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La fuperficie de ce département eft dfenviton un
million dix-fept mille quatre cent foixante-douze
arpens carrés, ou cinq cent dix-neuf mille trois
cent un hectares. Sa population eft de cent trois
mille quatre cent foixante-fix individus. Il eft
compoié de trois cent quarante-cinq communes,
& divifé en trois arrondiffemens communaux ou
fous-préfectures, en trente-neuf cantons & juf-
tices de paix. La préfecture de ce département eft
à Baftia. Calvi & Corté font les lièges des fous-
préfeCtures. C e département dépend de la vingt-
troifième divilion militaire, dont le commandant
rélide à Baftia. Il eft du reffort du tribunal
d'appelféantà Ajaccio, département du Liamone,
& dans la vingt-huitième confervation foreftière.
Les principales villes font Baftia, Calvi & Corté.
Les rivières .qui prennent leur fource dans ce
département font au nombre de onze.
Il y a deux golfes, qui font Galelia & Saint-
Florent.
Un canal, celui de Goto, quatre étangs & trois
îles.
Productions. La C orfe, en raifon de fes mon- j
tagnes, n’eft pas aufli fertile que le promettoit j
l ’étendue de fes terres. Il y a dans fes plaines des
parties bien cultivées j cependant celles où il n'y
a pas eu de defféchement font mal-faines. On y
trouve des mines de jafpe, qui ne demandent qu'à
être exploitées. Les principales productions font
des vignes , des grains , des olives , & des fruits
de différentes efpèçes. II faut y ajouter la foie ,
les bois de confti uCtion & de charpente, qui font
d’affez gros objets de commerce par l'exploitation
qu'on en fait.
Quant au commerce d'importation, il confifte en
commeftibles, épiceries, drogueries, & en étoffes
de laine & de foie.
/ G O N FR E V IL LE , village du département de
la Seine-Inférieure, canton de Montivilliers , & à
une lieue un quart de cette v ille , près du château
de l’Orcher, fur le bord d’une fàlaife efcarpée.
On voit des incruftations, des criftallifations, des
ftalaCtites formées par l'eau d'une fource qui fe
répand fur les rochers, dont les groupes & les cul-
de-lampes compofent des grottes admirées par les
curieux. La fontaine minérale , lïtuée près du
même château, contient plus de fer que de f e l ,
& les environs de cette côte font remplis de parties
ferrugineufes , avec des pyrites , des bois pétrifiés
, & de deux fortes de filex , l'un noir, qu’on
emploie à bâtir j l'autre, d'une couleur blonde &
tranfparente , qui fert de pierre à fufil.
GORÉE (Ile de). Cette île , fituée fur la côte
©ueft d'Atrique, eft formée par une montagne efcarpée,
au pied de laquelle s'étend une plaine affez
confidérable. Tous ces maflifs font vifiblement des
produits du feu d'un volcan. Une des preuves {
qu’on peut en donner, & que j’ai le premier dif- ‘
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cutées & reconnues , font de grands affembîages
de prifmes qui font placés verticalement les uns
à côté des autres, excepté dans partie inférieure
du p ic , où ces prifmes font inclinés fous différens
angles. Les prifmes de cinq côtés font ceux qui
font les plus nombreux. La lave dont ils font tous
compofés eft. d'un grain fort fin & de couleur noirâtre,
& elle eft affez dure pour donner des étincelles
avec l’acier.
Dans certaines parties la montagne volcanique
eft couverte d’une terre rougeâtre-, qui eft vifiblement
le produit de la décompofition des terres
cuites fpongieufes & des fcories; ce qui me paroîc
établir l'ancienneté du volcan.
A une lieue & demie de Gorée, les îles de la
Magdeleine offrent les mêmes produits du feu.
( Voye%_ Varticle de ces tles.')
La température de cette île eft fort chaude.
Le thermomètre n'y defeend guère plus bas que
12 degrés, & monte quelquefois jufqu’à 24. Heu-
reufement qu'ilxrègne prefque fans ceffe une brife
fraîche qui tempère l’ardeur du foleil. L'air eft
fort fain à Gorée , excepté dans la mauvaife fai-
fon, qui commence ordinairement avec le mois
de juillet, & qui dure trois ou quatre mois. Il
tombe alors environ trente-fix ou quarante pouces
d'eau, & cela pour toute l'année.
