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s’il eft fouvent modéré y il eft toujours long & durable.
Le printemps eft cou rt, & , quoique pluvieux
, il çffre quelques beaux jours. L’été eft plus
lo n g , mais beaucoup plus inconftant & plus incommode
par les retours fréquens du froid. Le voifi-
nage de la mer & la fonte des neiges y occafion-
nent des vapeurs abondantes qui couvrent le c ie l,
& que le foleil ne difïîpe guère qu’à midi : on peut
très-rarement, par cette raifon , s’y paffer de fourrures.
La plus belle faifoneft l’automne, qui donne
de beaux jours dans le mois de feptembre, mais
ces jours font troublés à la fin de ce mois par des
vents 8c des tempêtes qui annoncent trop promptement
l’hiver.
Les animaux de terre font la richeffe de cette
contrée : les habitans ne leur font la chaffe que
pour en avoir les fourrures. Ces peaux fourniffent
à leur béfoin, à leur luxe & à leur commerce.;
les peaux groflières fervent à les habiller & à les
couvrir ; les plus belles font employées à leur parure
, & enfin à leurs échanges»
Les chiens font attachés aux traîneaux & remplacent
les chevaux : à leur mort, leur dépouille
fert à leur maître. Les renards du Kamtchatka ont
un poil fi beau, fi luifant & tellement épais, qu’ aucune
des fourrures de la Sibérie n’a rien de comparable.
Les Kamtchadales ne font point de cas
des peaux de martres & d’hermines; elles font
trop fines & trop belles pour ce peuple groflier.
Des habitans.
Les Kamtchadales reffemblent, par bien des
traits, à quelques nations de la Sibérie; mais ils
ont le vifage moins long & moins creux, les joues
plus faillantes, la bouche grande, les lèvres épaif-
fes, les épaules larges; ils font petits & bafanés,
ont les cheveux noirs, les yeux enfoncés, les
jambes grêles & le ventre pendant. On croit qu’ils
tirent leur origine des Kalmoucks ; mais on ignoré
£n quel temps ces peuples ont commencé à habiter
cette prefqu’ île. Malgré les inondations, les
ouragans, les bêtes féroces, le fuicide & les
guerres inteftines qui contribuoient à dépeupler
ce pays , cette nation étoit très-nombreufe quand
les Ruftes y arrivèrent.
Chaque famille a fa cabane d’hiver & fa hutte
d’été : pour le logement d’hiver, on creufe un
terrain à quatre pieds 8c demi de profondeur, &
dont la largeur & la longueur font proportionnées
au nombre des perfonnes qu’elle doit contenir.
Toute la charpente eft revécue de terre & d e gazon
: au'milieu du toit on ménage une ouverture
qui tient lieu de porte , de fenêtre & de cheminée.
Au printemps, les Kamtchadales forcent de leurs
huttes d’hiver 8c fe font d’autres logemerts fitués
ordinairement près des rivières, qui deviennent,
dès-lors, le domaine des habitans; ils fe tiennent
en grand nombre vers l’embouchure de ces rivièr
e s , pour faifir, au paffage, les poiffons qui re-
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tournent à la mer ; ils en font fécher pour leur
provifion; ils en confervent la graiffe, qui fert
pour apprêter leur nourriture. Avant l’arrivée des
Ruffes, les Kamtchadales fe fervoient d’os d’animaux
& de pierres dures, au lieu de métaux , pour
leurs outils ; ils en faifoient des couteaux , des
lancettes, dés haches. C’eft avec ces inftrumens
qu’ils fabriquoient leurs meubles & qu’ils eonf-
truifoient leurs habitations.
Ces peuples voyagent dans des traîneaux tirés
par des chiens : un attelage de quatre de ces animaux
ne coûte que 25 écus. Les grandes incommodités
qu’ils éprouvent, font d’être fur-pris dans
les déferts par des ouragans accompagnés de
neige : ces ouragans durent quelquefois de's fe-
maines entières. Alors ils font obligés de fe réfugier
promptement dans les bois , & d’y refter juf-
qu’à ce que l’orage foi't diflîpé 8c que la neige
ne tombe plus. Lorfque l’ouragan les furptend
dans une plaine, ils cherchent un abri au pied de
quelque colline, 8 c , afin que la neige, en s’accumulant
fur eux, ne les étouffe pas, ils font obligés
de fe lever à chaque inftant pour la fetouer ; mais
comme lés vents de fud-eft font ordinairement
accompagnés de neiges humides, il arrive fou-
vent que ceux qui en ont reçu pendant quelques
jours, font tranfis de .froid * parce que les ouragans
finiffent prefque toujours par des vents de
nord.
