
de la Ni^ritie & des autres royaumes de l'intérieur
de l*Afrique, montrent différens Commets très-in •
tëreffans. Le Commet qui traverCe l’Afrique, dans
ta partie feptentrionale furtout, n'eft qu’une er.r
ceinte de montagnes qui biffent au milieu d-ell.es
de très-grandes régions fermées, dont la nature,
à la chaleur près delà zone torride, reffemble fort
a celle des badins de l’Afie. Ces montagnes envoient
par leur revers extérieur, des eaux dans
l’Océan indien & atlantique, & même,dans la
Méditerranée} & au dedans ces eaux fe raffem-
blent dans des lacs, dans des marais, & enfin dans
des déCerts fablonneux où elles Ce perdent. Il y a
: auffi quelques-uns de ces badins, mais en plus petit
nombre, dans l’Amérique méridionale } mais l’A mérique
feptentrionale en contient un plus grand
nombre, qui verfent leurs eaux dans les mers.
Mais combien n’y en a-t-il pas qui ont raffemblé
les eaux de plufieurs contrées, dont cependant la
totalité a eu un débouché dans la mer : tels Cont
en Europe les marais de Lithuanie & de Mof-
.covie , d’où le Mémel, le Borifthène, le W olga &
autres tirent leurs fources : tels Cont en Amérique
les lacs du Canada , d’où le fleure Saint-Laurent
& peut - être le Miffiflipi defcendent : tel eft
enfin celui d’où le grand fleuve de la Plata tire
fon origine.
Voilà'le véritable enfemble Cous lequel on doit
■ confidérer les grandes inégalités de nos continens}
enCemble où fe trouvent figurés, autant que la
grandeur de la carte l’a permis, les Commets &les
badins qui diviCent nos continens.
Après ces confidérations générales. je diftin-
gue d’abord e f f Europe un Commet principal,
qui Cert de point de partage aux eaûx, tant des
fources que des pluies, qui de là fe jettent, les
unes dans les mers du nord, & les- autres dans
les mers du midi. C ’eftlà le feul & le vrai fommet
de cette partie du Monde, & c’ eft lui qui y donne
naiffance aux plus grands fleuves ; il e f l , comme
on v o i t , fommet dn premier ordres
Je reconnois enfuite quelques fommets particuliers
qui font hors de cette ligne, & qui n’ont
point deliaifon entr’eux : ce font les premiers em-
branchemens du fommet général. Ces fommets
font les intervalles que les torrens d’eau courantes
ont laiffés entr’eux en marchant féparément &
quelquefois parallèlement. Ils fervent de points de
partage aux eaux des pluies qui y tombent, & des
fources quifortent de leurs flancs, en déterminant
leur cours vers une rivière ou vers une autre,
vers un fleuve ou vers un autre, comme le fommet
général le décide pour l’une & pour l’autre
mer. On pourroit donc nommer ces intervalles fommets
du feçond ordre ; de ces fommets particuliers-,
il n’en fort ordinairement que des rivières. Comme
ils ont aufli eux-mêmes des rameaux qui fe fubdi-
vifent encore, & que l’on pourroit fuivre très-loin
cette divifion du fommet des fleuves & des rivièr
e s , gux, fommets des moindres rivières, aux fom-
.mets des ruiffeaux, & enfin à ceux des moindres
fources, on trouveroit des Commets du premier,
du fécond, du troiljème & du quatrième ordre j
enfin, par une fuite de la difiribution des eaux
qu ils nous offrent j on diftingueroit de même des
rivières du premier, du fécond, du troifième &
du quatrième ordre.
On Cent bien que cette même fubdivifion devroit
fe porter fur les vallées que forment tousfes ordres
de fommets par leurs flancs. Je regarde, par exem-
;ple, tout le terrain dont les eaux fe rendent à la
Seine, rivière qui tombe du Commet général & fe
jette dans la mer, comme formant une vallée du
ordre j tout le terrain qui porte Ces eaux
a la Marne, comme une vallée du même ordre,
attendu qu’elle commence au Commet, général &
Cuit les mêmes pentes > tout le terrain qui porte
Ces eaux dans la Saux, laquelle tombe dans la
Marne, comme une vallée du fécond ordre î tous
les terrains qui portent leurs eaux dans le ruiffeau
de Trois-Fontaines, comme une valléé de troifième
ordre} enfin, les Vallees & vallons qui portent
leurs eaux dans le ruiffeau de Trois-Fontaines,
comme une vallée du quatrième ordre, & ainfi de
Cuite. Il eft impoflible qu’aucun lieu de la Terre
puiffe Ce fouftraire à cette diftribution.
