
LesNégreffes font fort fécondes , 8c accouchent
avec beaucoup de facilité & fans aucun fecours ,
& après un jour ou deux de repos .elles font rétablies
relies font très-bonnes nourrices., & elles ont
une très-grande tendr^ffe^ pour leurs en fans ; elles
font aufli beaucoup plus fpirituelles que les hommes. & plus adroites
Les Nègres de l'île dé Gorée & de la côte -du
Cap-Verd font, comme ceux du bord du Sénégal,
bien faits 8c très-noirs 5 ils font un fi gtand cas de
leur couleur, qui eft en effet d'un noir profond 8c
éclatant, qu'ils méprifent les autres Nègres qui
n’ont pas cette belle teinte, à peu près comme les
blancs meprifent les bafanés. Quoiqu'ils foient forts
& robuftes ils font très-pareffèux: ils ne vivent
que de poiffon & de millet ; ils ne mangent que
très-rarement de la viande, &, quoiqu'ils aient peu
de mets à choifir, ils ne veulent point manger
d'herbês. Au refte, ils aiment paffionnément l’eau-
de-vie, dont ils s'enivrent fouventjils vendent
leurs enfans, leurs parens & même quelquefois
ils fe vendent eux-mêmes pour en avoir. Ils vont
prefque nus : leur vêtement ne confifte que dans
une toile de coton, qui les couvre depuis la ceinture
jufqu'au milieu de la cuiffe : c'eft tout ce que
la chaleur du pays leur permet de porter fur eux.
La mauvaife chère qu'ils font & la pauvreté dans
laquelle ils vivent, ne les empêchent pas d'être
'trontens & fort gais. Ils croient que leur pays eft le
meilleur & le plus beau climat delà Terre $ qu'ils
font eux-mêmes les plus beaux hommes de la Terre,
parce qu'ils font les plus noirs; & fi leurs femmes
.ne marquoient pas du goût pour les Blancs, ils
leenu rf.eroient fort peu de cas à caufe de leur couLes
Nègres de Sierra-Leona ne font pas tout-
à-fait aufli noirs que ceux du Sénégal 5 ils font d’un
noir un peu moins foncé, à peu près comme ceux
de Guinée.. Ces Nègres de Sierra-Leona 8c de
Guinée fe peignent fouvent tout le corps de
rouge & d'autres couleurs, ils fe peignent aufli
le tour des yeux de blanc, de jaune, de rouge,
fe font des raies de différentes couleurs fur le
vifage. Les femmes font encore plus débauchées
que celles du Sénégal.. Ces Nègres, hommes &
femmes, vont toujours la tête découverte : ils fe
rafent & fe coupent les cheveux, qui font fort
. courts, de plufieurs manières différentes ; ils portent
des pendans d’oreilles qui font fort pefans : ces
pendansfont des dents, des coquilles, des cornes,
des morceaux de bois. If y en a. qui fe font percer
la Jèvre fupécieure ou les narines pour y fufpendre
de pareils ornemens. Leur vêtement confifte en
une efpèce de tablier fait d'écorce d'arbre,. avec
quelques peaux de finge qu’ils portent par-deffus.
Ils couchent fur des nattes de jonc ;.ils mangent du
poiffon & de la viande lorfqu'ils peuvent en avoir,
mais leur principale nourriture font designames &
des bananes; jls n’ont aucun goût que celui des
femmes, 8c aucun defir que celui de ne rien faire.
Quoique les Nègres de Guinée foient d^ine
fanté ferme & très-bonne, rarement cependant
arrivent-ils a une certaine vieilleffe. Un Nègre de
cinquante ans eft, dans fon pays, un homme fort
vieux. Ils paroiflent l'êcre dès l'âge de quarante.
L ufage prématuré des femmes eftpeut-être la caufe
I la brièveté de leur vie. Les enfans fe livrent, dès
lleeuurr lpulgugs ètreen.dre jeuneffe, à tout ce que la nature
Les habitans de I'île Saint-Thomas , de l'île
d Arnbon , font des Nègres femblables à ceux du
Continent voifin : ils y font feulement en bien petit
nombre, parce que les Européens les ont chafles,
& qu jIs n’ont gardé que ceux qu'ils ont pu réduire
en efclavage j ils font nus, hommes 8c femmes, à
1 exception d un petit tablier de' coton.
