
orientale & que la Suède, & à plus forte raifon
que les montagnes qui les féparent.
Daiis la partie orientale de h N o r v è g e ,'c ’eft-
à-dire , depuis la çh aï ne des Filefielqs jûfqu’aùx
frontières de la Suèdé, l’hiver commence au milieu
d’o&obre & fe fou tient jufqu’ au milieu d’avril.
Pendant ce tems les eaux font gelées jufqu’à
une forte épaifleur > les vallées & les montagnes
font revêtues rie neige. Mais tandis que l’hiver
exerce ainfi fes rigueurs dans ce pays, dans la
Norvège occidentale au contraire* tous les lacs
& les baies, quoique placés fous le même pa-
rallèle que ceux de la partie orientale , font généralement
navigables. L’ air y eft couvert de
nuages , 8c rarement les gelées y durent-elles
quinze jours ou tout au plus trois femâines dè
luiceV Dans le centre de..!’Allemagne-, qui eft de
deux cents lieues plus voilïn de la ligne, les hivers
font ën général plus rigoureux, les gelées
plus pénétrantes que dans le diocèfe de Bergen,
où les habitans font étonnés de lire dans les papiers'
publics ,■ que lès gelées ôc les neiges fe
montrent en Allemagne, 8c lurtout en Pologne,
avant de paroi tre dans ces? contréesî Les ports
d’Amfterdam , de Hambourg, de Copenhague
& de Lubeck font gelés dix fois plus Couvent que
ceux de la Norvège occidentale^ D’àiHeurs 3 l’hiver,
à Bergen, eft fl doux ^ que lés mers font toujours
praticables pour lès pêcheurs 8c les matelots.
11 eft rare même que les baies" & lés criques
foient gelées, excepté’celles''qui font fdrt avant
<ians les terres & vers les- montagnes de- File-
fields, où il règne un vent de terre fee 8c piquant
qui fonffle nord-eft. D’ailleurs, la mer du Nord
•eft navigable, tant l’hiver que l ’é té , ju{qu’aux quatre
vingt 8c quatre-vingt-deuxième degrés, excepté
dans les criques 8c fur lès côtes du Finmarçk, de
l ’ Iflande 3c du Groenland. Dans les hivers très^ri-
goureux , quand la Baltique eft gelée, les cygnes,
qui ne font pas des .oifeaux propres à la No rvè g e ,
fe réfugient fur les côtes de la Norvège occidentale
.Q
uelques phyficiens attribuent cette douceur
dans la température de la Norvège occidentale;
ail voifinage de la mer, dont les vapeurs fe mêlent
à i’atmofphèré, & lui communiquent une humidité
continuelle, qui n’a pas lieu dans les pays méditer-
ranés. Cependant cet effet bien remarquable dans
les parties de l’Océan, que nous avons indiquées. ,
n’a pas également lieu d&ris les autres pays environnés
par la me'r ; car nous fàvons que la Baltique
fe gèle, 8c que fes côtes font expo fées à des hivers
rigoureux. Outre cela, la Mer-Glaciale, à mefure
qu’on pénètre vers i’e ft, devient moins acceftïble
au nord} 8c tandis qu’ à l’ occident du Spitzberg
plufieurs navigateurs fe font avancés jufqu 'au quatre
vingt-deuxième degré nord , le détroit de
W a ig a tz , fitüé en de^à du fôixante-dixiëme, 8c
fur le bord méridional de la Nouvelle-Zemble, eft
Ümvent ot>ftrué par les,glaces, même dans l'été.
Le s mêmes effets du froid ont été obfervës fbu-
■ vent à l ’oueft, le long des côtes de l’IflandeSc dans
les parages intermédiaires , entré cette île 8c flè
Groenland , où la mer celle d’être navigable à des,
latitudes bifen plus avancées vers le fud} en forte
que les avantages de cette température douce fem-
blent, à cette latitude, renfermés entre le premier
méridien 8c le quarante-cinquième degré de longitude.
C ’eft à la fuite de cette douceur de température
, que le fameux hiver de 1709, fi remarquable
par fes effets défaftreux en France , ne fut pas , à
Bergen , plus rigoureux que les hivers ordinaires,
8c que l’ Irlande , l’ÉcolTe, les îles de Shetland
les Orcades, toutes lïtuées à la même latitude, fe
font peu reffenties de la violence de cet hiver extraordinaire.
