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fort rouge : jamais ces poiflons n’excèdent le poids
de feize livres. Ils commencent à remonter dans les
rivières, en grandes troupes , dans le mois de juin,
& pénètrent jufqu’à leurs fources ; en feptembre ,
ils retournent a la mer, en faifant quelque fejour
dans les endroits profonds des lacs qui fe trouvent
dans ce trajet. On les prend avec des filets, foit
dans les baies lorfqu’ils approchent des rivières,
foit dans Us rivières mêmes après la mer. qu’ils ont quitté
• Le poiflon blanc des Rudes remonte les rivières
en jui 1er, & particulièrement celles qui viennent
des lacs intérieurs, & il y relie jufqu’en décembre,
temps où tout le poiflon vieux périt, & où
le jeune le rend à la mer. Il eft d’une couleur
d’argent luftrée ; mai$, dans les rivières , il prend
une nuance de rouge : fa chair eft rougë avant
qu’il quitte la mer; elle blanchit dans l’eau douce :
liel upra fbleri lplaonutre .le meilleur des poiflons d’une couLe
kaiko reflemble au précédent quant à la
la forme & au volume , mais la chair en eft blanche.
Cetteelpèce eft li commune, que le joukola*
qu on fait avec lui, s appelle pain de ménage. Le boflu arrive en même temps que l’efpèce
précédente : dans fa forme il reflemble à l'ombre;
il n’excède jamais un pied & demi de longueur.
Après un féjour de quelque temps dans l’eau
douce, il change- dè forme, fur tour le mâle, d’une
manière furprenante ; fes mâchoires &-fes dents
ms’aa'uovragipfen. t, le corps maigrit, & la chair devient U Le malma ou le golet desRufies groflit jufqu’à.pe-
fer vingt livres, & croît jufqu’à environ vingt-huit
pouces de longueur. Les individus de cette efpèce
& des deux fui van te s font épars, difperfés, &c ne
vont jamais par bandes. lis remontent, ayec ceux
delà précédente,les rivières, & pénètrent^jufqu’à
leurs fources. Les Kamtchadales falent les golets
qu’ils prennent en automne, & confervent gelés
cèux qui font pêchés au commencement de l’hiver.
Le niiiht-fchitch eft une efpèce rare. Le. mykifs
paroît d’abord fort maigre, mais bientôt il s'en*
graille ; il eft très-vorace; il fe nourrit non-feulement
de poiflons, mais encore d’infe&es & de
rats en remontant les rivières j il aime fi fort les
baies du myrtil,. qu’il s’élance hors Je l’eau pour
en faifir les feuilles & les fruits qui pendent furies
bords. La faifon de fon arrivée n’eft pas connue.
Sceller conjecture qu'il gagne les rivières én paf-
fane fous la glace.
- Le kunsha fréquente les baies de cette contrée,
mais fans s’enfoncer dans Jes terres. C’eft un poif-
fon rare dans le pays* mais, près d’Ochotik, il
remonte les rivières par grandes bandes.
Le faumon commun abonde aufli dans ce pays,
dont il remonte les rivières. Au nombre des fa timons
que Linné a diftingues. par le nom de core-
goni, nous ferons, mention de l’inghafitsh , qui
rtlEmble à une petite carpe, avec des écaillés fort
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larges. Il ar-iive au printemps & dans l’automne
&, dans les deux laifons, il eft rempli de frai &
a l’odeur de l’éperlan.
Le plus fingulier de tous eft l’ouiki ou 1 e falmo
catervarius dé Steller : il appartient aux ofmeri de
Linné. Il nage par bancs immenfes fur la côte
orientale du Kamtchatka & des îles Aléoutes ou
Aléoutiennts : il fournit une nourriture mal-faine.
Pour terminer cette lifte d: s laumons du Kamtchatka
, on doit ajouter l’ombre , le falmo albula,
\e falmo cylindraceus 3 l’éperlan commun, aux ef-
pèces qui remontent les liviërc-s.
