
mittences, 8c dix intermittences par accès entre
chaque. interruption confidérable, fuppofé que le
produit de la fource A fût toujours le même.
En général, le dernier réfervoir étant dans un
certain rapport de capacité avec le plus intérieur,,
le nombre des intermittences & des écoulemens
fucceflifs fera égal à celui qui exprime combien de
fois le plus petit eft contenu dans le plus grand ; &
s'il y avoit une fraôtion > les retours auroient une.
intermittence & un écoulement de plus après un
nombre d'accès égal au numérateur de la frac-
lion.
7°. Ces efpèces de fontaines ont encore cela de
particulier , qu'à chaque accès d'écoulement
d'intermittence le premier flux eft plus long que
le fécond , 8c le fécond plus long que le troifième.
On voit quec’eft tout le contraire 3 par rapport aux
intermittences; car le fiphon DCE coulant plus
vite dans le commencement de fon accès, que vers
la fin 3 le réfervoir IK F doit être par conféquent
moins de tems à fe remplir, & plus de tems à fe
vider (n°. i) la première fois que la fécondé.
8°. Fontaines intercalaires. Les fontaines intercalaires
font le produit d’un courant d’eau continuel
& uniforme , combiné avec celui d'un fiphon
qui joue à plufieurs reprifes. Soit la caverne DEC
(fig. i ) qui a une ou plufieurs ouvertures par le
bas en E, il eft vifible que l'eau coulera par ces
ouvertures tant que le courant d'entretien D en
déchargera dans le réfervoir. Si le canal d'entretien
eft affez . abondant pour le remplir jufqu'à la
courbure du fiphon malgré l'écoulement continuel
du canal E, la fource en A aura un cours uniforme
en vertu de cet écoulement, & éprouvera,
de tems en tems, des accès d'intumefcence lorfque
le fiphon coulera, & des repos lorfqu’il ceffera de
jouer. Les deux canaux venant à fe rencontrer à la
furface delà terre , vers A , la fontaineqm fera formée
par leur concours fera intercalaire.
Il eft ailé de fe convaincre que l'intrrcaJaifon ou
l'intervalle qu’il y a entre les accès dépend du
tems qu'emploie le courant d’entretien à remplir
la caverne jufqu’à la courbure du fiphon, en four-
niffant, outre cela , à la dépenfe au canal en F.
C’eft donc l'excès du produit du courant d’entretien
D fur la décharge continuelle du canal E qui
fournitaujeu du fiphon & à l'accès des intercalaires.
Les retours de l’accès dépendent donc de l'abondance
de l’eau dans le courant d'entretien de la
hauteur de la courbure du fiphon F C & de la
capacité de la caverne DEC; airifi la période des
intercalaires ne doit pas êtrev plus confiante que
celle des intermittentes , parce que la féchereffe j ou lés pluies peuvent y caufer plufieurs variations
confîdérables. L’inrercalaifon fera fort longue &
l’accès fort court fi l’eau produite par le canai
d'entretien eft peu abondame, que le réfervoir ait
peu de capacité > 8c que le. calibre du fiphon foit
confidérable. Amefure que l’eau augmentera dans
la fource intérieure, toutes chofes reliant d’ailleurs
les mêmes, l’intercalaifon fera plus courte
& l’accès plus long \ en forte que le cours de la
fontaine fera précifément une augmentation & une
diminution fucceflive d’eau fans aucune uniformité
interpofée. Si l’eau augmente de telle forte dans le
courant d’entretien , qu’il puiffe e.n même tems
fournir à la dépenfe continuelle du canal E & à
^’écoulement foutenu du fiphon F G A, la /on-
tjaine fera uniforme.
En fupprimant l’ouverture E (fig. i), &fup-
pofant qu’il y en eut une autre G dans la cavité
DGEC plus élevée que F, orifice de la courte
jambe du fiphon, & en defious de fa courbure en
C /il réfultera différens effets.
