
bien plus étendus & bien plus ingénieux, par rapport
au deflin & à l’exécution, que ne l’annonce
le peu de progrès de leur civilifation à d’autres
égards. Les femmes fabriquent les étoffes, dont
elles tirent la fubftance des fibres de l’écorce d’un
pin qu’on rouit & qu’on bat, comme on rouit
& l ’on b â tie chanvre. Leurs étoffes ont différens
degrés de fineffe; quelques-unes reffemblent a nos
couvertures de laine les plus grotfières, & d’autres
égalent prefque nos couvertures les plus fines;
elle font même plus douces & plus chaudes. Le
prtit poil, ou plutôt le duvet, qui en eft la matière
première, paroït venir de différens animaux>
tels que le renard & le lynx brun : celui qui vient
du lynx eft le plus fin, & dans fon état naturel il
a prefque la couleur de nos laines brunes grofliè-
re s j mais en les travaillant, ils y mêlent lesgrands
posls de la robe des animaux, ce qui donne à leurs
étoffes une apparence un peu différente. Les orne-
mens ou les figures répandués fur leurs habits , font
difpofés avec beaucoup de goût; ils offrent ordinairement
diverfes couleurs : les plus communes
font le brun-foncé ou Je jaune; cette dernière, lorf-
qu’elle eft fraîche, égale en éclat les plus beaux
de nos tapis.
Lesarts d’ imitation fe tiennent de fort près, & il
ne faut pas s’étonner que ces fauvages, qui favent
travailler des figures fur leurs vêtemens & les
fcuIptejÊ&fur le hois , fâchent aufli les deffiner en
couleur. On voit toutes les opérations de leur
pêche de la baleine peintes fur leurs chapeaux.
Quoiqu’elles fuffent groflièrement exécutées, elles
prouvent du moins que, malgré leur ignorance absolue
de ce qui a rapport aux lettres, & outre les
faits dont ils gardent le fouvenir par leurs chaDts
te leurs traditions, ils ont quelque notion d’ une
méthode pour rappeler & repréfenter, d’ une manière
durable, ce qui fe paffe dans le pays.
La conftru&ion des pirogues eft fort-fimple ; mais
elies paroiffenc très-propres à l'ufage auquel on .
les deftine. Leur attirail de pêche & de chaffe eft'
ingénieux & d’une exécution heureufe.
NORD ( Mer d u). La mer du Nord, après
avoir baigné les côtes de Norwège, eft’ reçue
dans un vafte baffm , entre l'Écoffe , l’Allemagne
& le Danemarck ; là elle s’ouvre deux différens
paffages à l’ orient; elle pénètre & s’étend fort
avant dans le continent. En remontant du côté
du Nord y elle forme la mer Baltique & les golfes
de Finlande & de Bothnie. ( Voye^ ces mots. ) Du
fô te de l’occident cette mer s’engage entre la
France & l’Angleterre , où elle forme le canal
qu’ on nomme la Manche.
Le canal, depuis le Pas-de-Calais ou il commence,
jufqu’aux limites occidentales de la Bretagne
où il fe termine, iroit toujours en s’élar-
giffant, fi un prolongement du Cotentin ne le
refferroit dans des limites plus étroites ; mais
en-fuite-il s’élargit jufqu’ aux extrémités des côtes
qui le réunifient à l’Océan occidental.
Dans toute cette longueur le canal de la Manche
eft bordé par des rochers élevés, tantôt par
des falaifes dont l’élévation eft: médiocre, &
tantôt par de petites éminences de fable s. Ici la
grève paroït s’éleve r, &r a une pente allez rapide
du côté de la mer, qui ne peut pas s’étendre beaucoup
dans le flux. Ailleurs une grève plate biffe à
la marée une grande étendue de terrain qu’elle recouvre
facilement ; il en eft de même de certaines
rivières où elle remonte afîez loin.
Les rochers, le galet, le gravier, les fragmens
de coquilles , les fables, les limons, l’argile, font
couverts par les eaux.
Par ces détails on voit que les eaux qui baignent
nos côtes le long du canal de la Manche peuvent
ferVir de retraite à un grand nombre d’efpèces
de poiffons. Cependant nos côtes ne font pas aulli
fécondes que celles d’Angleterre. Sur ces côtes
les eaux font beaucoup plus profondes. Plus on
avance vers la pleine mer, en quittant le rivage,
plus on trouve la profondeur des eaux confidé-
rable. Le canal, d’ailleurs, a d’autant plus de
profondeur, qu’on avance plus du Pas-de-Calais
vers l'Océan.
