
5o8 - L I B
de ce -canal minée par les eaux s’écroule, le Ca-
dicha fera forcé de prendre un autre cours.
On trouve du fchille bitumineux au pied de la
montagne d’Ycbel Martias du côté du fud, &
clans un autre lieu appelé Delratel ; dans ce dernier
endroit il y a une terre argiieufe colorée
en rouge, dans laquelle on trouve du fùccin lorf-
qu’elle a été lavée par les pluies.
Le Liban proprement dit eft habité par. des
Maronites : ils y font réunis en villages. Après la
fonte des neiges , quelques tribus d’Arabes bédouins
viennent s'établir auprès d'Elhadet ; ils y
vivent du produit de leurs troupeaux, & y récoltent
la gomme adragant, qu’ils vendent aux
Grecs des villages voifins de Damas : ceux - ci
l ’emploient dans les apprêts de leurs étoffes.
Les Maronites cultivent le mais, le froment,
l ’orge, le millet, le forgho, la vigne & le coton;
ils élèvent beaucoup de vers à loie, & fi ces
infeétes viennent à éclore avant le développement
des feuilles des mûriers blancs, ils les nourriffent
avec les feuilles de la petite mauve.
Les Maronites ont auflï des abeilles : quelques-
uns les! renferment, dans des ruches auprès de
leurs habitations} d'autres vont les dépofer au
milieu des forêts voifines.. Cts abeilles allant
butiner fur les arbres réfineux, donnent un mieT
déiicieufement paifumé.
La récolte du froment ne fe fait, fur les montagnes
, que vers la fin d’août, environ deux mois
plus tard que dans les plaines : on le fème en fe-p-
tembre, & il paffe l’hiver fous la neige. On n’eft
pas dans l'ufage d’engraiffer les terres; elles prod
u it nt e nviron dix pour un. Dans les montagnes
on eft afliiré d’une récolte par an, au lieu qu’elle
manque^ quelquefois dans les plaines. Celle de
Balbec , faute de pkiies, fut fans rapport pendant
trois années confécutives, & quoiqu'on eût femé
tous les ans , le blé ne germa que la troifième année
, & donna pour lors une moiflon fort abondante.
Le maïs réuflit bien fur la montagne : on l’arrofe
en pratiquant des rigoles qui conduifent les eaux
dans les champs où il croît ; il produit fouvent
quarante pour un. Une mefure de maïs récolté
fur la montagne pèfe environ un neuvième de plus
que la même mefure de celui qui a été récolté
dans la plaine. On fème le millet au commencement
de juin il fert à nourrir la volaille. On en
mêle, au S la farine avec celle du froment pour
faire du pain..
La vigne eft cultivée à plus de fêpt.cents toifes
au-deflus du niveau de la mer ; elle n’eft pas fou-
tenue fur des échalas ; auflï h chaleur de la terre
accélère-t-elle la maturité du raifin. Dans les jardins
où elle eft appuyée, on récolte le raifin un
fnois plus tard que dans les environs. Les habita
ns du Liban font évaporer jufqu’à une certaine
confiftance le fuc qu’ ils expriment du rai-
fin : il en refaite un ilrop très, agréable i ils le
L I B
clarifient en y mettant un peu de terre argiieufe.
Les cèdres du Liban font à l’oueft du glacier
& à environ quatre cents toifes au-de flous on en
compte encore près de quatre-vingts, dont fept
font beaucoup plus grands & plus anciens que-les
autres : ceux ci ont quatre-vingts à quatre-vingt-
dix pieds de hauteur. Le tronc du plus gros a neuf
pieds de diamètre, & les autres à peu près huit.
On trouve auflï des cèdres à Elhadet & dans
plufieurs autres lieux voifins du Liban. II n’y a
pas de goitreux au Liban, quoique le goût pour
l’eau froide foit porté à un tel point, que les ha-
bitans de cette montagne mangent beaucoup de
neige, & qu’ils s’en fervent comme d’un remède
afluré pour la guérifon de plufieurs maladies.
Pendant l’été, la plupart des bergers dorment
en plein air, ce qui leur occafionne fouvent une
ophtalmie fuivie d’une opacité plus ou moins
grande de la cornée tranfparenre. Les peuples du
Liban ont des moeurs douces : diflïnjulés & timides
comme un peuple, efclave, il eft rare qu ils
emploient la force pour fie procurer ce qu’ils
défirent.