Si le courant d’entretien peut feulement fournir
à ce canal en G, fa déchargé produira une
fource continuelle & uniforme. Si le courant d’entretien
augmente , la cavité fe remplira jufqu’à la
courbure du fiphon en C, qui coulera pour lors;
8c fon produit fe combinant avec celui du canal
G, la fontaine qui en réfultera, & qui aura
d’abord été uniforme, éprouvera , dans la fuite,
des accès d’écoulement; mais lorfque le fiphon
aura épuifé l'eau du réfervoir jufqu*au niveau de
l’oiifice G , la fontaine perdra le produit de ce canal
; elle fera intercalaire ; & jorfquele fiphon aura
ceffé de couler, il y aura une intermittence jufqu’à
ce que le courant d’entretien ait rempli le réfervoir
au niveau de l’ouverture G, & pour lors
l’eau commencera à paroître dans le baflîn de la
fontaine. Après que le fiphon & la décharge de
l’ouverture G auront fait baiffer l’eau au deffous
de G, le fiphon F G A entraînera autant d’eau que
la fource intérieure D en peut fournir ; la fontaine entretenue par G, en fuppofant qu’elle ait un
baflin éloigné de la fource que le fiphon fournit,
fera à fec, & l’eau n’y reparoîtra que lorfque le
courant d’entretien D produira moins que la dépenfe
du fiphon. C'eft par ce mécanifme que l’on
peut expliquer pourquoi cenrine sfontaines3 telles
qu’il y en a plufieurs en Angleterre & ailleurs*
coulent tout l’été ou dans la féchereffe, 8c font à fec en hiver ou depuis les pluies. On voit que ces
fontaines augmentent précifément lorfqü’elles font
fur le point de tarir , c’eft-à-dire , lorfque l’eau,
dans la caverne, approche plus de la courbure C
du fiphon ; elles feront plutôt à fec fi l'été eft humide,
8c elles couleront plus tard après un hiver
pluvieux : toutes circonftances avérées par lesob-
fèrvarions. La marche contraire des autres fourres,
vient aufli de la même caufe différemment com-,
binée. Tous ces effets dépendent, comme nous
l’avons vu , des pluies : on ne peut donc en tirer
aucune conféquence défavorable au fyftème que.
nous avons embraffé fur la caufé de l’entretien des
.fourees , comme l’ont prétendu Plot & quelques
autre* phyficiens, auflî peu capables d’apprécier
les faits, que de les combiner.
5)°. Lorfque les fontaines intermittentes eeflent
de l'êtrej, elles, éprouvent, un peu après l’inftant
où l'intermittence devoir avoir lie u , une efpèce 1
d’intercalaifon, & leur cours ne confifte, comme
nous l'avons vu , que dans un accroiffement &
une diminution fucceflive d’eau ; ce qui forme un
accès fenfible.
Fontaines intercalaires'. Ces fortes de fontaines
pefont précifément que les intermittentes cômpo-
lé es, dont le jeu (fig. i ) fe trouve combiné avec
le produit d'un courant en L , continuel & fou-
tenu , qui fe réunit en H : leur explication dépendra
donc des principes que nous avons établis ci-
devant (n°. 7 ) . .
Quoique nous ayions déjà vu comment les différens
produits du. courant d'entretien peuvent
modifier les phénomènes des fontaines, il eft aifé
de faire voir comment un même mécanifme peut
offrir fuccefliyement les différens caractères que
pous y avons diftingués-, c'eft-à-dire, l’ intercalaifon
, l’intermittence & l'uniformité foient les deux
réfervoirs A B C & I K F (fig. 1 ) qui communiquent
par un fiphon D C E .
Le fécond réfervoir a une ouverture par le bas
en K. Si le canal d'entretien A fournit plus d’eau
qu'il n’en, fa ut pour faire couler continuellement
le fiphon D C E , le canal verfera continuellement
de l'eau , & le furp'us fe déchargera par le fiphon
G F H y en forte que la font aine qui recevra le produit
de ces deux courans fera intercalaire ; mais
fi le courant A eft afîtz abondant pour fournir à la
dépenfe du canal K & du fiphon G F H , ou même
à la feule dépenfe de K, la fource aura pour lors un
cours1 uniforme ; 8c fi l'eau diminue de telle forte
qu’elle ne puiffe fournir à l’entretien du fiphon
G F H , h fontaine en H fera intermittente.
D’après le mécanifme que nous venons de développer,
on a réalifé aifément le cours de ces
fourees , 8c rendu fenfibles leurs effets par des
fontaines artificielles, dont on peut voir les modèles
dans un Mémoire du Père Planque, & dans
ceux que le favant M. Aftruc a publiés fur YHifioire
naturelle du Languedoc , page 283 ; dans les Tran-
factions philofophiquis 3 n°. 423 î dans la Vhyflque
de Defagulièrs, 8c dans nos figures qui eh préfen*
tent les coupes.
