
de la mer y ou fon intumefcence. Elle conferve environ
quinze minutes la même hauteur, après quoi
elle fe retire & s'abaifle d’autant en fens contraire.
Ge retour des eaux du nord au midi, & de nos
côtes vers la haute met, eft cet abailTement qu'on
appelle reflux ou détumejcence : l'eau pour lors refte
environ quinze minutes dans Ton plus grand abaif-
femeot, après quoi l’ ofcillation recommence vers
les terres. Gette inaction de deux fois quinze minutes
en vingt-quatre heures, fait que ces deux
mouvemens de la mer font affujettis au cours de
la lune : aufli penfe-t-on que c'eft l’aétion de cet
ailre qui opère ce double phénomène ; aufli a-t-on
pleine lune 8c grande marée dans le même temps,
au lieu que la pi us baffe marée eft dans le dernier
quartier. Les Newtoniens attribuent cet effet à
l ’attraâiori que le foleil & la lune exercent fur les
eaux dé 1’OcéaO. La plus grande hauteur dès ma-
rées n'a lieu que deux ou trois heures après que la
lune a pafféau méridien, & l’on a remarqué qu'en
pleine mer l’eau ne s’élève jamais que de deux à
trois pieds; mais il n’en eft pas de même fur les
côtes, car l'eau, dans fon flux, monte fur les
côtes de France, par exemple , depuis douze juf-
qu’à quarante-cinq pieds. En général, les marées
retardent tous les jours d’environ trois quarts
d’ h .u re , c’eft-à-dire, de la même quantité dont
k lune, par fon mouvement propre d’occident en
orient, arrive chaque jour plus tard au méridien :
elles font aufli plus fortes ou plus fbibles, fui vaut
que ce fatellite eft plus loin ou plus près de la
terre. Les marées font plus grandes & plus rapides
dans le même mois aux environs de la nouvelle &
de la pleine lune , que dans les quadratures j elles
font auffi plus grandes aux temps des équinoxes
qu’aux temps des folftices. Les grandes marées précèdent
l’ équînoxe du printemps, & fuccèdent à
celui d’automne. Les bancs de fable , les détroits &
leurs directionsles golfes, leur largeur, leur profondeur
& leur difpofitïon, les vents, les courans
irréguliers les inégalités des cô te s , les diftances
de l’équateur , occafîonnént, dans les maréesdes
accélérations ou des retards , en un mot des variations
qui ne font point affujetties à l’a&ion du
foleil ni à celte de la lune.
On ne connoît point de flux régulier dans la
Méditerranée , excepté au fond du golfe de Ve-
nife; il en eft de même dans la mer Baltique, qui
a une fi petite communication avec l’Océan.
On ne doit pas êrrè étonné que les eaux de la
Mer-Noire & de la Mer-Cafpienne, qui font dés
amas d'eau ifolés, des lacs, n’éprouvent aucun de
ces moüvemens ; mais tes marées font très-fenfi-
bles dans la Mer-Rouge & dans le golfe. Perfique,
qui font ouverts à toutes les agitations d’une vafte
nier.
On nomme morte eau,, l’état de la mer qui ri’é-
prouve que la plus foible ofcillation du flux & reflux
, c ’eft-à-dire, le temps qu’elle monte le moins
8c s’abaifïê le moins j. & l ’on-don ne le nom de flot
I aux Vagues de la mer montante qui viennent couvrir
les plages ou même qui s’infinuent avec une
certaine impétuofité dans les embouchures des rivières,
8c qui s’annoncent par une forte d’ourlet
qui traverfe les rivières, & qui, remontant contre
; fleur cours, en fufpend le mouvement , du moins
à la furface, jufqu’à ce que l’eau de la marée fe foie
mife en équilibre avec î’eau de ces rivières. Cet
ourlet, ce flot, fe nomme barre dans la Seine,
mafearèt dans la Dordogne, 8c enfin pororoeà à
l’embouchure du fleuve des Amazones. ( Voye%
ces mùts. )
Les grandes marées nous procurent des avantages
confidérables : en remontant dans le lit des
fleuves, elles en rendent le lit plus profond 8c
plus acceflible aux bâtimens qui, pouvant profiter
de ce mouvement, fe trouvent portés dans une
marée jufqn’aux ports éloigriés%de la mer. Les
navires attendent les crues d’eau qui favorifent ,
ou leur arrivée dans les rades , ou leur for-
tie de ces rades, fans qu'ils foient expofés à toucher
le fond, 8c fans courir rifque de s’enfabler.
