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tres-timrs & très-vifs i les pieds courts aufll bien
que les mains, Se ellesrdfsmbtent, pour le relie,
aux temmqs (arnoïè.ies. Les fauvages qui (ont (ur
les cotes de la terre de Labrador, & qui font
connus fous le nom d‘Efquimaux, reffemblent à
tes Groênlandois.
■ Non-feulement ces peuples fe reffemblent par
la petitefle de là taille , la couleur des cheveux 8c
des veux, mais ils ont tous à peu près les mêmes
inclinations 8c les mêmes moeurs ; ils font tous
egalement grofliers, fuperftitieux & Stupides Les
Lapons danois ont un gros chat noir auquel ils
difent tous leurs fecrets, 8c qu'ils confultenr pour
lavoir s il faut aller à la chaffe ou à la pêche.
Chex les Lapons fuédois il y a dans chaque famille
un tambour pour confulter le diable. Ils
fe fervent, pour marcher & même pour courir
fur la neige, de parins de bois de fapin fort longs,
& larges à proportion. Ces patins font relevés en
pointe fur le devant, & percés dans le milieu pour
y palier des courroies, qui' fervent à les attacher
au pied. Ils portent un bâton ferré, pointu d ‘un
bout & arrondi de l'autre : ce bâton leur fert à
, m! ttre en mouvement, à fe diriger, foutenir,
s arrêter & à percer les animaux qu'ils chaffent.
Les patins dont fe fervent les Samoïèdes font bien
plus courts, car ils n'ont que deux pieds de longueur.
Chez les uns comme chez les autres, les
femmes s’en fervent comme les hommes. Ils
avoient tous I'ufage de l’arc , de l’arbalète, &
ils y etoient allez adroits & allez forts ; mais
depuis qu ils connoiffent les armes à feu ils n’en
font plus d'ufage. Ils vont tous à la chaffe des
animaux qui donnent de belles pelleteries, qu'ils
échangent avec des denrées dont ils ont befoin.
Leur nourriture eft du poiffon fe c , de la chair
de renne ou d'ours. Us réduifent en poudre l'écorce
intérieure du pin & du bouleau, dont ils
font du pain. La plupart ne font aucun ufage du
je.. Leur boiflbn eft de l'huile de baleine, & de
1 eau dans laquelle ils Iaiffent infufer des grains
ne gemevre.
Us n’ont pour ainfî dire aucune religion ni
aucun culte ; ils font plus groffiers que fauvages.
Ils fe baignent nus & tous enfemble, & en fortant !
des D a in s chauds ils vont fe jeter dans une rivière i
très-froide.
Les Lapones font habillées l’hiver de peaux de
rennes, & . l ’été de peaux d’oifeaux qu’elles ont
é c o r c h a s . Les Groënlandoifes s’habillent de peaux
de chian de mer ; elles fe peignent le vifage de
jaune & de bleu, & portent des pendans d’oreille.
fous vivent fous terre ou dans des cabanes
prefqu'entiéremententerrées & couvertes d’écorce
o arbres & d’os de poiffon:quelques-uns font des
tranchées fouterraines pour communiquer de cabanes
en cabanes chez leurs voifins pendant l'hiver.
Une nuit de plufieurs mois les oblige à conferver
«e la lumière dans ce féjour fourerrain, par le
moyen de lampes qu'ils entretiennent avec la même
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huila de baleine qui leur fert de boiffon. L'été ilj
ne font guère plus à leur aife que l'hiver; car iis
• ♦ i r r vivre continuellement dans une
epaiffe fumée : c eft le feul moyen qu'ils aient imagine
pour le garantir de la piqûre des mouche-
rons, plus abondant peut-être dans ce climat glacé,
qu ils ne le font dans les pays les plus chauds.
Avec cette manière de v iv re , fi dure & fi trille,
ils ne „font prefque jamais malades, & ils parviennent
tous à une vieilleffe extrême. La feule
incommodité à laquelle ils font fujets, & qui eft
-ort commune parmi eux, eft la cécité. Comme
ils font éblouis continuellement par l’éclat de la
neige pendant l’hiver, l’automne & le printems ,
& toujours aveuglés par la fumée pendant l’é té , il
n elt pas étonnant que la plupart perdent la vue
en avançant en âge.
