
& plus dure j ne donne pas un aliment aufli délicat ,
mais réfîfte mieux à la chaleur du climat. On ne
plante de mûriers blancs'qu’autant qu’il en faut
pour nourrir les vers pendant qu’iis ne font pas
encore allez forts pour entamer la feuille du mûrier
noir.
Les vins de Y Italie n ont ni le feu ni la delica-
teffe de ceux de Champagne 6c de Bourgogne;
mais ils font pleins de corps 6c de force lorfque
les vignes qui les produifent, font baffes -6c cultivées
comme en France j car ceux qui viennent de
ces fameufes vignes chantées par les poètes , dont
les magnifiques guirlandes fe répètent à trois ou
quatre étages. jufqu'à la cime des peupliers , ne
peuvent plaire qu'à ceux qui y -font accoutumés.
L e s raifins ne parviennent point enfemble à une
pleine 6c entière maturité. Les grappes les plus
baffes commencent à pourrir lorfque les plus hautes
ont à peine changé de couleur 3 6c ce mélange
produit des vins aigre-doux qui parodient détectables
aux étrangers.
Les huiles Italie n’ont pas la fineffe de celles
de Nice & de Provence} aufli les Italiens trouvent
celles-ci trop fades} ils veulent que l'huile
ait, comme ils dirent, le goût du fru it} mais il y
à lieu de croire que cette différence tient à la manière
de les extraire 6c de les conferver} car quelques
particuliers de Naples qui ont effaye de préparer
leurs huiles Clivant la méthode ufitée en Provence
, difent en avoir obtenu de tout aufli douce.
C e n’eft guère que fur la côte de Gênes Ô^dans
la Calabre ultérieure que les oranges, les citrons,
les bergamotes 6c les autres agrumi fe recueillent
enaffez grande abondance pour que ces fruits &
les effences qu'on en retire, faifent un objet d’ex^
portation 6c de Commerce. La chaleur du climat
n’eft pas la feule fbndition néceffaire pour la production
de ces fruits : il leur faut de plus des ar-
rofemens confidérablès. Ils ne réufliflent point à
moins qu’on ne puiffe les inonder entièrement. Les
plus magnifiques jardins de ce genre font dans les
environs de Reggio en Calabre. Tous les arbres de
ces jardins ont, autour de leur p ied , un creux
revêtu de te r re , & l’on fait entrer dans chaque
jardin un ruiffeau q u i, par dès conduits pratiques
avec a rt, vient remplir ces creux une ou deux lois
par jour. Le ruiffeau, qui appartient au feigneur,
lui fait un reveriu confîdérable, parce qu’il en loue
Jes eaux aux poffeffeurs des jardins à un très-haut
prix, proportionné au nombre de minutes pendant
lefquelles ils en jouiffent.
La manne, les figues , les raifins fecs & les
amandes font encore des productions de Yltalie
méridionale, dont il fe fait une exportation avan-
tageufe.
La mer qui baigne les côtes de Y Italie eft. extrêmement
poiffonneufe & en général lJ Nature a été
tellement prodigue de fes biens en faveur de 17-
talic3 furtout de l’ Italie méridionale, que le plus
léger travail fufftt à l’homme pour lui procurer fa
] fubfiftance. • C ’eft', à plufieurs égards, le plus dé-
j licieux pays de TUnivers j mais l’infalubrité de
prefque toutes les campagnes dans les plaines,
excepté celles de la .Lombardie, le danger des
| tremblemens de terre, la pareffe du peuple & les
] maux qui en font la fuite, font des compensations
] fufüfanies pour confoler les habitans des pays envers
iefquels la Nature a été moins libéraie.
La population de Yltalie l’emporte fur celle de
la France, relativement à fon étendue.
