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Au milieu du département , l'Ain prend fa fource |
& reçoit la Serpentine, & vers Ie fud-eft la Bien-
ne, groffieduTacon, quipaffeàMorey &à.Saint-
Claude.
Les principales productions de ce département
font : les excellens vins d’Arbois, les fels qu'on
tire des fources que Ton exploite en différens \
lieux , mais furtoutà Salins & à Lons-le-Saunier.
Les principales villes font : Lons-le-Saunier ,
D o le , Saint-Claude, Salins & Arbois.
JURANES (Montagnes). Je nomme ainfi les J
montagnes fous-alpines, parce qu'elles ont la
même conftitution que celles du Jura, de Franche-
Comté & de Dauphiné. J'ajoute à ces maffes les
fous - alpines de Provence. Leur principal caractère
aétuel eft d'offrir un afiemblage de pierres
calcaires en couches inclinées , de renfermer de
nombreuses grottes & de grandes fources, & de
préfenter, dans leurs couches, des foffilès dont
les analogues,non-feulement d’efpèces, mais auffi
de genres, ne nous font point connus, tels que
les beéemnites, les entroques., les nautilites,.Jes
ammonites, & c .
C’eft auffi principalement dans lès. montagnes
jurants que fe trouvent les Bétgires naturels
(voyeç ce mot ) , les combes , les entonnoirs- qui
fervent à abreuver les grandes Sources^
Le-calcaire qui compofe; ces montagnes ^ a été
diftingué comme formant une roche particulière
par quelques naturalises,qui l'appellent calcaire
du Jura. Il a reçu de quelques autres, la dénominar
tion de calcaire a cavernes_
IVOIRE EOSSILE. On a trouvé & l'on trouve
encore tous les jours en Sibérie, en Ruffie & dans
les autres contréesSeptentrionales de l 'Europe &
de l’Afie,, de l ’ivoire en grande quantité. Ces dé-
fènfes d'éléphant fe tirent à quelques pieds fous
terre ou fe découvrent par les eaux,, lorfqi^elles
entraînent les terres des bords des fleuves.. Ces
©ffemens font? en tant de lieux différens & en fi
grand nombre, qu'on ne peut plus fe borner à
dire que ce font des dépouilles, de quelques éléphans
amenés par les hommes dans ces climats
froids. On. eft maintenant forcé ,p a r les preuves
réitérées, de convenir que ces animaux y étoient
fort nombreux, .& quelques naturaliftes croient
même qu'ils étoient autrefois les habitans naturels
des contrées du N o rd , comme ils lè font aujourd'hui
des contrées du Midi; & ce qui paroît ,
rendre le fait plus merveilleux & plus difficile à
expliquer, c’eft qu'on trouve ces dépouilles des
animaux du midi de notre continent, non-féule
ment dans les provinces du nord de ce continent*
mais aufli dans les terres du Canada & des autre’
partes de l'Amérique feptentrienale. II- femblt*
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néceffaire que ces animaux , qui ne peuvent fub-
fifter & ne fubfiftent en effet aujourd'hui que dans
les pays chauds, aient exifté autrefois dans les
climats du No rd, & que par conféquent cette
zone froide fût alors auffi chaude que L'eft aujourd'hui
notre zone torride : à moins qu'ori ne dife
;que la conftitution ou l'habitude réelle du corps
des animaux ait ptt. changer au point, que ces
animaux du Midi, qui ont befoin d’une grande
chaleur pour fubfifter ,.euffent pu vivre & fe multiplier
dans les terres du Nord. Grnelin, qui
a parcouru la Sibérie, & qui a ramaffé lui-même
plufieurs offemens d’éléphans dans ces terres feptentrionales
„cherche à rendre raifon du.fait,.en
fuppofant que de grandes inondations 3 furvenues
dans les terres méridionales , ont chaffé les élé-
pha-ns vers les contrées du N o rd , où ils auront
tous péri à la fois par la rigueur du climat. Mais
on eft obligé de dire que cette caufe fuppofée
u'eft pas prcportionnelle à l'effet; On a peut-être
tiré du Nord plus d’ ivoir&que tous les-éléphans
des Indes, actuellement vivans,,n’èn pourroient
fournir il y a quelqu'apparence qu’on en tirera
bien davantage lorfque ces vaftes défertsduNord,
qui font à peine reconnus, feront peuplés, & que
les terres en feront remuées & fouillées par la
main des hommes. Comment concevoir que, par
une inondation des mers méridionales, les élé-
phans euflent été chaffés à mille lieues dans notre
continent, & à trois mille lieues dans l’autre ?:C oiï-
Çoit-on comment un débordement des mers des
grandes Indes auroit envoyé des éléphans en Canada,
ni même en Sibérie, & en fi grand nombre
que l’indiquent leurs dépouilles ?-
A t ir e f te , en attendant qu'on puifle expliquer
ce fait d'une manière plaufible, il convient; pour
j prévenir toutes difficultés, d’obferver que Yivoire
fojfüc qu'on trouve en Sibérie , en Canada & dans
. certaines contrées de l'Europe,eft àeYiv&ired'éléphant,
& non pas de Yivoire de morfeou de vache
marine, comme quelques voyageurs l'ont prétendu.
On trouve auffi , dans les terres feptentrionales
, de Yivoire fojjile de morfe j mais il eft
différent de celui d’éléphant, & H eft facile de les
diftinguer par la.comparaifon de leur texture intérieure.
Les défenfes, les dents mâchelières, les-
omoplates & les autres- offemens trouvés dans les
terres du Nord, font certainement des os d'élé-
phans on les a comparés aux différentes parties
.refpe&ives dés fquelettes entiers d'éléphans, &
l'on ne peut douter de leur identité de genre.
En fécond lieu , les os & les défeùfès des anciens
éléphans font au moins auffi grands & auffi
gros que ceux des éléphans aéluels ; ce qui prouve
qu'ils avoient acquis leurs plus hautes dimenfions.
D ’ailleurs, la grande quantité que l'on en a
déjà trouvé dans ces terres prefque défertes, où
perfonnè ne cherche, fuffit pour- démontrer que
ce n’eft ni par un feul ou plufieurs accidens, p
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dans- un feul & même temps, que quelques individus
de cetteefpèce fe font trouvés, & ont péri
dahs ces contrées du Nord.
Et ce n’eft pas feulement dans les terres du
Nord qu'on a trouvé cet ivoire fotfile, ori en a
trouvé encore dans tous les pays tempérés,, en
Allemagne, en Angleterre, en France & en Italie. I M t BB •l [ r -
Ces défenfes foffilès annoncent- des animaux
beaucoup plus grands que ceux d’aujourd’h u i, &
n’ont pu appartenir qu’à des éléphans d’une taille
bien fupérieure à celle des éléphans a&uellement
exiftans. Je puis citer en particulier une défenfe
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qui eft au Cabinet du R oi, & que j’ ai- trouvée;
dans une carrière des environs- de Rome : en rap--
femblant les différens morceaux que nous poffé-
dons, ceux qui ont été diftraits, on peut con*-
jedltirer que cette défenfe entière avoit près de-
quatorze à quinze pieds de . longueur : on doit
concevoir par-îà‘ quelle a dû être la taille colof-
fale de l’animal qui portoit une telle défenfe.
C e t ivoire fpjftle ne fe trouve que très-peu en--
foui dans la terre , & ne paroît pas avoir fuit partie
des couches horizontales. IL paroît avoir pté charrié
par les eaux & dépofé dans d’anciens.-lacs'#,
dans des-marais comblés ,'& c .