- Nous obferverons ici que ces machines pré-
fentent un moyen très-naturel de varier les effets
des eaux jailliffantes ou courantes de nos jardins.
L'art n’eft jamais fans agrément lorfqu'il imite la
Nature.
En conféquence de ces inventions , par lef-
quelles on eft parvenu à rendre, trait pour trait,
lis opérations de la Nature, on peut aflurer que
la ftruêlure intérieure des fontaines eft telle qu'on
Pavoit fuppofée d'abord ; car en remontant des
effets à la caufe avec tant de fuccès , on eft tenté
d’admettre pour v r a i, après une difcuflion & une
explication exa&e des phénomènes, ces agens &
cet échaffaudage qui n’avoient été d’abord admis
que comme poflîbles & d ’une manière purement
précaire.
Quoi qu’il en foit, cette explication fe trouve
dans les Pneumatiques de Héron d'Alexandrie, qui
vivoit cent vingt ans avant l'ère chrétienne, fur-
tout dans les premières propofitions de cet ouvrage.
Pline le jeune, Epifiol. lib. I V 3 Epifiol.
X X X , après avoir parcouru plufieurs moyens
allez peu railonnables, tels que les vents fouter-
rains , le balancement de s réfervoirs, des mou-
vemens analogues aux marées, pour expliquer les
écoulemens finguliers de la fontaine de Corne , fï-
tuée près du lac de ce nom , dans le duché de Milan,
ajoute : « N'y auroit-il pas plutôt,dit-il,une
» certaine capacité dans les veines 'qui fourniffer.c
» cette eau , de telle forte que, lotfqu'elles font
>9 épuifées & qu'elles en raflëmblent de nouvelles,
99 le courant eft moindre & plus lent, & devient
99 plus confidérable & plus rapide lorfque c es veines
99 peuvent verfer l’eau qu’elles ont recueillie. »•
A n latentibus venis certa menfura, qua dum colligit
quod exhauferit, minor rivus Ù pigrior, cîim coliegit
agilior majorque profertur ? On voit que Pline a fenti ce que les phyficiens
modernes ont développé avec plus de précifion^
On peut confulter Kircher , Mund. fubterran.
lib. V J e t l . 5 , cap. I V ; le Curfus mathematicus de
Defchailes; le Voyage des Alpes de Scheuchzer,
en 1 7 2 3 , tom. 2 , pag. 4 0 4 ; les T ran f philof.,
n°s. 204 & 423 , & enfin les Mém. fu r THifl. du
Languedoc.
Opinions populaires fur les fontaines périodiques. Quoiqu’il fe trouve parmi les auteurs une certaine
tradition affez fuivie , qui a tranfmis ces explications
de phénomènes finguliers , le peuple , pour
qui les phiiofophes n’écrivènt guère , a toujours
été livré , à la vue de ces viciflitudes dont il igno-
roit la caufe, à des croyances fuperftitieufes, qui ,
dans les matières phyfiques, font toujours fon partage.
Quand même il pourroit faifir la (implicite
du mécanifme caché qui produit à fes yeux ces effets
, il ne s'y attachera jamais, parce que ce mé-
canifme ne peut pas tenir lieu, dans ion imagination
, de cessées merveilleufes dont il aime à
fe repaître.
Pline ( lib. X X X I , cap. I l ) obferve que Ie$
Cantabres tiroient des augures de l’état où ils
trouvôient les fourees du Tamaricus ( aujourd’hui
la Tamara , dans la Galice ) : Dirumefi non
profiuere3 eos dfpicere volentibus. Il appuie même
,ces prétentions fur un fait : Sicut proxime Lartio
Licinio ■ legato pofl proeturam , pofl feptent enim dits
occidit. Le propre de l’efprit de fupeiftition eft de
réunir en preuves de fes prétentions des circonftances
qui n'ont aucune liaifon. Combien de gens
n’avoient pas vu couler les fourees du Tamaricus,
fans éprouver le fort du préteur romain! Mais un
feul fait éclatant tient lieu de toutes les petites
circonftances où la vertu de la fontaine auroit pn
fe démentir , 8c d’ailleurs les impreflions funeftes
font pour les grands. Les prêtres des dieux , qui
te noient regiftre des tems où ces fourees cou.-