On trouvera dans la defcription des différentes
parties de cette belle contrée , le caraCtère phyfi-
que & moral de fes habitans.
| JURA (Mont). Le mont Jura eft une longue
I chaîne de montagnes, qui s’étend depuis le Rhin,
près de B âle , jufqu’ au Rhône, à quatre lieues au
deffous de Genève. Cette chaîne eft tantôt plus,
& tantôt moins élevée,} elle varie aufli beaucoup
dans fa largeur} enfin, elle prend, dans cette étendue
, différées noms particuliers. Le long. du
Rhône c’eft le Credo; entre la Franche-Comté & le
Bugey, c ’eft le mont Saint-Claude; c’ eft le mont du
Joux vers les fources de l'Ain & du Doubs en Franche
Comté. Ailleurs on trouve les monts de Joux
dans le bailliage.de Romain-Moutiers} dans l 'évêché
de Bâle, Pierre-Perthuis. Plus du côté de Bâle
& de Soieure , le mont Jura eft appelé Boutçberg.
Le Jura n’eft pas, comme on vo it, une feule chaîne
de montagne , mais en renferme plufieurs. Il préfente
cependant, dans ces diverfes parties, Je
même fyftème de compofïtion dont l’expofition
fimple 6c fuccin&e doit intéreffer les naturaiiftes.
Le roc qui fait la bafe de ces montagnes eft en général
de pierre calcaire. En conféquence de certains
déplacemens furvenus dans les couches de
la bordure des diverfes chaînes du Jura 6c des routes
fouterraines que les eaux de la fonte des neiges
6c des pluies fe font faites, ces eaux, après avoir
circulé dans les vaiiées fupérièures, font abforbées
par des entonnoirs, 6c rçparoilièntdans les vallées
intérieures en fources très-abondaBtes. L ’induf**
trie des hommes a trouvé le moyen de mettre à
profit l’ eau dans ce trajet, en conftruifant au milieu
de ces ouvertures fouterraines des moulins
qu’elle fait tourner dans fa chute : on en trouve
auLocle, à la Chaux-^de-Fond,au deffusde Couver
& à la Brevme. Les ulinès font conftruites à
une grande profondeur au deffous de l’ouverture
des liiues fupérieures. C ’eft à la fuite de cette dif-
tribution de l’eau, que la fource de la Reufs fort
tranquillement 6c abondamment de deffous les rochers
au fond du val de Travers , 6c que cette rivière
fe trouve incontinent en état de faire tourner
plufieurs moulins. Il en eft de même de la fource
de la Servière, qui eft-encore pins abondante.
Le Jura eft une des montagnes qui nous inté-
reffent le plus, 6c qui eft d'ailleurs très-dirtinguée
de plufieurs autres qui l’environnent, par des caractères
qu’on a très-peu obfervés & encoie moins
analyféi.
snàlyfés. Il offre dans fa longueur trois bandes ou
filières très - diftinétes , fort remarquables % 6c
d’ une largeur inégale entr'elles : au couchant,
on trouve la baffe plaine qui faifoit ci-devant
partie de l’ancienne Breffe 5 elle a trois lieues
ne largeur} vient enfuice le premier degré des
^-montagnes, qui s’élève affez fubitement, & forme
un plateau de quatre lieues de largeur : enfin,
fuccède la partie entièrement montueufe, parsemée
de fommets & de vallées, laquelle présente
au levant une. bordure à peu près aufli
large que les deux premières divifions prifes enfemble.
■ Si nous reprenons l’examen de ces trois ordres
de contrées , nous trouverons dans la lifière occidentale
, des vignes, des champs cultivés , de
vaftes prairies, des réunions d’habitations plus
-ou moins nombreufes, un fort grand nombre d’ étangs,
beaucoup de ruiffeaux & de petites rivières
qui fe réuniffent à un rendez-vous général dans
le Doubs.
Pour peu qu’on s’élève pour gagner la fécondé
filière du plateau, on y rencontre de fort belles
forêts de chênes, qui font diftribuées dans la
baffe plaine, 6c enluite les vignobles qui régnent
fur toute la longueur de la côte rapide, qui fe i
réunit au premier degré d’élévation': c’eft alors !
qu’on trouve une diminution très-marquée dans
la culture, des forêts d’arbres communs , fort
chétives, & qui conduifent à des cimes couvertes
de buis, 6c plus loin, à des bouquets de fapins,
diftribués fur une ligne confiante} enfin, furies
fommets les plus élevés font des pâturages couverts
de neige fix mois de l’année. C ’eft à ce premier
niveau des montagnes du Jura que l’on
rencontre aufli, lorfque les neiges ont difparu,
des gorges ou vallées , dont la plupart font dirigées
de l’eft à, l’oueft, 6c qui defcendent vers la
plaine baffe de l’Ain 6c du Doubs.