Les alternatives du flux 8c reflux font que les côtes
font battues fans ceffe parles vagues, qui en enlèvent
de petites parties, qu’elles emportent & dé-
. pofent au fond : c’eft à la marée montante 8c def--
cendante que font dus ces mouvemens de roulement
qu’éprouvent les pierres qui s’arrondi fient
& fe polifient fur le bord de la mer > en un mot
que fe forment les G a l e t s . ( Voye\ ce mou ).
MAREME ou MORAINES. En Savoie on;
nomme mareme les enceintes qui font au pied'de^
la plupart de glaciers, & quelquefois fur les côtes,,
fuivant la difpofition du terrain. Elles font com-
pofées de terre, de gravier, de pierres & de
gros blots de rochers.
La première idée qui vient, à leur afpeét, c’eft
que les moraines font formées par les-ébôulemens-
des montagnes ou des rochers les plus voifïns-j
' triais le plus fouvent on remarque que ces-monta,—
gnes font de nature calcaire, tandis que lés élé-
mens des maremes font granitiques. Il a donc fallu
faire des recherches pour connoître les lieux d’oui
pxgven oient ces granités , 8c déterminer k marche
qu ils ont fuivie'poür parvenir aux lieux où on! les
obferve. En voyageant fur les glaciers & en gagnant
leur Commet, on s’eft affu-ré que lés pierres
prifes fur ces glaciers ou dans leur moraine ëtoient:
les mêmes que celles qu’on retrouve dans les montagnes
qui dominent leur fond , les mêmes par
conféquent « que les neiges avoient pu entraîner
dans leur chute; & enfin il paroit confiant,
par la fuite de ces recherchés, que la marche
des glaces les fait" parvenir aux bords & aux:
pieds de ces glaciers rcé font ces pierres*qui forment
les enceintes & les maremes.
Le volume de ces maremes peut faire juger de
l’ ancienneté d-s glaciers & de leurs pofitiohs antérieures;
elles peuvent v outre cela., donnefc une
connoiffance bien folide des accroiffemens 8<r dé-
croiffemens de ces amas de glace. Lorfque l’extrémité
d’un glacier touche à fa maçeme , c’ eft une
preuve qu’il eft dans fon plus grand accroiffement,
c’efl-à-dire , qu'il avance , 8c que fon énorme
maffe appuyant fur le fo l, pouffe devant elle
la teire 8c les pierres qu’elle trouve dans fon
chemin.
Quelquefois les glaciers ont tout autour de
leur extrémité inférieure différentes maremes très-
remarquables : elles ont toutes la même forme
à peu près circulaire qui eft propre à l’extrémité
du glacier, 8c font concentriques. C ’eft une preuve
que le glacier diminue, & qu’ il s’eft retiré des
differens intervalles qui font entre la plus inté-;
rieure & la plus avancée des maremes. Celles-ci
font les diverfes bornes du glacier, 8c les marques
des endroits où il s’eft arrêté après avoir,
rétrogradé.
Il faut remarquer auffi que, dans le cas de plu-
fieurs maremes , les maremes intérieures font moins
confidérables pour la quantité de débris & de rochers
dont elles font compofées, que les extérieures.
C ’eft toujours celle qui eft la plus éloignée
qui eft la plus forte; car lorfque le glacier
qui a plufieurs maremes avance de nouveau, 8c
prend fon accroiffement de manière à atteindre
la mareme la plus éloignée, il pouffe devant lui
tous les matériaux des maremes intérieures, & les
ajoute à cette dernière, qui fe trouve formée de
tous les matériaux des intermédiaires.
