
circonfcrits, on verra quelle grande quantité de
ces maffifs le montre' à la furface, & leur étendue
5 combien il y en a qui font couverts à moitié
fous d autres maffifs , fans que ceux du granit annoncent
3 par la diftribution relative des matières,
qu’ils aient pour bafe d’autres fubftances qu’eux-
mêmes ou les recouvrent.
Il paroit , par l’ indication des différentes provinces
d’où 1 on tire du granit, que c’eft une pierre
allez commune j ainfi nous indiquerons des maffifs
fort beaux & fort étendus de granit aux environs
de.Syené dans la haute Égypte : il y en a de même
en Arabie & en Paleftine, dans la plupart des îles
de 1 Archipel : ort en voit dans f ile de Chypre,
dans 1 île de Corfe. L’île d’Elbe eft un maflît de
granit. Dans les Alpes on en trouve de gros maffifs
ou découverts ou fervant de bafe àdesfchiftes
& a des couches calcaires. Une grande partie des
Alpes du Dauphiné, des provinces du V e la y , du
F orez, du Lyonnois, du Vivarais, desCévennes,
de 1 Auvergne, du Rouergue, de la Marche, du
bas Poitou, de la Bretagne, de la baffe Normau-
die , font de granit : on en trouve dans le Charo-
lo is , dans le Morvan, dans les Vofges. Les montagnes
les plus élevées du Limoulin font compo -
fées de granit à criftaux uniformément diftribués :
telles font les chaînes de Saint-Süveftre & de
Grammont, celles de Compreignac & de Blond,
celles de Saint-Gouffaud & de Chatelus, puis
celles de Sauviac, de Bourganeuf & d’Eymoutiers,
auxquelles il faut ajouter celles de Treignac,
Meyfiac & d’Égletons, ayec les appendices des
Aliois. De même un femblable appendice fe dé- i
tache des montagnes de Compreignac, paffe à la
Barre, & va rejoindre une autrechaîne élevée qui
court vers Chalus1.
C e qu'il y a de remarquable, c’eft que ces maffifs
de granits à-criftaux uniformes font enveloppés
, fous tous les aipe£ts,de maffifs compofés de
granits rayes & feuilletés, qui occupent les croupes
correfpondantes aux vallées baffes, & même
le fond des vallées baffes qui féparent les hautes
montagnes. D’après ce fyftème, les granits rayés
font adoffés aux granits à crifiaux uniformément
diftribués. Nous avons v u , à côté de cette dernière
forte de granit, des granits rayés, ou talcites
à raies verticales, qui s’etendoient au nord, &•
nous en avons vu au midi après avoir franchi un
maffif de-granit à criftaux urriformément diftribués.
Ces mêmes granits rayés fe continuent fur différentes
croupes de montagnes de droite & de gauche
dans le vallon de Montboucher : on y rencontre
beaucoup de talci tes-, de pierres de corne, de gra-
nits feuilletés terreux, & quelquefois des grains
à criftaux uniformes fe montrent à l’extrémité des
coupures, derrière les adoffémens de talcites.
C ’eft au fond de ces mêmes golfes, fur les bords
defquels font lés talcites, que fe trouve, la mine
de charbon dé Bofmoreau > dont le filon a fept ou
huit pieds d’épailïeur.
Les fommets des montagnes du fécond ordre
des environs de Sauviac, formées de granits à
grains uniformément diftribués , font arrondis
comme ceux des grandes montagnes:- les croupes
font arrondies de même. Les vallons font comblés
des débris de ces pierres, qui fe décompofent ai-
fément. G’eft furtout fur ls plateau de Milieva-
ches, que ces effets fe remarquent davantage.
■ Granit rayé. 11 y a dans les maffifs des fentes de
defficcation qui fe font élargies par la fuite , &
remplies des différens principes dont cette pierre
eft compo fée : on les y voit mêlés uniformément
, & criftallifés enfemble fous leur forme
particulière , & fans aucune raie ou feuilletis. On
trouve aûffi, dans ces fentes, des filons de quartz :
ce font des quartz parafitt-s. Ces rempliffages annoncent
un travail de la Nature | non-feulement
poftérieur à la première formation du granit rayé
& feuilleté , mais furtout aux effets de la defficca-
tion, c ’eü-à-dire, aux fentes qui coupent ces raies
& ces feuilletis fous diffère ns angles.
