nations fauvages euffent des efpècës de moeurs ou
de coutumes particulières à chacune, & que les
unes fuffent plus ou moins farouches, plus ou
moins crnelles, plus ou moins cotirageufes, elles
étoient toutes également ftupidés , également
ignorantes, & également dénüéès d duftrie. ’arts & d'in-
Si l’on n‘a trouvé, dans toute l'Amérique fepten-
trionale, que des fauvages,,On a trouvé au Mexique
& au Pérou des hommes civilifés , des peuples
policés fournis à des lois & gouvernés par
des rois > ils avoient de l'induftrie, des arts,
& une efpèce de religion} mais il nous refte,
avant de nous occuper de ces peuples, à luivre
notre examen des fauvages mêmes : ceux de la
Floride, du Mifliftipi & des autres parties mé-
xidionales de T Amérique feptentrionale font plus
bafanés que. ceux du Canada , fans cependant
qu'on puilïe dire qu'ils foient bruns. L'huile
2te les couleurs dont ils fe frottent le corps, les
font paroïtre plus olivâtres qu'ils ne le fonr en
effet. Les. femmes de la Floride font grandes,
fortes & de couleur olivâtre comme les hommes }
elles ont les bras, les jambes & le corps peints
de plufieurs couleurs. Ces femmes font fort agiles ;
filles paffent a la nage de grandes rivières en tenant
même leurs enfans fur le bras, & elles grimpent
avec une égale agilité fur les arbres les plus
élevés : tout cela leur eft commun avec les femmes
lf'aAumvaégreisq udeu. Canada & des autres contrées de
Les Apalachites, peuples voifins de la Floride,
font des hommes d une allez grande ftarure : ils
font de couleur olivâtre & bien proportionnés
dans toutes les parties de leurs corps} ils ont tous
les cheveux noirs & longs. Les Caraïbes ou fau-
vages des îles Antilles fortent des fauvages de
la Floride} ils ont confervé, par tradition, le
fouvenir de leur migration.
Les naturels des îles Lucayes font moins ba-
ianés que ceux de Saint-Domingue & de l’île de
Cuba} mais il refte fi peu des uns & des autres
aujourd’hui, qu’on ne peut guère vérifier ce que
pnaorulsé edne coenst pdeiut plleess .premiers voyageurs qui ont
Les Caraïbes en général font des hommes d’une
belle taille & de bonne mine : ils.font puiffans,
forts & robuftes, très-difpos & très-fains} ils ont
les yeux noirs & affez petits i mais la difpofuion
de leur front & de leur vifage les fait paroïtre
affez gros s ils ont les dents belles , blanches &
bien rangées, les cheveux longs & liffes , & tous
les ont noirs : on n'en a jamais vu un feul avec
Ips ç,heveux blonds. Ils ont la peau bafanéerou
de couleur d'olive. Tous ces fauvages prennent
indifféremment leurs parens. ou même leurs filles.
Us Ce nourrirent de coquillages, de tortues, de
lézards, de. ferpens.,.de poiffonsqu’ils affaiTonnent
avec dupiment & de la farine de.manipc. Comme
ils font extrêmement pareffeux & accoutumés à la
plus grande indépendance, ils détellent la fervi-
cude , & l'on n'd jamais pu s’en fervir comme on
fe fert des Nègres.
Les femmes fauvages font toutes plus petites que
les hommes : celles des Caraïbes font allez bien
faites} elles ont les yeux & les cheveux noirs , le
tour du vifage rond, la bouche petite, l'air plus
g a i, plus riant, plus ouvert que les hommes}
elles font cependant affez réfervées} elles fe
barbouillent de rocou, mais elles ne fe font pas
des raies noires fur le vifage & fur le corps comme
les hommes} ellés ne portent qu’un petit tablier
de toile de coton. Un dernier ornement qui leur
eft particulier, c'eft une efpèce de brodequin de
toile de coton, qui prend depuis la cheville du pied
jufqu’audeffusdu gras delà jambe. Dès que les filles
ont atteint l’âge de puberté , on leur donne un
tablier, & on leur met en même tems des brodequins
aux jambes.