Le hareng, tant de l’efpèce commune que de fa
variété trouvée dans le golfe de Bothnie, vifite h s
côtes du Kamtchatka par bancs aufli épais 8c aufli
étendus que ceux qu’on voit en Europe. Il les parcourt
en deux faifons : la première, vers la fin de
mai; la fécondé, en oCtobre. Ces poiflons fort
d’une beauté & d’une grofleur remarquables; iis
remontent les rivières & entrent dans les lacs $/ -les émigrans d’automne y relient emprifonnés par
l’accumulation du fable à l’embouchure d.s rivières,
& y demeurent pendant tout l’hiver. L’été,
on les prend dans des filets ; mais l’hiver, la pê. he
henu ileef td bei ecno upleluusr cbolnanficdhéer.able: on en exprime une
La mer, d’où les Kamtchadales tirent leur
fubfiftance, eft on ne peut pas plus propre à fer-
vir d’afyle au poiflon & à le conferver. Comme
fon fond n’eft pas plat & uni, elle n’eft pas fii-
jette à être agitée profondément par les tempêtes.
Son baffin offre , au contraire, des vallées
profondes & des reflifs nombreux qui procurent
des retraites également fûres 8c tranquilles
aux poiflons qui l’habitent : ce qui m’autorife à
j émettre cette idée fur cette mer, ce font les ré-
| fultats des fondes qui, dans certaines places, font
j defeendues feulement à vingt-deux brafles, pendant
qu’ailleurs à peine atteignoient-elles le fond
à cent foixante. A de pareilles profondeurs, le'
poiflon peut vivre fans aucun trouble, 8c fans fe
rdeef lleau mrire rd.es tempêtes qui tourmentent la furface
La nature prépare d’ailleurs une nourriture abondante
pour ces poiflons dans le grand nombre de
plantes marines qui fë trouvent dans ces parages.
Dans les hâvres de Saint-Pierre & Saint-Paul,
la plus grande hauteur des marées a été trouvée
de cinq pieds huit pouces à la pleine 8c à la nouvelle lune, & très-régulière toutes les
douze heures. L és pbyficiens rudes ont obfervé
un phénomène fingu.ier dans le flux & lé reflux de
la mer. Deux fois, dans vingt-quatre heures Ê il
y a une grande '8c une petite marée j ta dernière
s’appelle manikka. A certains temps, on ne voit
dans le canal de la. rivière que fes feules eaux;
dans d’autres > au temps du reflux,. fes eaux débordent.
Dans le manikha, après un reflux'de fix
heures, l’eau briffe environ de trois pieds,. 8c la
marée remonte pendant trois heures * mais eilç ne
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s’élève pour lors pas plus d’un pied. Un reflux de
fept heures fuccède, entraîne toute l’eau de la
mer, & la baie refte à fec : ces mouveme-ns ont
lieu trois jours avant & trois jours après la pleine
lune; puis après, la grande marée diminue, pendant
que la petite augmente.
Les rivières, dans toute la prefqu’île, prennent
leur origine dans la grande chaîne de montagnes
qui la traverfe fur la longueur, & fuivent des
deux côtés les pentes qui entraînent leurs eaux,
Pune dans la mer d’Othork, & l’autre.dans celle
du Kamtchatka. Elles donnent la facilité de tra-
verfer en peu de temps la prefqu’île dans des bateaux
ou canots , au moyen de quelques tranf-
ports par te rre. Leurs eaux ne produirent aucun
poilïon qui leur appartienne ; mais elles font,
comme nous l’avons vu, la retraite de cette multitude
de poiflons étrangers qui s’y rendent des
mers voifines.
La prefqu’ïle du Kamtchatka 8c le pays à l’oueft
font habités par deux nations : la nord, par les
Koriaques, qui fe divifent en Koriaques errans &
en Koriaques fixes ; le midi, par les Kamtchadah s
proprement dits. Les premiers mènent une vie
vagabonde dans la contrée , bornée par la mer
Penfchinckàau fud eft, ia rivièreKcwina à I’oueft,
8c l’Anadyr au nord ; ils errent avec-leurs rennes,
cherchant les cantons cù croît la moufle ou le lichen,
qui fert de nourriture à- ces animaux, leur
unique richefle* Les vrais Kamtchadales poffèdent
depuis la rivière Ukoi jufqu’au cap Lopatka, qui
forme la pointe méridionale la plus avancée.' A
l’egard de. leur religion, ils paroiflent fort choqués
du mal phyfique; ils reprochent à leur dieu
d’avoir fait trop de montagnes, de précipices ,
d’écueils , de bancs de fable, de cataractes,
d’exciter trop de tempêtes, de verfer trop de
pluie fur la terre ; & lorfque, l’hiver, ils descendent
dans leurs rochers ftériks , ils le chargent
d’imprécations pour la fatigue que ce déménagement
leur occafionne.
