
Cette terre à porcelaine, généralement connue
fous la dénomination à‘argile Ifett - Kienne , eft
d’ une blancheur extrêmei & contient effectivement
ces molécules de fpath fufible qu’on exige
dans une matière propre à faire de lai véritable
porcelaine i mais il eft en même tems certain qu’à
force de multiplier & de foigner ces lavages, une
partie de ces molécules fpathiques eft (éparée de
l'aigile , parce qu’elles font un peu plus groflières
que les molécules argileufes : réparation qui fem-
bledevcirêtrenuifible, & qu’on fupplée vraisemblablement
dans la fabrication par une addition de
quelque fubftance analogue. Au refte, on n’ a pas
lieu de craindre de manquer de terre à porcelaine
dans la province d’ifett ni dans toute la plaine
orientale qui touche aux montagnes j car il fe ma-
nifefte des argiles blanches dans une infinité d'endroits,
le long de l’Uwelka, de la Koelga, du
M ie e ff, de l ’Ifett & de la Pyfchma; & plufieurs
de fes argiles, particuliérement celle qu’on trouve
proche d’Arlamowo ou Werchnouwelskaja-Slo-
boda, paroiffent ne le céder en rien pour la bonté
& la nature de leurs molécules confticuantes , à
celles qu’on exploite dans le voifinage des lacs dont
nous avons déjà parlé; elles paroiffent même plus
fines dans leur état naturel.
IRLANDE. Cette iîe eft d’une figure ovale, &
à peu près grande comme la moitié de l’Angleterre.
Sa longueur, du midi au nord , eft d’environ
quatre-vingt-dix lieues : fa largeur ; du couchant
au levant, n’ en a pas plus de foixante. Quant
à fon circuit, il eft tellement coupé par des baies
& des golfes, qu’on ne peut l’apprécier faciler
ment. Sa diftance de la Grande-Bretagne varie
aufli fuivant l’inégalité des côtes des deux pays j
la plus commune eft de quinze lieues.
L ’î'e eft coupée par un grand nombre de lacs &
de rivières , dont la plus grande eft le Shanon,
qu’on peut à jufte titre nommer un fleuve. Le Litry
coule en Serpentant par le comté de Kildare^ où
il reçoit plufieurs ru fléaux , & vient former une
catarà&e à deux lieues de Dublin, où les eaux fe
précipitent de deffus les rochers elcarpés. On Rappelle
le. Saut-du-Saumon , parce qu’on prétend que
ce poiffon, voulant, remonter la rivière en cet endroit,
eft obligé de fauter pour franchir le rocher j
mais îorfqu'il manque fon coup, ce qui a lieu quelquefois
à caufe de la rapidité de l’eau & de la hauteur
de l.r catara&e, il retombe dans des paniers
'que les pêcheurs ont foin de placer au bas pour
le recevoir.
Le lac Neagh, au nord de XIrlande ; a dix lieues
de large : fes eaux, comme'beaucoup d’autres,
ont la propriété de former des.incruftations autour
des differens corps qui font enfçncés pendant quelque
tems dans ce lac. Si cette inçrultation fe fait-
furdu bois, la moitié de la maffe a toutes les pro»:
priétés de la pierre, pendant que.l’autre,'à l’intérieur,
conferye la qualité du bois, fibreufe &
combuftible. On a remarqué d’ailleurs que la pétrification
fe fait non-feulement dans le lac, mais
encore dans les environs , jufqu’ à deux ou trois
lieues de diftance , même fur des lieux élevés &
au milieu des terres fablouneufes.
