
de celles qui font élevées au-deflus des flots &
d’une certaine étendue, qui font habitées, cultiv
é e s , & même fréquentées par les navigateurs.
Chaque groupe eft féparé des autres par un
canal ou détroit qui a quelquefois fi peu de profondeur,
qu’on pour!oit traverfer de l’un à l ’autre
groupe fans trouver plus de trois pieds'd'eau.
Quelques autres détroits font ouverts aux navires,
& le plus grand a près de vingt lieues en largeur.
On appelle province ou atollon chacun des groupes
fépares par un détroit. La figure de ces groupes
eit ronde ou ovale, & les plus grands n’ont guère
plus de trente ou quarante lieues de circuit ; ils
forment, dans leur enfeinble, une longue chaîne
qui en a plus de deux cents d’étendue.
On croit que ces groupes ne formoient autrefois
qu'un feul maflîf & une feule île , que 1 effort
des vagues a ainfi divifés en ouvrant, comme on
v o i t , les détroits; & on fe confirme dans cette
opinion d’autant plus, qu’on a obfervé avec plus
de foin la force des courans des parages votifins,
& les ravages qu’ils continuent de faire contre les
maflifs de ces îles.
Quoique les Maldives foient voifines de l ’équateur
, les chaleurs n’ y font pas cependant insupportables.
Les nuits, toujours égales aux jours, y
font .très-fraîches, & les rofées abondantes qui ne
manquent point de précéder le lever du foieil,
contribuent encore à tempérer la chaleur du jour.
La divifion des faifons eft ici à peu près la même
que fur la côte de Malabar : l ’hiver commence au
mois de mai & finit au mois d’o&obre ; l’été occupe
les fix autres mois, & eft amené & entretenu
par un vent contraire.
/ ' / .• '1
] M ALHOLM, qui donne fon nom au lac, eft un
village du comté d^Ycuck en Angleterre, fitué fur
!e côté méridional d’une haute montagne qui eft
jointe à une autre par un rocher très-élevé, fur
lequel on voit une efpèce de canal qui paroît avoir i
été celui d’ un ruifleau qui tomboit autrefois de
ce précipice, & qui maintenant a trouvé un paf-
fage fous terre ; il fort du pied du rocher, & eft
appelé la tête de la riviere £ Air, Le rocher fe
nomme Malholm cove.
. Entre cette montagne & quatre autres moins
confidérables eft fitué le lac Malholm , dont l’é-
tendué peut être de trois ou quatre cents acres :
Fa forme eft celle d’un parallélogramme dont la
longueur eft double de la largeur. Il n’ y a aucune
herb e, & dans un jour tranquille on peut en ob-
ferver le fond calcaire & blanc dans des endroits
de douze pieds de profondeur. Il eft furprenant
que Camden n’ait point parlé de ce la c , puifqu’il
décrit des précipices qui font fur les côtés du nord
des montagnes qui l’entourent. On ne voit que
deux fources qui fourniffent l ’eau de ce lac.
L ’eau fuperflue de ce lac s’écoule par un ruif-
feau d'environ quatre pieds de large 8c de trois
pouces de profondeur, qui, après avoir couru fur
une longueur de huic cents pieds, s’enfonce fous
la terre à deux endroits différens, éloignés de
Vingt-huit pieds l’ un de l’autre.
I Les gens du pays difent qu'à environ un mille
au-deffous du village de Malholm, il y a deux
fources qui fe jettent dans la rivière d’Air à vingt-
huit pieds l’une de l’autre-, & que, fi l'on jette
dans l’ un ou l’autre de ces ruiffeaux, de la paille
à l’endroit où ils fe précipitent dans la terre, on
la voit forcir, au bout de huit heures, par la plus
grande ou la plus petite fource, & jamais par les
deux à la 'fo fs , & fe jeter dans la rivière d ’A ir,
qui eft à peu près éloignée de deux milles & demi
du Heu où ces ruiffeaux difparoiflent.
Il paroîtroit, par ce que nous venons de dire,
que ces deux ruifTeaux ne fe mêlent point dans
leur courfe fouterraine.
Ce lac abonde en truites 9c en perches : on ne
les pêche qu’à l’hameçon Jvparce que le fol pierreux
coupe les filets.