GORGE DJE MONTAGNES. vC’eft l'afpeft
des vallées profondes, qui font terminées des deux
côtés par des croupes arrondies. Lorfque les vallées
ont peu de pente, on apperçoit les gorges
les unes au deffus des autres. Enfin, lorfque plu-
fieurs vallées viennent fe réunir dans une feule ,
on apperçoit plufieurs gorges.
GOSCH1Z A , ruiffeau de Dalmatie, q u i, après
[ avoir paffé fous Ottacez , fe jette dans un gouire à
Suizza, & dont les eaux fouterraines reparoiffent
dans la mer près de San-Georgio, fur le grand
canal Morlaque.
GOTHARD ( M ont Saint*). On eft dans l’ufage
de nommer mont Saint- Gothard un affemblage &
un arrondiffement de differentes montagnes con-
fidérables, entaffées les unes fur les autres , au
deffus defquelles s’élèvent differentes cimes qui
les dominent, & en font comme le centre. Ces
cimes font proprement le Saint-Gothard, dont la
totalité a pris le nom. Ces maffes énormes em-
braffent dans leur contour une vafte circonférence
j elles s'étendent par différentes branches
dans les Alpes, & c'eft pour en donner une idée
plus complète, que nous avons indiqué, dans les
articles A ltorf & Airole, les différentes routes
par lefquelles on parvient à ce centre.
Les habitans de ce pays ne font pas d’accord fur
les limites de ce qu’ils comprennent dans le circuit
du Saint-Gothard. Au refte, la montagne du
Saint-Gothard doit être confidérée comme un des
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points les plus importans en géographie ; elle mé-
riteroit des recherches particulières; mais il fau-
drdit en avoir une bonne carte , comme de tous
les environs.
C ’eft au fortir du village de l’Hôpital f qu’on
monte véritablement le mont Saint-Gothard. Le
chemin eft pavé & bien entretenu. Par un vallon
à droite defeend le Garceren, torrent qui vient
des glaciers. Son eau eft blanchâtre; elle fe jette
dans la Reufs, & en trouble la limpidité. Les
rochers font de plus en plus dépouillés & arides.
C ’eft là qu’on trouve les derniers buiffons des
aunes rabougris. La Reufs tombe de rocher en
rocher. Des blocs & des quartiers de pierres énormes,
qui rempliffent fon li t , lui barrent fouvent
le paffage. Ses eaux s’ élancent par-deflus lorsqu'elles
ne peuvent les tourner. Enfin on ne voit,
en montant, que des rochers, des abîmes, des
précipices : on marche néanmoins en fureté au
milieu de ce défordre de la Nature.
Sur un rocher à droite, à une lieue environ de
l ’Hôpital, on trouve taillées dans le roc les limites
entre le pays d’Urferen & la partie italienne, la
vallée de Livenen ; aufii tout le fommet du mont
Saint-Gothard appartient-il à la partie italienne
qui eft actuellement fujète du canton d’Uri. On
parvient enfin fur un terrain plus uni & une ef-
pèce de plateau : c’eft le haut du Saint-Gothard.
.A une demi-lieue fur la droite, entre des rochers
fort hauts, fort efearpés, eft une efpèce d’entonnoir
où fe raflèmblent les eaux des neiges fondues;
elles y forment le petit lac de Luzendro ,
gelé les trois quarts de l’année, d’où la Reufs
tire fa fource en partie ; car les glaciers du mont
de la Fourche, dans le haut Vallai$, fourniffent
auffi un torrent qui eft regardé comme la fécondé
fource de la Reufs. Le Rhône prend fa fource dans
la partie oppofée du même glacier.