Ce qui mérite le plus l'attention des curieux
eft la Chauflée-des-Géans au comté d’ Antrim,
dans la partie Septentrionale de cette ile. On fait
maintenant qu’elje eft l'ouvrage de^ la Nature j fur-
tout depuis que j’ en ai trouvé de femblables maffes
en Auveigne & en Italie. Cette chauffée s’étend
depuis le pied d’une montagne jufque fort avant
dans la mer. Sa longueur apparente, quand la mer
eft baffe, eft d'environ fix cents pieds. C ’ elt un
alfemblage d'une quantité prodigieufe de prifmes
pentagones, héxagones & heptagones, dont la
plus grande partie eft régulière , pendant que d’autres
font irréguliers. Leur grofleur varie depuis
quinze jufqu’ à vingt-cinq pouces de diamètre ;
mais en général elle eft de Vingt. Tous cesprifmes
fe touchent par des côtés égaux fi l’on confidèrè
ceux qui font en contaéi d’ un prifme à l’autre contigu
; mais ils font fort inégaux dans le même
prifme. •
Aucun des prifmes n’eft d’une feule pièce; ils
font tous compofes de plufieurs morceaux , qui
ont depuis un julqu’ à deux pieds de hauteur. Ce
qu il y a de fingulier,c’eft que ces pièces ne fe joignent
pas par des furfaces planes ; elles s’emboîtent
les unes dans les autres par des furfaces concaves
& convexes, très-polies, de même que les
côtés dès piliers qui fe touchent. Cette pierre eft
extrêmement dure; elle a le grain fin & luifant;
en un mot, c’ eft une lave qui le fond au feu.
Outre' la chauffée dont je viens de parler, oq
découvre, fur la côte , des colonades, des alièm-
blages de prifmes aufli curieux, tant par leur fi-
tuation, que par les différentes maffes qui les accompagnent
, & qui tiennent à la même caufe.
IRRO ULEGN Y, village du département des
Baffes-Pyrénées, canton de Saint-Étienne de Bai-
gory. Il y a une mine de cuivre dans les montagnes
de Jara, fituées dans le territoire de ce village. Ces
montagnes font calcaires, &leur rocher eft abondamment
garni de mines de cuivre jaune, qui donne
jufqu’à quarante pour cent de cuivre très-doux. On
voit aufli quelques filets de blende courir dans ces
rochers, & l’on y rericdntre même de la mine de
fer fpathique qui y eft difféminée.
ISCHIA. L ’île d’Ifchia, que l’on voit quand on
eft à Baies ou à Cumes, mérite d’être examinée. On
y trouve beaucoup de fontaines minérales & d’anciens
veftiges de volcans. L’éruption de 130Z dura
deux mois, & fit déferter cette île.
| ISCHULKINA ( Sources fulfureufes d’ ). Il y
avoic autrefois à cinq verftes au deffus du Ruif-
feau-de-Lait, près du village d'Ifchulhina, fitué à
peu de diftance des bords de la'Surgut en Sibérie,
deux fources fulfureufes; & l’on trouve dans ces
environs-là , fous un lit épais d’une terre noire
fort chargée de falpêtre, une efpèce de pouflière j
femblable à de la cendre , contenant des pierres
calcaires poreufes , qui paroiffent avoir été calcinées.
Nous laifferons à d’ autres à décider fi l’on |
peut inférer de la nature de ce terrain, & de la
forme de la plupart des collines de ce canton , que
les chofes y ont été mifes dans cet état dans des
tems très reculés j par l'effet de quelque feu fou-
terrain. Peut-érre qu’ une couche de rerre bitumi-
neufe & fulfureufe , qui s’ét.endoit au travers de
cette contrée, aura été confumée par le feu j,; Sjc que
dans cet incendie les parties fulfureufes de cette
couche fe feront en quelque forte fubliméeis dans
lés cavités des montagnes calcaires fous lesquelles
elle fe trouvoit,.&qu’usuellement les Sources qui
coulent^u travers de ces cavités entraînent peu à
peu ce foufre. Nous ne donnons ceci que comme
de pures conjectures.
ISERE, rivière de France, qui coule dans la vallée
de Gréfivaudan après fon entrée dans le Dauphiné.
Elle fépare Grenoble en deux quartiers, &
reçoit enfuite le Drac. L’une & l'autre- rivière-
éprouvent des crues ou accès torrentiels qui cau-
fent des ravages confidérables. Dans la vallée de
Ylsere , comme dans celle du Drac, on trouve des
amas de cailloux roulés ^ à peu près de même nature.
Ce font des granits gris ou blancs, des quartz
mêlés de ta lc , des ferptntines de diverfes couleurs
, des fragmens de pierres calcaires qui varient
pour le grain, ainfi que pour,la confiüance & la
dureté.