MALMEDY (dans le ci devant département
de l’Ourthe ). Il exifte près de cette v ille , au rapport
de M. d'Omalius de Halloy, un amas qu’on
doit plutôt appeler un dépôt de cailloux roulés
qu’une nuffe de brèchés. La plupart de ces cailloux
font quarrzeux , quelques-uns calcaires j ils
. font toiblement agglutinés par un ciment rougeâtre
qui a l’apparence d’une argile ferrugiheufe : la
ftratification n’y eft pas très-fenfible, mais on y
reconnoît des couches horizontales. Dans la partie
inférieure il y a des cailloux très-confidérables j
leur groffeur diminue enfuite à mefure qu’on s’élève
j les dernières couches' ne préfentent même
que des mafîes argileufes, qui empâtent de petits
grains de quartz & de fchifte verdâtre. C et amas a
un peu moins de deux lieues & demie de longueur
, fur une largeur d’un quart de lieue à une
demi-lieue ; il s’étend le long de la rivière de
<Warge & fe montre principalement fur la rive
droitç, mais fe retrouve aufli fur une portion de la
rive gauche; il conftitue toute la pence, & s’élève
à plus de fix cents pieds au-deflus du niveau de la
vallée. Il ne paroît pas qu’il s’enfonce davantage,
car le fond de la rivière eft formé d ’ardoifes. Il n’y
a pas de liai fan entre les brèches ou cailloux roulés
dépofés horizontalement, & le terrain d’ardoifes
en couches verticales ; la tranfition eft toujours
brufque ; de telle forte qu’on ne peut concevoir
la formation des premiers qu’en fuppofant qu’ils
ont été dépofés à la manière des failles ou filons,
dans un creux pratiqué au milieu des ardoifes,
Mais en outre il paroît que ce dépôt a eu lieu
avant le creufement de la valléè; car fi cette vallée
eût exifté, le dépôt de cailloux roulés fe fût répandu
dans une grande étendue, plutôt que de fe
grouper à Malmedy, au-point d’y former des ef-
carpemens de plus de fix cents pieds ; & cependant,
ce qui eft très-digne de remarque, c’eft
qu’on ne trouve rien de fembiable dans aucune
partie
partie de HArdenne, qui eft le pays environnant.
M A LTE , l’une des principales îles de la Méditerranée,
Quoique cette île foie en grande partie
une mafle de bancs pierreux 8c calcaires, cependant
on peut dire que le fol-en eft fertile, &
qu’il fe prête à une culture fort animée. Comme
il n’y a pas de montagnes proprement dites, les
vents y exercent fucceflivement leur empire ; &
c’eft à leur influence qu'on doit attribuer ja falu-
brité 'd'un climat dont la température fait parvenir
les habitans, & furtout les- agriculteurs, dans un
âge très-avancé, fans éprouver les infirmités de la
vieillefle. .
On peut diftinguer à Malte deux fortes de terrains
quant à la culture; les uns naturels , que la
décompofition des bancs fuperficiels produit, &
les autres artificiels, qui font les réiultats de quelques
mélanges d’ engrais bien entendus. Les naturels
offrent différentes qualités de terre qui varient
d’ un endroit à l’autre ; il y en a de calcaire
& d’argileufe. Sa profondeur varie aufli ; en général
elle en a fort peu, mais malgré cela les plantes
y croiffenton ne peut pasmieux danslas temps même
les plus fecs ç leTété, au moyen des rofées de la
nuit, qui font furtout fort abondantes le long des
côtes de la mer. On a remarqué d’ ailleurs que les
bancs pierreux qui fervent de bafe a la terre végétale,
offrent un tuf poreux qui s’ imbibe fort abondamment
de I’èau des pluies, & la retient de manière
qu’ il conferve long-temps un état'de fraîcheur
& d’humidité, dont il diftribue avec économie
les utiles influences aux végétaux qui croif-
fent dans la terre végétale. On doit pen'er que les
productions varient fuivant les différens états de
ce tuf; mais les cultivateurs habiles ont reconnu
qu’ils pouvoisnt, par des fouilles pouffées à une
certaine profondeur , en faciliter ia décompofition
ou le mettre en état de fe pénétrer plus facilement
de l’eau des pluies & des rofées.
