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Les fiekhàs. Ces baies -font le fruit d'une efpèce
de bruyère. rampante qui a des-feuilles courtes
fe pointues , fe qui croît dans les endroits pierreux
fe voifjns des montagnes. Ces baies, font
noires, très-petites 3- & ont des. pépins 5 on en
ramaffe beaucoup,, & on les fait cuire.
Nous allons faire çonnoître le genre de vie des
habitans des contrées qu'arrofe la Kovima. Quelquefois
ils font bouillir ou frire le poiffon , dont
ils. font leur principale nourriture, comme dans
lés pays voifins; maïs plus fouvent ils font des
foupes avec,des nalimés ,.des kares ou des perches 5
ils font aufti bouillir1 les partiesfii péri eu res de la
tête du nelma , du fîèg & du ! tchir , efpèce de
faumon , & la fervent froide avec des oignons
falés & du jus de mûres de ronce au lieu de
vinaigre : ce plat eft un hors-d’oeuvre pour exciter
l'appétit. Après avoir fait bouillir le poiiTon , ils
en enlèvent les arêtes & le pilent dans un mor tier,
jufqu'à ce qu'il foit réduit en pâte ; ils y mêlent
des fïlds, des têtes dé faumon., ou, ce qui eft encore
plus eftimé, du foie de nelina, enfui te ils le font
cuire , en y ajoutant par fois des oignons. Ils pilent
auflî dans un mortier les oeufs de poiffon, y
mêlent de la farine & les font frire avec des oignons,
lis appellent ce mers du baraban. Mais
quand ils font frire les oeufs de poilfon fans oignons
, qu'ils leur donnent la forme d’un gâteau,
& qu'ils mettent par-deflus des baies cuites , ils
Rappellent ces gâteaux des ckangis. Ils pèlent le
b rochet, le hachent bien, l'afhifonnent, & en
font des boulettes qu'ils mêlent dans les" foupes
& dans les pâtés de poilfon; fouvent ils donnent
à ces boulettes: la forme de gâteaux, qu’ils font
frire & qu'ils nomment des telnïts.
On fait bouillir les gros intedins du poilfon,
principalement ceux du neltna ; lorfqu'ils font
froids , on les rnêle avec des baies.
Les habitans de tout ce pays extraient le* jus'des
baies dont nous avons parlé , le font fermenter &
le boivent avec de l'eau. Ils font du vinaigre, ou
du moins une liqueur acide qui le remplace , avec
«des oignons mis en fermentation avec de la farine
ou avec la fécondé écorce de mélèzé bien pilée.
Ils prennent comme du th é , une infulion de
thym fauvage, de branches & de fleurs d'églantier.
On trouve beaucoup de dents de mammouth,
ou éléphant foffile, dans les parties élevées &
fablonneufes des rivages de la Kovima, & ces
dents font ordinairement à une grande profondeur';
mais dans les endroits où les débordemens
qui ont lieu au printemps emportent le fable,
elles reftent à découvert. On ne doit pas être
furpris que ces dents foient lî profondément enterrées,
car chaque année les inondations dé-
pofent une grande quantité de fable & de terre
fur les bords des rivières de cette partie de la Ruf-
fie. Ce dépôt annuel eft en général de deux ou
trois pouces d'épaiffeur.
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Les défenfes dé mammouth égalent celles des
éîéphans vivans pour la blancheur & la fineffe de
l’ivoire ; mais elles font d’ailleurs peu différentes,
en ce qu'elles font plus arquées. La plus grande
qu'on ait vue pefoit cent treize livres & demie
poids de marc. L'extérieur de cette' dent étoit
noirci, parce quelle avoir été long-temps expo-
fée à l'a i r : il y avoit', outre cela, une fente
d’environ un pouce de profondeur ; le dedans
étoit parfaitement bien confervé & extrêmement
blanc.
On trouve fréquemment, dans les environs de
la Kovima, des cornes d’un autre animal ', lefquelles
font encore adhérentes à une partie du crâne, &
reffemblent beaucoup aux cornes du buffle. Les
Tongouths font grand cas de ces cornes, parce
qu'elles'font élaftiques, & ils s ’en fervent pour
donner plus de force à leurs arcs.
