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fent leurs eaux où leur trop plein par une iflîie qui
■ fe trouve dans la digue : ainfi ces lacs reçoivent
les eaux des rivières, 8c les rendent aux rivières
fans en interrompre le cours. Enfin, la troifième
ciaffe de lacs offre des amas d'eau qui' fe trouvent
à l'extrémité des rivières,. 8c qui ne verfent rien
au dehors. Ainfi ces trois claffes de lacs font, i°.des
badins qui ne reçoivent rien d’apparent, mais qui
donnent des eaux courantes ; i° . des badins qui
reçoivent des rivières, 8c qui verfent an dehors
l'équivalent} 30. enfin", des badins qui reçoivent
& ne verfent rien. En Suide, en Dauphiné, en
Ruffie & dans la Tartarie chinoife, font les lacs
de la première clafi’e , didribués dans les lignes du
point de partage des eaux : on y obferve généralement
que ces lacs font tous furmontés par des
fommets beaucoup plus élevés que leurs badins }
aufli font-ils placés au pied des pics ou fur la cime
des momagnès inférieures. Un lac ne diffère d'un
étang, qu’en ce que l'étang a une digue artificielle,
8c que le lac a une digue naturelle mais les uns
8c les autres ont ^eurs badins dans des vallons quelconques,
approfondis avant leur formation.
On a d«fiiié- fouvent la dénomination d'étang à
des'lacs diftfibués fur les bords de la mer, comme
font ceux des landes de Bordeaux , par exemple
: il en ed de même dé-ceux qu'on trouve fur
k côte du Languedoc & æu Rouftillon.
ïl y a de très-grands lacs qui peuvent être confédérés
comme des mers : telle_eft la Mer-Caf-
pienne, qu’on doit ranger dans la troifième clalfe,
puifqu’ellê reçoit les eaux des grands fleuves, &
qu’ellen,‘en verfe point au dehors; telle ed encore
la Mer-Noire ou ïe Pont-Euxin, qui ed un lac de
la fécondé ciaffe, car il reçoit les eaux des plus
grands fleuves de l’Europe, & en verfe le trop
plein par le détroit de Coudantinople. Le lac
Titicaca ed aufli très-étendu, 8c doit être rangé
dans la troifième clafle, car c’efl l’égout des grands
fleuves.-,.
Nous allons maintenant indiquer beaucoup d’autres
A/cr , dont nous ne ferons connoître les différentes
circonflances qu’à leurs articles particuliers.
L a mer de Harlem ed un lac fur lequel d’aflez
gros vaiffeaux font voile. Le lac Aral, voifin de la
Mer-Cafpienne, g cent lieues de longueur fur
cinquante de largeur ; il ed de la fécondé ciaffe.
On peut compter parmi lès grands lacst ceux de Ladoga
8c d’Onega en Mofçôviè, le Palus Méotides
à l'embouchure du Dori, le lac Majeur en Lombardie
, le lac Neagh en Irlande, le lac des Irô?
quois, les lacs Huron, Supérieur & Michigan ,
dans le Canada & le long du fleuve Saint-Laurent;
en Europe, les lacs de Genève-, de Condance, 8cc.
Différentes caufes peuvent concourir à la formation
des lacs .• nous les avons décrites ci-devant,
en indiquant les trois claffes de lacs que nous avons
diftinguées. Dans'un lac 3 il y a trois chofes dont
ii f$ut fuivre les dive.fes circonflances : le concours
des eaux fuivant qu’ejles fe portent dans le..
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lac, le badin du lac qui reçoit ces eaux, & la digue
qui foutient ces eaux dans le badin. Ceux qui fe
font .occupés de la formation des lacs3 n’ont pas
porté leurs vues fur l’examen de ces trois parties
des lacsj s'ils l’euffent fait, ils n'auroient pas attribué
leur formation à des caufes accidentelles,
comme des tremblemens de terre, des inondations,
foit de mer, foie de terre.