C ’eft en multipliant les fouilles & en enlevant avec
des coins de fer lès bancs des rochers faillans, qu’ on
parvient à former des terrains artificiels. On donne
au nouveau fol qu’ on travaille ainfî, une pente favorable
à l’écoulement des eaux pluviales ; enfuite
on diftribue à fa furface les débris comminués des
rochers : ce font d’abord de gros fragmens jetés
fans ordrè fur une épaifleur de huit à dix pouces ;
enfuite viennent les plus petits fragmens de pierres,
& enfin le tout eft recouvert d’une couche de
terre de la même épaifleur, qu’on a mife en réferve
avant le travail, ou qu’on a tirée des endroits ou
la terre végétale eft naturellement fort épaiffe,
ou même de certaines cavités de rochers : telle etl
la compofition des terrains artificiels qui, au moyen
de fumiers & d’engrais terreux , donnent des récoltes
très-abondantes pendant dix à douze ans.
■ JQuoique cette île ait une fuperficie fort unie,
fans aucun de ces fomvnets élevés qui fixent les
«liages & déterminent la ch.uce des pluies 8c l ’ori-
Géographie-P hyjique. Tome IK •
gine des ruiffeaux & des rivières , malgré cet état
on y trouve un grand nombre de ruiffeaux. La
partie occidentale, où la pierre poreufe eft fufeep-
tible d’une forte & abondante imbibition de l’eau
des pluies, eft arrofée par un grand nombre de ruiffeaux
dont les fources fartent du pied de quelques
faibles collines. On y compte environ quatre-
vingts fources , qui alimentent autant de ruiffeaux
qui fuffifent pour l’arrofement de tous les tei pains
qu’ ils parcourent.
Dans certains endroits où ces reffourcès manquent,
on a eu recours aux puits; ils fe^trouvent
furtout dans la partie orientale dé F-île, Lorf-
qii’on à pouffé les fouilles à une certaine profondeur,
les eaux s’y raffemblent a f f c Z a b o n d a m m e n t
pour fournir aux arrofemens des jardins & des po^
tagers du voifinage.
MAMMOUTH. Les Ruffes donnent ce nom à
une efpèce d’éléphant perdue, dont on trouve des
o s , des dents, & même de la peau garnie de
très-longs poils, dans tout le nord de l’A fie , dans
les glaces de la. mer du Nord, & aufli dans les terrains
d’ alluvion de toutes les contrées de l’ Europe.
Ce même nom de mammouth a été donné par
les Américains à un autre animal, dont les débris
fe trouvent fur les rives du fleuve Ohio : c’eft celui
que M. Cuviér a nommé mafiodonte. ( Voyt% l'article
Os F O S S I L E S . )
M A N CH E , canal ou détroit qui fépare la
France de l’Angleterre.
S i , dans ce bras de mer ,',1'eau baiffoit feulement
de vingt-cinq braffes, elle laifferoit a découvert
une crête de montagnes qui joint Calais i Douvres,
& qui n’eft pas une ifthme, parce qu’elle eft
toujours Submergée.
Si elle baiffoit encore un peu plus, les Sorlin-
gués 8 rT ïle de Wighc deviendroient des montagnes
féparées de l'Angleterre par une vallée qui
feroic alors à fec; enfin, fi elle baiffoit jufqu’ à
foixante braffes, l’Angleterre elle-meme feroit
une vafte montagne féparée par une grande vallée
de la Normandie, tenant à la Flandre par l’ifthme
dont nous avons parlé, & le fond de ia Manche à
fon ouverture , qui s'étendroit alors depuis les
Sorlingues jufqu’à l’île d’Oueffant, deviendroic
en cet endroit le rivage de la nier.
Cet exemple, que je cité ici d’ après tin examen
particulier que j’ai fait de cetta^nef intérieure,
peut faire comprendre que les îles font des
portions de continens femblables à celles dont
elles ont été détachées , & qu'elles ont confervé
des traces de leur ancienne union par des élévations
couvertes par les eaux, mais dont la fonde
conftate l'exiftence. C ’eft le fujet que j’ ai traité
dans une Diflertation que j'ai préfentée à l’Académie
d’Amiens, & qui a été couronnée par cette
Académie.
On fait que les marées ne font pas égales
A a a a