Comment les fentes de defficcation , dont les
. faces fe touchent prefque dans une grande partie
de leur allure, fe font-elles élargies ailleurs de
manière à recevoir des fiions qui né diffèrent de la
maffe primitive que par la diftribution des principes?
La maffe au milieu de laquelle les fentes fe
• font formées., a-t-elle continué à fe rètraire , ou
bien auroit-elle éprouvé une compreffion fuccef-
five par l ’affluence des matières du fiion, qui fe
font entaffées dans les fentes? Peut-être que l ’une
& l’autre circonftancë fe font réunies : en tout cas*
les feuilletis paroiffent courbés & fléchis fur les
bords des fentes, & les matières du filon font
très-adhére/ites & ferrées contre les parois des
fentes.
Il eft vifîble, d’après tous ces déraills , que les
filons de remphffage ont été formés par l’eau, qui
s eft chargée de tous les principes du granit feuille
té , & qui les a dépofés dans-le$ vides ou elle a
pénétré. Ces filons, comme on v o it , offrent des
granits fecondaires à criftallifation uniforme: c’ eft
donc autant par leur pofition que par leur orga-
nifation, que l’on peut reconnoître ce travail.
Il me femble que les parties des fentes de defficcation,
qui ne renfermen t-point de filons, fe trouvent
à coté d’autres fentes de même efpèce , qui
en contiennent\ en forte que ce ne peut être que
dans un certain intervalle que l’élargiffement des
fentes a pu s’opérer pour recevoir un filon plus
ou moins eonfidérable, & encore cette difpofi-
tion des chofes ne s’obferve bien diftin&èment
que dans les granits rayés & feuilletés > & non
dans les autres
Toutes les diltinètions des veines & des filons
que les mineurs ont données jufqu’à préfent, &
qu’ils, n’ont annoncées par aucun caractère bien
précis , doivent, dans tous les cas de gices qu’on
peut fuppofer-, fe réduire aux intervalles des bancs
Si des couches, ou aux fentes de defficcation ; car
toutes les variétés que les gîtes des mines ont offertes
, dépendent des altérations qui font furve-
nues dans les intervalles des couches par les en-
lévemens, ou bien dans les fentes de defficcation
par les retraites confidéraies, ou enfin par le travail
de l’eau dans ces deux circonftances. Il réfulte
de là que les fubftances métalliques doivent occu-
• per ces différens vides ou gites que la Nature a fu
préparer, comme je viens de l’indiquer très-clairement
, foie dans les maffifs de première ou de
fécondé formation.
Granits décompofés. Un exemple dont je veux
faire mention fe voit près de Steinbach en Saxe.
Dans cet endroit on peut obferverune montagne
de granit, dont la fnrfacè eft entièrement décom-
pofée, & préfente, au premier coup-d'oeil, une
maffe de fable & de gravier. En l’examinant de
près, on reconnoîr que les grains de quartz ont la
même couleur & la même forme que dans les granits
des environs , & qu'ils étoient difpofés de la
même manière, mais dans un feld-fpath entièrement
décompofé. Cette décompofition péaétroir,
à une grande diftance, dans la roche : c ’eft ce dont
je me luis convaincu en cheminant dans une galerie
, & ce ne fut qu’après m’être avancé de quelques
toifes , que je trouvai le granit ferme & fans
aucune altération. Je fuis perfuadé qu'en plufieurs
endroits on regarde comme des graviers produits
par des tranfports ce qui n’eft qu’ un granit décompofé
en place. Si l’ on s’enfonçoit dans ce prétendu
gravier, on trouveront bientôt la rocheffolide.
