
qui font dans l'intérieur des couches, ou bien par
les fentes de defllccation.
De cette confidération générale il réfulte que
Veau quifert à l’entretien des fources, ne s'introduit;
point par l'irobibition des fubfiances dont font
composées les couches fuperfidril.es du globe ,
mais par une pénétration en maife ou "en filets qui
faififient les fentes perpendiculaires ou de deflîc-
cation.
Je dois dire encore que cette marche de Veau
qui pénètre dans l’intérieur des terres par filets,
eft modifiée fuivant l’organifation des parties fu-
perficielles dù globe. Ainfi Veau pluviale penètre
difFé remment les parties fuperficielles de l’ancienne
terre , & les couches de la moyenne & de la nouvelle.
Cette facilité de pénétration doit varier infini-
mert, non-feulement de l'ancienne à la nouvelle
terre , mais encore d’ un maflifde granit à l'aujre ,
& dans ceux des fchiftes qui offrent une infinité
de fentes de defiîccation , 8c qui n’offrent que de
ces fentes. ( P^oye^ Ancienne t e r r e .)
Il en eft de, même de la moyenne terre , où il y
a tant de ruptures &: même tant de mafiifs les uns
fur les autre?. Veau entre, pénètre & s’établitfur
les fonds. Enfin, dans la nouvelle, il y a une infinité
de variations ; mais malgré cela il y a plus de
régularité, parce que la marche de Veau Sc fes
réfultats font plus connus que dans la moyenne
terre , qui offre plus de moyens compliqués, &
encore plus de l’ancienne terrej, dont aucun phy-
fïcien n’a jamais parlé.
§. II. Circulation de Veau dans les contrées granitiques
• anciennes de la France , . 6? spécialement dans le
• Limoujin. .
Le Taurion raffemble les eaux d’une grande
fuperficie, tant par lui-même que par deux ou
trois rivières fecondaires qui ont un cours' allez
étendu. Si l’on y ajoute la Mande, qui recueille les
eaux de l'intervalle du bafiîn du Taurion &' de celui
de la Vienne , on aura une idée de la diftribution
des eaux courantes dans les environs de Bonr-
ganeuf.
En examinant les montagnes arrondies qui fe
trouvent entre le Taurion, la Mande & la Vienne,
on voit qu’il n’y a aucune de ces montagnes un
peu confiderable, qui ne verfe en même tems fes
eaux 2U moins dans deux ruiffeaux qui ont un cours
différent ou même oppôfé ; en forte que la forme
arrondie de ces montagnes s’explique alternent par
Cette diftribution de Veau vers ces différens points
de l'horizon , 8c de là encore la multiplicité des
vallons qui ont leuf origine vers cts centres de
diftribution, & leurs ouvertures & leurs débouchés
vers les rivières fecondaires.
Je vois que les hautes montagnes du Limoufin
. préfentent de même une chaîne de lommets arrondis
par les eaux. Veau fe diftiibue comme les maffifs
primitifs du terrain ont déterminé fa marche,
8c réciproquement, par une fuite du travail de
Veau, les formes du terrain feTont modifiées. Il y
a donc* eu en tout cela quelque bafe primitive :
ce font les malles graniteufes & leur élévation ;
enfuite Veau pluviale , tombant fur ces maffes 8c
circulant fuivant les pfentes., a fait les montagnes,
a détaché leurfommet en les arrondiffant-', & ces
formes fe perfectionnent ou fe dégradent fuivant
que le travail de Veau elt plus ou moins avancé.
Dans un très-petit efpace on voit les fources du
C h e r , de la Creufe , du Taurion , de la Mande ,
de la Vienne , de la Vézère , 8ce. qui font des rivières
principales, auxquelles de petites rivières
du fécond ordre viennent s’aboucher. Tous ces
canaux fervent à vider les eaux y non -feulement
d’ un canton fort elevé qui eft abreuvé abondam-
menl, mais même des plans fecondaires qui le
font prefqu’autant, 8c enfin de tous les plans de
la nouvelle terre que ces rivières groffies ou réunies
rencontrent julqu’ à la mer.
