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d.ur.ment, tant fm les montagnes que dans les
plaines couvertes de moufles j la tige rampe fur
la ^terfe. Les naturels mangent fes amandes, Sç même fes cônes, qui oqcafionnent le tenefme ; mais
le principal ufage qu'on en fuit,contre le fçorbuc. eft de l'employer
Le pinus la.r:x & le mélèze ne croiffent que fur
l.ÇS bords de la rivière de Kamtchatka , le long
des rivières qui s y jettent | ces arbres fervent à la
çonftru&ion des maifons , des bateaux , &c. Les
Kamtchadales emploient avantageufement aux
memes ufage s le peuplier blanc. Enfin, le bouleau
commun , ajbre précieux aux peuples du Nord,
fert a faire les traîneaux 6c les canots : ils en cou
pçnt 1 écorce fraîche en petites lames 'comme
du vermicelle , 6c les mangent avec leur caviar
fec> ils percent auffi ces arbres & boivent la li-
queur qui en découle , fans autre préparation.
Avec l'écorce d,e l’aune'ils teignent leurs cuirs}
mais cet arbre, comme tous les autres en général
qui viennent prés. de. la côte, eft abâtardi & avorté :
en foire qu.e les naturels font obligés de fe porter
dans l’intérieur des terres pour trouver des bois
de charpente d’une grandeur convenable.
Le trnjcum, ou froment, eft aufli d’un ufage
fort varié dans l’évionomie domeftique : il croît
al)^pdair.m.ent !e long des rivages} on,le fauche,
1 pn fait, avec fa paille, des nattes qui fervent
de couvertures fx de rideaux } on en fait des man-
teaux doux & lifïcrs d'un côté, velus de l'autre,
qui font a, 1 épreuve de la pluie. L'ortie commune
eft iine^ a.utre plante fort employée} les Kamtchadales
l’arrachent au mois d’août ou de feptem-
bre , Ja lient par gerbes & la font fécher fur
leurs huttes, puis ils la battent & la nettoient}
enîuire ils la filent à la main : c’eft la feule matière
qu'ils aient pour faire leurs filets, qui fe
pourrilfem bientôt, & ne durent qu'une fajfon.,
faute de favoir les préparer. Je ne puis finir ces
détails fur le£ végétaux du Kamtchatka, & fur
les ufages qu'en font les habitans, fans faire remarquer
a,vee quel*, foins ils tirent parti de ceux
que la nature leur donne, & qui font prefque tous
négligés dans des climats plu, heureux où l'on
ignore les avantages qu’ils pou rroient offrir , parce
, qu'on y poflede d'autres reffources.
On peut mettre à la tête des quadrupèdes, du
Kamtchatkat l’ours brun, qui eft carnivore, &
qui fait de temps en temps fa proie du mouton
fauvage ou argali ; mais il n’attaque point l'homme
qu’il ne Xoit provoqué.
L'argali a la chair excellente : les naturels font
de fes cornes de petites çoupes, des cuillers 6c des plats.
Les chiens reffemblent à ceux de Poméranie
ou au chien de berger , mais ils font beaucoup
plus gros } le poil en eft plus rude. Les chiens
fervent aux attelages : on les y dre lie dès leur bas
âge, en les attachant avec des courroies à d.&s
pieux, en vue de leur npurriture, placée à une
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petite diftance a,u-delà de leur portée & de
i étendue d,e leur lien. C’eft ainfi que, par un travail
& dts efforts continuels contre ce lien, il$
acquièrent à la fois une force de mufçles allez
confidérable , 6t: l'habitude du tirage.