C’eft' l’avarice & l’appât des riches fourrures
qui ont porté les Rufles à conquérir ce pays (au-
vage, dont ils tirent de grands avantages; c’eft par
ces motifs qu’ils ont ajouté à leur Empire cette
extrémité de l’Afie, quoiqu’elle foit à une dif-
tance énorme de leur capitale.
Le voyage dans cette prefqu’île eft accompagné
des plus grandes difficultés; il faut travetfer de
grands déferts, gravir de hautes montagnes, & il
feroit peut-être impraticable, fans les rivières de la
Sibérie, qui facilitent le trajet, & ne laiffent que
des intervalles de terre très-courts à franchir.
Les voyageurs partent ordinairement de Jakutz
en Sibérie, fur la rivière de Lena, à 62 degres de
latitude; ils vont par eau le.long de cette rivière
jufqu'à fa jonction avec l’Aldan, & le long de
l’Aldan jufqu'à celle de Mai; i s fuivent cette
dernière jufqu’à la rivière d’Indoma, & enfin ils
fe rendent du voifinage de la fource de L’Ir.doma .
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' à Othotsk. A ce port, ils s’embarquent 8c rra-
verfent la mer.d’Ochouk jufqu’à Boifchaia - Rt ka.
Le voyage entier emploie ordinairement toute la
duree du court été de ces climats. Le chemin par 11s
collines & les montagnes jufqu’à Ochotsk, celui
qui eft le plus commode,. a été fuivi par Steller
en trente-quatre jours, fans y comprendre fept
jours de repos.
Des montagnes, des volcans , des rivières, de la
température , G'c.
Les montagnes dont le Kamtchatka eft couvert,
offrent trois volcans remarquables. Le premier ,
celui d’Awatchà, au nord de la baie de ce nom ,
eft dans un groupe ifolé, dont le fommet principal
préfente un cratère d’où il fort de la fumée 8>c rarement du feu.
Le fécond, fitué entre la rivière du Kamtchatka
8c celle de Tolbatchik , lance, à certaines époques
, une grande quantité de flammes qui ont
même quelquefois incendié les forêts voifines,.
Le troifième eft dans la montagne la plus haute
deîapéninfule., & aufli fur les bords de la rivière du
Kamtchatka ; il offre, à fon fommet > un large 8c profond entonnoir; fa plus grande .éruption connue
fe fit en 173:7., & dura plufieurs jours :. ce phénomène
fut accompagné de grands bruits fouter-
rains & de tremblemeps de terre, dont les fe-_
coufles, réitérées pendantplufieuts. mois, caüfè-
rent des ravages confidérablesj.
Les contrées qu’arrole le Kamtchatka Ce reffen-
tent de l’abondance que répand partout ce beau
fleuve : on y trouve des bois également propres
à la coi.ftruètion des maifons & à celle des vaif-
feaux.
Les légumes qui ont befoin d’un certain degré
de chaleur, profpèrent pëu dans ce pays ; mais les
plantes qui ne demandent qu’un fol humide, comme
les navets, les radis, les betteraves, font plus
abondantes, plus nourries, 8c de meilleure qualité
le long du fleuve que partout ailleurs ton y à femé
de l’orge & de l’avoine avec fuccès.
Le terrain produit des âturages où l’herbe
croît fort abondamment, 8c peut être fauchée
jufqu’à trois fois dans l’été. C’eft aux pluies du
printemps & à l’humidité de la terre qu’il faut
principalement attribuer ce genre de fécondité
qui eonferve le foin fort avant en automne, 8c
lui donne même du fuc-& de la fève en hiver*,
aufli les beftiaux y acquièrent beaucoup de grof-
feur, 8c les vachts donnent du bit en toutes fai-
fons-. Les cantons voifins de la mer font communément
ftériles ; mais les endroits un peu élevés &
les colline s font allez fertiles, & fe c u'tivent avec
fuccès, Comme la.fai fon de l’été eft ici fort courte „
lorfqu’il y pleut beaucoup , les rao iT>ns ne peuvent
mûrir, & la gelée furpr-. nd les grains en fleur.
- Le Kamtchatka cependant n’a pas toujours ua
hiver aufli rude que l’annonce fa po fit ion ; mais *