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vantes ne font guère moins communes : l'amaryllis
jaune', amaryllis Lutta y la perce-neige d'automne,
leucoium autumnaley la jonquille narcilïus, narcijfus
jonquillaTa^etta, bulbocodium ferotinum,la jacinthe
paniculee > hyacintkus racemofus & commofus y la
dent de cîïien,, erythronium dens canis , amkericum
-Idiafirum; le lis orangé & martagon, lylium bulbi-
ferum & martagony la tubéreufe, polyanthes tube-
ropij la tulipe fauvage , tulipa flvefris. Diverfes
plantes ombellifères, fortement odorantes font
originaires d'Efpagne , telles que le romarin des
montagnes, cackrys li'oanotisy le fenouil, anèthum
foeniçulum y la férule commune , ferula commuais,
qui donne de la gomme connue fous le nom de
fagapenum ; la férule galbanifèFe, ferula ferai a go ,
qui donne le galbanum. Les landes & les buiiïons y
exempts d'humidité , abondent en palmiers-
éventails, chamArops humilis y en lupins jaunes ,
lupinus luteusy en fumeterre à épis , fumaria fpi-
cata'y en genêt d'Efpagne & ,en une autre efpèce
à fl.’ urs jaunes , fpartium junceum & fph&rocarpon y
en genêt monofperme à corolle blanche, fpartium
monofpermum 5 enfin, en antirrhinum amethyftinum.
Dans les haies & furies côtes des chemins ombragés
fe voient le laurier, prunuslauro cerafusy l'iris ailé
& à feuilles de jonc , iris alata & juncea y Yatropa
mandragora y le fmillaxafpera; trois efpèces de digitales,
digitalis ambigua, lutta ëc furrugirfta y la pivoine
vulgaire, pAonia ojfcinalis y la fleur de là
paffion commune. , pajjifora coerulea. y le bois
puant, anagyris foetiday l'ariftoloche ronde, arif
to’ochïa rotunda.
: L ‘Efpagne & le Portugal manquent d'eau dans la
majeure partie de leurs territoires, parce que les
rivières coulent dans des lits pleins de roches, &
il y apeu de marais & peu d'eaux ftagnantes; mais
les ruüïeaux y ont une bordure charmante : on y
voit le laurier rofe , le c itife, le tamaris & le myrte,
qui mélangent leurs fleurs & leur verdure, toujours
abondantes dans cette lituuion.On y trouve auffi
V iris xiphium & pumila, le cyperus longus & efcu-
lentus 3 Yarundo donax (rofeau (YEfpagne ) , la drofera
lufitaniça , la pinguicula lufitaniça.
. - Le voilïnage de Lisbonne, d'Opôrto & de quelques
autres villes de la c ô te , quant aux plantes
par nombre d’individus de l'Inde, de l'Afrique,
de l ’Amérique , qui des jardins ont pafle dans les
champs cultivés & fe font parfaitement naturalifées
avec le fol & le climat, il n'-eft pas rare d’y rencontrer
des haies entièresd’aloés américain, agave
americanay à côté du caëtus opuntia. Les bords fertiles
du Tage fe décorent de la brillante fcilla
hyacintoides, de Yornithogalum arabicum & de
Yallium fpeciofum. Les bocages abrités & les rocs
deBelem, expofés au fole.il, offrent le magnifique
magnolia grandifora , le cercis filiqiiafirum , le phoe-
nix daiïylifera ( palmier dattier), le cuprejfus lufita-
. nicay belle efpèce de cyprès originaire de Goa ;
l'arbre à thé de h Chine , thea viridis, olea fra-
grqns y Je gardénia fonda ( jafmin du Cap ) ; le
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'mefembryanthemum ficoides j la glaciale ) , & plu-
fieurs autres du même genre, originaires du Cap de
Bonne-Efpérance, avec l’odorante myrica faya ,
apportée de Madère. LesEfpagnols & les Portugais
cultivent nombre de végétaux & de fruits comef-
tibles, dont voici les principaux, outre ceux dont
il a été parlé : froment & avoine, feigle & riz ,
°ry\a fativa, en petite quantité ; avoine, prefque
pas; maïs, ^ea mais y le grand millet noir ou forgo
d'Afrique, kolcusforghum; millet,panicum milia-
ccum, en grande quantité; patate douce, convolvulus
batatàsj plantains, mufa paradifaca ; pois-chiche ,
cicer anetinum ; lupin, lupinus albus ; doîicS-à gouffes
menues, dolichos catjang; topinambour, helianthus
tuberofusy pomme-d'amour j folanum lycoperfcurvy
toutes les variétés des courges , concombres &
melons , figuier , feus carica y raifins, oranges ,
limons, bergamotes, & tous ces fruits délicats
que les contrées feptentrionales ne poffèdent que
dans les jardins.
