
on L’expofe au foleîl pour la faire mourir: quelquefois
on fépare la partie colorante dé.ces infeCtes
de leurs véficules, en les preffanc doucement avec
les doigts* & on en forme de petites pelottes
rondes. On achète cette marchandife réduite ainfi,
beaucoup plus cher que lorfqu’elle eft en graine;
on la vend furtout aux Arméniens & aux Turcs,
qui l'emploient à teindre la laine, la foie, le cuir,
le marroquin & la queue de leurs chevaux. Les
femmes s’en fervent pour fe rougir les.pieds & les
mains.
LU C ( Grand & p e t ir ) , village du département
de la Vendée, arrondiffement de Montaigu. Les
carrières de ce‘ village fourniffent abondamment
des pierres calcaires blanches & tendres, & outre
cela des pierres propres à faire des m’eules de
moulin..
L u c ( Lacs de ) , dans le département de la
Drôme. Ces lacs font dans le Dauphiné , & lèur
badin occupe une partie du lit de la Drôme. Le
grand eft affez alongé.
A l’endroit même de la digue de ce grand lac,
il y a une rivière latérale qui fe jette dans la Drôme ;
mais on ne peut pas attribuer la formation de cette
digue à cette circonftance : on prétend qu’elle eft
due , ainfi que celle du petit lac , à des éboule-
mer s de rochers qui font très-confidérables, &
qu’on reconnoîr encore par la difpofition des matériaux
des digues , & par l'état de défordre qui
fe remarque dans les anciens gîtes de ces matériaux.
LU C AY-LE-MA LE, village du département de
l'Indre, canton de-Valancaÿ. Il y a une forge dans
laquelle on fait de la moulerie & très-peu de fer
forgé.
LUCERNE ( Lac de) , en Suifle. Les bords de
ce lac , fitué dans le vallon de la Reufs, font des
rochers fouvent à pic & d’une très-grande élévation
, & la profondeur de fes eaux y eft proportionnée.
Ces roches font toutes calcaires, & fou-
vent remarquables par la forme fingulière de leurs
couches. A une demi-lieue environ de Fluelen,
fur la droite en defeendant le la c , on voit des
couches d’environ fix pouces d’épaifteur, qui font
difpofées en zigzags comme une tapifferie de
point de Hongrie ; & à une lieue & demie plus
bas, à côté d ’un fyftème de couches horizontales,
il y en a de contournées en forme circulaire & elliptiques.
Le lac tourne fubitement à l’ oueft. A quelques
toi fes du bord s’élève un rocher ifolé d’en-
viroA cinquante pieds d^lévation 5 il a la forme
d’une barrique alongée. Les couchés calcaires qui
le compofent, font divifées par des fentes verticales,
& lui donnent l’apparence de Yopus reticu-
latum des Romains. La partie de montagne qui eft
.derrière, eft couveite.de beaux hêtres, qui fpnt
les premiers qu’on trouve à cette hauteur. En
defeendant, on voit des chênes plus raçes encore
que les hêtres dans les Alpes.
Les rochers & les montagnes s ’abaiflent en approchant
de Lucerne. Le mont Pilate y paroît avec
plus d’avantage j il eft tout-à-fait ifolé : élevé fur
fa Rtf pre bafe , il en paroît plus haut; fes rochers
fonfFtous cale rires &: renfetment beaucoup de
pétrifications. Il domine fur un grand pays couvert
de villes & de villages, bien cultivé & arrofé par
une multitude de rivières , de lacs & de ruifléaux,
dont on voit toutes les parties repréfentées comme
fur une carte topographique.
A deux ou trois cents toifes de Lucerne } on
voit au bord du lac quelques roches compofées
de galets agglutinés & liés enfemble : il y a plu-
lieurs collines autoqr du lac qui font compofées
de cette efpèce de orèche qui paraît avoir été
formée comme celle -qui compofe les rofchers de
Saint-Saphorin, au bord.du lac de Genève. Ces
collines de brèches oti poudingues s’étendent depuis
Lucerne partout l’ Entlibuch, par l’ Emmenthal,
par Berne 8c Fribourg jufqu’au lac de Genève. Il
y en a de pareilles qui fe prolongent vers le lac
de«Conftance r & la belle cafcade de Schaffhoufe
eft compofée de femblables poudingues, dont la
bafe eft une pierre de fable diftribuée par couches
: la trace de ces amas de galets indique d’une
manière non équivoque le bord de l’ ancienne mer.