Lorfqu’on approche d’Aubuffon en venant de
Saint-Avic, on voit des maffes de granit, qui ,
quant à la hauteur, font fubordonnées aux hautes
montagnes du Limoufin, lefquelles s’étendent de
le ft à i’ oueft.en paffant par le fud. On voit d'ailleurs
des rivières qui , fortant des hautes montagnes
> fe font fait jour .à travers les maffes fecondaires.
Lorfqu'on a faifi cet enfemble, il eft évident
que Veau pluviale a ereufé de mille manières
tous ces mafiifs , fuivant que les pentes ont déterminé
fon travail, 8c c'elt le même fyftème de
pentes qui le continue. Ainfi les pentes primitives
& la quantité d’eau fur une furfaee quelconque
étant ùonr.ées , il a dû en réfulter-la forme & la
diftribution des vallons tels que nous les voyons à
peu près ; 8c même, après le travail de l'approfon >
diffement, le même fyftème de pentes lublifte encore.
On obferve, en même tems, dans ce canton, que.
les vallées-des-rivières principales font diltribuéés
fuivant les lieux cù elles prennent leurs fources,
& l’élévation de ces lieux audeffus du niveau de
la‘me ri Ainfi, par exemple, le Cher, q u i, comme
les Tardelles, prend fa fource dans les montagnes
d’unè moyenne hauteur de la Combraille, continue
ion cours dans là-fui té de ces mêmes montagnes
jufqu'à fon débouché dans la nouvelle
terre près d'Argenton.
La Creufe , qui approche plus des hautes montagnes,
les cô to ie , àc traverfe enfuite, mais beaucoup
plus'tard quë le C h e r , les moyennes montagnes.
.
Le Taurion , qui prend fa fource dans les hautes
montagnes, v a ereufé fon canal, les coupe Oc
les traverle jufqu’à ce qu'il ait réuni fes eaux à
celles de la Vienne.
La G a r tem p e q u i prend fa fource , de même
que le C h e r , dans une bordure des moyennes
montagnes, fuit toujours 8c côtoie les montagnes
jufqu'à la nouvelle terre.
La Vienne, qui prend fa fource & coule long-
tems dans les hautes montagnes, reçoit au pied
de ces montagnes, 8c dans un baffin qu’elles ceignent
d'abord, toutes les rivières qui partent de
ces mêmes montagnes, telles que la Mande 8c le
Taurion; enfuite d’autres fecondaires ,. puis les
rivières qui ont pris leur fource dans les moyennes
montagnes , fuivant l ’ordre d’élévation de cés
montagnes , 8c fuivant leur débouché.
Cette diftribution des rivières mérite, la plus
grande attention, & l ’on voit qu’elle dépend actuellement
de la forme générale des nrâflîfs de
granits de cette contrée ; de la Marche & du L imoufin,
& que par conféquent elle a dépendu
primitivement 8c dans toute la fuite des tems, d’ une
forme toujours femblable , §ui a déterminé la
marche particulière de chacune des rivières, ainfi
que leurs rapports 8c leur correfpondance , qui,
comme je l'ai d i t , eft l’effet de la rqute de Veau
fur les pentes.
Ce canton eft celui de toute la: France d’où
fortent le plus grand nombre de rivières,' 8c il
eft d’une toute autre importance que ce plateau
prétendu de Langres, dont on à exagéré la hauteur.
G’eft par cette raifon que j'ai cru devoir
m’attacher à le décrire, en donnant une idée de
la diftribution primitive 8c générale des eaux pluviales
dans les rivières, ainfi que-de la correfpondance
des rivières entr’elles.
On voit par-là que Veau d’une rivière principale
ou fecondaire, pour creufer fon l i t , a d’abord
couru fur la furfaee la plus élevée de toutes les
maffes qu’elle a coupées, 8c au pied defquelks
elle coule actuellement. Sans cette difpofition primitive
des chofes , elle auroit rencontré, des obf-
tacles, des contre-pentes qui auroient interrompu
fon cours. C ’eft dans ces premiers.tems que Veau
deflinoit pour ainfi dire tous les lits des rivières
, 8c c'eft la fuite de ce premier plan, bien
exécuté, oui fe retrouve dans k s vallées actuelles,
dans leurs dégradations 8c dans 1 urs raccorde-
mèns, qui vident Veau fans interruption 8c fans
effort.
