
lages fitùés à'fon extrémité méridionale, jufqu’à
fa cime, peut être divifée en cinq zones : la première
efi ftérife; la fécondé eft.couverte de chenes
blancs; la tfoifième de hêtres ; la quatrième eft
gazonnée, & la cinquième eft entièrement nue &
pelée.-Sa plus grande élévation eft d'environ neuf
cents toifes au-deffus du niveau de la mer. La partie
méridionale de cette montagne eft beaucoup
plus nue que la feptentrionale, où il exifte encore
quelques vieux fapins qui femblent dater de plusieurs
fiècles, tant leur vétufté & leur groffeur
dont remarquables.
Cette montagne, qui eft taillée à pic dans quelques
endroits, où Ton découvre de grandes couches
de pierres calcaires inclinées à l'horizon ,
ne préfente, du côté du nord, que des précipices
& des rochers; c’eft de ce côté que vient la rivière
de Jabron pour aller fe jeter dans la Durance
vers i’eft.
Les Chevalets font la partie la plus efearpée de
cette montagne; c’ eft là où font les plus beaux fapins.
Les neiges couvrent Lure la plus grande partie
de l’année; à peine fondent-elles au mois de
juillet. Les abîmes creufés dans l’ intérieur de cette
montagn?, le degré d'inclinaifon de fa partie fep-
tentrionale, la profondeur de la vallée où coule
le Jabron en abforbant toutes les eaux* pluviales,
font les caufes certaines de l’aridité: qu’on obferve
à fa bafe méridionale. Il y a quatre abîmes fort
profonds dans l'efpace de quatre, lieues; ces abîmes
effrayans ont des nnuolïtés qu’on ne peut fonder,
& qui répondent à des abîmes plus profonds encore
; les plus confidérabks font ceux de Coutelle
& de Cruis.
Le premier fe trouve au milieu d’une côte raide
, plantée d’ un bois taillis de chênes blancs. La
ouche de cet abîme a environ quinze à dix-huit
pieds de diamètre ; elle reffemble à la cuvette d’une
fontaine taillée en voûte dans fon milieu. On ne
peut fonder cet abîme qu’à vingt toi L s de profondeur;
fa direction changé alors, devient fort obliq
u e ,^ s’ étend du côté du midi. Quand on examine
d’un oeil attentif fa profondeur, en fe tenant
couché fur les bords, en portant la tête en avant,
en découvre une grande concavité latérale que la
nature a pratiquée dans l’intérieur de la roche ,
dont le toit eil parfemé de plufteurs groupes de
belles ftalaétites.
Soixante pas au- deffous, toujours fur la même
côte rapide , fe trouve une autre caverne taillée
en cône renverfé ; on y defeend à l’aide d’un rocher
difpofé en glacis , & d’ un tas de pierres & de
terre qui ont croulé- de la montagne. Dans le fond
de l’abîme paroî-î une grotte dont la voûte s’élève
prefqu’en dôme. Il faut monter fept à huit degrés
formés par le roc pour arriver à une niche de fept
çieds de haut, deux de large „ ,& autant de profondeur
; elle eft remplie de quantité de ftalag-
mites adoffees. contre fcs parois ; quelques-unes
reffemblent à des cariatides qui foutiennent le
poids des rochers qui les dominent.
La voûte de cette niche eft ornée de quantité
de ftalaélites figurées en mamelons & en petites
chandelles, toutes percées à leur bout dans le plan
de leur axe. 11 fuinte continuellement de la voûte
de cette caverne, excepté dans les grandes féchè-
reffes, une eau limpide d’un goût ftyptique, qui
dépofe des molécules crayeufes fur les racines
attenantes. Cette eau lapidifique qui fe filtre à
travers la roche, paroît être l’agent de toutes ces
criftallifations. Il y a au pied de la niche un trou
où l’on peut à peine paffer le bras; il communique
avec un abîme encore plus profond, àinfi qu’il eft
aifé d’en juger en y jetant des pierres y dont le
brui; fe fait entendre long-temps.
Les concavités des Baumettes font également
curieufes & par leur forme & par la quantité de
ftalaélites dont leurs parois font enrichies.