Nous ferons voir par la fuite combien ces amas de
cailloux roulés & dépofés par la mer ont contribué
à former les digues des lacs.
La rivière la plus confidérable qui fe jette dans
le lac de Lucerne, eft la Reufs ; elle y entre par la
tête du lac & en reffort à l’extrémité^oppofée,
où eft fituée la ville de Lucerne. La navigation de
ce lac eft dangereufe , en ce qu’on ne peut aborder
que dans un petit nombre d’endrojts, lorf-
qu'il furvientune bourrafque ou une tempête.
Malgré ces obftacles, la navigation fur ce lac
eft fort animée pour le tranfport des marchan-
difes de l ’Allemagne & de la Suifle en Italie , &
pour le rètôur dés marchandifes d’Italie par le
mont Saint-Gothard.
La pêche, dans ce lac, eft très-abondante en
poiffons délicats 6c recherchés , & furtout en
lottes.
Excepté -fur les bords des côtes voifines de
Kuflhacht, de Lucerne & d’Alpnacht» le lac de.
Lucerne ne gèle point dans les hivers les plus rigoureux
; fa profondeur extraordinaire y met obf-
tacle j au lieu que dans les parties qui font des
embouchures de rivières , ayant peu de profondeur,
il n’eft pas étonnant qu’il gèle.
LU CH O N , vallée du département de Haute-
Garonne. Cette vallée commence au pied des
Pyrénées> à la fource de la^ique, & renferme
la ville de Bagnères, aprè^Jaqoelle eft la vallée
de LaurüTe, où la Pique p( p le nom de Y Aune juL
qu’à la Garonne. On trouve dans ce trajet plu- \y
fieurs indications de mines de cuivre. ( Voye[
BAGNèRES.)
LUCIE (Sainte- ) , . l’ une des Antilles, dont la
latitude eft de 13 d. yy' 15" , & la longitude de
d. 11' 8" à l’oueft.du jneridien de Paris.
• Autour de cette île le flux & le . reflux font
réglés comme en France ; ma*s l’élévation des
marées y eft bien moindre , puifque la mer ne
haufle & ne bailD, les jours de nouvelle & de-
pleiné lune, que de vingt-deux pouces, & de
vingt-fept dans le temps des équinoxes.
La plus grande longueur de cette lie , du fud-
oueft au nord-eft, eft de onze lieués, & fa plus
grande largeur de fix.
La chaîne des montagnes de Sainte- Lucie s’a-
baiffe du côté du nord-oueft par une pente très-
rapide jufqu’à la mer, & l ’on préfume que cette
pente êft la même au-deflbus des eaux , puifque
les plus gros vaifleaux peuvent s’approcher très-
près du rivage. Du côté oppofé la p»nte eft très-
douce , la mer moins profonde, &c les brifans
plus forts.
LeS montagnesfont diftribuées en très-grand
nombre à la fur face de cette île ; la plus haute n’a
que quatre cent cinq toifes. La diftribuuon des
eaux, qui paroît affujettie à cesdiverfesélévations,
eft régiee fur deux pentes ; car certaines rivières
fe jettent dans la; mer à l’eft , pendant que d’autres
Lavent la direction oppofée à î’ ouèft, & tous
lés deux fyftèmes de rivières coulent perpendiculairement
à la chaîné principale des montagnes où.
elles prennent leurs Sources : mais aucune nVft
affez forte pour fervir à la navigation intérieuie
de Sainte-Lucie,
Sainte-Lucie offre, comme nous l’avons déjà
d it, une grande quantité de bons mouillages à
ftoüeft : ceux qui tout à l’ tft , quoique peu luis ,
font fréquentés par les perlonnes qui font le com-
merce interlope, parce que les vaiffeaux de guerre
ne peuvent approcher de cette côte 6c s’oppofer
à la! contrebande.