Ilparoît même que c’eft ce qui arrive
à ces contrées, 3c furtout aux Orcadesÿdont les
hivers amènent plus généralement les piiiies que
les neiges> car les neiges 8c les gelées n’y durent
pas autant que dans les autres parties- féptentrio-
nales deFEcoiTô} mais les vents, en récompenfe^ y
foufflentavec une telle violence, que la pluie y
tombe par flots, comme fi toute une nuée étoit
précipitée dans un inftant. Pareillement aux îles
Féroë, les hivers ne font pas rrès-froids, quoique
ces îles foient placées vers le foixante-deuxième
degré de latitude feptentrionale : rarement y gèle-
t-il plus d’ un mois , 8c d’ailleurs fi modérément ;
que jamais-on n’y voit de glaces' dans Ie$> baies, 8c
qu’on n’efi pas obligé d’y mettre à couvert les
brebis ni* les- boeufs. '
Si enfuite on compare à ces effets de température
dépendant de la rae r , ce qu’on éprouve dans
la portion de la Norwège orientale , fituée.éhtre
les -L ilefields qui la féparent déjà Norwège occidentale
y18c dans la Suède, dont elle eft'féparée
par d’autres montagnes défignées fous le nom de
Lemyfields'y dans le pays p lat, l’hiver eft tellement
rigoureux, que lês voyageurs courent >rif^ù'e de
perdre le nez' 8c les doigts s’ ils neprennentjes précautions
néceflaires pour garantir ces parties. On
peut citer, à cette occafion, l'accident défaftreux
arrivé à une partie de l’armée de Charles iXIl, qui
s’en retournoït en Suède lors de la mort de ce
prince devant Frédériclohalt : fur dix mille hom-
‘mes dont elle étoit compofée il n’en échappa;
•félon Les uns, que cinq cents , 8c, félon d’autres’,
que deux mille cinq cents: tout le refte périt
gelé; ! - S ■ ! ' 1 ••• : \
La chaleur des étés, également forte; à ce qu’il
paroît,en Norwège Sk en Suède, dépend, comme
on fait, de la durée des jours .8c de la permanence
du loleïl au deflus de l’horizon pendant plufieurs
jours. Cette-chaleur-a une telle force, que la végétation
parcourt fes périodes avéoiune fi grande
rapidité , que , dans la Norwège > la récolte vient
deux mois après7 les femailles. >En Suède , dans la
Weftro-Çothte . l’intervalle entré l.e;s femailles- &
la mpiffon a ’éft guère que de- iquaralntb jours y =8c
en particulier l’o rg e , femé fur la fin de juin, fe
récolte à la moitié d’août.
Ces effets, au refte, font parfaitement d’accord
avec les températures qui doivent réfulter de la
marche du foleil. L’obfervation véritablement digne
de remarque dans ces contrées eft celle de
l’inégalité du froid fous le même parallèle, 8c dans
des circonftances femblables en apparence, comme
celles qui femblent communes à la Norwège occidentale
, aux côtes méridionales de la Norwège
orientale, 8c aux côtes de la Suède , fur la Baltique.
Cette efpèce de privilège commun aux côtes
occidentales de la Norwège, au nord de l’Écoffe,
aux Orcades, aux îles de Schetland 8c à celle de
•Féroë, de n’avoir qu’ un hiver modéré dans une
•latitude très-feptentrionale, a été attribuée à plufieurs
caufes bien conjecturales. Les uns y ont vu
des effets des volcans fouterrains, qu’ils ont fup-
pofé exifter fous la mer, à cette latitude. Us ont
rapproché, à ce fujet, l’Hécla, qui, au milieu des
giaces de l’Iflande, éprouvoit des éruptious violentes
5 la formation d’une terre nouvelle fortie
du fond de la mer près des Orcades, toute com-
-pofée de produits volcaniques, mais qui , en dif-
paroiflant peu de tems après, n’a pu être foumife à l’examen-de ces phyficiens. Enfin, ils ont cité
une relation de voyageurs hollandais, qui préten-
doient avoir pénétré jufqu’au quatre vingt-neuvième
degré dans les terres arétiques , 8c y avoir
-obfervé un volcan , 8c, d’après ce dernier fait,
.avoient vu & indiqué une fuite de volcans fouterrains,
depuis les Orcades jufqu’au pôle.
Cependant ne peut-on pas demander pourquoi
cette température douce , commune aux îles Orcades,
à celles de Schetland 8c aux îles Féroë ,
ne s’étend pas jufqu’à l’Iflande, qui donne iflue à
plufieurs volcans , 8c qui, quoiqu’à la même latitude
feptentrionale que les îles Féroë, éprouve
fur ces côtes mêmes méridionales, des froids rigoureux.