L ’autre abîme confidérable eft celui de Cruis.
C ’eft une opinion commune parmi le peuple,
qu’il n’a point de fond. On-lit dans YHiJloire générale
de Provence y qu’ un prêtre s’y étant fait déf-
cendre , fut tellement frappé de fa profondeur &
des fpèélres effrayans qu’il crut y v o ir , qu'il devint
fou pour le refte de fes jours. Un obfervateur
qui l’a fondé, a trouvé néanmoins que le plomb
s’arrêtoit conftamment à la profondeur perpendiculaire
de cent quatre-vingt-dix-huit pieds.
Le thermomètre de Réaumur qui, placé à l’ombre,
vers le nord, étoit à 18 degrés au-deffus de
z é ro , plongé à diverfes profondeurs d é l ’abîme,
& retiré avec toute la célérité poflible,. donna
les réfult^ts fuivans : à trente pieds où il fut: tenu
l’efpace d’un quart d’heure, il étoit à i é degrés
au-deffus de zéro ; à foixante pieds il étoit au i Ie.;
à cent pieds au 10e. ; tenu enfin à cent quatre-
vingt-feize pieds l’efpace d’ une heure, & retiré
avec toute la célérité poflible, il-étoit au 8e. de-
gré.»Cette température eft un peu au-deflpus de
celle des caves de l’Obfervatoire de Paris. On la
trouve communément, dans les grottes & les cavernes
affez profondes, à moins que quelques
vents particuliers ou des . Tels incruftes contre la
pierre ne la changent. Une lanterne defeendue.
jufqu’au fond de l’abîme , où. on la tint plus d’une
heure , ne s’éteignÿ point: cette expérience, répétée
dans différentes faifons, a toujours donné le
même réfultat. '
Cet abîme eft fitué au pied de la montagne de
Lure3 du côté du midi r peu éloigné du village
qui lui donpe fon nom; il eft creufé dans le fein
d'un rocher de nature calcaire , dont l’ouverture,
difpofée en glacis, penche vers le midi; fa bouch&
a cent pieds environ de circonférence.
Quoique la montagne de Lure foit généralement
de nature calcaire , les vallons contienntnc.
cependant des pierres vitrefcibles qui ont été détachées
de fes fommets. Lesfchiftes argilo-calcaires
& les; terres matneufes qui couvrent, la bafe des.
coteaux inférieurs rendent les terres très-fertiles.
Cette difpofition règne bien au-delà de la Durance
; aufti les récoltes font-elles abondantes dans
tous ces environs. L'atmofphère de Lure eft prefque
femblable à celle des Alpes. Il y a de très-belles
plantes à l ’ombre de fes forêts.
La.chaux qu’on retire des pierres calcaires de
cette&nontagne eft de la plus grande force , &
excellente pour les travaux hydrauliques ; elle n’eft
pas inférieure à celle que fourniffent les pierres*
des Pyrénées, où elles font en grande partie de
la nature du marbre.
L U S , ville du département des Hautes-
Pyrénées , à quatre lieues d’Argelés, On trouve
aux environs, au lieu dit Saint-Sauveur, des four-
ces d’eaux minérales qui ont la même vertu de
guérir les bleffés & les malades que celles de Ba-
règes : ces eaux ne diffèrent que par le degré de
chaleur. Il y a peu d’hiver dans ce lieu; ce qui
donne aux bleffés & aux malades la facilité de
s’y rendre de très-bonne heure.
LUSSE, village du département des Vofges,.
à deux lieues & demie de Saint- Dié. Il y a près de
ce village des mines de cuivre argentifère.
LU T T E R B A CH , village du département du
Haut-Rhint, canton de Mulhaufen. U y a près de
ce village plufieurs tourbières, dont on tire un
grand parti.