KRAPACK ou CRÀPATHE (Carpatkus) ,
chaîne de montagnes qui bornoit, chez les Anciens
, la Sarmatie européenne du côté du midi;
elle fépare aujourd’ hui la Pologne d’avec la Hong
r ie , la Tranfylvanie & la Moldavie.
Les Krapacks font les principales montagnes de
la Hongrie. Ce nom leur eft commun avec toute
la fuite des montagnes de Sarmatie qui féparent
celles de Hongrie de celles de Rufïie, de Pologne
, de Moravie, de Siléfie & de celles de
la partie d'Autriche au-delà du Danube; leurs
fommets élevés & effrayans, qui font au-déflits des
nuages, s'aperçoivent de très-loin. On Ieurdoiine
quelquefois un nom qui défigne qu'ils font pi-ef-
que toujours couverts de neigès , & un autre
nom qui lignifie qu'ils font nus & /chauves. En
effet, les rochers de ces montagnes l'emportent
fur ceux des Alpes d'Italie , de Suiffe & du
T iïo l, pour être efcarpés & pleins de précipices.
Ils font prefqu'impraticables, & perfonne, n’en,
approche , à l’exception de ceux qui font curieux
d ’admirers les merveilles de la nature.
KRIN , lieu voifin de Seigu en Dalmatîe , remarquable
furtout par des lacs- fitués dans des_
bafflns autour defquels__ le terrain tremble fous
les pas de ceux qui y marchent. Dans les prairies
de Murgude , où ces lacs fe trouvent, il s'en
forme quelquefois de nouveaux par l’enfoncement
fubit de la fuperficie du fol. On voit effectivement
, dans cet endroit, la terre s'enfoncer
fur une étendue de trente pieds, fe à la place
fuccéder un lac d’eau bourbeufe. Ces fubmerfiohs
de terrains couverts d’herbes & de plantes dans
les prairies baffes de Seigu font fouvenir de fem-
blables croûtes marécageufes qu'on rencontre
dans le Polefin & le Dogado, & dans d’autres
contrées inondées qui nagent fur les eaux des marais
fouterrains, & qu’on peut, à jufte titre , nommer
des terrains flotians. La nature du fol des prai-
, ries de Krin & des Cuores en Italie eft la même.
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Ils font compofés les uns fe les autres par. les racines
entrelacées des plantes marécageufes. Quand
on entame ces terrains avec la charrue, l'eau Ce
répand tout de fuite à leur fur fa ce-, qui s'enfonce
& qui en eft fubmergée.
KRUMEN-HÜBEL , village de Siléfie, dont
tous les habitans foift occupés à des préparations
himiques.
KUNGSBERG en Noiwège. Il y a dans ce lieu
de riches mines d'argent.
KüNGUR. A tiès-peude chemin de Kungur,
près de Périr», capitale du gouvernement de Per-
mie en Sibérie, en remontant la rive droite de la
rivière de Sy’w a , qui le jette dans la Kama, font des
montagnes entièrement compofées d’albâtre, & qui
en fourniffent à tontes les contrées voifines. C ’eft
dans une de ces montagnes, appeléeLedjsnaja-Gora
( montagne de glace ) , que fe trouve, au bord même
de la rivière, la fameufe caverne dont M. de Strah-
lenberg fait mention dans la Defcription de b Ruffie.
Le Péchin, dans fes Voyages, fut pour la vifiter
en 1770; il trouva l ’entrée entièrement bouchée
par une glace très-épaiffe ; mais il loua des ouvriers
qui furent occupés jusqu’au lendemain à lui procurer
une ouverture. Ce fa van t parcourut, en attendant,
avec fa fuite, toutes les hauteurs des environs, fe
vit de toutes parts des affiiffemens de terrain de dix
à douze toiles de profondeur, qui formoient des
entonnoirs de la forme d'un cône renverfé. Cette
obfervation lui fut d'un heureux augure, eu égard
à la réalité de ce qu’on racontoit de cette caverne,
où.il defcendit, avec fes compagnons , le 11 août.
Ils trouvèrent entr’autres une grotte de quatre-
vingt-dix pas de longueur , fur vingt en largeur :
on y voyoit quantité de glace en différentes places.
