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île de Nord-Scrandt , qui n'en eft pas éloignée , fut*
par la même caufe, en 16 34, réduite à une pa-
roiffe au lieu de vingt qu’elle contenoit. Cinquante
mille têtes de bétail Ôc environ cinq à fept mille
âmes furent entraînées fous les eaux par ce dé-
faftre affreux.
HELENE ( Sainte- ). Cette île eft un rocher
volcanique fitué entre l ’Afrique & 1*Amérique , au
milieu de l'Océan atlantique, à foixante lieues
au moins éloigné de toute côte. Sur les produits
du feu j le tems , par la décompofitiondesfcories,
a produit une couche d'un pied & demi de terre
végétale très-fertile : c’eft là que croiffent des
orangers, des figuiers , des grenadiers au milieu
des récoltés de froment & à côté de plantations de
café. Auprès d'un arbre charge de fleurs on apper-
çoit le même arbre chargé de fruits 5 & au milieu
de ces cultures, des montagnes qu'on apperçoit
de vingt-cinq lieues en mer s'élèvent couvertes &
couronnées d'une éternelle verdure. Les vaiffeaux
s 'y foumilfent de légumes frais, ainfi que de bétail*
qu'on enlève en fi grande quantité, que les habi-
tans de l'île fe trouvent réduits à la viande falée j
mais ces enlévemens fe réparent promptement, vu
l'excellence des pâturages. Quelquefois, dans les
grandes féchertfles , on ett obligé de tuer les
boeufs faute de fourage 3 mais les féchereffes font
ici très-rares. On n’a pas, à Sainte-Hélène, ces
longues faifons de pluies, qui rendent les colonies
d'Amérique fi mal faines. La férénité du ciel n'y
eft interrompue que par de douces ondées. Au
dixième degré de latitude le feul fléau qu'aient à
redouter les habitans, ce font des nuées de faute-
relles qui dévorent leurs moiffonsj mais dans ce
cas ils ne font jamais expofés à une difette. Outre
les légumes & les fruits qui ne leur manquent
jamais, la Nature, qui femble avoir tout fait pour
cette île heureufe , a raffemblé tout autour les
mei'leurs poiffons en abondance : on en compte
jufqu'à foîxante-dix efpèces dans les mers qui l'en- i
^vironnent.
HÉMERSWEILLER, village du département
du Bas-Rhin, canton de Soultz, eft à une lieue un
tiers à l’eft de cette ville. On a obfervé depuis
long-tems , dans les prairies attenantes-au pied
d’une colline fituée entre ce village & celui de
Lampertfloch » des fontaines, fur l'eau defquelles
nage du bitume que les habitans ramaffent, &
qu’ils emploient à divers ufages.
H ÉR AU LT , rivière qui prend fa fource dans
la montagne de l’Efperou, & dont le fable eft un
débris de granit & de talcite. Cette rivière, à une
affez petite diftance de fa fource, fournit des paillettes
d'or aux orpailleurs qui s’occupent de cette
récolte : ils ne cherchent ces paillettes d'or qu'à
d eu x , tro is , quatre ou cinq lieues de la montagne
3 & dans une étendue de terrain qui n'a
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prefque pour rochers que les granits & les talcites.
C'eft par le moyen du lavage des terres que fe fait
cette récolte. Les orpailleurs cherchent ces paillettes,
non-feulement dans les endroits de la rivière
où l ’eau eft dormante & dans les fînuofités,
mais principalement fur les rives, & fort fouvent
bien avant dans les terres qui font voifines de la
rivière, & dans les dépôts qui ont appartenu eg
certains tems à fon ancien lit. C'eft dans ce
terrain que l'on trouve les plus groffes paillettes.
Jamais les orpailleurs ne font mieux leurs affaires
qu'après les grandes inondations, quand les eaux
ont pénétré fort avant dans les terres & en ont
fait ébouler une partie : c'eit là où l’on trouve
beaucoup plus de paillettes que partout ailleurs.