La gomme adragant que donne le Liban eft en
gros morceaux, dont la plupart ont une couleur
jaune ou ambrée : quelques autres morceaux font
paflablemenc blancs & tranfparens » mais tous ces
morceaux ont le coup d’oeil de la belle gomme des
cerifïers & de la gomme arabique commune, &
ne reflemblent point à la gomme adragant du
commerce.
Un des caractères de cette gomme du commerce
eft de n’avoir qu’une demi - tranfparence.
Les morceaux les plus beaux font blancs;-ceux
qui font inférieurs font roux ; mais les uns comme\
les autres font un peu opaques. En général, la
belle gomme adragant eft blanche & en, petits
morceaux contournés comme des vermiffeaux,
&, diflbute dans l’eau, elle forme une belle gelée :
celle du Liban étant diflbute dans l’eau en proportion
double, ne donne qu’un mucilage épais
& point de gelée , & par conféquentfëlle eft inférieure
à la gomme adragaut du commerce.
LIBBIANO en Tofcane (Solfatares de). Les
fol fa ta res font fi tuées dans, un lieu nommé le Chinfe
diSopreJJo. La première, plus petite, eft dans une
vallée d’environ cent braflès de;1 fur face. Dans ie
fond de cette petite vallée forcent d’entre une
multitude de petites roches, des filets d’eau froide
avec beaucoup de bulles d’air accompagnées d'un
grand bruit comme celui de l’eau qui bout.. Parmi
ces trous il y en a un d’où il fort du vent; avec un
bruit femblabfe à celui que le vent fait en forçant
d’un tuyau. Dans d’autres endroits.de cette vallée,
on voit des ruifleaux de cette eau qui bouillonne „
quoique froide. Les pierres baignées par ces eaux,
& celles qui en font- voifines, fonfçôüvertes d'n ne-
m a t i è r e b’anchatre 8e un peu jaune; elles s’éçroiî-
. tent 8e Te fendent. av.cc. une grande facilité.. On
L I G
y trouve une efpèce de félénite fragile qui n’a aucune
odeur, ai h fi qu'un dépôt femblable à une
forte d’amiante farineule qui fait pâte avec l’eau.
Tous ces lieux font privés d’herbe ; elle n’y croît
point du tour. On y fent une odeur très-forte de
foufre 8e d'hydrogène fui fur© > qui fe répand au
loin. Ces eaux fulfureufes Se belles de pluie s’écoutent
dans un folié qui finit dans la Trofla , 8e
forment une efpèce d'écume membraneufe très-
dure, qui, defféchée 8e pulvérifée, brûle comme
le foufre. Gette folfatare rend peu de foufre.
Une plus vafte 8e plus abondante folfatare eft
lîtuée au couchant de celle que nous venons de
décrire ; elle eft divifée en deux vallées, dans la
plus grande defquelies on voit quelques fources
qui jailliffent avec bruit d’entre une multitude de
petites roches. Dans l’autre vallée eft une petite
fource d’une eau noire, qui forme fur la furface
une fubftance on&ueufe peu acide 8c d'un goût
aflez agréable. Au-deffbus de cette fource il y
en a d’autres d’eaux froides qui ne font pas noires,
mais plus ou moins acides les unes que les autres.
Toutes ces eaux s’écoulent dans un marais où
croiffent des joncs & d’autres plantes marécage
ufes.
Dans un autre endroit on voit un filet d’une
eau rouffe faturée d’une terre ronfle & infipide,
femblable au fafran de mars, ou oxide qui provient
de la décompolïtion du fulfate de fer.
Le foufre fe tire de cette folfatare en grande
quantité. On lui donne le nom de foufre de croûte.
Ce foufre coûte moins de manipulation que celui
qu’on tire de l’intérieur de la terre, parce qu'il
faut creufer des puits pour avoir celui-ci, & fouvent
les garnir de charpente : il eft vrai que cette
dernière efpèce rend beaucoup plus que le foufre de
croûte. On peut toujours tirer-le foufre de la première
efpèce; mais il faut attendre, pour avoir
le fécond, pendant quelques années, jufqu’à. ce
que les exhalaifons des eaux fulfureufes en aient
reproduit de nouveau. L’efpace de dix ans eft
füffifant pour la formation d’une croûte de foufre
groffe à. peu près de deux doigts, & propre à
fondre.