Les Nègres de la côte de Juda & d'Arada font
moins noirs que ceux du Sénégal & de Guinée, 8c meme que ceux de Congo. Ils aiment beaucoup la
vcihaanidr edse. chien, 8c la préfèrent à toutes les autres
Les Nègres de Congo font noirs; mais il commence
à y avoir de la variété dans leur .teinte, qui
eft toujours moindre que celle des Sénégalois. Ils
ont, pour la plupart, les cheveux noirs 8c crépus;
mais quelques-uns les ont roux. Les hommes font
de grandeur médiocre : les uns ont lçsyeux bruns,
& les autres couleur de vert de mer. Ils n'ont pas
les lèvres aufli groffes que les autres Nègres, &
ldeess t rEauitrso dpeé elenusr. vifage font aflez femblables à ceux
Les Nègres du Sénégal , de Gambie, du Cap-
Verd , d’Angola & de Congo font d?un plus beau
noir que ceux de la côte de Juda-, d’îfligni, d'Arada
& des lieux circonvoifins. Ils font tous bien
noirs quand ils fe portent bien; mais leur teint
change quand ils font malades : ils deviennent
alors couleur de biftre ou même couleur de
cuivre. On préfère dans nos îles, les Nègres d'Angola
à ceux du Cap-Verd * pour la force du
corps ; mais ils fentent fi mauvais lorfqu'ils font
j échauffés, que l’air des endroits où ils ont paffé,
en eft infe&é pendant plus d'un quart d'heure.
Ceux du Cap-Verd n’ont pas une odeur fi mauvaife
à beaucoup près que ceux d'Angola, & ils
ont aufli la peau plus belle 8c plus noire, le corps
mieux fait, lés traits du vifage moins durs, le naturel
plus doux 8c la taille plus avantageufe. Ceux
' de Guinée font aufli très-bons pour le travail de la
terre ôr pour les- autres gros ouvrages. Ceux du
Sénégal ne font pas fi forts, mais ils font plus
dp'raoppprreesn pdoruer d lee sf emrvéitcieer ds.o.meftique, 8c plus capables
Les Bambaras font les plus grande Nègres, mais
ils font fripons. Les Aradas font ceux qui entendent
le mieux la culture dès terres. Les Congos.
font plu$ petits j ils font fort habiles pêcheurs,,
mais ils défertent aifément. Les Nagos font les
j plus humains ; les Mondongos les plus cruels.;,.les,
quarante ans. La mal-prôprêté dans laquelle ils fe
| plaifent & croupifferit,, les viandes infeétées 8c corrompues dont ils font leur principale nourriture,
Mimes les plus réfolus, les plus capricieux &
l- esL pelsu sN fèugjreetss dà ef eG duéinfeéfep éornétr .l'efprit extrêmement
borné : il y en a même plufieurs qui paroiflent etre
tout-à-fait ftupides, au point qu'ils ne peuvent
jamais compter au-delà de trois. Ils ont le naturel
fort doux5 ils font dociles, fimples, crédules,
aflez fidèles 8c aflez braves.
Quoique les Nègres aient peu d’efprit., ils ne
laifièntpas d’avoir beaucoup de fentimens,; ils font
>gais ou mélancoliques, laborieux ou fainéans,
amis ou ennemis, fuivant la manière qu’on les
traire .-Ils prennent le chagrin fort à coeur, 8c péri fi
fent de mélancolie : autant ils font fenfibles aux
bienfaits, aux bons traitemens, autant ils reffen-
tent les outrages. Ils font compatiffans & même
tendres pour leurs enfans, pour leurs amis, pour
leurs compatriotes.
- On ne connoît guère les peuples qui habitent
les côtes & l’intérieur des terres de l’Afrique ,
depuis le Cap-Nègre jufqu'au cap des Voltes ; ce
qui fait une etendue d’environ quatre cents lieues.
On fait feulement que ces hommes font beaucoup
moins noirs que les autres Nègres, 8c ils reiïem- ,
blent affezaux Hottentots, defquels-rls font voifins
du côté du midi. Ces Hottentots au contraire font :
bien connus : ce ne font point des Nègres; mais
des Caffres, qui ne feroient que bafanés s’ils ne fe :
noirciflbient pas la peau avec des grailles & des
couleurs. Ils ont tous les cheveux courts, noirs,
frifés 8c laineux comme, ceux des Nègres ; mais ils
diffèrent des Nègres en ce qu'ils font couleur
d’olive. Outre cela , leur naturel eft différent de
celui des Nègres : ceux-ci aiment la propreté, font
fédentaires , & s'accoutument aifément au joug de
la fervitude. Les Hottentots au contraire font de
la plus affreufe mal-propreté ; ils font errans, in-
dépendans 8c très-jaloux de leur liberté. Ces différences
paroiflent fuffifantes pour regarder les Hottentots
comme un peuple diftingué des Nègres que
nous avons décrits.