Les Samoïèdes, les Borandiens, les Lapons,
les Groênlandois, les Efquimaux , font donc ,
comme on vient de voir, des hommes de !a même
race, puifqu ils fe reffemblent par la taille, par
la couleur , par la phylionomie & les principaux
traits du vifage, & même par les moeurs & la bizarrerie
des coutumes.
En examinant tous les peuples voiiîns de cette
longue bande de terre qu’occupe la race lapone,
on trouve qu’ ils n’ont aucun rapport avec cette
race : il n’y a guère que les Oftiaques & les Tun-
guies qui leur reffemblent. Ces derniers peuples
touchent aux Samoïèdes du côté du midi & du
fud-eft. Les Samoïedes & les Borandiens ne reffemblent
point aux Ruffes. Les Lapons, de même ,
ne re**emb b nc point, lorfqu’ ils font purs & fans
mélangés, aux Finnoisg aux Danois, aux Norvé-
g!ens. Les Groênlandois & les Efquimaux font
aufli tres-différens des Indiens, foit des environs
des détroits d’Hudfon & de Baffin, foit de 1a terre
de Labrador & du Canada. Tous ces peuples font
grands, bien faits ; & quoiqu’ils diffèrent entr’eux
a un certain point, ils diffèrent infiniment plils de b
race lapone. Mais les Oftiaques ferpblent être des
Samoïèdes un peu moins laids & moins raccourcis
que les autres; car ils font petits & mal faits : ils
vivent de poiffon ou de viande crue ; ils boivent
^ us volontiers du fang que de l’eau ; ils font pour
a P uParc. idolâtres & errans comme les Lapons
& les Samoïèdes ».enfin ils paroiffent faire la nuance
entre la race lapone & la race tartare, o u , pour
mieux dire , les Lapons, les Samoïèdes , les Borandiens,
les Groênlandois & les Efquimaux font
peut-être des Tartares dégénérés, autant qu’il eft
poftïble , par le climat & la nourriture. Les Oftiaques
font des Tartares qui ont moins dégénéré ;
les Tungufes encore moins que les Oftiaques,
parce qu’ils font moins petits & moins mal laits *
quoique tout auffi laids. Les Samoïèdes & les Lapons
font environ fous le foixante-huitième ou
foixante-neuvième degré de latitude, au lieu que les
Oftiaques & les Tungufes habitent fous le foixan-
tième degré. Les Tartares qui font au cinquante-
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Cinquième degré, le long du W o lg a , font greffiers,
ftupides & brutaux ; ils reffemblent aux Tungufes,
qui n’ont, comme eux , prefqu’aucune idée de
religion.
Nation tartare•
La nation tartare, prife en général, occupe des.
pays immenfes en Afie ; elle eft répandue, difperfée
meme dans toute l’étendue des pays compris depuis
b Ruflie jufqu’au Kamtzchatka, c’ eft-à-dire,
fur un efpace de onze ou douze cents lieues en
longueur, & de plus de fept cent cinquante lieues
en largeur. Les Tartares bornent l'empire de la
Chine du côté du nord & de l’oueft, les royaumes
de Boutan, d’Ava , l’empire du Mogol & celui
de Perfe jufqu’ à b mer Cafpienne du côté du
nord ; i s Te font auffi répandus le long du W olga
& de la côte occidentale de la mer Cafpienne,
jufqu'au Dagheftan. Ils ont pénétré jufqu'à la côte
feptentrionale de la Mer-Noire, & fe font établis i
dans la Crimée, dans la petite Tartarie, près de
l’Ukraine.
Tous ces peuples ont le haut du vifage fort large
& ridé, même dans la jeuneffe ; le nez court &
gros, les yeux petits & enfoncés, les joues fort
élevées , le bas du vifage é tro it, je menton long
& avancé, 1a mâchoire fupérieure enfoncée, les
dents longues & réparées, les fourcils qui couvrent
les yeux , la face plate ; lé teint bafané
& olivâtre, les cheveux noirs. Us font de ftature
moyenne, mais très-forts & très-robuftes. Ils n’ont
que très-peu de barbe , & elle eft par petits poils
féparés comme celle des Chinois, ils ont les cuiffes
groffes & les jambes courtes. Les plus laids de
tous font les Calmouks, dont l'afpeél a quelque
chofe d’effroyable.