Les peuples qui habitent maintenant le Mexique
& la Nouvelle-Efpagne font lï mêlés, qu’à peine
trouve-t-on deux vifages qui foient de la même
couleur. Dans la ville de Mexico on voit des Blancs
d’Europe, des Indiens du nord & du fud de
l’Amérique , des Nègres d'Afrique, des mulâtres,
| des métis } en forte qu'on y trouve toutes les
| nuances de couleur qui peuvent, être entre' le
! blanc & le noir. Les naturels du pays font fort
! bruns & olivâtres, bien faits & difpos ; ils ont peu
j de poils, même aux fourcils' : leurs cheveux font
cependant fort longs & fort noirs.
- Les habitans de l’ifthme de l'Amérique font ordinairement
de bonne taille, la jambe fine, les
i bras bien faits , la poitrine large} ils font adtifs
& légers à la courfe. Les femmes au contraire
font petites & ramaffées, 8e n'ont pas la vivacité
des hommes, quoique les jeunes aient de l'embonpoint,
la taille jolie & l'oeil v i f } les uns & les
autres ont le vifage rond, le nez gros & court,
les yeux grands & pour la plupart gris, le front
é le v é , les dents blanches & bien rangées, les
lèvres minces, la bouche d’une grandeur médiocre
, & en général tous les traits affez réguliers
: ils ont aufli tous, hommes & femmes, les
Cheveux noirs, longs, plats & rudes. Les hommes
auroient de la barbe s'ils me fe la faifoient arracher
} ils ont le teint bafané, de couleur de
cuivre ou d'orange, & les fourcils noirs comme
du jais.
Ges hommes ne font pa's les feuls habitans naturels
de l'ifthmeron trouve parmi eux des hommes
tout différens} & quoiqu'ils foient en très-petit
nombre, ils méritent d'être remarqués. Ces hommes
font blancs } mais ce blanc n'eft pas celui
des Européens, c'eft plutôt un blanc de lait qui
approche beaucoup du poil d'un cheval blanc.
Leur peau eft aufli toute couverte, plus ou moins,
d'un duvet court & blanchâtre , mais qui n'eft
pas fi épais fur les joues & fur le front, qu’on ne
puiffe diftinguer la peau. Leurs fourcils font d’un
blanc
blanc de lait aufli bien que ieurs cheveux , qui
font de la longueur de feptà huit pouces & à demi
f^ifés.
: Ges Indiens , hommes & femmes, ne font pas
fi grands que les autres; & ce qu’ils ont encore
de très-fingulier, c'eft que leurs paupières font
d’une figure oblongue en forme de croiffant,
dont les pointes tournent en bas. Ils ont les yeux
fi foibles, qu’ ils ne voient prefque pas en plein
jour ; ils ne peuvent fupporter la lumière du fo-
leil, & ne voient bien qu'à la lumière de la lune ; ils
font d'une complexion fort délicate ; ils craignent
les exercices pénibles > ils recherchent l’obfcurité
& les endroits fombres , comme les oifeaux nocturnes.
Au refte , ces hommes ne forment pas une
race particulière & diftinéte ; car- il arrive quelquefois
qu'un père & qu'une mère , qui font
tous deux couleur de cuivre jaune , ont un enfant
tel que .nous venons de le décrire. Si cela eft,
cette habitude fingulière du corps feroit une efpèce
de maladie ; mais fi, au lieu de provenir des
Indiens jaunes-, ils . forment une race à part , ils
reffembleroient fort aux Chacrelas de Java & aux
Bedas de Ceilan. Si ce fait étoit bien vrai, que
ces Blancs naiflent de pères & de mères couleur
de cuivre, on pourroit croire également que les
Chacrelas & les Bedas viennent aufli de peres &
de mères bafanés, & que tous ces hommes blancs
qu’on trouve à de fi grandes diftances les uns des
autres font des individus qui ont dégénéré de leur
race par quelque caufe accidentelle ; & cette
opinion-paroît effectivement plus vraifemblable
que de tirer ceux-ci de race européenne.' Ce qui
paroît appuyer cette manière depenfer, c’eft que,
parmi les Nègres, il naît aufli des BlancS de pères &
de mères-noirs. 11 eft vifible que ces Nègres blancs
font des Nègres dégénérés de leur race : il en eft
de même des plantes étiaulées, fi l’on peut comparer
ces effets} mais cette explication n’eft pas
ae notre objet. Nous dirons feulement que ces
dBela lnactist uddéeg.énérés fe trouvent fous le même degré
. Les Indiens du Pérou font aufli couleur de
cuivre, comme ceux de l’ifthme de DarienA furtouc
ceux qui habitent les terres baffes du bord de la
mer } car ceux qui habitent les pays élevés qui font
fitués aux deux côtés de la chaîne des Cordil-
lières font prefqu’aufli blancs que les Européens.
