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les troupeaux fe portent vers les Sierra de Léon
& de la Vieille- Caftille pendant les mois de juillet
& d’ aoûr, où ils jouiffent d'un nouveau prin-
tems, en s'élevant par degrés à des zones qui tempèrent
les feux delafaifôn. En feptembre ,!lorfque,
par la declinaifon du fole il, la température commence
à fe refroidir , les troupeaux de Rendent
dans les moyennes régions. Enfin, au commencement
d oélobre ? la fraîcheur de l'automne ayant
ravivé la végétation, ils peuvent defcendre dans
la plaine & fe rendre dans leur Ration d'hiver.
Dans ce fÿftème paftoral, les moutons font tou-
ours en plein air, dans un air pur & tempéré. Ils
îabitent prefqu’en tout tems les montagnes ou
les pentes élevées , &r, en Efpagne plus qu’aiileurs,
les Végétaux font éminemment toniques & nutritifs.
Ils font tenus dans une adtion continuelle; ce
cjui renforce leur tempérament & le s rend propres
à fuppotter les fatigues & les voyages dé long
cours. Toutes ces caufes , jointes à une attertion
judiciepfe & confiante 'dans, lés- accouple mens ,
n auraient elles pas contribué , à la longue, au
maintien & peut-être au perfectionnement d’une
race que les uns prétendent indigène de Y Espagne,
les autres être venue xi’Afrique, quelques-uns
d Angleterre, & dont cependant on ne retrouve les
types nulle part.
Un pafiage de Martial attelle (Martial étoit Ef-
pagnol-, & vivoit dans le premier fièclede. notre
ère ) que, de fon teins > les laines de la Bétique &
de la Cantabrie étaient très-eftimées à Rome. O r ,
la rive gauche de. la Guadiana, dont Etr.erita-Au-
g.ufta>& aujourd'hui Me rida, étoit la capitale, fait*
. partie de la Bétique; d'autre part,. Julicr-Briga ,
chef-lieu de la Cantabrie, fe retrouve, dans Agui-
lar- del-Campo,. vers les fources de l'Ebré« ~
-/ :.Si ijon cofifidèrë que ces mêmes:lieux font en-
core Je,'centre de l'habitation des belles races léo-
nèfës >: qu'une partie de la Bétique répondoit à
celle de l'Efiramaduré ^- on-ic.es troupeaux pafïent
le tems de ['.hivernage, &' que la Cantabrie com-
prenoit les, extrémités.,de Léon & de la Vieille-
Cafiiîle,;ou iis fe rendent l’é té , on trouvera fans-
doute des râifôn$;fiiffifames pour ne pas affigner
à ces races une-; autre:patrie que cellex)ü nous les-
;.retrouvons aujourd'hui.
; On a- cité l'importation de quelques moutonsj
africains par Columelie, & onacru y trouver l'origine
des mérinos ; mais ni l’hiftofre ni la tradition
qe nous ont rien tranfmis fur la prééminence
des moutons d'Afrique fur ceux desautres contrées..
D'ailleurs, Columelie étoit contemporain de Martial
; & fi l'amélioration des troupeaux avoit été
l’effet du croifement des races africaines & efpa-
gnoles;, elle n’auroit pu s’étendre affez rapide-; ;
ment pour parvenir du fond de la Bétique ( Co-
lumelle habitoit Cadix ) jufqu’aux montagnes de
la Cantabrie K & attirer en, fi peu de tems l’attention
des artiftes de Rome. La Cantabrie avoit peu, de rapport aveç les au-
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très provinces. Les Cantabres n’avoient jamats été
entièrement fubjugnés ; ils h a bit oient des régions
très-éloignées de là Bétique. On ne fauroit donc
admettre que l'importation de Columelie , qui
n'étoit.qu'une expérience,tentée à l'extrémité méridionale
àeYEfpagne, ait pu étendre fpontanémert
fon influence jufque dans les parties les plus fep-
tencrionales Sè jufque dans la Chaîne des Pyrénées.
Si l'on-fe reporte à des époques p!u,s anciennes,
on voit les côtes de la Péninfule, & quelques provinces
de l'intérieur, occupées par les Phéniciens,
par les Carthaginois, peuples plus marchands qu’a-
griculteurs, efpèces de flibuftïers quiiie fe por;-
toient en Efpagne que dans le même but qui, dans
les tems modernes, a précipité les Efpagnols eux-
mêmes vers la recherche des métaux qu’offroit le
Nouveau-Monde.