N o r d (Cap). Ce cap eft fîtué dans la côte eft
de l'Afie feptentrionale ; il gît par 68 deg. 56' de
I latitude, & 180 deg. 51' de longitude (méridien
de Greenwich). Cette pointe eft efçarpée & remplie
de rochers. La côte qui fe trouve derrière
doit prendre une direction très-occidentale, car
on n’aperçoit point de terre au nord. Une colline
ou une autre pointe renflée fe trouve près de ce
cap , & l’une & l’autre reffemblent à des îles.
De ce point on prend unè vue affez exa&e de
la côte d’Afie, qui reffemble, à tous égards, à
la côte d’Amérique', fituée en face ; c’eft-à-dire,
que le terrain eft bas près de la mer, & plus élevé
dans l'intérieur du pays. Elle eft entièrement dénuée
de bois, & même de neige, mais couverte
d’une fubftance de la nature de la moufle, qui lui
donne une teinte brunâtre. Il y a dans les terrains
bas', fitués entre les terrains élevés & la mer, un
lac qui s’étend au fud-eft , au-delà de la portée
de la vue, & il eft probable qu’il communique
ayec la mer.
N o r d (Département du). Ce département eft
du petit nombre de ceux qui tirent leur nom de
leurpofition; il renferme, en effet, au nord Dunkerque,
qui eft la ville la plus feptentrionale de la
France. U eft de forme alongée & s’étend du nord-
oueft au fud-eft.. Il a pour limites au nord la mer
d ’Allemagne, à l’eft la Belgique, au fud le département
de î’ Aifne, & à l’oueft le département du
Pas-de-Calais. On voit qu’il répond à l’ancien gouvernement
de Flandre* qui comprenoit la.Flandre
françaife, le Hainaut & Je Cambrefis.
■ ■
Hydrographie.
Les principales rivières font la Lys, qui prend
fa fourcedans le département du Pas-de-Calais, à
l’ oueft de la ville d’Aire; coule à l’eft, paffe
n à Mèrville, à Armentièr.es , 6c fërt de limite
au département; reçoit à fa droite la Brelle, la
D'eide, & entre à Menin dans la Belgique. La
Deule , à fa naiffance au fudroneft de Lille , fous
lé nom de Haute-Deule , prend enluite le nom de
Bajfe-peulè, & fe réunit à la Lysau nord-eft d’ Àr-
mentières. En fe portant au fud on trouve la Scar-
p e , qui prend fa fcurce au-dèlfus d’Arras, paffe à
Douay-, à Marchiem.es, à Saint-Amand, & fe joint
à' I’ Efçaut vers les limités du département.
L’ Efcaut a fon origine- au-deffus de Cambrai,
qu’il arrofe; il fe réunit à la Cenfé , à Boucha,
in, & un peu plus bas à la Selle, paffe à V alenciennes
& à Cortdé , où fe trouve le confluent
de l'Aifne; enfin ,.en nous portant au nord \ on rencontre
l’Àa , qui fe joint à la Colmé, après qu’elle
a arpolé Bergues, & ces deux rivières côtières
ont leur embouchure a; Gravelines.
La Sambre a fa fource près du village deNovron
& fe jette dans la Meule à Namcr. Elle eft navigable
par éclufes depuis Landtvcies |ufqu’ à Mau-
btuge, & dans cet intervailè elle reçoit la Helpe,
après qu’elle a arrofe À'vefnes.
- Les principales villes-, d'u département du Nord,
font Dunkerqueville confiriérable , port de mer;
Gravelines, afembiùclùirie'de-rAa ; Çaffel, fur
une montagne; Bergues, fur la mer 3 Douai.
NORFOLK, comte d’-Angleterre. Le comté de-
Norfolk, •confidéré'fo'us- le rapport de l’agriculture,
doit être divifé en trois parties, celle de-l’e ft,
celle de. l’oueft & celle du fud; cette dernière eft
fo-umife aux méthodes rurales deSuffolk, & n’offre*
pas le fyüème de la province dans toute fa pureté.