- D’autres phyficiens ont cru devoir attribuer la
douce température de cet affemblage de terres côtières
aux courans de la mer, qui, favorifés par
les marées, amènent dés maffes d’eau échauffées
fous des latitudes voifines de la ligne ou du tropique
, 8c dont la marche eft prouvée par l’ afluence
des débris 8c fruits de végétaux 8c de troncs de
bois propres à l’ Amérique, qui viennent aboutir
fur ces côtes} ils ajoutent que les mêmes effets
ne peuvent être produits fur les côtes de i’ If-
laiidè, parce que les eaux qui les baignent, font
refroidies parles glaces flottantes quife détachent
du Groënland. Gn peut v o ir , à l’article Océan
(Bajfin deC)} ce que nous avons dit de ces courans
8c des différens effets qui en réfultent, quant à la
température des pays, aux vents 8c autres météores.
La différence des températures qu’on remarque
dans des régions parallèles tient à d’autres caufes
phyfiques qu’on connoît beaucoup mieux, parce
qu’elles font à la portée des obfervateurs des effets
Géographie-Phyjtque. Tome IV»
généraux. Une de ces caufes principales eft celte
qui fe manifefte à mefure qu’on s’éloigne des rér
gions voifines de l’Océan, 8c qu’on s’avance vers
Je centre du Continent en fe portant de l ’oueft à
l’eftj c’eft: ce qu’on ôbferve fenfiblement dans toutes
les zones que nous avons diftinguees. Souvent
il arrive que la même différence d’intenfite fe rencontre
dans la chaleur des étés, au moins jufqu à
une certaine élévation vers le pôle. Nous pourrions
étendre les mêmes conftdérations au Continent
de l’Afie, qui n’ en fait abfolument qu’un
avec l’Europe. Cette réunion des deux offre de
l’oueft à i’ eft une étendue immenfe , qui préfente
la plus vafte continuité de terre qui fois fur le
Globe. • '\ y
Il eft une fécondé eau fe qui occafîonne la différence
des températures entre les mêmes parallèles :
c’eft l’élévation des terrains au deffus du niveau
de la mer. Les contrées montagneufes font les plus
froides , 88 Les fommets couverts de neiges , ainlï
que les vallées qui reçoivent les glaces qui fe propagent
de ces fommets, étendent à de grandes
diftances le froid dont elles font pénétrées.
Ces deux caufes tiennent peut-être à un même
principe. En effet, puifque le cours des fleuves
annonce que certaines parties des Continens font
conftamment inclinées vers les mers qui les baignent
, il en réfulte que plus on s’éloigne des mers ,
plus le Continent fe trouve é iç v é , & par çon-
féquent plus ce Continent a d’ étendue, plus fon
centre eft élevé , relativement a fes. bords que la
mer baigne. Si donc les températures fe refioîdif-
fent dans la proportion fuivant laquelle les terrains
s’élèvent, il en faut conclure que, dans les mêmes
parallèles, à mefure que les contrées qu’on parcourt,
s’approchent du centre d’ un grandContinent,
elles doivent fenfiblement être plus froides, furtout
fi l’inclinaifon des terrains fe trouve avoir fon af-
pe& au nord, parce qu’ alors l’obliquité des rayons
folaires eft plus grande , relativement à leur dif-
pofition. Au refte, ceci ne doit s’entendre que des
contrées qui, comme les zones européennes, s’éloignent
plus ou moins des tropiques} car le contraire
a lieu en général pour les régions voifines
de la ligne & toutes celles qui font renfermées
dans l’étendue de la zone torride, parce que le
foleil frappe le fol perpendiculairement une partie
de l’ année, & que le refte du tems fes rayons n’ont
pas une obliquité confidérable. C ’eft en confé-
quence de ces circonftances que le centre de ces
Continens eft très chaud quand il n’ eft pas couvert
de montagnes & de fommets élevés j & il n’y a 1
pour lors que le voifinagedès eaux & delà mer qui
rende la chaleur firpportable.
C ’eft, comme nous l’avons dit à 1-articIe Rom e ;
par la raifon de l’obliquité des rayons lblaires, qu’il
eft généralement vrai que les revers feptemrio-
mux des montagnes, Sc par conféquent tous les
pays fitués fur desplans très-inclinés au nord & particuliérement
vers l’origine de cette inclinaifon 9