Sainte Lucie eft encore couverte de beaucoup
de bois épais , qui font traverfés & même em-
barrafles , comme dans tout le Nouveau-Monde ,
par des plantes farmenteufes, connues fous le nom
de lianes , qui en défendent l’ entrée. Ces forêts
contiennent des bois propres à la charpente & à
la menuiferie : celui qui fert à la charpente eft tiré
de l’arbre a grandes feuilles , du bois de f e r , du
bois perroquet, de J'-acomat & du bois d'Inde.
Les bois de meruiferie font fournis par lé cour-
baril , l’acoupa , le mah^nilier , le bois épineux,
l’ébène & l’acajou. Toutes ces- èfpèces de.bois ;
font extrênnement compares & pefantes.
On pourroit croire que le terrain de S-ainte-Lucie
renferme des mines, parce qu’il eft rraverfé par
plufiéurs chaînes dé montagnes fort aiguës à leur
fommet „ & compofées de granité & de fehiftë
graniteux ; néanmoins on n’y trouve que q u e l ques
pyrites martiales, d’où on peut conclure
que cette île ne fera jamais utile que par les pro-
duits de fa culture & par fa pofiiion avanta-
IW Ü I . . ' ■
Les eaux qu’ on boit à Sainte-Lucie fo n t , ou de
rivière ou de pluie. Quelques rivières roulent des
eaux làlubres & limpides à leur fource , mais elles
s’altèrent bientôt par la lenteur de leur cours,
qu’occalionnent la grande quantité de plantes qui
y croiflent & qui y périment, les arbres qui font
fur leurs bords, & la vafe argileüfe qui obftrue
leur lit.
Les eaux de pluie, fi falutaires ailleurs , le font
peu à Sainte-Lucie 3 "parce qu’elles forment des lé-
dimens rougeâtres Ôi verdacretf pour peu qu’elles
foient gardées. D’ ailleurs, comme on les reçois
dans des vaifleaux de bois , elles s-’y corrompent
bientôt.
Les colons n’en font pas- incommodés, parce
qu’ils en boivent peu , & qu’ ils la corrigent avec
des liqueurs fpiritueufes, ou en y fàifant infufer
des plantes aromatiques*
Prefque tous les attérages de Sainte - Lucier
& furtout l’entrée du port de Caftries, contiennent
des bancs immenfes éde polypiers, qui font
déjà parvenus à le^ vobftfi-ier fenfiblement ; leur
accroilfement eft très-rapide : ils ont leur'origine
près du rivage , à plufiéurs pieds de profondeur,
& s’avancent horizontalement vers,les terres. Ua
particulier et) ayant fait enlever dans un certain
endroit pour faire de la chaux , obier va que cette
brèche étoit entièrement réparée au bout de deux
: ans.
On trouve partout dans cette île un grand nombre
de criftaux tranfparens & incolores dont tu
.forme eft eelie d’une pyramide à pkifieurs faces ,
6c qui font de même'nature que lés criftaux qu’où
ramafle fur les bords du Rhin.
U y a aufli des jafpes & des agates de plufiéurs
fortes j.epfrn, des bois pétrifiés, dont il eft difficile
d’ afiîgner ni l’efpèce ni l’ép’oque de la pétrification.
Près le quartier de la Raze , la mér eft couverte
en toute (aifon, 6c furtout dans les temps ora--
geux, d’ une grande quant-it'é d ’une efpèce de zoo-
phyte peu connue. Sa forme & fa grofleur font
celles d’un oe u f d’oie un peu alongé j. il eft creux
. intérieurement, & fa charpente eft une membrane
muqueufe & gluante, parfemée de quelques fibres
longitudinales & tranfverfaies , dont l’épaif-
feur eft de quelques lignes. Il y a fur fa longueur
un repli de trois pouces de long , que l'animal
a la faculté de contracter & de relâcher, & qui
lui fert comme de voile. Du refte , on ne lui voit
ni tête , ni bouche , ni organes, ni humeurs, &
il* ne donne aucun ligne de fenfibilité ni d’irritabilité.
De ion ventre il part plufiéurs ap-
j pendices qu’on a prifes mal-à-propos pour .des»
1 jambes.. Ces-appendices font fort gluantes „ &