11 n’y a dans cette vallée aucune apparence d’incendie
ou de chaleur foute rraine. Il n’y croît
point d’herbe. Il y a cependant aux.environs de
ces folfatares de très-beaux châtaigniers & beaucoup
de chênes , qui ne font nullement endommagés
par ces vapeurs fulfureufes , & les animaux
boivent de ces eaux qui s’écou ent dans un petit
lac. ( Voye^ B u l l i c a m e s 6’ D a t e r a . ). ”
LIBLÀR, près de Cologne, dans le ci-devant
département fiançais de la Roër. Il y a des exploitations
de terre d'ombre en ce lieu.
LIGNE DE LA GLACE ET DE LA NEIGE.
Les glaciers du Dauphiné font à r $ cô toifes au-
deffus du. niveau de la mer., Ê n’ont que peu.
L I G 5ccf
d’épaiff ur. Datwtle Valhis il y a des glaciers qui
font à ’nuit ou neuf cents toifes : ceci prouve qu il
n’ y a pas, pour la confervation de la glace, une hgne
confiante dans les montagnes de la S .iflfe tz'de la
France ; il en eft de même de la ligne neigée, que
Bonguer a trouvée fous la ligne & aux environs
de Quito.
L’élévation au-deflus du niveau'de la mer n’eft
pas la feule caufe de l’exiftence des glaciers; la
coupe du terrain, la pofition des vallées relativement
au foleil & au vent} influent beaucoup fur
la variation de la Ligne neigée. C’eft par des cir-
conftances locales qu'on doit expliquer le double
phénomène des petits glaciers fur les plus hautes
montagnes du Dauphiné, 8c des glaciers immenfes
dans- plufieurs vallées aff.-z baffes de la Su ifle 8c
de la Savoie ; S w auflï la raifon pour laquelle il*
y a des glaces dans des vallées où il n’y en avoir
point autrefois. Il eft inutile de recourir à la fup-
pofition du refroidi fle-ment de la terre : il fuffic,
pour*expliquer le progrès des glaciers vers une
ligne a (lez baffe dans les vallées, de eonfidértrr que-
la tendance naturelle de la glace une fois formée-
I dans les parties élevées, eft de defeendre 81 d’aller
| par conféquent refroidir ces vallées par des avalai
(b ns plus ou moins confidérables ; il ne s’enfuit
pas de-là que ces vallées foierrt plus froides aujourd’hui
qu’elles ne l’etoient autrefois. L’augmentation.
des glaciers ne vient pas de ce que la
neige eft permanente dans les lieux où elle fondoit
anciennement, mais de ce que le poids des maîTes:
de neiges & de'glaces les entraîne dans des parties-
! de vallées où elles ne fondent que très-lentement.
Dans les années chaudes il- y a plufieuis de ces-
vallées qui fe dégagent des glaces aventurières
pour ainfi dire, 8e qui reftent long-temps libres-
enfuite. ( Koyeç R é g i o n - des montagnes, & l’article
des plantes A l p i n e s . )
LIGNIÈRE-LA-DOUGELEE, village du département
de la Mayenne, à cinq lieues nord-eft
d’Alençon : il y a dans fon territoire des eaux minérales
fer rugine ufes.
LIGUEIL, ville du département d’Indre 8c
Loire. Près de L i g u a i eft un étang dont l’eau;
forme des incruftations pierreufes autour des objets
qui:y féjournent quelque temps. La plaine voï-
fîne de cette ville eft remplie d’une infinité de coquilles
féflïles dë falun, qui, réduites en poudre,,
fervent à amender les terres.
' LIGURIE ou ET AT DE GENES-, dépendant
maintenant du roi de Sardaigne. En approchant,
de la Méditerranée-les,Alpes abaiffent leurs cimes,
& fe partagent en deux branches; l’une va former,
les montagnes de Provence ,. dont nous nous fouîmes
occupés ; l’autre s’étend dans l’Etat de Gênes,.
I & préfente les. pences intérefiances, de. la- rivière;