Les uns font à une lieue de hauteur au deflus des
autres, & cette différence en élévation au deflus
du niveau de la mer fait autant qu’une différence
tduer ep dluuf iceluimrsa td.egrés de latitude pour la tempéra;
En effet, tous les Indiens naturels de la terre
ferme qui habitent le long de la rivière des Amazones
& le continent de la Guiane, font bafanés
& de couleur rougeâtre plus ou moins claire. La
diyerfité de la nuance a vifiblement pour caufe
principale la dîverfite de température de l’air des
pays qu ils habitent, variée depuis la grande cha-
Géographie-P hyfique. Tome LV*
leur de la zone torride, jufqu’au fr»id caufe par le
voifinage des neiges & des glaces.
Quelques-uns de ces fauvages , comme les
Omagnas, aplatiffent le vifage de leurs enfans j
quelques autres fe percent les narines, lés lèvres
ou les joues pour y pafferdes os de poiffon, des'
plumes d’oifeaux ; la plupart fe percent aufli les
ôreillés & fe les agrandiffé'nf confidsrablement,
& y mettent plufieurs fortes de pendans d’oreilles.
Les fauvages du Bréfil font à peu près de la
taille des Européens , mais plus forts, plus robuftes
& plus difpos. Leurs cheveux font noirs.
IlSffont bafanés & d’une couleur brune qui tire un
peu fur le rouge ; ils ont la tête groffe, les épaules;
larges & les cheveux longs; ils s’arrachent la barbe,
le poil du corps, & même les fourcils & les cils}1
ce qui leur donne un regard extraordinaire & farouche.
Ils fe percent la lèvre inférieure pour y paffer un petit os poli comme l'ivoirê, ou une
pierre verte affez groffe. Les mères écrafent le
nez de leurs enfans peu de tems après leur naif-
fance. ils vont tous absolument nus, 8c fe peignent
leirorps de différentes couleurs.
Ceux qui habitent dans les terres voifines des
êôtes de la mer fe font un peu civilifés par le commerce
volontaire ou forcé qu’ils ont avec les
Portugais } mais ceux de l'intérieur des terres font
encore pour la plupart a^folument fauvages.
Les habitans du Paraguai ont communément la
taille affez belle & affez élevée ; ils ont le vifage
un peu long & la couleur olivâtre.
Les Indiens du Chili ont une couleur bafanée
qui tire un peu fur celle de cuivre rouge comme
celle des Indiens du Pérou. Cette couleur eft différente
de celle des mulâtres , qui, venant dJun
Blanc & d'une Négreffe ou d'une Blanche & d'un
Nègre, ont une couleur brune, c’eft-à-dire, mêlée
de blanc 8c de noir} au Heu que, dans tout le continent
de l'Amérique méridionale, les Indiens font
d'un jaune rougeâtre.
Ces habitans du Chili font de bonne taille} ils
ont les membres gros , la poitrine large, le vifage
peu agréable & fans barbe, les yeux petits,
les oreilles longues, les cheveux noirs, plats &
gros comme du crin ; ils s’aîongent les oreilles 8ç
s'arrachent la barbe. La plupart vont nus} & quoique
le climat foit froid, ils portent feulement fur leurs
épaules des peaux d'animaux. C’eft à l'extrémité
du Chili, vers les terres magellaniques, que fe
trouve cette race d'hommes , d’une taille forte,
qui a été reconnue par les derniers voyageurs.
Nous en traitons dans un article particulier. {Voyer
Patagons. )
Les habitans des terres du détroit de Magellan
& des îles voifines font d’une taille affez forte ; ils
font de couleur olivâtre } ils ont la poitrine large,
le corps^affez carré, les membres gros, les cher-
veux noirs & plats 5 en un mot, ils reffembient à
ü