Aux Carthaginois fuccédèrent les Romains. On
fait affez que la politique de ces conquérans étoit
plutôt d'enlever aux vaincus ce qu’ils poffédoienç
d'utile ou de précieux, que d'ajouter à leurs
moyens d'induft,rie ou de prospérité.,Si les Romains
avoient porté leurs penfées vers l’amélioration des
troupeaux; f i , au milieu de leurs triomphes ou
chez les peuples voifins de leurs frontières, ils
avoient remarqué les avantages que procure cette
branche d'économie rurale , n'auroient-ils pas
voulu enrichir l'Italie, plutôt que la Bétique ou le
pays des Cantabres?
C ’ eft donc en vain que l’on cherche, dans ces
dsfFérens âges, à quelles époques les races à laines
fines auroient été .introduites en Efpagne, & les
lieux d’où elles auroientpu être importées. C ’eft en
vain que l’on interroge les relations des voyageurs *
pour s’ affurer fi les types, primitifs de la race des
mérinos ont exifté, & s'ils,fe retrouvent encore -
dans d’autres contrées que dans la Péninfule.
-, 8 Quelques-uns ont cru que le Korafan étoit la véritable
patrie de cette précieufe race, & que fon
introduction en Efpagne étoit due aux Arabes. Mais,
i comme on l'a vu plus haut, les laines de la Bétique
de la Cantabrie,étoient en réputation long-tems-
avant que Y Efpagne fût affujetde aux feétateurs de
Mahomet. D'ailleurs, une particularité qui a été
cop/ervé^. paroles hiftoriens, détruit toutes les
probabilités de cette fuppofition ,.en nous apprenant
que/ dans- le neuvième fiècle , les Califes de
Perfe & -d'Afrique envoyèrent.à Charlemagne une
.certaine quantité de laines'd'Éfpagpe.i'Cpmme un
préfent digne d’fêtre offert à un grand prince, par
l'extrême beauté de la matière qui.-en étoit
l'ob je r ......
Enfin., on g dit que les races de,moutons efpà-
gnols avoient été relevées par, une importatiqn
très-çonfiderable de bêtes à laine, données en dot
à une prinçeffe de la maifon de Lancaftre, mariée
à un prince héréditaire de Caftille i fils de Henri III.
Mais cetre affertion eft la plus.invraifemblable de
toutes, foit fous le rapport de là différence des
formes, & des c.araêtères extérieurs, entre les mérînos
& les moutons anglois, foit fous celui de
l’e fpèce,. de la fineffe & de la qualité de la laine.
Àii milieu de toutes ces incertitudes reflortent
quelques confidérations qui paroiffent devoir fixer
fur l’origine des mérinos une opinion probable.
En fuivant les données hiftoriqucs & tradition-
nélles, & fe reportant depuis notre époque jufqu'à
l’an 69 fous le règne de Galba , tems où Martial
ecrivoit, noüsvoyons que dans tous les tems YEf-
pagne a été en polfeflion de fournir à 1 Europe les
laines les plus renommées. Ce commerce étoit im-
menfè dans le feizième fiècle, fous Ferdinand
Jfabelle, & fous Charles-Quint. On comptoit fous
leur règne, jufqu'à huit millions de mérinos; il
floriffoit fous la domination des Maures & furcout
fous celle des Goths. Enfin , les laines d’Efpagne
étoient en réputation fous les premiers Empereurs.
Ainfi, en remontant des effets aux caufis, on eft
autorité à conclure que la fcience paftorale s'eft
conftamment maintenue dans ces contrées, & que
les foins pour la confervation des races & la beauté
des efpèces ont été fuivisfans interruption. Maintenant,
fi à ces confidérations on ajoute tous les
avantages que préfente le climat de VEfpagne pour
la propagation des bêtes à laine ; fi on réfléchit
qu'il n'a pas dû être plus difficile aux pâtres efpagnols
de conferver pure & fans mélange la race
de leurs moutons, qu’aux Arabes du défert celle
de leurs excellens chevaux, on conviendra qu’il
eft inutile de chercher’ailleurs qu'en Efpagne même ,
l'origine des mérinos. Mais quelles que foient les
objections que l’on oppofe à cette opinion, & que
l'on s'obftine à foutenir que cette race a dû être
importée, il n'en reftera pas moins démontré que
l'Hiftoire ni la tradition n'en ont confervé aucun
foiivenir ; que cette importation, fi elle a eu lieu,
doit remonter aux tems les pliis reculés-, & que
l'on ne retrouve nulle part les types originels &
très-caraCtériftiques qui diftinguerit cette efpèce
précieufe des autres quadrupèdes femblables.