Us font tous errans & vagabonds, habitent fous
des tentes de feutres, de peaux. Us jnangent 1a
chair de cheval, de chameau, &c. crue ou un peu
mortifiée fous b Telle de leurs chevaux ; ils mangent
auffi du poiffon defféché au foleil. Leur boif- !
ion ordinaire eft du b it de jument fermenté avec !
de la farine de millet. Ils ont prefque tous la tête ]
r,afée, à l'exception du toupet, qu’ ils biffent croître
affez pour en faire une treffe de chaque côté du
vifage. Les femmes, qui font auffi bides que les !
hommes, portent leurs cheveux pelles les treffent,.
& y attachent^- de petites plaques de cuivre &
d’autres ornemens de cette efpèce. La plupart de
ces peuples n’ont aucune religion, aucune retenue
dans leur conduite, aucune décence dans leurs
moeurs. Ils font naturellement portés au vol ; &
ceux du Dagheftan , voifins des pays policés, font
un grand commerce d ’efclaves qu’ils enlèvent
de vive force pour les vendre aux Turcs & aux
Perfans. Leurs -principales richeffes confiftent en
chevaux , & il y en a peut-être plus dans la Tartarie
qu’ en aucun autre pays du Monde. Ces peuples |
fe font une habitude de vivre.av.e.c lèurs.chevaux :: •
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ils s’en occupent continuellement ; ils les dreffent
avec tant d’adreffe & les exercent fi fouvent,
qu ils femblent que ces animaux n’aient qu’un=
même efprit avec ceux qui les manient.
Pour connoître les différences particulières q u i.
fe trouvent dans cette race tartare, il ne faut que.
parcourir, d’après les voyageurs, les différens-
peuples qui 1a compofent.
Les Calmouks qui habitent les environs de la
; mer Cafpienne, entre les Ruffes & les grands
I Tartares , font robuftes, mais très-laids & très-
! difformes ; ils ont le vifage fi plat & fi large,,
que , d’un oeil à l'autre, il y aTefpaoe de cinq £
fix doigts. Leurs yeux font extraordinairement p„e~
tp i j & le peu qu’ ils ont de nez eft fi plat, qu’on-
n’y voit que deux trous au lieu de narines.
Les Tartares du Dagheftan font, après les Cal-
môuks , les plus laids des Tartares. Les petits-
Tartares ou Tartares nogais font beaucoup moins-
laids que les Calmouks ; ils ont cependant le vifage
la rg e , les yeux p e tits , 1a forme du corps
femblable à celle des Calmouks, & l’on peut
croire que ces petits Tartares ont perdu une partie
de leur laideur, parce qu’ils fe font mêlés avec
les Circaffiens,les Moldaves & les autres peuples
d?nt ils font voifins. Les Tartares vagoliftes en
Sibérie ont le vifage large comme les Calmouks„
le nez court & gros , les yeux petits ; & quoique
leur langage foit différent de celui des Calmouks,.
ils ont tant de reffèmbbnce, qu’on doit les regarder
comme étant de la même race. LesTartares bratski
fon t, fuivant le Père A v r il, de la même race que*
Tes Calmouks. A mefure qu’on avance vers l’o rient
, dans b Tartarie indépendante, les traits«
des Tartares fe radouciffent un peu ; mais les caractères
effentiels de leur phyfionomie & de leur
race fe conservent toujours. Enfin les Tartares*
mogols, qui ont conquis 1a C h in e , & qui de
tous ces peuples étoient les plus policés , font
encore aujourd’hui ceux qui font les moins laids)
& les moins mal faits ; ils ont cependant, comme'
tous les autres, les yeux petits, le vifage large Sc
plar, peu de barbe, noire ou rouffeMe nez écraf&
& cou r t, le teint bafané, mais moins olivâtre que
les autres. Les peuples du Thibet & dès autre*
provinces méridionales de 1a Tartarie font, auf&
bien que les Tartares voifins delà Chine,.beaucoup
; moins laids que les autres-. r
Le Tartarès de Crimée & dè la province dé:
! Cuban, jufqu’auprès d’Aftracan, font de taille médiocre,
ont les épaules, larges, les membres ner-
veux , les yeux noirs & le teint bafané. Ils errent
dans les déferts qui font entre b Crimée & 1 U-
kraine. Les Tartares kergifli. & tcheremifff, qup
■ font au nord d’Aftracan, depuis le cinquantième
jufqu-au foixamième degré de latitude, font plUS;
petits & plus tTapus : ils font moins agiles & plüs
groffiers que les précédens ils ont auffi« les yeux:
I noirs, le teint bafané & le vifage encore plus large; • qué ces premiers*. ° *