
J A I
J A 1 K , fleuve de Sibérie. Le Jaïk e ft, de tous
les fleuves ou rivières qui coulent veis l'oueft &
prennent leurs fources dans le ment Ural, le feui
qui ait la fienné dans la partie orientale de ces
mon s , & qui perce ou traverfe la roche granitique
proprement d ite , qui fe prolonge vers le fud
dans la Steppe kirgifienne. C'eft vêts Guberlinf-
kaja & Minsk ja-Krepoft que le J'aïk s'ouvre ce
paflage; car la chaîne de montagnes appelée Gbif-
skijint, qui s’étend entre ce fleuve & la Satnara,
s'appartient-proprement qu'à la chaîne de montagnes
à couches horizontales, qu'il ne faut regarder
que comme une btanche de la chaîne pri
mitive, quoiqu'on la regarde communément pour
une véritable prol ongation de l'U ra l, & qu'on
puifie néanmoins J’envifager comme la ligne de
démarcation entre l'Europe & l’Afie, & la prolonger
jufqu'à la mer Cafpienne , tandis ‘qu’elie détermine
auffi très - firiéfcement cette ligne en tirant
vers le nord , ' jufqu’à la Mer-Glaciale & à
l'embouchure du fleuve Oby. '
Steppe de la contrée du Jaïk.
Dès qu'on a quitté le vallon agréable qu’arrofe
la Saratitffik, on pat vient à des marais defféchés,
où l'on ne voit que des rofeaux fe c s , & cette
même nature de terrain continue jufqu'au lieu appelé
la Redoute de Gurjef, qui n'elt autre chofe
qu'un amas de quelques buttes de terre ou de
clayonnage entouré d’un petit foffé & garni de
chevaux de frife. On à conftruit tout auprès une
tour d'pbfervation. Les amples finuofites du Jaïk3
£ multipliées, & d'autant plus difficiles à recon-
noître , que les inondations du printems en changent
foùvent la direélion, commencent ici. Toute
la contrée n’eft au furplus qu’un marais falé , où
l ’on eft* tourmenté par les coufins pendant l’été ,
d'une manière tellement infupportable, qu'on ne
pourroit imaginer de plus rude fupplice pour des
malfaiteurs, que de les exiler dans ce canton, où
il feroit aifé, par exemple, de les occuper à tirer
de la cendre de foude des plantes falines. Excepté
les rofeaux & le gramen de marais , il ne vient,
dans toute cette contrée, prefque point d'herbes
propres à faire du foin ; ce qui fait que le bétail,
& particuliérement les chevaux, y eft en très-
mauvais état.
C'eft principalement au deffous de la redoute ,
que le Jaïk forme des finuofites fi étonnantes,
u’au bout d’une navigation de huit verfts & au-
e là , on ne fe trouve pas encore à un werft &
demi en ligne direfte de l'endroit d'où on eft
parti. En général, le chemin de cette redoute à
Gurjef, qui n’eft que d'environ vingt werfts , fe
trouve alongé de près du double par les détours
que décrit le fleuve. Les bords du Jaïk commencent
déjà,au deflus de Saraîfchik , à fe garnir de
rofeaux; & plus on approche de la m tr , plus ces
mêmes rofeaux augmentent en quantité & en hauteur;
de iorte qu'il n’eft pas rare d’en voir dé
neuf & même de douze pieds de haut, & d'un
pouce de diamètre. Ces rofeaux occupent non-feulement
les bords du lit principal du fleuve, mais
rempüffent encore à peu près tous fes bras ad-
jacens.
Lorfqu’on voyage dans cette aride contrée on
eft fouvent réduit à la néceflîté de fe fervir de la
bouffole, attendu qu'il n’exifte aucune route frayée
dans la Steppe, excepté quelques fentlers faits par
les beftiaux que l'on mène boire à la mer, quelque
fois à quatre-vingts vt-rtts dediifance. C'-’ft ainfi
qu’on eft obligé de paffir quatre jours dans ces
déferts, fans y trouver d’ afile à plus de la moitié de
la Steppe qu’on appelle la Sablonneufe. Ces fables
ne font autre chofe que la prolongation ou l’extrémité
de ce qu'on appelle les Rïn-Pe^ki. Il commence
au deffous du lac d'Elton, St il eft partout très-
abondant en fel.