Il faut fouvent, au relie, creufer bien profondément
pour trouver la bonne terre aurifère} ce
n'eft prefque toujours qu’ un dépôt de terres fait
par fucceflion de tems , & que les ruiffeaux & la
rivière ont entraînées des montagnes voifines , &
qui ne font que des débris légers de granits & de
talcites. Ce qui fait conjecturer que les mines d'or
font contenues dans cette nature de fo l , c’eft
qu'après avoir quitté toutes les montagnes de granit
& de talcite, on ne trouve plus de paillettes
d’o r , les dépôts de la rivière étant d’une toute
autre nature*
Partout où le granit fe trouve, la terre végétale
eft fort légère ; elle eft facilement emportée par
les eaux pluviales , à caufe de la grande pente du
terrain. Les grolfes pluies entraînent le fable , qui
n'eft qu’un débris du granit tendre dans les ruiffeaux
& les petites rivières qui les portent dans
VHérault & de là dans la mer. Il eft vifible que
cette nature de fable eft la plus abondante fur les
côtes du Languedoc, & que leur tranfport &
leurs dépôts font dus à VHérault & aux rivières
femblables qui viennent des Cévennes & fe rendent
à ces parties de la Méditerranée où fe trouvent
des plages fort chargées de fable, comme celles
de VHérault.
H ÉRAULT ( Département de 1' ) . Ce département
tire fon nom de fa principale rivière, qui
le traverfe du nord au fud, & fe rend immédiatement
à la Méditerranée.
Il comprend preftpi'entiérement lés évêchés de
Montpellier & ae Lodève.
Ses bornes font, au nord-eft, au nord-oueft,les
départemens du G ard& de l'Aveyron 5 au fud-eft,
la Méditerranée 5 au fud , le département de
l’Aude,- & à l’oueft celui du Tarn.
Les principales rivières font non-feulement
l’Hérault, mais encore l’Orbe , à quoi il faut ajouter
les étangs depuis Lune! jufqu’à l ’étang de
Vendres.
L’Hérault pénètre dans le département par
Ganges, enfuite paffe à Àniane, Saint-André-de-
Sangouis, Afpiran, Pezenas & Florenfac. Il fe
rend à la mer près d’Agde , & il communique aveç
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le canal du midi par fa droite, & à une certaine
diftance de la mer. Il reçoit auffi à droite deux
rivières,, puis l’ Ergue, qui paffe à Soubès & Lodève
} enfuite la rivière de Fontès, celle de Ron-
jau qui arrofe ce village, & Pezenas j enfin l ’I-
vron, qui paffe à Magalas. A gauche, l’Hérault
reçoit la rivière de Saint-Martin-de-Londres, celle,
de Saint-Pargoire.
L ’Orbe entre de même dans le département par
le nord, arrofe Bedarrieux, le Poujol, F.offenon
& Béziers.
Il reçoit à droite le Mura, qui arrofe Saint-
Gervais, & fe réunit à l’Orbe au deffous de Bedarrieux
, enfuite Janfe, qui a fa fource à Pont-dè-
Thomières, & paffe à Olarguès, puis les rivières de
Saint-Thinian & de Liron. A gauche il ne reçoit
que la rivière de Lunas.
Si nous fui vons l’examen des eaux courantes à
l’oueft, nous trouverons Caffethère, Larn & La-
gout, qui n’ont aucune fuite dans leur marche. 11
y a plus de difpofition régulière dans les rivières
côtières, tels que le Vidourle, de même la rivière
qui paffe à Caftries, la Cadoürle, qui tombent
dans l’étang de Manioj la Berange, qui paffe à
Montpellier} le Perouillet & le Mcffon, qui fe
rendent à la même plage, il en éft de même de la
rivière de M èze, qui tombe dans l ’étang de
Thau.
On y cultive des vignes & des oliviers, & on
y fabrique beaucoup d’étoffes de laine.
Les principales villes & habitations font Montpellier
, Béziers, Lodève & Agde.
Agde, petit port fur VHérault, commerce de
blé,de v in , d’huile, légumes & falicor.
Aniane, petite ville : on y fabrique du fel de
tartre.
• Bedarrieux, commerce de droguets & étoffes
de laine.