- La partie de l’oueft fe compofe de pâturages
marécageux, de bruyères étendues ou pâturages
fées deftinés aux moutons, 8c de-nouveaux déiri-
chemt ns ;. celle de'l’eft préfente feule cet enfem-
ble de pratiques d’agriculture qui a mérité aux fermiers
de Norfolk l’honneur de- fervir dé modèles
aux habiles cultivateurs.
Le climat de la partie de l’eft eft plus froid qu'il
ne l’eft dans le refte de l’ïle, fous la même latitude,
favoir, le 53e. degré, & les récoltes y font plus
tardives de huit à dix jours, qu’elles ne le font
dans le voifinage de Londres. Ce diftriél eft généralement
plat. Dans le voifinage de la mer, le pays
eft coupé. Dans les arrondiflemens du fud on
trouve des marais étendus ou de petits lacs en
affez grand nombre.
On y voit peu de rivières, & celles qui coupent
le diftrrél: font peu confidérables $ mais les ruiffeaux
font très-muitipliés, & arrofent .ce canton d’une
manière avantageufe. .
I Le Yare eft navigable depuis Norwich jufqu’ à
Yarniouth , & la Thyrn depuis Yarmouth jufqu’ à
Dilham, d’où la navigation continue par un canal
jufqu’à Aylesham.
Les enclos ont- en général peu d’étendue ; les
haies font fort élevées & fort garnies d’arbres qui
bornent la vue de tous côtés , de manière qu’en
traverfant ce dîftriét on croit arriver à une vafte ‘
forêt qui fe change , à mefure qu’on avance , en .
une fuite d’enclos dont l’intérieur eft cultivé. On
ne trouve pas.dans cette partie un feui acre de
:bois, mais on y voit de temps en temps des terrains
vagues & incultes, furtout dans les ar-
rondiffemens du nord.
'Les marchés intérieurs, font Nortwich , Yarmouth
8c Nortwalsham.
Les petits ports de Blakenes , Cromer & Munf-
ley fervent à l’ exportation pour les parties vol-
fines de la côte dans les arrondiflemens du nord.
Le comté de Norfolk étoit habité autrefois par
•un grand nombre, dé petits propriétaires ; mais
les exemples fréquens de fortunes confidérables, ‘
faites par les profits des gros fermiers, les ont'
engagés à vendre leurs petites poffèffrons pour-
s’adonner à une induftrie plus lucrative.
Les fermes du diftiiét de Feft font prefque toutes •
enclofes;il refte cependant quelques plaines cultivées
, divi.fëes en petites portions dépendantes
de divérfês fermes, & l’on voit fréquemment deJ
petits closfenèlavés dans des poffe fixons différentes.
- L’étendue des fermes eft en généra!médiocre;
leur prix varie de 50 à 300 livres fterlihgs par an.
La plus grande partie de chaque ferme confifte en
champs labourstbles. L’étendué & la valeur relative
des prés & des pâturages font très-peu confi-
_dérables dans ce comté. Le caractère apparent des
terres offre une grande uniformité» elles font en
général légères & fablonneufes , mais leur qualité
eft cependant affez variée.
La profondeur moyenne de la terre végétale eft
de cinq-à fix pouces feulement; on trouve au --
deffous une couche dure dont la fubftance &
l’épaiffeur varient, puis une très-grande profondeur
de fable. Le lit fur lequel repofe la terre
végétale eft un gravier pur ou bien une terre
argileufe ; la marne , quoiqu’elle fe trouve quelquefois
à peu de profondeur, ne s’élève- guère
jufqu’à la terre végétale.
La dureté-remarquable de fa couche qui eft im-'
média te ment au-deffous de la terre végétale , doit
être attribuée à la manière uniforme donc les
champs fe labourent; le foc eft plat, 6c dans l’action
du labourage il gliffe horizontalement. Les
roues & le talon de la chai rue durci fient de plus en
plus ce plan horizontal, que les cultivateurs nomment
lé pan, & qu’ils ont grand foin de ne jamais entamer.
Lorfque, par l’ignorance oulamaladreffe.dll
laboureur, le pan fe trouve entamé, les récoltes-
fuivantes en fouffrent, foit parce que l ’humidité,
fi néceffaire aux terres légères, s’ échappe plus aife*-
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