;e.r)tamer confîdérablement les bords du cbntineftt
fec > mais une action fuccédant à L’autre 8c fe.com'-
binant avec les deftruétions, il en réfulte des gàlfes ;
plus ou moins étendus. Lorfqu’il n’y: aqu’une^em- 1
bouchure de fleuve, la forme du golfe eft ,plus
fimpie, & préfente celle d’ un entonnoir évafé.
. GOLFES TERRESTRES. 11 eft affez difficile
de déterminer: l’étendue du golfe de la Loire , qui
areçuTinvafion de la mer 6c les dépôts pendant '
fon féjour j car les laves des volcans couvrent lés
croupes.orientales de la chaîne de Fix à Pradelles':,
& dérobent la vue de ces dépôts. Mais malgré cet
inconvénient, on ne peut douter qu’ il y a de ces
dépôts, beaucoup plus hauts , dans le golfe de la
L o ire , que dans celui de l’Ailier. Cette dernière |
vallée n’a pas beaucoup de largeur, & n’offre que
des granits à la même hauteur où j’ ai rencontré
des couches horizontales dans le golfe de la Loire.
Il y a grande apparence que la vallée de l’ Ailier
n’a pu recevoir les eaux de la mer auffi facilement
que la vallée de la Loire , foit par défaut d’é-
vafement, foit par défaut de niveau. Les couches
horizontales les plus élevées dans le golfe de
l ’Ailier femblent s’être terminées à Brioude &
dans tout le .contour de la Limagne. Je poünois
ajouter cependant qu’ il y a des couches horizon^
talés dans la vallée de l’Allagnon, & affez près du
pied du Cantal.
- D ’un autre c ô té , j’ ai reconnu dans 1 & golfe de la
Loire des couches horizontales ; ce qui me paroît
fa ire , quant à la difpofition des dépôts de la mer & j
à leur étendue, une différence de.plus de douze à
quinzelieues-11 eft vrai que l’on trouve des couches
inclinées à Langeac & au-delà ; mais ce font des dér
pots qui diffèrent des couches horizontales & d'un
ordre bien antérieur. Mais auffi on rencontre dans
le golfe de la Loire des amas de pierres, de fables,
à des niveaux fort élevés. Il paroît donc que le
•canal de l’Ailier, quoiqu’ il n’offre pas en général
la même étendue de dépôts que celui de la Loire,
peut en offrir, dans les vallées latérales, d’auffi
élevés , & la même diftin&ion de dépôts en couches
inclinées qui appartiennent inconteftablement
à la moyenne-terre; car les dépôts qui font à la
hauteur de Langeac prouveroient que la mer y
.auroit' pénétré dans des tems bien plus reculés
que ceux où fe font formées les couches horizontales
à la hauteur de Brioude. Ceci mérite d’être
conftaté par des obfervations fuivies, &■ furtout
par des comparaifons qui ne peuvent donner que
des réfultats très-piquans, quant aux différentes
in valions de la mer dans les vallées des grandes
rivières , ou dans toutes les parties des continens
qui bordent l’ancienne terre, lesquelles ont reçu
FÔcéan parce quelles avoient été approfondies
par les eaux courantes.’
La vallée de la Loire en général me paroît avoir
été beaucoup plus évafée, beaucoup plus approfondie
que celle de. l’Ailier , aVant que les dépôts
foumârins s’y (oient opérés à la fuite de l’invafton
de l’Océàfn, & Ces dépôts fe montrent fort étendus
aux environs: du Puy; mais en fuite cette yallée.fe
refferre au deflous de Chamalières , de manière à
ne plus offrir de veftiges de dépôts, quoique la
mer ait pénétré inconteftablement par cette partie
inférieure de la Vallée.: Mais dans une partie fupé-r
rieure paroiffent les couches .inclinées de pierres,
de fables, & enfin les dépôts difparoiffent une
fécondé fois pour ne répatoîtreplus rqu’ à!Roanne ,
où forit Certainement d’autres limites ainfi l’on
trouve dàrisles^deux vallées, beaucoup d’avantages
& dedéfaVahtages.'Dans la vallé<e del*Allier, laLif
magne, qui commence àBriohde; offre'beaucoup de
dépôts horizontaux, tandis:qu’iFn’y en a plus dans
les parties correfpondante$ de lavallée de la Loire.