Ce n’eft pas ici le lieu de m’étendre furTaélion
deftruélive des élémens & fur fes effets. Je traiterai
cette matière dans plufieurs autres articles,
& avec fes conféquences. Je montrerai, par une
fuite de faits, ce qu’elle a déjà produit fur les granits
, les grès, les bafaltes & fur prefque toutes
les roches. J’y ferai voir qu’agiffant continuellement
& fans interruption pendant une longue
férié de fiècles, elle a pu & dû produire de très-
grands effets fur la croûte folide du G lobe, qu’elle
a fortement concouru à façonner les inégalités,
que nous préfente fa furface, & à regret je m’y
i verrai contraint de combattre l ’opinion des géologues,
qui penfent que la marche lente & uni-
fo rme que tout nous montre être celle de la Natu
re , doit répugner à tout bon naturalifte. Souvent
ils ne peuvent croire qu’un filet d’eau ait creufé
de grandes vallées. On doit objeéter à ces incré- ,
dules, que la Nature a tout le tems à fa difpofi-
tion, & qu’ une opération finie, répétée une infinité
de fo is , produit des réfultats infiniment
grands.
Je reviens aux roches, dans lefquelles* on remarque
deux elpèces de décompofitions différentes.
D’abord , dans les montagnes de gneifs & de
granit, il n’y a de décompofé que le feldfpath ; il
eft converti en une terre de porcelaine blanche,
dans laquelle on trouve le qugrtz.& le mica prefque
fans aucune altération. On voit de pareilles décompofitions
, non-feulement dans le toit & dans
le mur de plufieurs filons, principalement de ceux
dont les minerais contenoient de l'acide carbonique
, mais encore à la fimple fu perfide des montagnes
j par l’aéVion de i ’ atmofphère.
On a un exemple de gneifs ainfi décompofé
■ fur les falbandes de plufieurs filons près de Frey-
berg. On trouve auflî un granit décompofé fur les
falbandes d’ un filon de mine de fer brune. A Frey-
berg, à l’extrémité du faubourg, on voit un gneifs
entièrement décompofé à la furface du terrain, &.il
s’étend à une allez grande diftance &: profondeur.
Non loin de Schnéeberg, la furface delà montagne
préfente également un ^nz/zirtout-à-fait décompofé.
Dans le difttiél de Freyberg, prefque tous les
filons de la première, de la fécondé & delà troilîème
formation contiennent de ce gneifs vert & plus
ou moins décompofé. Dans le Grund, entre Freyberg
& Drefde, on voit des roches de porphyre,
adjacentes à des filons de galène, &quipréfentent
la même décompofition. Entre Freyberg & Meif-
fen, l’on voit auffi une roche de fehifte argileux
décompofée dans le voifinage d’un filon.
Parmi les exemples frappans de la décompofition
. des granits t je dois encore citer lès deux fui vans.
; Auprès de Bintzen en Luface, on v o it, dans un vallon
creux & profond, une coupe faite dans un fol
granitique, qui n’eft qu’un affemblage de boules de
granit, dont la plupart ont plus d’une toife de diamètre
, & dont les interftices font un granit celle—
mens décompofé, qu’il a l’apparence d’ un gravier.
Les boules offrent comme une écorce confiftant *n
plufieurs couches, d’un granit qui tombe en dé-
compofition. J’en ai vu une qüi étoit enveloppée
de treize de ces couches, dont chacune avoit.à
peu près un pouce d’épaiffeur. D'ailleurs, elles
étoient d’aurantplus décompofées, qu’elles étoient
plus éloignées du noyau. Une boule détachée de la
montagne, & qui avoit été partagée par le milieu
m’a fourni l’occafion d’ obferver la nature & la
ftruéture de ce noyau. J’ ai donc vu qu’ il confiftoit
en un beau granit folide, d’une dureté & d ’un ton
de couleur qui indiquoienc qu’ il n’avoit éprouvé
aucune altération. Il ne préfentoit abfolum.ent aucune
fiffure ni rien qui pût donner l’ idée d’une
ftru&ure à couches concentriques. Voici comme
j'explique toutes ces particularités. La roche granitique
étoit primitivement divifée par des fentes
tant horizontales que verticales 5 car toutes les
montagnes de granit font prefque toujours dans ce
cas. La décompofition provenant de l’influence de
l’atmofphère a d’ abord affeété les angles fol ides
& les arêtes ; elle les aura réduirs en cette efpèce
de gravier dont nous avons parlé, & les maffes auront
pris la forme de boules. La décompofition
pénétrant enfuite graduellement dans leur intérieur
en aura fucceffivement détruit le tiffu , & formé
j ainfi les couches concentriques. Enfin, la ‘partie
i qui n’aura pasuencore été atteinte par l'influence
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