Ces différentes matières font entraînées dans
le lit de ces rivières par les eaux des ruiffeaux qui
parcourent les croupes des montagnes, dont ces
rivières baignent le pied depuis leur fource; celle-
de Xhere eft dans les alpes de la Tarantaife. Après
avoir arrofé.la Savoie, cette rivière entre en Dau-
. phiné, & , ayant reçu le Drac, elle paffe à S dnt-
Marcellin & à Romans , & fe jette dans le Rhône
à une lieue au deffus de Valence. Quant au Drac ,
il vient de Champfaur. Si l’on confidèrè maintenant
les deux chaines de montagnes qui ceignent
la vallée de Gréfivaudan, foitau deffus, foit au def-
fous de G renoble, on defire de favoir quelles font
les caufes qui ont non-feulement formé la grande I
féparation de ces maffes, mais encore les immen-
fes dépôts de pierres roulées qui fe trouvent aufli
dans la vallée particulière du Drac.
I s è r e ( Département d e l’ ) . Ce département
tire fon nom de la rivière qui l’arrofe de l’eft à
l’oueft. Il a au nord le Rhône, qui le fépare du
département de l ’Ain j à l’eft les Alpes., au Sud les
départemens des Hautes-Alpes & de la Drôme ,
& à l'oueft le Rhône. Ii eft fort montagneux dans
la partie orientale. Il comprend quelques-unes des
divifîons de l'ancienne province du Dauphiné, &
touche au nord-ell à la Savoie, dont les principales
routes paflent, l'une parle Pont-de-3eauvoiiin,
l'autre par le fort Barraux,
La.füpeificie de ce département eft d'environ
un million fix cent quarante-huit mille deux cent
trente, arpens carrés ; ou huit cent quaraute-un
mille deux cent trente heâares. Sa population eft
.de quatre*-cent quarante-un mille deux cent huit
habitans. Il eft compofé de cinq cent foixante-une
communes, 8c divifé en quatre arrondiflemens
communaux ou-fous-préfeéiures.
Les principales rivières de'ce département font
le Rhône , & 1 lserea qui prend fa four ce dans la ci-
devant Savoie, couie dans ce département, & fe
dirige entre deux chaînes de montagnes, qui forment
d’abord fa vallée & fou lit jufqu'à Grenoble.
Au fnrtir de cette v ille , elle reçoit le Drac fur fa
gauche, & remonte vers le nord, toujours dirigée
parles mêmes montagnes jufqu'à ce qu’elle fe jette
dans le Rhône.
,Les principales villes font Grenoble, Vienne,
Saint-Marcellin & la Tour-du-Pin.
Les rivières; tant navigables que non navigibles,
ainfi que les ruilfeaux qui y prennent leur fource
font extrêmement nombreux. La fource du ruifteau
de Saffenage, à une lieue & demie oueft de Grenoble
, eft la plus remarquable, en ce qu’elle eft
fort abondante, & qu’elle fort de cavités profondes
creuféesdans des bancs de pierre calcaire, femblable
à celle du Jura.
La Romanche eft une rivière digne d’être citée
ppur la profondeur de fon encaifleraenr, & principalement
par la diréétion de Ion cours , qui tra-
verfe des loches très-dures; elle prend fa fource
auprès de 1a montagne des Ronfles, où elle reçoit
les eaux de plufieurs belles cafeades.
La montagne la plus confîdérable de ce département
eft celle des Roufles ; elle eft le féjour des
neiges perpétuelles, & c'eft prefque la feule de
nature granitique, tandis que toutes les autres font
calcaires, notamment celle qui borde \'Isere depuis
Montmélian jufqu'à Grenoble, & qui renferme
le maffif. de la Grande-Chartveufe.
On compte vingt-un lacs dans le département
de 1 Isère, parmi lefquels on remarque principalement
les fept lacs fitués fut la fommité d’une montagne
, aux fources de la Romanche, le grand lac
le petit Iac,.& c .
Les mines de fer carbonaté d’AUevatd font d'un
grand rapport, & ne font pas les feules du département.
On trouve a ifll des mines de cuivre & de
plomb, des mines d'argent oxidé & fulfuré à Alternent.
C e département eft un de ceux qui renfermer
« le plus de fources minérales : les plus renommées
& tes plus falutaices font celles de la montagne
d’O re l, où eft une fontaine, dont tes eaux
font fpacifiques contre les fièvres tierces. Ceües
de Gap guériffent 1a fièvre quarte. Il en eft une
autre meilleure encore, qui paroît fbrtir de deftous