
E A U
E AU. Nous ne confidérerons ici Veau que relativement
aux grands effets qu’elle a produits &
quelle produit chaque jour par fa circulation. Quoi
de plus intéreflfant que de voir ces maffes A*eau,
qui forment les nuées qui flottent dans l’ air , &
qui retombent enfuite en pluies, en neiges , &c.
C ’ett par cette circulation continuelle que Veau
fert à la nourriture & à l’accroiffement deyvégé-'
taux , à la formation, à l'entretien des fources &
des fontaines, des lacs , des rivières & des fleuves,
& à la continuation de l’approfondiffement
des vallées.
De toutes les opérations naturelles que nous
connoiffons, aucune n’eft plus furprenante que
celle de la circulation de l'eau. La nature entière
en jo u it , & ne fubfifteque par fes effets.
P R E M I È R E P A R T I E .
E A U X P L U V I A L E S .
Prefque tous les auteurs fyftématiques ont oublié
les effets des eaux pluviales qui ont circulé à
la furface de la Terre. Ils ont tellement pris en
aftL-âion les agens qu’ils ont créés en grande partie,
qu’ils les ont chargés de toutes lts opérations régulières
ou irrégulières, qui font vifiblement les
effets des eaux pluviales. Suivant ce fyftème, tout
s’explique bien plus Amplement par les eaux courantes
, dont nous pouvons fuivre les effets, que
par des agens dont la marche & les opérations
font précaires.
Une fois que le travail des eaux pluviales, courantes
à la fuperficie des continens, eft bien déterminé
, qu’il eft bien diftingué de ce qu’a pu
fairê l 'eau de la mer en maffe,on peut tirer de
cette diftinéfcion des conféquences très-inftruéti-1
v e s, qui éclairent fur ce qui s’eft fait fous la mer,
& le aiftingue de ce qui s’eft fait hors de la mer,
& ce qui exige néceffairement fon abfence & l’état
de Continent à fec. Toute vallée formée, fuivie
& creufée à la fùrface du fol d’ un canton quelconque,
eft due aux eaux courantes, fournies &
alimentées par les pluies.
h ’eau en maffe, comme celle de la mer , occupant
une grande fuperficie , peut faire des ravages
, mais jamais elle ne peut creufer des vallées
avec des bords parallèles, & qui aient des
formes telles que nous les voyons en parcourant
les vallons de toute efpèce. C e travail de Veau
courante eft fi important, qu’ il me paroît devoir
occuper d’abord les obfervateurs qui commencent
l ’étude d’ un pays d’ une certaine étendue. En appréciant
bien ce travail, on rétablit tout dans
Géographie-Phyjique. Tome IV .
l’état où il étoit primitivement, & l’étude devient
bien plus facile au moyen de ces reftitutions.
§. Ier. Circulation de l 'eau pluviale dans les parties
fuperficielUs de la Terre.
Il importe beaucoup d’ étudier toute la marche
de Veau pluviale , q u i, échappant à 1 imbibition,
ou fe trouvant furabondante à l’ imbibition , va
chercher les li t s ,o ù elle eft recueillie poiir fervir
à l’entretien des fources. Cette étude n a jamais
été faite ni même projetée par les phyficiens qui
fe font tant occupés de laqueftion qui a pour objet
la manière dont les fources étoient entretenues.
Cette marche étant bien connue , on trouvera que
dans tous les cas il faut diftinguer la percolation
de Veau pluviale & fa pénétration par les fentes
de toute efpèce d’ imbibition. ||
Il ne refte plus aucun doute fur la maniéré dont
la nature exécute cet entretien des fources d un
cô té , fournit de l’autre.à la nourriture des végétaux
, & enfin aux différentes crues des rivières.
La première opération varie comme l’organifation
des parties fupeificielles du globe j la fécondé
comme la nature des terres végétales ou des pierres
qui s’ imbibent par Veau , & la troifième comme
les pentes que. rencontre Veau torrentielle.
Veau pluviale humefte certainement toutes les
terres végétales qui fe trouvent a la fuperficie du
globe, & elle les humeéte plus ou moins, fuivant
la nature de ces terres. Cette partie de Veau pluviale
eft employée à la végétation des plantes tant
qu’elle y refte , ou bien eft repompée de nouveau
par l’évaporation de l’atmofphère. Au moyen de
cet emploi, cette portion d‘eau ne peut pas etre
comptée parmi celle qui fert à l’entretien & a
l’ augmentation des fources. O r , fuivant les expériences
de M. de la H ire , Veau employée par la
végétation ne peut être eftimée précifément.
Il y a des parties de la fuperficie de la T e r re ,
qui ne font pas couvertes de terre végétale : celles-
là ne s’hume&ent pas. Veau coule fur ces parties,
& pénètre alors par les fentes multipliées qu’offre
la furface des couches de plufieurs fortes.
Outre cela, dans certaines pluies abondantes ,
Veau humeéte peu les terres 5 elle court en fuivan.t
les pentes, ou elle pénètre par les iffues qu’elle
rencontre, ou bien parvient en maffe jufqu’aux
ruiffeaux & aux rivières.
On voit par-là que voici encore une quantité
confidérable de Veau pluviale à fouftraire de celle
qui , pénétrant par les iffues & par les fentes, va
fe raffembler de toutes parts fur les lirs d’argile ,
A