Après avoir paffé ces fables, il refte encore à
traverfer l’autre moitié de la Steppe appelée Père-
miot, qui eft entièrement unie, mais abfolument
dépourvue d’eau douce. Le voyageur eft obligé de
chercher de l'eau dans le fein de la terre, & les
anciennes foffi-s pratiquées par les Calmouks pendant
leurs ftationspaffagères dans la Steppe, four-
niflent des indications à cet égard. Mais la féche-
reffe dans la belle faifon y eft fi extraordinaire ,
qu elle fait retirer les veines d’eau plus profondément
en terre, & l’eau ne paroîc fouvent qu’ à une
profondeur de plus de fix pieds, qu'on eft obligé
fouvent d’ en creufer de nouveaux, étant auffi faléè
que celle des flaques. Quoiqu'il foit difficile de
trouver de ces fources d'eau douce & fraîche il
n'elt pourtant pas extraordinaire d’en rencontrer,
& tour auprès des premières, à une fi petite dif-
tançe, que cela paroît d'abord incompréhenfible ;
mais lotlqu'on a examiné avec plus d’attention la
nature des eaux de la Kamyfch-Samara, en le procurant
des notions exactes fur cet objet, ce phénomène
paroît tout-à-fait narurel.
Il eft une preuve prefque fûre qu'excepté les
eaux que la mer Cafpienne répand fur fa r iv e ,
toutes les eaux fraîches qu’on rencontre dans cette
Steppe viennent de la Kamyfch-Samara ; car il faut
néceflairement que ces eaux, qui s'augmentent &
fe
fe groffiffent continuellement de celles que la petite
rivière d’Ufzeni y conduit, s’écoulent par des canaux
qui s’ouvrent des partages par lefquels ils fe
répandent dans la Steppe; mais comme toute la
Steppe eft parfemée de places falées, il eft naturel
que les ruifleaux ou filets d'eau qui traverfent dans
Jtur cours quelques-unes de ces places falées, ou
qui atteignent quelquefois les grandes mafias de
fe l, foumifient de l’eau devenue falée : de là
vient l’origine de tant de petits laesTalés, dont
cette contrée abonde. Mais les filets d'eau qui fe
fraient un paflage à travers le fable ou des terres
argileufes confervent leur eau pure, & , fuppofé
même qu'il s ’y mêlât quelquefois un peu de fe l,
elle ne tarde pas à en dépofer les molécules en fe
filtrant au travers de ces lits de fable dont nous
avons parlé; ce qui paroît démontré par les puits
creufés fur les rivages de la mer, où l’eau de mer
devient entièrement douce au moyen de la filtration.
JAMES. C'eft ainfî qu'on nomme en efclavon
les dégorgeoirs qui, après des pluies abondantes,
Vomifient des colonnes d'eau qui s'élèvent quelquefois
à la hauteur de vingt,pieds, & inondent
des vallées fort étendues dans la JDalmatie. Une
quantité furprenante de poiffons fort auffi des entrailles
de la Terre avec l'eau des james. Après un
certain tems de ftagnation, ces mêmes dégorgeoirs
deviennent des goufres abforbans, où l’eau rentre
avec les poiffons. Les habitans du pays fàiftffent le
tems de la rètraite des eaux pour prendre abondamment
de ce poiffon , en tendant des filets ou
des naffes à l'ouverture des goufres abforbans.
Il paroit que les james ne dégorgent que lorfque
les fouterrains qui communiquent avec eux font
pleins d'eau, & que l’eau n'y rentre que lorfqu’iîs
font à fec.