Mais nous avons vu que cette vallée: offroit des
dépôts très-remarquables 6c très-multipliés, beaucoup
plus loin & plus haut que celle de l’ Ailier ,
q u i, a un autre cô té , eft plus intéreffante; beau->
coup plus bas, & vis-à-vis d’une partie,du petit
golfe de la Loire, où les dépôts ont difparu parce
qu'il eft fort refferre , & que les eaux torrentielles
qui ont travaillé dans cette partie, y ont agi
avec force & avantage, vu la foibleffe des .dépôts
& leur peu de folidité.
Cette marche de l’eau courante, dans l’ Allier 8c
dans-la L oire, la forme de leurs vallées en confé-
quence de leur travail, la fuite des i nvafions de la mer
& leur étendue dans l’une & l’aurre .vallée 8c à deux
époques différentes, la diftribution de ces dépôts
qui nous en retrace les démarches comme autant
de témoins, & leurs effets combinés avec ceux des
eaux courantes, font une maffe de faits très-piquans,
6c qui ne peuvènt qu’autorifer des confé-
quences trèsrimportantes , relativement.à l’hydrographie
pnyfique; & je ne doute pas que fi ces
phénomènes étoient fuivis avec foin, expofés &
développés ■ fur des cartes, il n’ en réfulrât de
grandes vérités furdes démarches ;de la mer d’ un
côté , & celle des eaux de l ’intérieur des continens
de l’autre. C ’eft ce qui me fait defîrer. de
ne m’ occuper que de ces objets dans un ouvrage
particulier, fous Je nom À* Anecdotes de la Nature.
Pour exécuter ce travail, je crois qu’il convien-
droit de faire figuier les parties fupérieures de la
vallée de la Loire, à échelle double & adoffée aux
parties.correfpondantes de la vallée de l ’Ailier ,
traitées de même; defairé figurer auffi, dans l’une
& dans l’autre vallée, les dépôts foumârins avec
leurs limites & leurs niveaux: ?Quant à la détermination
des niveaux de i’ eau dans les deux rivières,
à même hauteur, à même latitude , ainfi.qu’ à celle
des niveaux où fe peuvent trouver les dépôts de
la mer, il n’y a guère qu’ une grande fuite dfopé-
rations qui pût nous la donner, avec exaéticude ,
dans des coupes très-détaillées; mais ce feroit un
beau travail, quant aux concluions qu’on feroit
autorifé à en tirer.
Je n’ ai que des obfervations affez .importantes
il
il eft vrai ; mais les comparaifons précifes des
phénomènes que préfentent les deux vallées me
manquent. Je ne puis les exécuter fans avoir les
.niveaux à chaque point correfpondant des deux
vallées.
Il y a une confîdération générale & qui eft fort
précieufe, c'eft que ces invafions de la mer
îuppofent l’exçavation déjà faite des vallées par
les eaux courantes, donc la marche s’étoit faite
librement. Sans cette condition on ne peut concevoir
que ces excavations fe foient faites; & ce
qu’il y a de certain, c’eft que les feuls flots de la
mer n’ont pu détruire 6c pénétrer à mefure dans
desivallées profondes, comme celles de la Loire
& de l’A ilier; car elle auroit pu former ainfi de
femblables golfes dans lès parties des bords de
l’ancienne terre, où il n’y auroit point eu de rivières
femblables, & l’examen le plus exaét que
j ’en ai fait, m’a convaincu qu'on ne trouve aucun
enfonceraient pareil le long des contours de l ’ancienne
terre , à moins qu'il n’y ait un courant d’ eau
bien déterminé 6c d’ une certaine force'.
La forme des vallées devenues golfes, par la
fuite, & redevenues vallées, indique allez qu’avant
comme après l'invafion de la mer elles doivent
être confîdérées comme l’ouvrage des eaux courantes
des rivières, tant principales que latérales ;
car elles fe font éhrgies, elles fe font ramifiées
fuivant que des ruiffeaux ou des rivières latérales
font venus fe réunir au tronc principal : on y voit
même de petits golfes particuliers, affujettis à
l’embouchure des rivières fecondaires, 6c même
des dépôts foumârins circonfcrits parles bords de
ces vallées étroites & profondes : tels font, dans
la Limagne, les golfes particuliers d elà rivière
d’Ambert, de celles de Lempde & de Maffiac, de
l’Alagnon , & dans la vallée de la Loire le golfe
delà Borne , & ceux des rivières de Saint-Oftien,
de Moniftrol & di l ’Auflonne.