D e la baie <£ Aw&tska,
Cette baie, qui renfermé le port de Saint-Pierrô
& Saint-Paul j doit nous occuper particulièrement
, parce que c’eft le fèiil point d’attérage du
Kamtchatka. Elle eft fituée fur la côre nor'd-eft,
& plus près de la pointe de h péniïifule, que de
l’ifthme.
A l’article AwatsKa , nous avons indiqué fà
fîtuation géographique d’une maniéré ^lus pré-
cife, & nous avons décrit fort entrée. Cette entrée
a d’abord près de trois milles ( anglais) dé
large, & un mille & demi dans la partie la plus
étroite; fa longueur eft dé quatre milles, & fâ
direction nord-nord-oueft. Le derrière dé l’embouchure
offre un très-beâu baffm de vingt-cinq
milles de circonférence, avec les Vaftes havres dé
Tareinska àj’oueft, de Rakovÿ'eefia à l’eft, & lé
petit hâvré de Saint-Pietre & âaifit-Paul, fitué au
nord.
Pour compléter la defcription, de cette baie , il
ne nous refte plus qu’à faire connoïtre cés trois
havres avec quelques détails.
La largeur du havre de Tareinska eft d’environ
trois milles, &-fa longueur de douze; il fe pro*
longe à l’eft fud-eft, & au fond il eft féparé de
la mer par une langue de terre étroite. Le mouillage
n’y préfente ni rochers ni bancs de fable.
La glace empêche quelquefois de pénétrer au
fond; mais, dans toutes les parties qu'elle permet
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d’examiner, les fondes n’ont jamais rapporté moins
de Lfeep ht âbvrraed edse. Rakoweena mériteroit la préférence
fur les deux autres, fi fon entrée n’étoit
pas embarraffee par un bas-fond qui eft au milieu
du eanal : en général, il faut y entrer à la remorque,
à moins qu’on ait un yent très-favorable.
$a plus grande largeur eft d’un mille, 8c fa plus
petite d’un demi-mille: il a trois milles de longueur;
il fe prolonge d’abord au fud-eft, & en-
fuite à l’eft : les fondes y indiquent de trois à
treize brades.
Le petit havre de Siint Pierre & Saint-Paul
eft, en ce genre, un des plus commodes qu’on
p.uifle trouver. Il contiendroit aifément fix vaif-
îeaux amarrés de l'avant 8c de l’arrièrey8c il offre
beaucoup de facilité pour y faire toutes fortes
de radoubs. La côte méridionale eft formée par
urte langue de terre baffe 8c Cablonneufe, extrêmement
étroite, fur laquelle eft bâti l’oftrog ou
village; les vaifT.-a.ux peuvent prefqu’en. toucher
la pointe, car la mer a trois brafles.de profondeur
au pied. La fonde rapporte fix brades 8c demie ata
milieu du canal, qui n’a que deux cent foixante-
dix-h.uit pieds de largeur ; elle n’en donne jamais
plus de fept, 8c l’on trouve un fond de vafe partout.
KANAGA ( Ile de ), l’une des Aléoutiennes,
fur la côte nord-pueft de l’Amérique; elle renferme
une fourçe chaude qui coule au pied d’une
montagne volcanique. A douze milles de dil-
tançe de Kanaga., à. peu près à la même latitude,
on rencontre la petite île de Bobrovt ï, qui doit
fon nom à la grande quantité de loutres.de mer
qui s’y raffembloient autrefois.
On trouve d’ailleurs, fur les rochers de l’archipel
des Aléoutiennes ou îles du Renard , pl,ufieu.r.s
fortes de moules & de lépas qui y font attachés,
& ne dépaffent pas la marque où l’eau refte. à
baffe mer; ils font bien pleins, & leur chair eft
ferme.