Je remarquerai ici que Couvent le troifième ,ou
le quatrième ordre peut fe réunir au premier immédiatement}
ainfi la Seine reçoit les ruiffeaux &
les produits des^ fources qui tombent immédiatement
dans fon Jit.
Cette même diftribution peut avoir lieu dans le
ÇÿfâÉfy Mi y auroit un plateau ifolé qui donneroit
naiffance p plufieurs rivières, lefquelles en rece-
vroient d ’autres d’ un autre ordre} & enfin celles-
c i , d’autres ruiffeaux ou fources. Cette-diftribution
meme eft plus aifee a faifir que les autres plus
e.tendues, & la correfpondance des Commets, des
rivières & des vallées eft plus nette & plus précife
que dans les contrées voifines. du fommet général.
( Voyei Forges ( Plateau d e ) . )
La ligne du fommet général de tout le continent
de 1 Europe commence aux montagnes de la Sierra-
Morena dans 1 Andaloufie, & Ce termine aux fources
du Wolga & du Borifthene, où commence le
Commet de l’Afie, qui Ce ramifie en deux branches,
dont l’une gagne la Sibérie, & l’autre Ce dirige
vers l’Arménie} & après s’être éloignées beaucoup
l’une de l’autre, elles fe rapprochent & Ce rejoignent
vers les frontières de la Chine. Ces longs
fommets forment, a la furface du vafte continent
de l’A fie , des finuofités qu’on peut voir fur les
cartes de l’ Europe & de l’Afie.
Quant i ce qui concerne ces finuofités, il me
paroit qu’elles dépendent non-feulement des inégalités
produites par les vallées qui font l’ouvrage
des eaux courantes, mais furtout delà conftitution
primitive des terrains,^qui a en tout tems une
grande partie de ces inégalités .C ’eft fur cette dernière
considération que j’infifte le plus, ayant
reconnu par mes propres obfervations, que ces
circonftances avoient lieu dans bien des cas.
Je puis apporter pour preuve de cette affer-
tion la marche du fommet général du partage des
eaux en France. Je le prends d’abord aux Pyrénées,
d’où il fe prolonge à l’eft, puis il fe dirige au nord
& peut-être dans le milieu de la France} il fe
replie enfuite vers l ’e ft, paffe par les V o fg e s , &
redefcend au fud-eftl O r , je trouve dans les Pyrénées
une conftitution totalement différente des
terrains qui les réunifient aux Cévennes : ce font
entièrement des terrains calcaires, à couches inclinées
de la moyenne terre , & à couches horizontales
de la nouvelle. Les Cévennes au contraire
font compofées de maflîfs graniteux, recouverts
de couches inclinées, puis enfin de maflifs
graniteux feuls & apparens. A cet état de la fur-
face de la Terre fuccèdent ces maffes de pierres de
fables, puis les maflifs graniteux, puis la moyenne
terre melée à la nouvelle} enfin l’ancienne'terre
graniteufe des V o fg e s , enveloppée de pierres de
fables: en couches horizontales, & les alpes du
Jura, qui font compofées de couches inclinées de
la moyenne terre , &c.
Je dois faire obferver que ces divers maflifs ne
peuvent être confidérés comme réduits à un fimple
fommet d’une petite largeur} car les Cévennes &
leurmaflif, non-feulement fe prolongent par le
Forez, mais par la haute Auvergne, le Rouergue
& le Limoufin} maflif important & étendu , &
dont l’enceinte eft à peu près déterminée par les
rivières qui y prennent naiffance, & que jecon-
jidère comme des rivières du premier ordre. Quoique
cette confidération du Commet généra! de dif-
triBution des eaux puiffe entrer dans la géogra-
phie-phvfique comme importante, il s’en taut
beaucoup que,dans la Nature , elle Coit réduite à
une allure fimple & uniforme, comme fi la furface
de la Terre n’étoit compofée que d’une matière
homogène, & organffée de même} mais fi nous
nous fommes attachés à cette confidération d’un
fommet général, fi nous l’avons indiqué d’après
les cartes, nous devons avertir de toutes les
modifications qu’une obfervation fuivie & févère
pourroit y apporter. Nous traçons cette ligne
comme une réclame, comme un moyen de rallier
les obfervateurs autour de ces points, afin qu’ils
nous fourniffent tous les détails qui concernent les
terrains environnans, d’ après les mêmes diftinc-
tions & les mêmes principes que nous avons adoptés
dans ce que nous avons dit de la partie du fommet
général qui traverfe la France.