L’excavation des vallées, avant qu’elles foient
devenues des golfes par l’ invafion de la m e r ,
prouve que le changement de fon baftin & du niveau
de fes eaux eft venu à la fuite ; mais on ne
peut dire de quelle manière. On fait cependant
que,-dans la première excavation d’une longue
Vallée, tout a été approfondi proportionnellement ‘
dans le même tems, autant dans les parties inté- '
rieures& fupérieures, que dans des parties voifines
de l’embouchure. Ainfi la mer n’ a pu être introduite
dans les vallées à mefuré qu’elles ont été
creufées; car comme dans fes invafions elle s’ eft
introduite à une hauteur de cent à cent cinquante
toifes, à en juger par les dépôts qu’elle a formés,
il a fallu que la vallée fût excavée de toute cette
quantité avant que la mer y vînt. Mais fi la mer
avoit e u , à l’embouchure de la vallée, la même
élévation qu’elle a dû avoir depuis lorfqu’elle
s’y eft introduite & qu’elle y a formé les dépôts
que nous trouvons dans les golfes dont nous
avons parlé, il eft certain que la vallée n’auroit pu
Géographie-Pkyjîque. Tome IV ,
fe creufer fans le jeu libre dés eaux courantes des
rivières dftuelles.
11 eft donc néceffaire que la mèr fe foit élevée
dans la vallée après qu'elle a été creufée comme
elle l’eft aujourd'hui, & que pendant fon appro-
fondiffemenc la mer ait été à une certaine diftance
de fon embouchure, & à un niveau inférieur de
cent cinquante à deux cents toifes du point où elle
s’eft élevée enfuite, ou rapidement ou par des
progrès infenfibles. Mais toujours eft-il certain que
la^ mer a changé de niveau, 6c varié à plufîeurs reprises
: c’eft ce que l’état des chofes exige , & ce
qu’on ne peut le refufer de croire, lorfqu’on a
analyfé tous les faits, & qu’on les a placés chacun
fuivant l’ordre qu’ils doivent avoir dans les opérations
de la Nature, qui ont pour objet les vallons
golfes. Voici l’ordre des chofes : vallée excavée
par les eaux courantes, puis golfe envahi
par la mer, & comblé par elle de dépôts en couches
horizontales; enfuite vallée creufée au milieu
de ces dépôts, donc l’enlèvement a été plus
ou moins complet 5 retour de la mer dans cette
nouvelle vallée, 6c nouveaux dépôts fort abondans
&\étendus, lefquels ont été enlevés après la fécondé
retraite de la mer, & ces enlévemens font
chaque jour des progrès.
Je le répète : il eft impoffible que la vallée ait
été creufée fur une longueur de trente à quarante
lieues lorfque la mer étoit élevée à plus de deux
cents toifes au defîus du niveau du fond de la vallée
j car les eaux courantes des rivières n’auroient
pas eu un jeu libre pour couler contre les vagues
de la mer, qui s’y frroienc d’ailleurs précipitées.
La forme des bords de la vallée eft la plus forte
preuve que la vallée a été creufée librement, &
avant que la mer y ait faitinvafion. Mais, d’ un
autre côté, la difpofition & la matière des dépôts
de la mer, où fe trouvent des cailloux roulés, tels
que les flots ont dû les arrondir dans un golfe ,
établiffent inconteftablement l’invafion de la mer
& fon féjour dans le golfe.
Toute cette théorie fur les vallons-golfes eft
contraire à l’opinion de ceux' qui penfent que
toutes les démarches de la mer fur les continens
fe réduifent d’ abord à un long féjour fur certaines
parties, & à une retraite à la fuite ‘d’une diminution
du volume de fes eaux. Ici nous trouvons
qu’ il y a eu invafîon dans une vallée, en confé-
quence d’ une élévation des eaux de l ’Océan au
deiiùs d un niveau qui avoit duré affez long-tems
pour que la vallée ait pu fe creufer plus ou moins
profondément, 6c de manière à favorifer la pre-?
mière invafion; enfuite il a fuccédé, à un féjour
affez long, une retraite qui a produit un retour au
premier niveau, pendant lequel les eaux courantes
ont dû reprendre leur jeu dans le golfe devenu
yallée, 6c ont creufé une fécondé vallée au milieu
des dépôts de la mer, formés pendant fon
premier féjour. Lorfque les eaux courantes ont eu
creufé une vallée par renlévement des premiers
PP