S’il furvient par hafard une fonte de neiges ou
de glaces extraordinaire dans un glacier, 8c qu’au
produit de cette fonte Toit ajoutée l'eau d’une
pluie chaude, alors le volume d'eau qui dégorge
fubitement des glaciers entraîne les terres, les
graviers 8c les pierres de la mareme , & y forme
une brèche plus ou moins érendue ; & cette brèche
refte long-temps dégarnie, vu la lenteur du
travail du glacier dans l'accumulation des matériaux
qui compofèîit fes maremes.
f MAREMME. La Maremme, ou la partie maritime
de la Tofcane , s'étend depuis la Magra
jufqu’au Tibre. C ’étoit anciennement la partie
la plus peuplée 8c la plus fertile de la Tofcane,
avant que celle-ci tombât au pouvoir des;
Romains ; mais les déprédations de ce peuple ,, 8c
celles des barbares qui détruifirent leur Empire,
en dépeuplant cette contrée, l’ont réduite à l’état
où on la voit aujourd’hui.
La Maremme manquant d'habitans, fe couvrit
de bois ; les eaux de cette contrée n’étant plus contenues
dans leurs canaux, inondèrent les plaines
& formèrent de nombreux marais. Le terrain de
Ja Maremme eft en partie de montagnes piimi-
tives, en partie de collines 8c dè plaines. Les
folfatares & les lagoni ( voye^ ces mots ) ne font
point les caufes de i ’iofalubrité de la Maremme,
non plus que les mines des différens métaux qu’on
y trouve.
Les collines y font très-infalubres, tant à caufe
de leur fituation qu’ à caufe de la nature de leur
fol : elles font plus voifines de la plaine, & plus
expofées aux vapeurs qui s'en exhalent; elles font
en outre entourées, en tout ou en partie, de
montagnes primitives revêtues de b o is , lefquels
refufant paffage aux vents impétueux de te r re ,
empêchent le renouvellement de l’air infeél qui
eft alors forcé de féjourner. Le terrain de ces collines
retient beaucoup d'humidité ; les eaux qui
en découlent fous la forme de fontaines font mau-
vaifes à boire, & font la caufe principale des
nombreufes maladies épidémiques qui défolent la
Maremme.
La plaine de la Maremme eft la partie la plus
mal-faine, 8c celle qui vraiment dévoré fes ha-
bitans ; fon terrain eft fertile & engraiffé de plus
en plus par la putréfa&ion des végétaux dont elle
eft couverte.
£.es marais de ce canton font ou permanens,
ou temporaires, c’eft-à-dire, qu’ il y a des la cs,
des marais, des lames ou mares, & des iivières
qui débordent ; mais ils ne font pas en grand
nombre ni d’une très-grande étendue. Il y a
des pays dans l’Italie plus remplis de lacs & de
marais que la Maremme , & qui ne font pas , à
beaucoup près, fi infalubres. Mais fans parler de
la Lombardie, on trouve en Tofcane les lacs de
Fucecchio , de Bientina & ceux delle Chiane,
ui font infiniment moins peftilentiels que ceux
e Groffetana , quoique ces derniers foient beaucoup
moins étendus. La raifon de cette énorme
différence eft que, dans la Tofcane fupérieure, les
environs font cultivés 8c bien aérés, tandis que
ceux de la Maremme font couverts de bois im-
menfes qui retiennent les exhaiaifons de ces marais,
8c en augmentent ainfi le danger de leur
volfînage. Si ces exhaiaifons putrides étoient emportées
par les vents, ces marais feroient beaucoup
moins dangereux, comme cela arrive fur
tant d’autres plages maritimes d’un climat fem-
blable à celui de la Maremme. Quoique ces marais
reçoivent les eaux qui s’écoulent des lagoni
( voyei ce mot ) , ils fe deflechent dès les premières
chaleurs de l’é té ; la vafe pétrifiée qu’ ils
contiennent, exhale alors des vapeurs nuifibles,
ce qui n’ arriveroit point s’ils reftoient pleins
d’ eau.
Les marais de la Maremme dans lefquels l ’eau
douce eft mêlée avec l'eau de la mer, font d’un
plus mauvais caractère encore que les autres , 8c
paroiffent être ceux de V ad a , de Caldane, de
Sc.arlino, de Cafliglione.
Les dunes ou tomboli , que la violence des
vents & des flots élève fur la Maremme, contribuent
infiniment à l’ infaluhrité de cette partie
de la Tofcane; ces dunes empêchent les eaux de
.B b b b a