Les m,anati à queue de balcirie , ou morfes,
qu on nomme aufli vaches marines, font des animaux
d’une énoime maffe ; ils ont dix à douze
pieds de longueur, & leur poids ordinaire eft de
douze cents livres. Ils fréquentent les bas-fonds
&: les partLs’fablonneufes des rivages, près des
embouchures des petites rivières de l’ïle de Be-
ringh,en lot te qu’ils paroilfent rechercher l'eau
douce} ils vont par bandes : les pères $c les mlre$
marchent, ou le traînent plutôt derrière la troupe,
& chaflent les jeunes devant eux } quelquefois ils
les tiennent à côté d’eux pour les protéger. A la
maréç montante, ils approchent .des rivages : ils
vivent en familles voifines les unes des autres >
chacune eft compofée d’un mâle, de fa femelle,
vde'uanu pdeet ilt’a dnen éle’a.nnée précédente, 6ç d’un nog-
ÇeXont des animaux des plus voraces parmi les
amphibies} ils nagent doucement l'un après l'autre,
une grande partie de leur dçs rçftanç an-defTys
de l’eau. Quand la marée fe retire, ils i’uivenç
les flots en nageant, mais quelquefois les petits
reftent fur le rivage jufqu’aij reflux : excepté
édlaénms ecnett.te cirçonftance , ifs ne quittent jamais cet
Ils ne changent point de féjour : on les a vus
pendant dix mois entiers fréquenter,les mêmes iL
vages. Au commencement de l’été ils font fi maigres,
qu’on peut compter leurs côtes} ainfi l’on
voit par-là qu’ils n’évitent pas les inconvéniens
de l’hiver pat des migrations comme d’autres
animaux. Les veaux marins communs, ou phoques
, font fort nombreux fur ces côtes, & vivent
lédentaires également.
Les oifeaux nommés pingouins fonfpeu nombreux
fur les rivages du Kamtchatka.
L e Kamtchatka eft dépourvu de toute efpèce
de ferpens & de grenouilles, mais les lézards y
faounxt ifnofertc tecos.mmuns. Le ciimat eft peu favorable
L’enumération des poiffons de cette côte n’eft
pas longue , mais elle eft trop intéreffante pour
n'en pas offrir ici les détails qui entrent dans notre
plan. L ne paroît pas, effectivement, qu’il y ait une
grande variété de genres, mais les individus dé
chaque efpèce font très-nombreux : c'eft par cette
reffource que les habitans, privés de celle du bétail
6c des grains, fe trouvent fort amplement dédommagés
la plus grande partie de l'année. Leurs
végétaux fuffifent pour corriger la putridité du
poiffon mal féché , 6c forment un ingrédient dans
leurs différens mets } celui qu’ils nomment 1 e jort-
kola fe fait avec du faumon coupé & feché, foi«
à l’air, fort à !a fumée. La laite & les oeufs des
poiffons fervent de bafe à un autre mets fort ef
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timé de cé$ peuples : après les avoir féchés a 1 air
èu devant le feu, 6c roulés dans des feuilles de
différentes plantes, ils en font une nourriture fort
fubftantielle 6c très-vifqueufe, qu’ils avalent avec
l'écorce du bouleau ou du faule. Mais leur grand
régal eft le poiffon dépofé dans une foffe,. jufqu’à
ce qu’il foit entièrement pourri. Lé Kamtchauale
s’approche avec plaifir d’un mets qui exhale une
odeur infupportable à tout autre qu’à lui.
Une forte de baleine eft fort commune dans
ces parages} on en fait la pêche, on en mange la
chair, & on en tire d’ailleurs de grands fer vices :
la graiffe eft confervée pour les' ufages de la cui-
fine & pour alimenter les lampes. Avec les fanons,
les Kamtchadales font les afferivblages de
leurs canots, & des filets pour les gros poiffons:
les os de la mâchoire inférieure forment les appuis
gliffans.de leurs traîneaux} ils façonnent
aulfi en couteaux les os plats, qu'ilsaiguifent. Ils
en fabriquent également des taux pour couper 1©
gazon} enfin , ils conftruifent une partie de leurs
habitations avec les côtes de ces baleines} les in-
teftins nettoyés, faufilés & féchés, forment des facs
pour cohferver lés graiffes & l’huile, 6c les peaux
‘ fourniffent les femelles de leurs chauffures, & des
lanières qui fervent à plufieurs ufages.
Le grampus, èfpèce dè dauphin , eft très-abôn-
dafit dans ces mers : il eft fort redouté, 6c on lui
adreffé des prières pour qu’il ne renverfe pas les
bateaux des pêcheurs} mais quand^ quelques-uns
de ces poiffons échouent fur te rivage, on ne les
lefpe&e plus , & on en tire de grands avantages.