Des baleines font fouvent jetées fur la plage
fablonneufe de la pointe du Tanaga ( autre île
voifine), & fourniffent alors aux habitans de K a -
naga de quoi fe nourrir 8c s’éclairer long-temps.
KAOLIN, PETÜN-SEÉ ou TERRE A PORCELAINE.
( V oy e i Y r ie x ( Saint- ). )
KARASSUM. On trouve le long de la Karaf-
fum , dans la Sibérie méridionale, ainfi qu’en
remontant les bords de Tlfchim, qui fe jette dans
l’Irtifch , beaucoup de débris d’éléphans. C’ett
dans le temps que les inondations du printemps
viennent à enlever la furfa.ce des terres argiLufes,
grades. 8c jaunâtres, qui font parfemées de coquillages
brifés à la profondeur d’une palme,
vers les rivages de ces rivières, qu’on trouve de
ces. olKmens à, découvert-. M. Pallas, dans fes
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Voyages ,, eut, d'un habitant de ces .contrées,
une énçrme dent molaire d’éléphant, qui avoit
été tirée de terre avec d'autres offemens très-
grands, & une défenfe du même animal , au bord
de la rivière de Karajfum, à peu de diftance du
village de Korkina, L’intérieur de la défenfe s’étoic
encore affez bien confervé pour pouvoir être
travaillé. Quant à la dent molaire , qui iarf»
doute avoir îéjourné long-temps dàns l’eau, elle
avoit contracté une couleur bleue , & fe trouvoic
déjà tellement cariée, que fes lames commen-
çoient à fe fépare.r ; elle pefoit neuf livres, poids
de Ruftie. Sa longueur , d’un angle à l’autre,
étoit de neuf pouces fix lignes au pied de Paris.
On ço.nferve à Tobolsk une défenle de ce même
animal, trouvée au bord de l’Ifchim, laquelle a
quatre aunes & deroie de long, & dont la groffeur
eft fi monitrueufe , que M. Pallas dit n’en avoir
vu nulle part d.e femblable. On. y voir auffi divers
autres offemens 4^’é.lephans, ainfi qu’une corne
de buffle d’une grandeur prodigieufe : tous ces
débris ont été tirés, dic on , des contrées arrofées
par l’Ifchim , le Wagai & l’Irtich.
On en trouve, auffi fur les bords delà Sviaga ,
du Volga, de l’Irguis , de î’Oufa, de la Toura,
de rirofch 8c de l’Obi.
KARGUSCH - KUGlgCHTAU. ( Montagne
brûlante.)- Il y a dans le diftriél des Bafchkirs Murfalarf-
kie.ns , en Affe, non loin du village de Sulpa, qu’on,
appelle au/li MuJT&taul, unp montagne brûlante»
Cette montagne, appelée Kargufch^Kugifchtau , s’éloigne, en décrivant un grand demi-cercle,
de la rivière de Jurjufë , qui décrit pareillement:
une courbe. La Jurjufe paffe er tre la p.irtie fep-
tentrionale & la plus élevée de cette côte efcar-
pée, dont elle fe rapproche à une autre montagne
fituée vis-à-vis, appelée Mangilfchat. C’eft à l’endroit
où la vallée fe refferre, qu’on voit, dans la
defçente très-rapide de la première de ces montagnes,
qui regarde le fud, & qui eft coupée dans
çette partie par des enfonçemens très-profonds ^
fur trois des plus confidérables de ces coupures ,
de grandes places rouge- atres entièrement (dénuées
de bois, tandis que tout le refte de la montagne
en eft couvert. Ce font proprement ces places
rougeâtres qui brûlent, ce que l’on peut voir
de très-près, à h faveur d'un fentier allez péril-
l leux, pratiqué dans le flanc de la montagne.Toutes
les plantes qui environnent cet incendie avancent
en floraifon beaucoup plus vite que dans
les autres diftriiàs, ce qu'il faut attribuer à la
: chaleur qui en exhale , qui y. contribue incontefta-
'blemelit beaucoup.
De ces trois coupures dé la montagne qui
brûloient en 1770, c’étoit celle de l’oueft qui étort
j la plus élevée ; & Pallas, qui. la vit le 16 mai de cette
; année, eftim.e qu’elle avoir cent toifes perpendi-
'.culaires.il y ayoit près 4e trois ans que cette par