Les lacs qui fe trouvent placés dans la vallée
des fleuves qui reçoivent leurs eaux 8c qui les
verfent au dehors àmefure, ne font point falés;
ceux y au contraire , qui reçoivent les eaux des
fleuves fans aucun écoulement au dehors, ni déperdition,
autrement que par l'évaporation, font
falés. A l'égard des lacs qui fe trouvent en Sibérie,
•entre les rivières d'Jrtifch 8c de Jaïk, leurs eaux
font tantôt douces 8c tantôt amères & faiées, fuivant
qu’ ils tirent leurs eaux de cantons remplis
d’amas de f e l , ou bien de contrées abreuvées
par de fimples eaux pluviales : ces faits font aifés
à reconnoîrre & à conftater par les obfervateurs
attentifs. *
On trouve des lacs qui préfentent des phénomènes
finguliers dans le changement des faifons :
ainfi les eaux de certains lacs deviennent tout-à-
coup rougeâtres comme du fang : on a beaucoup
d’autres exemples d’eaux de lacs q ui, en très-peu
de temps, ont pris d’autres couleurs. Quelques
naturalides ont reconnu que ces phénomènes
étoient. dus à des plantes qui venoient fleurir à la
furface des eaux, 8c lâiffoient v o ir , à travers une
lame d’eau peu épaiffe, leur couleur comme à
travers un tranfparent. On a raconté aufli beaucoup
d’autres effets merveilleux de diffère ns/a«, mais je
les fupprime,- parce qu’ ils ont été mal décrits, 8c
encore plus mal expliqués.
Pour faire connoître beaucoup mieux les lacs
dont nous venons de parler, nous en ferons une
defeription fuivant les divers pays où ils ont été
obfervés, parce que chacun de ces divers Lacs a
des phénomènes dépendans des circonflances où
il fe trouve dans ces contrées; 8c par conféquent,
en rapprochant ces circonflances, on eft en état
de voir l'enfernble de toutes les caufes qui concourent
à ia formation 8c à l’entretien de tous les
lacs.
Bajftns des lacs,
îl paroît qu’en général les baffins des lacs font
des parties d'anciennes vallées creufées bien antérieurement
à l'époque où l ’eau s'eft trouvée fou-
tenue dans ces lacs par de nouvelles chauffées : la
plupart de ces vallées appartiennent à des maffifs
de l'ancienne ou de la moyenne terre; elles ont
en-fuite été encaiflees 8c diguées par les dépôts de
la nouvelle terre : c’eft aufli pour,cette raifon que
les badins des lacs fe trouvent placés vers Us limites
de la nouvelle terre, & au milieu des drpôrs
littoraux formés par l'ancienne mer. Ainfi, dans
un lac dont la digue eft formée par des amas de
cajdou*
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cailloux roulés, le fond du baflin eft une pierre
calcaire d'un grain fin & appartenant à la moyenne
terre : tel eft le lac de Genève. C ’ eft ainfi que le
lac de Gerardmer fie trouve placé au milieu des
granits, 8c que le fond du vallon où il eft fitué,
ainfi que la digue, font formés de dépôts de'la nouvelle
terre : on y trouve des cailloux roulés 8c de
la pierre de fable :.ceci explique pourquoi ces lacs
font fi profonds, car ils" occupent le fond des vallées
de l’ancienne 8c de la moyenne terre. On
trouve également tous les lacs des cantons dè
Zurich, de Lucerne, 8cc., placés dans les mêmes
circonflances.
Lés terrains de formation d’eau douce, dont la
découverte eft due à'Lama non, 8c l'étude bien-approfondie
à MM. Cuvier 8c Brongniarc, font aufli
des produits qui ontété dépofés par les eaux douces,
dans des vallées de l’ancienne terre, pommé à
Môntbrifon & dans la Limagne; dans la moyenne
terre, comme à Vauclufe, & enfin dans la nouvelle
terre-, comme aux environs de Paris, où ils
forment les mafles de gypfè, & aux environs d’Aix
en Provence, où ils font de même nature.
Les digues de cés lacs ont été partout rompûès,
& nous n'avons de preuves de leur exiftence , que
dans les dépôts remplis de Coquillages fluviatiles
qu’ils nous ont laifles.
Plages des lacs.
Si l’on fuit la plupart dés lacs diftribués le long
des quatres rivières de la Sùifle qui verfent au
nord, & toutes fe réunifient dans le Rhin, on
trouve que, tant au-deffus dé ces/Wj que dans
leurs intervalles, les terres où plages font baffes,
8c prefqu’au niveau des rivières qui coulent dans
ces plaines, où fé jettent dans les lacs": telles font
les-terres bafles qui bordent l’Orbe au-deffus du
lac de Neuchâtel, 8c qui fe retrouvent entre celac
& ceux de Morat & de Biennè, & enfin les plaines'
fa blonnèufes qui font au-dëflous du lac de
Bienne.