LUXEUIL , ville du département de la Haute-
Saône, à quatre lieues de Lure. Dans un des faubourgs
de cette ville il y a cinq bains : iff. le
grand bain;, i 9. le bain des pauvres; $°. le bain
des moines; 40. le bain des dames; y°. le bain des
capucins. Le grand bain fe remplit par deux four-
ces chaudes de qualité & de nature différentes ;
la fécondé fource fort de deffous un roc taillé
pour affeoir les baigneurs; le bain des pauvres eft
celui dont on ufe en boifïon & en lavement, auflî
bien qu'en bains : la fource eft fort abondante &
fournit l’eau par deux robinets. La fource de ce
petit bain eft diftante de quarante pieds de celle
du grand bain, & vient d’un puits de dix pieds de
diamètre & de plus de foixante pieds de profondeur.
Outre les fources d’eau chaude qui alirnen
tenwles cinq bains, il y en a deux d’eaux- froides
minérales & une autre d’eaux ferrugineufes; elles
font fituées près du grand bain..On trouve dans le
territoire de Luxeuil. des carrières de grès rouge
avec lequel on bâtit.
LUXER A T H , village du ^ci-devant département
de Rhin & Mofelle arrondiffement de
Coblentz. Les environs préfentent çà & là des
traces de volcans; on en a obférvé. furtout à
Beftrich, où fe trouvent ces bains chauds fi .renommés
& déjà conrths du temps des Romains.
L’eaü fort.du pied d’un roche r , & les bains
quelles alimentent, font, dit-on, très-propres à
guérir-la goutte, les maladies de nerfs & celles-
occafionnées pat l’âcreté des humeurs.
LU Z Y , village du département de la Haute-
Marne, canton-de Chaumont, près la Marne. Il
y a un fourneau, une forge & une batterie dits de:
Moiron.
LU Z Z A N O , vallée voifine de Seigu, dans le
comté de Spalatro en Dalmatie. Cette vallée eft
féparée de la mer par une vafte chaîne de montagnes
qui a bien feize milles de largeur, & où l’on-
trouve les preuves les plus inconteftab'es que les
couches' qui compofent l’ intérieur des montagnes-
font l’ouvrage de l’Océan.
Des collines baffes bordent la vallée de Lugano
; elles font formées d’une terre argileufe, tantôt
blanchâtre, tantôt bleuâtre,, remplie de tur-
binites & de coquillages bivalves à dem.i calcinés.
’ Toutes les couches n’en contiennent pas une fi
grande quantité ; elles ne font pas non plus ni de
la même confiftance ni de la même couleur. Les*
lits des terres durcies des collines de la vallée de
Lunano• ont des divifions horizontales fi bien
marquées, qu’on en peut emporter de grandes
lames, comme celles de l’ardoife.. Les canaux que
les eaux torrentielles ont creufés fur le dos descollines,
en gagnant le fond de la v allée, montrent
au jour la nature & la difpofition desanatières.
LYON , ville de France & chef-lieu du-département
du Rhône.
La ville de Lyon eft placée fur les croupes de
Fourvières, fur celles de la Croix-Rouffe & fur la.
pointe de la plaine fluviale qui fe trouve entre la
Saône & le Rhône.
II. eft aifé de voir que cet emplacement eft entièrement
formé par les rivières. Le bord élevé
de Fourvières a été détaché de la Croix-Rouffe
par la Saône , qui s’eft ouvert une gorge de-
450. pieds de largeur ; c ’eft par cette ouverture
qu’elle débouche dans la ville..
La montagne de la Croix-Rouffe eft proprement
un cap, dont l’afpeéfc eft au midi ; l’une des faces
regarde le levant, & le Rhône coule majeftucuft-
ment à fon pied,, comme ta Saône au bas. de fa
face occidentale.
Ce cap s’abaiffe dans la plaine fluviale des deux
rivières par une pente rapide d’abord; mais enfuite
’ on trouve une langue de terre qui fe prolonge juf-
' qu’à p ès 880 toifes entre lefdites rivières, don c l
elle eft vifiblement un dépôt , à en juger par ta
forme , la fituation & la nature des matières, qui
font des fables, des pierres roulées & des veinesv
d'argile irrégulières & peu fui vies.
Ces collines, tant de ïa Croix-Rouffe que der.
Fourvières , font, compofées de dépôts torrentiels*
amenés, par- Içs. deux fleuves qui coulent au pied:*,