On a remarqué que les james fe bouchent de
plus en plus par les murs que les habitans y ont
■ conftruits pour y établir leurs naffes, & qua par
ces travaux mal entendus la rentrée des eaux eft
plus lente & le deflechement des vallées plus retardé;
ce qui aplufieurs inconvéniens. ( Voyep
Dégorgeoirs , Frais puits, A bsorbant,-
(Goufres). )
JAVA. Cette île offre une récolte dont nous
allons préfenter les détails. On trouve fur Je cap
deux cavernes qui fe prolongent horizontalement
dans le roc; elles contiennent en grande quantité
ces nids d’oifeaux recherchés avec tant d’empref-
fement par les connoiffeurs de la Chine. Ils pa-
roiffentcompofés de filamens déliés, réunis par un
gluten tranfparent, affez femblable à cette gelée
que l'on voit fur les pierres que la marée couvre
& découvre alternativement, ou bien à ces lubf-
tances animales gélatineufes que l ’on voit fouvent
flotter fur les bords.de la mer. Dans ces cavernes
les nids fe touchent tous, & font difpofés en
Géographie-PhyJîque. Tome IV *
lignes régulières contre les parois des cavernes.
L ’oifeau qui les conftruit, eft une très-petite hirondelle
noirâtré en deflus, & qui a le ventre d’un
blanc-fale. Elle eft connue des naturaliftes nomen-
clateurs, fous le nom de falangane ( hirundo efeu-
l e n t a ). Lorfqu'on pénètre dans ces cavernes, on
rencontre un très-grandjiombre de ces oifeaux qui
voltigent autour des gens qui vont les obferver. S
On prétend qu’on trouve également ces nids
dans les montagnes du centre de l ’île de Java, &:
à une grande diftance de la mer; mais dans ce cas
ces hirondelles ne tireroient aucun fecours de là
mer, foit pour leur fubliftance, foit pour la conf-
truélion de leurs nids; car il n'eft pas probable
que ces oifeaux paffent des montagnes fort élevées
jufqü’aux bords de la mer, pour fe procurer leur
nourriture ou les matériaux avec lefquels ils conf-
truifent-leurs nids. Elles vivent des infeétes ailés
qu'elles prennënt en volant fur les eaux ftagnantes,
entre les montagnes'. Leur large bec leur facilite
cette chaffe : dès-lors elles compoftroient leurs
nids avec le fuperflu de leur nourriture. Les c i seaux
de proie fonda guerre à ces hirondelles, &
•les enlèvent quelquefois àlèur paflage, foit qu'elles
entrent dans les cavernes, foit qu’elles en reffor-
tent. La couleur & le prix des nids dépendent de
la quantité &: de l’efpècedesinfeéles que prennent
les hirondelles, & peut-être auffi du lieu qu’elles
choififlènt pour cette conftrudtion. On juge de la
valeur des nids par la finefle & la délicateffe de
leur texture : ceux qui font blancs & tranfparens
font les.plus eftimés^ Ils fe vendent fouvent à la
Chine pour leur poids d'argent; en forte que c'eft
un objet important de commerce pour les Javanais,
que ces nids d’hirondelles. 11 y a beaucoup
d'hommes de cette chaflé dès leur enfance. Les
oifeaux emploient environ deux mois à mettre
leurs nids en état de recevoir deux oeufs qu’ils
couvent enfuite ; & lorfque les petits peuvent voler
, ;on enlèveles nids. Cet enlèvement le répète
deux fois l’année. On defeend dans les cavernes
avec des échelles de bambou ou de cordes : on
fe fert de flambeaux faits d’une gomme qui découle
d'un arbre du pays, & qui ne s'éteint pas
aifément au milieu des vapeurs foute rraines. Quelques
voyageurs foupçonnent qu’ il y a deux efpèces
de ces hirondelles, dont les nids L nt également
recherchés. ( Voye^ le Voyage de lord Alacartney a
la Chine').
ICEBERGS, glaciers des terres voifines du pôle
nord. Ces glaciers font une des plus étonnantes
merveilles du Spitzberg & du Groenland; ils font
au nombre de fept dans le Spitzberg , mais placés
à des diftances confidérables l’ un de l’autre. Chacun
remplit des vallées dont on ne connaît pas
l'étendue, parce qu'elles fe trouvent dans une région
dont l’intérieur eft totalement inacceffible.
Les glaciers de la Suiffe, fi l'on en croit les voyageurs^
ne font rien en comparaifon de ceux-ci ;