On rétrouve de même des terres baffes au-deffus
du lac de Brientz, entre ce lac & celui de Thoun ;
à côté & àu-deflous du lac de Thoun ; vers l'ancienne
embouchure de la Kandel; le long dé la'
Reufs, au-defliis du lac des Quatre-Cantons ; vers
Altorf, à côté de l'embouchure des rivières qui
fe'jétteht dans lé lac de Lucerne & au-dëflous de
celac.-''1
Enfin, le long du Limât & de la Linth, dé Sar-
gàns à Vallenftadt, dans le Gaftér, & fur le côté
oppofé du Limât, lés terres, prefqu’au niveau des
deux lacs de Vallenftadt 8c de Zurich , font très-
baffes : o r , ces plages font l’ ouvrage des dépôts
du Limât en entrant dans le'lac de Vallenftadt, de
la Linth , qui a fait la digue du même lac y & dont
les dépôts plats s'étendent jufqu’à Noefèls.
L'ancienne vallée ne fe trouve que dans les
parties des lacs de Vallenftadt 8c de Zurich qui
Géographie-Phyfîquë. Tome U T*
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font entourées de montagnes èfearpées : dans
l’état aétuel, on voit les rivières de Sécz 8c de
Limât qui coulent habituellement à pleins bords.
C'eft en conféquence d’une plus grande -quantité
d’éra qu'elles ont fait çes plages autrefois, & en
co.ùféquence des crues qu'elles les continuent
maintenant.
ri%*s*es ces circonflances, qui s’offrent fi généralement
dans les vallées où font les lacs 3 viennent
très-bièn à l’appui de la théorie de la formation
des lacs qui font dans les vallées des rivières-, 8c
tiennent au même travail qui a digué ces lacs &
qui les a conftitués tels ; enfuite lès progrès des
dépôts fe continuent plus ou moins à la têre des
lacs 3 ou à la queue vers la digue : ce dernier travail
eft prouvé par les dépôts de la Kindél i auprès
de la digue du lac de Thoun , i 8c qu’on a été
obligé d’interrompre par un grand 8c hardi per-'
cernent.
L a c s d e s o u d e . Il s’eft établi dans le co-
mitat de Bihar, en Hongrie, trois fabriques de
foude, où Ton prépare une partie de celle que
fourniffent quelques lacs de cette contrée. Quoique
ces fabriques foiënt en pleine aélivité, elles
ne mettent pas èncore à profit la vingtième partie
des lacs de cette nature, qui font répandus en
différens cantons de la Hongrie ; on dit même
que cette foude eft d’une excellente qualité, &
que le débit en eft confidérable.
Les quatre/ûw près dèfquels les fabriques dont
on vient de parler ont été établies, font entre
; Debrezen 8c GroflVardeih, à une lieue l’ uft de
l’autre, excepté le quatrième, qui eft éloigné de
fept lieues de la grande-route. CtsTacs oui depuis
un quart de lieue jufqu’ à "une grande demi-lieue
de tour : on leur donne, ainfi qu’au canton où ils
font ficuës, le riom de Feyrto, qui veut d ire , en
langue hongroifé , lacs blancs, parce qu’en été ils
font en effet to.ut blancs, tant par la blancheur
de leur fable-, que par celle de la Coude qui s?ef-
fléuric à leur furface. ;■ !
Ces lacs n’ont point du tout de profondeur naturellement,
mais iis en ont acquis d’ un pied 8c
demi à deux pieds, 8c'même trois , après de longues
pluies, par l’effet des fouilles faites pour en
tirer de la ‘terre alcaline 8c le Tel de fonde. L’af-
pé£l de ces lacs 3 8c le témoignage de Pline 8c de
plufieurs autres'écrivains , prouvent l’ancienneté
; de cette exploitation , dont l’effet a é té , en ap-
profondiffant le milieu de leur lit, de diminuer
i leur étendue eri furface 8c d’augmenter celle de
leurs bords., qui font couverts à préfent de plantés
du genre du kali. 'Autrefois on èrnployoit ce fel
à la teinture 8c à différens ufages dofneftiques ,
ainfi que pour la médecine ; mais à préfent, tout
ce qu’on en recueille, fert à la fabrication du fa-
von , par le mélange qu’on en fait avec du fuif.
Ce favon eft blanc, léger 8c parfaitement diffo-
luble, foit dans l’eau, foit dans î’efprit de vin ;
O o o