Les Hottentots., outre cela, font plus petits que
les Européens, maigres & fort légers à la courfe ;
ils font fort laids, quoiqu’ils n'aient pas le nez fi
plat queles Nègres. Par tous ces détails, il eft aifé
de voir que les Hottentots ne font pas de vrais
Nègres* mais des hommes qui, dans la race des
Nègres, commencent à fe rapprocher des Blancs,
comme les Maures, dans la race blanche, commencent
à fe rapprocher des Noirs..Ces Hottentots ont
coutume de faire aux jeunes gens de dix-huit.ans *
une opération cruelle * qui confifte à leur ôter un
itefticule.
Tous les Hottentots ont le nezp!at-& fort large y
-ils ne l'àuroient pas tel fi les mères ne. fe faifoient j un devoir de leur aplatir le nez peudetems après
:leur naiflfance. Ils ont aufli les lèvres fort groffes ,
furtout la fupérieure j les dents fort blanches,, les
fourcils épais, la tête greffe, le corps maigre, les !
memhres menus ils ne vivent guère au-delà, de
font fans doute les caufes qui contribuent
le plus au peu de durée de leur vie.
En remontant le long de la côte d’Afrique au-
delà du Cap de Bonne-Efpérance, on trouve la
terre de Natal, dont les habitans font déjà différens
des Hottentots. Ils font beaucoup moins mal-propres
8c moins laids, naturellement plus iioîfs ; ils
ont le vifage ovale,. le nez bien proportionné, les
dents blanches , le vifage agréable, les cheveux
naturellement frifés ; mais ils ont aufli un peu de
goût pour la graille, car ils portent des bonnets
faits de fuif de boeuf, & ces bonnets ont huit ou
dix pouces de hauteur. Ils diffèrent aufli des Hottentots
, en ce qu’ils ne bégaient point, qu'ris ne
frappent pas leur palais de leur langue, qu'ils ont
des maifons,qu’ils cultivent la terre * y fémentdi*
amuaxï sH dootntetn itlost fso.nt de la bière, liqueur inconnue
Après la terre de Natal, on trouve celle de So-
fa!a 8c du Monomotapa. Les peuples de Sofala font
nCoafifrrse,s .mais plus grands & plus^gros que les autres
Ceux de Monomotapa font aflez grands, biea
faits dans leur taille, noirs & de bonne complexion«.
Les jeunes filles vont nues , & ne portent qu’un
morceau de toile de coton ; mais dès quelles font
mariées, elles prennent des vêtemens. Ces peuples*
quoiqu’affez noirs, diffèrent des Nègres ; ils n'ont
pas les traits il durs ni fi laids : leur corps n'a pai ldae femravuitvuadifee noi dlee utrra,v a&il. ils ne peuvent fupporter
Les peuples de Mozambique font noirs* les uns*
plus, les autres moins. Il en eft de même de ceux de
Madagafcar : feulement ceux-ci ont les cheveux du
fommet de la tête moins crépus que les peuples de
Mozambique. Ni les uns ni les autres ne font de
.vrais Nègres ; & quoique ceux'de la côte foienc
fort fournis aux Portugais, ceux de l’intérieur du
Continent font fort fauvages 8c jaloux de l’indépendance.
Ils vont tous absolument mis-, hommes
& femmes -r ils fe noumflènt de la_chairdes élé- phaqs Sciant commerce d'ivoire. Il y a des hommes
de différences races à Madagafcar ,. furtout des-noirs
8c des blancs* qui, quoique fort bafanés, diffèrent
des premiers* Les Noirs ont les cheveux noirs fit
crépus ; les i féconds les ont moins noirs, moins
frifés & plus longs. Les Blancs le font plus que les
Caftiilans àl’égarddes Noirs ; ils ne font pas camus
comme ceux du Concinent*& ils ont outre cela les
lèvres aflez,minces. Il y a aufli, dans cette même
rie, une grande quantité d’hommes de couleur
olivâtre ou bafànée;.ils proviennent probablement
du mélange des Noirs 8c des Blancs.: Cette île de
Madagafcar eft extrêmement peuplée * 8c quoique
les habitans forent fort pareffeux, ils ne laiffenc
pas que d'avoir beaucoup de laboureurs & des ai-
ufans. Ils mangent la chair prefque crue, & vont