Le goulu blanc eft au nombre des poiffons dont
ces peuples tirent parti : ils en mangent la chair,
&, des ifireftins, ils font des facs ou dés outres
poLure sc olanmtepnriori elesu ,r lhesu ialne.guilles , le loup marin , la
morue commune, le merlus, fe trouvent dans la
hier de Kamtchatka y mais les plus intéreffai>s des
poiffons fur lefqueis la fubfiftance des habitans eft
principalement fondée, ce font les efpèces anadro-
mes, ou qui remontent de la mer dans les rivières
& dans les lacs, à des faifons marquées : ils font,
pour la plupart, du genre des faumons. En automne
, iis quittent l’eau faléé ; plufieurs des variétés
particulières à laq>refqu’île, remontent les
rivières par troupe s fi nombreufes, que les habitans
ont donné à leurs mois les noms des poiffons :
l’un eft appelé \e mois despoijfons rouges j l’autre, le
tnois du grand poijfon blanc, &c.
Il eft à remarquer que chaque troupe d’une efpèce
fe tient écartée des autres, & choifit une
rivière particulière, quoique les embouchures
foient très-voifines les unes des autres} ils remontent
fouvent par troupés fi prodigieufes » qu’ils
font refluer l’eau devant eux, Ferment la rivière
comme une éclufe, & forcent l’eau de fe répandre
par-deffus fts bords ; en forte que, quand les
eaux rentrent dans leur lit, il refte à fec une multitude
de ces poiffons qui répandent au loin des ex-
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haîaifons fétides que les vents ne tardent pas à dif-
fiper : d’ailleurs, les chiens & les ours en dévorent
une grande quantité , ce qui diminue d’autant les
effets de la corruption.
Chaque efpèce de faumon meurt dans la même
rivière & dans le même lac où elle eft née j c’eft
aufli dans ces mêmes endroits qu’elle vient fidèlement
dépofer fon frai. Le poiffon d'un an refte
dans les lacs ou près des fources des rivières,
& ne fe rend à la mer qu’en novembre, avec
les nôuveàumés> auxquels il fert, en quelque
forte, de guide & d’introduèteur dans l’Océan.
Les faumons de cette contrée ne fraient, dit-
on , qu’une fois en leur vie : ceux de Sibérie &
d’Europe, dont les rivières font profondes &
offrent plus de nourriture,, font en état de renouveler
leurs amours & leurs produits pendant
une plus longue durée de temps. Les rivières du
Kamtchatka , au contraire, font peu profondes,
rapides , pleines de rochers, & dépourvues de la
nourriture fuffifànte pour des poiffons fi nombreux :
auflTrcéux qui ne peuvent pas pénétrer jufqu’au
voifinage des couranstièdes, ou retourner a temps a
la mer, périflènt généralement} mâisla nature a des
reffources inépuifables dans le frai, car on ne remarque
guère qua cés troupes qui remontent,
foient moins nombreufes une année que l’année
préIlc éedfte nfitneg.ulier que , ni les lacs , ni les rivières
ne poflèdent aucune efpèce de poiffons que celles
qui viennent de la-mer. Tous les lacs do.pt cétre
çontree eft remplie, communiquent avec la mer}
mais leur entrée, comme celle de la plupart des
rivières, eft barrée par les fables que les vents
impétueux y accumulent, ce qui concentre le
poiffon dans les eaux douces la plus grande partie
de l’année : il n’a la liberté de regagner la mer que
dans lestvtemps où les vents, prenant une dire&ioïi
contraire, difperfent les fables & leur ouvrent ainfi
le Lpa'efffapgèec*e que nous mettons à la tête, eft le
tfchawytfcha i elle eft la plus greffe. Quelques-
uns pèlent de cinquante à foixante livres. Tant
qu’ils font dans la mer, leur £haif eft rouge } elle
blanchit dans les eaux douces. C e t t e efpèce pa-
roît attachée au côté oriental de la péninfule, aux
rivières dé Kamtchatka. & d'Awatcha, &, dans lé
revers occidental, à la rivière dé Bolchaia-Reka
& à quelques autres. Jamais on ne la voit au-deià
du 54e. degré de latitude} elle entré dans les rivières
vers la mi-mai avec une fi gratode impétuo-
fité , que l’eau s'élève en vagues devant ellè. Cependant
elle remonte en troupes moins nombrem-
fes que les autres efpèces i elle eft infiniment recherchée,
& on la téferve pour les grands fellins’.
Les habitans voifins des-rivières qu’elle fréquente,
font fort attentifs à fon arrivée, qui eft
annoncée par le bruit des vagues & par l'a&ion des
poiffons, qui les divifent en les foulevant.
Le noerka eft une autre efpèce dont la chair eft
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