Sans cela la régularité admirable de cette diftribution
des' eaux qui coulent par divers plans dirigés
fous tous les afpeCts de l’horizon , n’auroit
pu s’établir 8c gagner un égout général , qui eft
le lit des rivières principales, 8c enfuite le baffin
de la mer. Je retrouve cette même régularité,
non-feulement dans les ruiffeaux multipliés, qui
font proprement la fource des rivière s , mais
encore dans les rivières fecondaires de tous les
ordres qui fe rendent 8c s’ abouchent dans les
premières : fans cela il n’y aùroit pas eu tant de
réunions à une tige principale, à laquelle toutes
les pentes font fubordonnéës.
Il faut voir 8c étudier ce paysintéreffant, pour
rèconnoître l’enfemble de cetté diftribution des
eaux courantes , retrouver le principe 8c les effets
de leur activité & de leur mouvement, cette
continuité non interrompue des pentes,qui fub-
fifte encore comme elle a commencé ; fuivre l’é tendue
des déblais immenfes qui fe font opérés
par l ’approfondiffement des vallons de tous lés
ordres qui portent toutes les formes que leur a imprimées
l’agent aCtif qui fe Frayoit des paffages 8c
des débouchés pour parvenir au niveau le plus
bas, où fini fient fa marche 8c fon déplacement.
Lorfqu'on a été témoin de quelque féchereffe
un peu confidéràble, comme celle dé 1785, on
peut fe convaincre que c’eft aux pluies feules
que les pays de ^ancienne terre doivent toute
Veau des filets multipliés dont nous avons parlé
ci-defltis, comme on le prouve de même dans la
nouvelle te r re , en montrant que la diftribution
de Veau des fources dépend du niveau des couches
d’argile, qui retiennent cette eau qui s’y fend de
la furfaee.
Tous ces filets à!eau manquoient faute de pluies ;
ce qui paroiflbit par le defféchement total des
rigoles d’arrofement dans les prairies les plus
baffes , par la difparution de Veau d< s fources artificielles,
8c enfin par la fuppre filon des rui'f-
feaux qui, dans tout autre tems, coulent au fond
de chacun des vallons , quelque cou r t, quelque
peu profond qu’il foit , enfin par la diminution
confidéràble des rivières principales, qui ne four-
niffoient pas affez d'eau pour le fervice des moùr
lins. Tel étoit l’état de la Marche, du Haiit-
Limoufin 8c de l’Auvergne graniteufe en juin 178$,
avant les pluies 8c après une féchereffe de trois
mois.
On a bien vu en juillet, 8c furtout dans le mois
d'août, au retour des pluies , que c’ eft Veau qui
donne la vie à ces pays de granits, qui, î’abforbant
moins dans leur intérieur 8c la confervant à une petite
profondeur, font q ue les végétaux en joui fient
davantage à leur fuperfieie. Il n’eft donc pas étonnant
que, lorfque la pluie manque pour continuer
cette provifion & fournir à cette confommation,
ces pays fe trouvent plus tôt dénués de ce fecours
que d’autres, 8c par conféquent plus à plaindre.
§, III. Circulation de Ceau pluviale dans les contrées
anciennement volcaniques.
Dans des culots de la moyenne époque 8c au
deffous des courans qui appartiennent à cette époque,
vers l’extrémité furtout desproduits de ch a que
éruption , il fort des fources plus ou moins abondantes.
Elles donnoient beaucoup d'eâu au mois
de juillet 178 y , malgré la féchereffe qui avoit
régné au commencement de l’été. Ce font ces
fources multipliées qui fervent non - feulement
à l ’arrofement des pâturages , mais encore aux
beftiaux qu'on y abreuve à différentes heures du
jour. Les terres cuites tiennent Veau bien plus
long-tems que les terres des débris de granits. '
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