La gloire de la zoologie de Y Efpagne, c'eft le
cheval; il a é té , dans tous les tems, célèbre dans
cette contrée. Il tire probablement fon origine du
barbe, courfîer de l’Afrique feptenrrionale, beau,
plein de feu ; en un m o t, le defeendant immédiat
de l'étalon arabe. Les mules efpagnoles fontexcel ■
lentes, & l'âne n’y eft pas traité comme animal
ignoble, quoiqu'il le cède à celui d’Arabie , dont
l’on pourroit tirer une race fupérieure de ces utiles
animaux. Pline louoit les chevaux de la Galice &
des Afturies; Martial, ceux de l'Arragon fa patrie.’
Mais la multiplication des mules a prefque anéanti
la race des bons chevaux dans les deux Caftilles,
les Afturies & la Galice, & les meilleures races
paroiflent avoir dégénéré. Dans ce moment on
s'occupe à les rétablir en faifant croifer de belles
jumens normandes avec des étalons efpagnols ,
fuivarit le rapport de Bourgoing.
Le gros bétail eft peu remarquable ; mais la race
des brebis eft depuis long-tems. renommée comme
fupérieure peut-être à toutes celles du Globe , non-
feulement par la fineffe de la toifon , mais encore
par la delicateflfe de la chair. Un air pur, un
herbage aromatique, contribuent fans doute à ces
qualités. Les meilleures laines de YEfpagne font
celles des cantons de.Ségovie, de la terre de Buy-
trago, à fept ou huit lieues au levant de Pedraza ,
au nord de Ségovie & en tirant vers le Douro. On
a mturalifé les moutons d'Efpagne en Suède en
Danemarck & encore mieux en France, ou ifs ne
paroiffent pas avoir dégénéré, comme je m’en fuis
alluré par les produits que j’ai fuivis & bien examinés.
On compte jufqu'à treize millions de brebis
en Efpagney dont cinq millions voyagent, & huit
millions font fédentaires & attachées à leur fol.
E1 Efpagne produit un ou deux quadrupèdes & quelques
oifeaux qui font inconnus dans le refte de
l'Europe , tels que la\iverra genetta , le vultur perc-
nopterusa le cuculus glandarius, Te tridaiïila , la mo-
tacilla hifyanica, les hirundines melba Ôi rupefrisi
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Cette dernière fe trouve aulïi dans laCarniole. La
fauterelleefpagnoleeft lefeul infeête de cette nom-
br ufe famille, qui ait des ailes couleur de rofe
& eft indigène. 11 n’eft pas de contrée d’ Europe
qui pût avoir de plus belles ménageries que YEfpagne,
& qui ait autant de facilité pour naturalifer
les animaux des autres parties du Monde. On peut
voir fe promener librement, dans les beaux jardins
d'Àranjuez , l’éléphant & le chameau, les zèbres
d’Àfrique & des guanacos de l ’Amérique méridionale.
La minéralogie de YEfpagne fut autrefois plus con-
fUerable qu'elle né l'eft aujourd hui. Pline, après
avoir obfervé que l'argent fe trouvoit généralement
mêlé à la galène ou mine de plomb,-cherche à établir
que le plus beau étoit tiré de YEfpagne, où les
mines ouvertes fous Annibal fubfiftoient encore de
fon tems, avec les nomsde ceux qui les avoient découvertes
les premiers. Celle de Bebelo avoit donné
à Annibal, trois cent pefant par jour. Pour l'exploiter,
on avoitfait, à travers une montagne, une ouverture
d’environ une lieue de longueur, par laquelle
les mineurs faifoient écouler des eaux abondantes
: méthode qui reflemble à ce que les écrivains
modernes‘ont nommé hufehing.