Le même fommet général, en fortant de France,
va traverfer les Alpes, & continue à décrire en
Autriche, & entre la Hongrie & la Pologne , une
ligne pleine de finuofités} mais indépendamment
de ces détours, qui embraffent des contrées fort
étendues,ces grandes courbes ne font compofées
elles-mêmes que d’une infinité d’autres plus petites}
en forte qu’ il eft rare que ce fommet général
parcoure plufieurs lieues fans changer fa direction.
Nous avons indiqué les caufes de ces variations
en indiquant la fuite des maflifs qui fe montrent
dans tout ce jtrajet, & qui ont eu primitivement
des formes particulières, & les ont confetvées
malgré leur réunion. .
C'eft en coiiféquence de cette difpofition des
maflifs qu'on trouve, autour des noyaux de l'ancienne
terre , des efpèces de golfes tracés par
cette ligne du fommet général entre la Bohême ,
la Hongrie 8c la Pologne. C'eft aufli à ce même
arrangement des maflifs. que l ’on rencontre tant
de golfes, où: la tête de chaque rivière 8c de
chaque fleuve un peu confidérable , voifine du
fommer, fe trouve logée depuis long-tems ; en
forte que la fuite de leur cours occupe" ces enfon-
cemens qui appartiennent à la nouvelle terre : tels
font les golfes de l'Ébre en Efpagne, de la Loire ,
de l 'Allier 8c du Rhône eh France; du Rhin eD
Suiffe & en Allemagne; du Mein, de l’Elbe 8c du
Danube en Allemagne ; de la Viftule en Pologne ;
duPo en Italie. ( V o y e ^ , dans ce Dictionnaire, Golfes
du .Pô , du Rhône, de l'Allier & de la
L oire; voyej; auffi. Sources.) On v e r ra i combien
d'événemens 8c d’opérations de la Nature
cous ces golfes doivent la forme de leurs côtes.
Inégalités de la furface déjà Terre dans le voifinagc
des pôles.
Les pays du nord, dans les deux hémifphères,
ne font pas deflinés comme les autres pays du
Monde : la diftribution des eaux ne s'y;eft pas faite
comme entre les tropiques & fous l'équateur. Les
vallees n y four pas cteuiées profondément comme
dans les autres climats. Les montagnes n'y font
pas proportionnellement auffi élevées. L'on n'y
voit point, excepté le Saint-Laurent, de ces fleuves
d'un long cours tic continus comme dans toutes les
autres régions; mais il paroît qu'il eft réfuité de là,
qu'au lieu de ces grands fleuves qui raffemblent
les eaux d'une vafte étendue de pays, il s’y trouve
à la. furface de la Terre, une plus grande quantité
de badins ifolés, dont les eaux fe réunifient dans
des lacs 8c des puifards pariiculieis & très-multi-
pliés , & que les inégalités de la fuperficie n'y
étant pas • dellinees a grands traits 8c a grandes
pentes, elles y font d'autant plus multipliées,
quelles ont moins de profondeur.
On penfe aufli que les parties des continens vpi-
fines des pôles ne Font pas aufli élevéees au deffus
des mers qui les entourent, que les continens voi-
fins de l'équateur le font au ueflus des mers de E
quateur. Le degré de viteffe qu'a la rotation de
notre Globe doit donner à l'orbe tèrreftre des continens
une force centrifuge différente & plus énergique
qu'à l'orbe des mers, attendu la différence
qu'il, y a entre la pefanteur de la terre St celle de
l'eau. Si l'on fuppofe pour un inftant deux globes
de même diamètre , ayant chacun une rotation