ESPALION , ville du département de l'Aveyron,
chef-lieu d'arrondiffement & de canton , fur
l,eLot, qui divife cette ville en deux, à une lieue
oueft de Saint-Cofme. Il y a des fabriques de bu-
rats & des tanneries confidérables, où l'on prépare
des cuirs & des peaux. On y fabrique auffi du
maroquin.
E.SPALONGUE, village du département des
Balles-Pyrénées, arrondiffementd'Oléron, canton
& commune de Larans, & à une lieue fud-eft de
Larans.. il y a , près de ce village., des bancs de
fchifte,, qui fe divifent, par feuillets. Au fud du
moulin de ce lieu , on trouve des couches de
pierre calcaire fiffile, & , fous le château d’Efpa-
longue, il y a des bancs de pierre calcaire grife ,
efpèce de marbre d ’un grain fort gros.
ESPÈCE HUMAINE (Variéxés de Y f C ’efl
un des objets les plus importans qu’ait à nous offrir
la géographie-phyfique, quel’hiftoire des variétés
de L'efpèce humaine 3 qui fe trouvent dans les diffé-
rens climats. La première & la plus remarquable
de ces variétés eft celle de la couleur de la peau
des hommes & de l’état des cheveux ; la fécondé
eft celle de la forme & de la. grandeur de la taille,
& la troifième eft celle de la manière de vivre
& des moeurs.
& En parcourant, dans cette v u e ,. la furface de
la T e r r e , & en commençant par le nord, on
trouve en Laponie & fur les côtes feptentrionales
de l’Europe & de l ’Afie une race d'hommes de
petite ftature, d'une figure bizarre, dont la physionomie
eft auffi fauvage que les moeurs. Ces
hommes ne laiffent pas que d’être affez nombreux
& d’occuper des" contrées affez étendues. Les
Lapons danois & fuédois , les Lapons mofco-
vites & ihdépendans, les Borandiens, les Samo-
ïèdes & les Koriaques de l’ancien continent, les
Groënlandois & les Efquiniaux fur la terre de
Labrador & dans les parties voifines du nouveau
continent femblent être tous de la même race, qui
s’eft étendue & multipliée le long des côtes des
mers feptentrionales & fous un climat inhabité
par toutes les autres nations»
Tous ces peuples ont le vifage large & plat, le
nez camus & écrafé, l’iris de l’oeil jaune-brun
& tirant fur le noir, les joues extrêmement élevées
, la bouche très-grande, les lèvres greffes &
relevées, la voix grê le , la tête groffe, les cheveux
noirs & liftes, la peau bafanée. Ils font
très-petits & trapus, quoique maigres. La plupart
n’ont que quatre pieds de hauteur , & les plus-
grands que quatre pieds & demi. Cette race eft.,.
comme on v o i t , bien différente des autres. IL
femble même que ce foit une efpèce particulière,,
dont les individus font des avortons. Au refte, il y
a des différences parmi les peupLes de cette race
dégénérée, qui ne. tombent cependant que fur le
plus ou le moins de difformité. Par exemple, les
Sàmoïèdes font plus trapus que les Lapons ; ils
ont outre cela la tête plus groffe, le nez plus
large & le teint plus obfcur, les jambes plus courtes
& moins de barbes,.parce qu’ils fe l’arrachent. Les
Groënlandois ont encore la peau plus bafanée
qu’aucun des autres ;. ils font couleur d’olive**
foncée.
Chez tous ces peuples lès femmes font auffi laides
que les hommes, & leur reffemblent fi fo r t, qu’on
ne peut, par la feule apparence des traits, les en=
diftinguer. Les femmes groënlandoifes font de fort
petite taille ; mais elles ont une forme dont toutes-
les„parties font, bien: proportionnées. Elles ont
auffi les cheveux plus noirs & là peau moins douce
que les femmes famoïèdes. Leurs mamelles font
molles, & le mamelon eft noir comme du charbon;.
La peau de leur corps eft couleur olivâtre très*-
foncée. Elles ont l'évacuation périodique ordinaire
à leur fexe,.le.vifage large ,..les yeux petits,.