Strabon nous apprend que la province des Tur-
ditaniy l'Àndaloufie moderne, étoit celle quipro-
duifoit le plus de métaux précieux ; que l'o r , l'argent,
le cuivre & le fer n’étoient nulle part plus
abondans ni de meilleure qualité; que les rivières
charioient l'or avec le fable, & l’on fait d’ailleurs'
que le Tage avoit cette propriété. D ’après lui, on
peut aufli conclure qu’on fuîvoit, dans les exploitations
, la méthode d’Hufching : il ajoute que
quoique les Gaulois aflFeêlaffent de préférer à tous
les autres leurs métaux précieux qu'ils tiroient
du mont Commenus, principalement vers les Pyrénées
ou de cette partie des Cevennes qui avoi-
fine F o ix , cependant ceux ÜEfpagne avoient une
fupêriorité inconteftable, puifqu'on yrencontroit
quelquefois des blocs d’or natif, du poids d’une
demi-livre, mais que fouvent il s’y trouvoit fous
la forme d'éleêtrum ou mêlé avec l'argent. Strabon
place auffi des mines d’argent chez les Artabri, au
nord du Portugal, & Polybe nous donne des détails
fur les mines d'argent près de Carthagène, qui oc-
cupoient nombre d'ouvriers, &rendoient aux R omains
vingt-cinq mille drachmes par jour. On trouvoit
d'autres mines d'argent auprès des fources du
Eoetis. Aujourd'hui il n'y a prefque d'autres mines
d’ argent en Efpagne, que celles de Guadalcanal
dans la Sierra-Morena ; mais il exifte en plufieurs
lieux de riches veines de ce métal, dans un état
fuligineux. A A'maden, dans la M anche, font des
mines précieufes de mercure, qu’on porte dans
l’Amérique efpagnole pour le raffinage des métaux
plus précieux. La calamine fe montre auprès d’Al-
caons ; le cobalt, dans les Pyrénées ; l’antimoine-,
dans la Manche; le cuivre, furies frontières du
Portugal; l’étain, dans la Galice.Le plomb efteom-
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mun dans plufieurs diftriéte. L e fer abonde en EJ-
pogne, & confevve toujours fon excellente qualité. 3
On rire du charbon de terre du diftriét de Villa-
Francaen Catalogne, où fe trouvent aufli du fer, de
l ’argent, du cuivre & du plomb. L’ambre & le jayet
fe trouvent enfemble dans le territoire de Belon-
cia dans les Afturies. L’ambre eft entre *des lits
d’ardoife, fous forme de bois; mais en le brifant
on apperçoit comme des noeuds blancs, où eft
renfermée la fubftancè qui eft d’un jaune clair. La
Bifcaye exploite beaucoup de fer. L"Efpagne a plus
de plomb qu’ il ne lui en faut p^ur fes arfenaux.
Sa principale mine eft celle de Linares, dans ie
royaume de Jaen : elle peut en exporter environ
vingt mille quintaux par an ; elle a auffi plufieurs
mines-de cuivre. Celle de Rio-Tinto eft la plus
abondante ; mais on en tire auffi des Indes. La Bifcaye
& les Afturies fourniffènt le fer néceffaire
à l’artillerie efpagnole. VEfpagne eft un des pays
de l’Europe, le plus riche en falpêtre. Là Manche
& l’Arragon ont la réputation d’en fournir beaucoup
& d’excellent. Les montagnes qui environnent
Malag3 renferment, fuivant Bourgoing, du
jafpe, de l’albâtre , de l’ antimoine, du mercure ,
du foufre, du plomb, de l ’amiante, de l’ aimant,
&c.
Les autres minéraux qui nous reftent à décrire,
préfentent plus d’ objets de curiofité que d’impor-
1 tance : tels fontlesLeauxcriftaux de foufre d eC o-
; nilla, non loin de Cadix; le marbre élaftique de
Malaga; !emarbrevert,femblabié au verdeantico des
environs de Grenade ; le gypfe rouge & les criftaux
rouges de Compoftelle. Murcie produit une terre
fine de couleur rouge , connue fous le nom d’al-
magra, qu’on mêle avec le tabac d’Efpagne. L’aver.-
turineparoît devoir fon nom aux Efpagnols, qui les
premiers, à ce qu’ on c roit, la découvrirent dans
i’Arragon & près du cap Gâte. Au royaume de Grenade
, c ’eft un feld-fpath chatoyant & brillante de
paillettes d'or. On en a apporté du Piémont, &
des connoiffeurs prétendenr que les plus riches
morceaux viennent de la petite île rufle de Celdo-
v a to i, dans la mer Blanche.-
VEfpagne a beaucoup d'eaux minérales , dont
peu font célèbres. Les fources chaudes de Rivera,
d'Abajo, fituées non loin d’O vied o, ont quelque
reffemblance avec celles de Bath en Angleterre.
Près d’Alicante font les bains de B uzot, fources
chaudes, d’une nature ferrugineufe, fe formant
parmi les montagnes calcaires.
On connoît peu les objets de curiofités naturelles
de YEfpagne. Le roc de Gibraltar, comme on
fa it, renferme en quelques endroits des os qu’on
avoit pris pour des dépouilles d'hommes ; mais on
a reconnu qu'ils appartenoient à des quadrupèdes ,
& qu'ils y avoient été introduits par des crevalTes
fupérieures. Ce que ce roc calcaire offre de plus
curieux après ces os foffiles, eft la grotte de Saint-
Michel, ornée de ftala&ites. LaGuadiana, qui naît
dans un fol calcaire, paroîc & difparoît comme