Béziers, petite ville fur une colline, près l’Orbe,
commerce d’amande, d’huile d’olives, &. filature
de foie. Elle eft renommée pour la falubrité de
l’air qu’on ^ refpire. Cette petite ville a un port
de mer d’ou l’on entre dans le canal du midi : il
s’y fait un tranfport de marchandifes par mer. Il y
a une rafinerie de fucre, une favonnerie & une
manufacture de tabac.
Clermont-de-Lodève , fabrique d'étoffes de
laine.
Frontignan, vins de liqueur.
Ganges, fabrique de bas de foie.
Livindère: il y a dans fon territoire cinq abîmes
d'eau d'une grande profondeur.
Lodève, petite ville au pied des Cévennes,
fur l’Ergue , fabrique de draps pour le Levant.
Lunel, commerce en excellens vins mufeats.
Montagnac, petite v ille , commerce en laines,
ferges, ratines & droguets.
Montpellier, grande ville fur le Merdenfon,
près le L e z , commerce en draperies, vert-de-
gris, fruits fec s, huiles d’olives & olives.
H I S 351
S a i n t - P o n t - d e - T h o m i è r e s : o n y f a b r i q u e d e
g r o s d r a p s .
HERCULANUM. ( Voyt^ P o m p é Ï a }.
H1ÈRES. ( V o y ti H y d r e s ) .
HISTOIRE NATUREL LE GÉOGRAPHIQUE.
Je crois qu’ il eft plus important que jamais
de circonfcrire les limites de Vhifioire naturelle.
On voi t tous les jours des chirniftes q u i, après
avoir fournis à toutes les épreuves que la nouvelle
chimie a dans fon pouvoir , une fubftance
minérale, croient avoir fait Vhifioire naturelle de
cette fubftance, & ne voient rien au-delà de leurs
résultats. Ils appuient fur eux toutes les réflexions
qu'on peut rifquer fur l’origine de cette fubftance
& l’emploi que la Nature en a fait à la furface
du Globe. Je ne puis diflîmuler ici combien ils
fe trompent. L ‘ hifioire naturelle peut recevoir
quelques éclairciffemens de quelques effais chimiques
3 mais ce n’ eft pas là où doivent fe borner
ceux qui s appliquent à Vhiftoire naturelle de la
terre. Ils favent de quel prix eft l’obfervation bien
précife de toutes les fubftances , & encore plus
les obfervations comparées. C ’eft un des moyens
les plus fûrs pour les placer dans l ’ordre de chofes
que la Nature leur a preferit. La chimie s’enrichit
par les réfultats de fes analyfes, comme Vhifioire
naturelle s’enrichit par les réfultats des obfervations.
Ainfi l’emploi que la Nature a fait de telle
ou telle matière minérale, la place qu'elle occupe
dans le globe de la terré, les révolutions que for»
état indique, tout cela fait proprement l'objet de
fon hifioire naturelle. Cette hifioire rfeft proprement
qu’une defeription raifonnée de la fubftance
relativement à la place q u e lle occupe dans le
globe de la terre : on doit y comprendre ces deux
vues, en même tems fes qualités particulières Sc
fes rapports à l'enfemble.
Les épreuves de la chimie ne fuppofent guère
de difeuflions : elles font toutes dirigées d'après
un meme plan, une même formule} mais les dif-
euffions de l’obfervation exigent beaucoup plus dé
reffources dans l’efprit de l’obfervateur, beaucoup
plus de combinaifons dans les faits analogues ou
eorrefpondans, beaucoup plus d’attention & de
difeernement pour apprécier au jufte toutes les
circonftances décifives & négliger les détails inutiles.
S Je ne doute pas qu’il ne fort poffible de tirer de
l’obfervation comparée , des cara&ères différens
pour reconnoître chaque fubftance minérale. Ceux
que nous donnent les chirniftes font utiles pour
connoître la nature des matières qui entrent dans
leur compofition * mais en vain voudroit-on s ’y
borner, & nous défigner les réfultats des procédés
chimiques pour ceux des faits de Vhifioire natu-
rulle; car Vhifioire naturelle étant la connoiflance
des faits de la Nature * ou-plutôt le catalogue des