l’ébène
blanc, l’ébène noir, & l'ébène veiné de noir &
de blanc : le bois puant, qui eft très-propre pour
la charpente : le citronnier aigre, l'arbre de fougère
, le manglier 8c le veloutier.
UIJle-de-France eft arrofée par plus de foixante
ruiiîéaux; ils font fort près les uns des autres,
dans la partie méridionale de l'île : fi y en a même
de fort confidérables, que leur largeur 8c leur prb-i
fondeur rendent très-difficiles à pafler. Le milieu
de l'île eft rempli d’étangs d’eau douce, qui font
'les fources de la plupart de ces ruiflèaux. La cote
du nord-éft 8c du nord-oueft de l'île eft fans eau :
on n’y rencontre guère que des mares d eïiQ
falëe. . . . .
Dans les ruiflèaux de VIJle-de-France on peche des
chevrettes, fembfebles à celles qui viennent à Paris
des côtes de Normandie; des anguilles, des cab
o ts , des poiffons qu'on appelle carpes de rivière,
quoiqu’elles ne reffemblent a nos carpes que par le
goût; 8c enfin des mulets d'eau douce. Dans les
mares & dans lés grands trous remplis d'eau , qui
le trouvent dans les lits des rivières, on pêché dés
lubines 8c des anguilles qui ont quelquefois cinq
à fix pouces d'épaiffeur 8c quatre à cinq pieds de
long ; elles font fort voraces, 8c entraînent même
allez, fouvent au fond de l'eau ceux qui ont l'imprudence
de fe baigner dans ces mares.
Quant aux poiffons de mer que l'on prend fur
la côte, on doit mettre à la tête le requin, la
groffe raie, le diable de mer : on y trouve aufli fou-
vent de groffes tortues de ; mer, des lamentîns,
dont on fe rend maître de la même'manière que de
la baleine, en les harponant. Il y a beaucoup d'huîtres
a I•lfle-dcrFrance, mais on ne peut les ouvrir
qu’en les caffant avec le marteau. Le poiffon le
plus délicat eft une efpèce de turboun ; fi a du
moins la figure 8c le goût de ce poiffon.
Les animaux qu’on trouve dans YlJle-de-Francc
font dés ce r fs, en tout femblables à c,eux d’Europe,
8c dont la chair eft excellente pendant les
mois d’avril, mai, juin, juillet 8c aou: , des ca-
bris & dç.s cochons fauvages : ces derniers font
rarement bons à manger. On y trouve des lièvres,
une grande quantité de finges, qui font beaucoup
de dégâts dans les champs de maïs & dans les autres
plantations; des rats & des fouris qui font, beaucoup
de ravage dans les blés. • : : ;•
Les oifeaux les plus communs font les frégates,
les fous ou fouquets, les corbigeaux, les goilans,
les alouettes de mer, le pailles-en-cul dé deux
fortes, l’une dont le b e c , les pattes & les pailles
Géographie-Phyjique. Tome I F .
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font rouges , & l’autre dont le bec, les pattes &
les pailles font blancs; des perroquets de quatre
fortes, & les perruches vertes : on mange de
toutes cés efpèces de perroquets. On trouve, dans
les bois, des pintades-, des ramiers de deux fortes,
une efpèce’d’éperyier qu’on appelle mangeur-d?-
poule, après lequel les petits oifeaux s’ artroupenr.
Il yapeu de ces petits oifeaux ; ils (ont femblables
à nos linotes & à nos méfanges. Dans les plaines
font trois fortes de perdrix, dont le goût eft allez,
fèmblabiê à celui des perdrix grifes d’Europe, mais
dont les cris n’ ont aucun rapport. Le cri du mâle
d’une efpèce relfemble à celui d'un coq un peu
enroué. On y trouve enfin deux efpèces de chauve-
fouris, l'une plus petite, la même que celle qu’on
a en France, l’autré beaucoup pltis groffe, & de
la caille d’un chat de deux mois, fort graffe dans
les mois d’avril, mai, juin, juillet&août, & qu’on
met au pot comme on met une volaille..
Les infeétes les plus incommodes & les plus
communs font, des nuées de fauterelles; les chenilles,
les carias, qui détruifent les plus gros arbres
dans les bois; les fourmis, dont les maifons
font pleines; lés cancrelas de trois efpèces; les
grillons, les coufins ou maringouins, qui font un
peu plus gros que les nôtres ; les fcorpions & les
mille-pieds : les maifons en font remplies, furtout
dans les bas un peu maçonnés & un peu humides.
Il n’y a pas de ferpens dans YIfle-de-France : on
prétend qu’ils n’y peuvent vivre , mais que dans
les îles voifines, appelées \Tle-Ronde, Y Ile-Longue
& le Coin-de-Mire, on trouve beaucoup de couleuvres
& de ferpens. Sur l’ile appelée le Coin-de-
Mire il y a des lézards longs d’un pied & gros d’un
pouce, au lieu qu’ à YJJle-de-France on n’ en voie
que de petits courir fur les murailles, comme ceux
dés environs de Paris.
La dixième partie de l’île , ou à peu près , eft
défrichée & cultivée. On y fème du froment, de
l’orge, dè l’avoine, du riz, du maïs & du millet.
Une partie des terres eft en manioc pour nourrie
les Noirs. On fait, en quelques endroits, du fucre
! & de fort beau coton. On ne peut labourer les
L terres à caufe des pierres : on les façonne à la
houe, & l’on jette quelques grains dans les trous
qu’on forme; ainfi lès nouveaux terrains défrichés
font fort fertiles, mais on les fait trop travailler.
Les grands abattis.de bois qu’on a faits pour établir
certains quartiers les ont rendus fujets à des
féchereffes qui donnent aux terres une forme pulvérulente
, entretiennent les infe&es & les fouris.
Les fruits les plus communs font lès pêches, qui
ne font pas fondantes ; lès bananes, les ananas, les
papayes, les goyaves. Il n’y a prefque pas d'oranges
douces, ni de citrons doux, ni de mangues ,
ni de cocos : les pommiers, lès poiriers, les pruniers
, les noyers n’y peuvent réüflir : on y manga