Une autre falie très- vafte avoit à peu près les mêmes
dimenfions, .& beaucoup d’inégalités dans fa voûte ;
une trojftème avoir quatre-vingts pas de long fur
vingt pas en largeur, & deux toiles & demie de
haut : au for tir de cette dernière, on pénétroit
dans une petite grotte dont.le fol eft prefqu’en-
tièrement couvert de glace, par une galerie très-
étroite, longue de cinquante pa.s , & fi baffe, qu'il
falloir y être entièrement courbé. Ce fut dans
cette grotte qu’üs aperçurent le premier affaiffe-
ment de la furface delà montagne qui eut pénétré
dans fon intérieur, & qui formoit un gros tas de
terre végétale fe d’autres couches, le tout pêle-
mêle. On fortoit de cette grotte par une galerie
étroite de cinquante pieds de long, qui commu-
niquoit à une i aile longue de cent pas , à l’entrée
de laquelle on trouvoit d’énormes quartiers de
roche qui en rendoL nt le paffage très-difficile. On
voyoit à gauche <deux cheminées ou tuyaux qui
venoient du hayt de la montagne, & dont il dégoût
toi c de,l’eau. 11 y avoir plus avant'une autre
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falie , dans laquelle on voyoit une groffe maffe de
glace, & plus loin encore , une grotte tout-à-fait
régulière , qui fembloit avoir été faite par les
hommes, & qui étoit large d'environ cinquante
pas: les parois et oient tapi fiées de ftalaélites de di-
verfes figures , & de concrétions lapidifiques produites
par l ’eau. Cette falie étoit fui vie d ’une autre
qui pouvoit avoir cent foïxante p-as en longueur fe
trente en travers ; fa partie de derrière éroit pareillement
remplie de glace : toutes les fiffures de
la voûte I’étoient également, & l’on voyoit, en
quelques endroits, des colonnes entieres.de glace.
Dans la première de ces grottes, il y avoit une.
■ communication qui menoic à une autre grande falie
de cent pas de long fur environ cinquante de barge,
au milieu d.e laquelle on voyoit quantité de pierres
entaffées en monceaux. Dans cette même falie
on voyoit encore, fur la gauche, un tas de débris
formé par un affaiffement de la montagne, fe à
droite , un tuyau circulaire qui pénétroit, autant
qu'on put juger, à cent toifes environ dans le roc î
l’eau dégouttoit continuellement de ce tuyau.
Tout au haut de ce tuyau, la pierre d'albâtre étoit
lifte fe même polie, fe l’on pouvoit diftinguer les
couches fupérieures de la montagne, jufqu’ à la terre
végétale. On pénétroit encore dans une autre falie
qui furpaffoic toutes les autres en grandeur, puisqu'elle
avoit foixante-dix-huir pieds de long fur
.cinquante de large. Deux autres grottes offroient de
petits étangs d’ une eau très-limpide. Les habitans
de Kungur affurent qu'on pouvoit cheminer autrefois
beaucoup plus loin dans ces cavernes, & que
la totalité de leur circuit s’étendoit à deux lieues
fe demie; mais actuellement il y en a eu quantité
qui fe font écroulées.
Cette grotte eft figurée dans YHifoirede ïlujfie
de Leclerc.
KUPFERLOCHER, dans i'ex - département
fiançais de Rhin fe Mofelle. On y exploite une
mine de plomb fe une mine de cuivre.
KURILES ou KOURI (Les îles). C'eft une
férié d’ iles courant au fud, depuis la pointe du
Kamtchatka jufqu’ à Teffos , & qui ferme, en
quelque forte, la mer d’Oskoth ; elles gifent par
le y i e. degré de latitude nord. Sur le Paramou-
fe r , fécondé île de la chaîne , eft une haute tête
montueufe en forme de p ic , & qu'on croit volcanique
; fur la quatrième île , appelée Araumakuians
eft un autre volcan. Il y en a un troifième fur
l’Urufs, deux fur le Storgu , fe un fur le Kunatir.
Ces trois dernières montagnes font partie de la
terre d’Jefo. A la fuite de ces volcans font ceux
du Japon , comme on peut le voir dans.Kempfer ;
en forte que , depuis le Kamtchatka ju(qu’au Japon
, fe trouve une rangée de centres d'éruptions
volcaniques très-nombreux. Les voyageurs qui
ont obfervé ces lieux» ont été portés à croire que
1 toutes ces îles & prefqu'iies ayoîent fait partie