Le haut du Saint-Gothard eft un vrai vallon,
puifque des cimes, des pyramides, des montagnes
prodigieufes, compofées toutes de rochers , s’élèvent
au dellus & [’entourent de tous côtés. Les
montagnes qui couronnent ce vallon font Sella,
Sorefcia & Profa à l’efl f Fiendo, Fibia ou Pet-
tino, Luzendro & Orfino à l’oueft. L’efpace qui
eft entre ces rochers a une forme à peu près cir-
culairè : il paroît avoir été un fond qui a été
élevé & comblé jufqu’au point où il eft par les
débris des montagnes qui le dominent, & qui s'y
amoncèlent encore actuellement ; il a une efpèce
de niveau qui va un peu en pente du côté du midi
& du côté du nord, par lefquels fe fait l ’écoulement
des eaux fournies en conféquence de la fonte
des neiges, & dont la Reufs & le Tefin font les
débouchés.
Des maffes étonnantes de rochers rempliffent la
furfaoe de ce vallon ; elles y font placées dans un
défordre extrême. Ces maffes ifolées font toutes
de granit compofé de q u a ru , de feldfpath & de
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mica verdâtre. Lé chemin qui traverfe ce vallon
tourne autour de ces maffes. Il faut que les pics
élevés qui bordent ce vallon aient été beaucoup
plus hauts qu'ils ne le font maintenant pour avoir
pu fournir des débris fuffifans pour combler cette
furface, qui a une lieue au moins d'étendue. Il
n’eft pas douteux non plus que les grandes mon*
tagnes qui font au pied de toutes celles qui forment
l’enceinte du Saint-Gothard, au moyen defquelles
on trouve ,un accès plus facile & des
rampes plus douces pour s'élever comme par degrés
à cette hauteur, qui compofent enfin ces
maffes étonnantes, ne doivent leur exiftence aux
débris de ces coloffes qui dominent tour. L’examen
de ce qui fe paffé journellement fout nos
yeux ne peut nous laiffer aucun doute fur l’abaif-
fement des montagnes. Il n’y a point de torrent,
point d ’écoulement d’ eau, quelque petit qu'il
fo it, qui n'entraîne, en defeendant des montagnes
, des terres , des graviers ou des fables pour
les porter plus bas. Les grands torrens, les rivières,
gonflés par les fontes des neiges>& des glaces-,
entraînent des rochers entiers, créufent de vaftes
& de profonds ravins. Ces maffes de rochers’ diminuent
par le choc & par le frottement qu'elles
efluient entr’elles & fur les rochers fur lefquels
elles paflent, & dont elles occafionnent réciproquement
la démolition. Ce font les débris de cette
efpèce de trituration qui troublent les eaux, &
dont le dépôt élève infenfiblement les bords des
rivières, qui forment le limon qui féconde les
plaines, & va former, jufque dans le fein des
mers, ces dépôts, ces barres, ces bancs qui en
reculent les côtes. Les rochers les plus durs, ces
granits que les meilleurs outils ont tant de peine
à façonner, ne réfiftent point aux intempéries des
faifons. Leur fuperficie s’altère & fe décompofe
au point qu’on a peine à les reconnoître. Des lichens
, de petites moufles s'infinuent dans leurs
tiffus : l ’eau y pénètre, & l'a&ion de la gelée fait
l'office de coin entre deux parties qui lui préfen-
tent un léger réduit. S’ils fe trouvent placés fur
une pente de façon à ne pouvoir être entraînés
par les eaux, la plus groffe maffe fe trouve bientôt
réduite à peu de chofe après avoir parcouru un
plan incliné. Quels changemens ne doit pas avoir
opérés cette marche confiante de la Nature 1 Pour
peu qu'on réfléchiffe que les, montagnes fourniffent
continuellement aux plaines, & que celles-ci
ne rendent rien aux montagnes, on pourra fe faire
une idée vraie des changemens que la révolution
des fiècles a produits à la furface de la Terre j
auffi n’eft-ce que fur les montagnes qu'on apperçoit
d'une manière plus fenfible les matériaux qui
ont fervi & qui fervent aux créations nouvelles
que la Nature opère journellement. C ’eft en examinant
bien la marche de tous ces débris & leur
.emploi lent & fucceflif, que le naturalifte obier-
vateur reconnort les véritables agens de la^Nature
, & qu’il écarte en même tems toutes les