Dans la baffe plaine on rencontre un climat humide,
6c , dans la belle faifon, allez chaud ; il eft
fec & doux fur la'côte, fec & frais dans la contrée
plus -avancée du premier plateau, froid 6c
graduellement plus froid dans les monts plus élevés.
Le quatre faifons ne font pas également ca-
ra&érifées, même dans la plaine baffe} le printemps
s’y remarque à peine} l’automne, ail contraire,
y a des charmes plus durables, 6c l’été y eft
affez chaud, & propre à la maturité des fruits,,
furtout le long de la côte, à la maturité des raifins
: dans la hautemontagne, onneconnoîtgüère
que deux faifons., l’hiver de huit mois, & l’été
de quatre.
Les eaux font abondantes dans la baffe plaine }
quelques-unes y font ftagnantes, mais beaucoup
d’autres y ont une circulation animée} dans la
cote , elles fonf furtout plus vives , fort faines,
& fujettes à des accès torrentiels dans les montagnes
élevées. Nous ne pouvons oublier furtout
Géographii- Jhyfîque, Tome IV*
les fources d’eau faîée qui occupent une affez
grande étendue d e vla baffe plaine, dans les vallées
qui coupent le premier plateau : en rapportant
ces détails peu circonftanciés , nous nous
réfervons de donner une hydrographie mieux rai-
fonnée de tout ce canton montueux, aux articles
D o u b s , A i n , N e u f c h a t h l , J o r a t , 6c c .
Quant aux bois, ils font abondans partout, vigoureux
dans la plaine, d’une foible végétation '
furie plateau, & enfin vigoureux fur les fommets
élevés. Le chêne eft dominant dans la plaine baffe}
le hêtre partage avec lui les forêts du plateau. Les
fapins méritent une confidération particulière,
quant au niveau confiant qu’ ils occupent fur les
montagnes, ainfi que les buis, qui couvrent un
grand nombre de cimes 6c de coteaux, Iefquels
n’offrent que cette production à toutes les expofi-
tions , mais ne croiffant en liberté, 6c n’ayant un
grand développement que dans les forêts méridionales
du grand plateau, fur la rive droite de
l’Ain.
Le fer eft le feul des métaux qui fe montre
en certaine abondance à la furface de la terre,
foit fous la forme de grains, par couches , à un
ou deux pieds de profondeur, foit fous forme
de rochers 6c de snaffes affez pures 6c fans mélanges.
J’ajoute que c’ eft aufli le métal dont on tire
le plus grand parti.
Les autres fofliles, tels que la marfie calcaire
ou argileufe, l’argile , les coquillages, les madrépores
de plufieurs efpèces, fe trouvent fur
tout le long de la lifière du plateau, 6c fe découvrent
fur les coupures des vallées à differentes
profondeurs, au milieu des lits 6c des bancs calcaires
: c'eft aufli dans ces mêmes contrées que
font des marbres affez communs. On peut citer
encore des fragmens de bois pétrifiés dans la plaine,
au milieu des couches horizontales : nous indiquerons
également la tourbe comme un foflile fort
remarquable, vu les différensétats où il fe trouve,
les lieux où il g î t , & les matières premières dont
la nature fe fert pour fa formation. Nous dirons
donc que.les tourbières font fort communes dans
1er hautes montagnes, 6c qu’il n’y a guère de
vallons, dans cette partie élevée' du Jura , qui
n'offrent une tourbière connue & en exploitation.
II n’eft pas tlouteux que ces contrées, couvertes
de neiges les deux tiers de l’année, offrant des
végétaux de toutes efpèces, dont les débris ont
été chàriés par les torrens dans les autres faifons
de l'année, n’aient préfenté toutes les circonftan-
ces les plus favorables à la formation de ces dépôts
confidérablès, qui fourniront long-temps à
la confommation des habitans. Une remarque allez
curieufe, c’eft que ces dépôts ne font pas préci-
fément placés au fond des vallons, mais fur les
parties inférieures des croupes; le fond du vallon
étant to u t-à - fa it dégarni de ces. dépôts par les
eaux coûtantes qui y circulent. Les élémens de U