
blocs & par couches -, & la bafe eft de h pierre
à plâtre aufli par couches. On peut remarquer ici
que c’eft à peu près le même fyjtème de compofi-
tion & de diftribution de matériaux qui règne
dans toutes les maffes des environs de Molina,
& qu’t l'es doivent leur formation aux mêmes,
circonft.inces réunies. Ce que nous allons voir
par la fuite confirmera ces réflexions.
A côté du coteau de la PlatiSle il y en a un
autre compofé de pierre de fable en couches
inclinées, qui font établies fur un lit de cailloux
roulés de quartz fortement conglutinés enfemblej
ils font de la même nature, de la même couleur,
8c à peu près du même volume que ceux du fotr,-
m&t de la colline de Molina. Le banc des cailloux
roulés de quartz fuit la même inclinaifon que
celle des couches de pierre de fable. .
En defcendant la rivière de Molina jufqu’aù
village de Prados-Redondos, on rencontre un
ravin profond que Peau s’eft creufé, en minant
un rocher dans une profondeur de plus de cent
cinquante pieds. En obfervant avec foin la coupure
de cette maffe, on remarque que fa décom-
pofition a concouru à l’accé'ération du travail de
Peau j car dans certains endroits les rochers fe
fendent par lames parallèles aux lits , & dans
d'autres par blocs irréguliers.
Au-deffous de Prados - Redondos on trouve
une petite colline près d’un moulin, q u i, avec
une fuite d’autres , forme une chaîne baffe ; elle
eft compofee de pierre à chaux en couches très-
inclinées , où Pon remarque des fentes horizontales
& obliques de toutes grandeurs , depuis lîx
pieds jufqu’ à Pépaiffeur d’ une carte.
Derrière ce moulin il y a un petit coteau formé
de pierre calcaire remplie des coquilles folfiles fui-
yantes : de térébratules, dont les formes font
très-variées > de coeurs de boe u f, grands & petits}
de cames, de tellines, de petites huîtres flriées,
de petites huîtres liffes, de bélemnites avec des
articulations.
Toute la matière qui compofe la colline paroît
être le produit de la communication des coquilles
fofliles, dont il eft aifé de reconnoître les débris,
à l ’exception des bélemnites, qui font féléniteufes
& fpathiques. On voit beaucoup de ces coquilles
ui font éparfes fur la terre & 1© long des croupes
.e la colline, parce qu’elles ont été détachées de
la mafle où elles étoient enfevélies, & où elles
ont été confervées à caufe de leur forme & de
leur plus grande confiftance.
A un quart de lieue de Caftille-la-Neuve, hameau
fîtué fur la rivière de Molina, & à un quart
de lieue du moulin dont nous avons parlé, on
trouve dans des terres cultivées toutes les coquilles
fofliles que renferme la colline du moulin,
à l’exception des uhivalves. On y rencontre piu-
fieurs.morceaux de pierres fans aucune fente, & ,
en les brifant, on remarque que toutes les coquilles
bivalyes fe fépajrent en deux ] & que la cavité in*
| térieure qu’occupoit l’animal eft remplie par un
noyau terreux plus ou moins pétrifié, il a fallu
| pour cela que h terre s’y foit introduite en poudre
extrêmement fine } car autrement elle n’auroit
pas pu pénétrer dans les coquilles exactement fermées.
Outre cela , l’eau paroît avoir travaillé cette
matière après fon introduction, puifqu’elle a pris
non-feulement la dureté de la pierre brute , mais
encore qu’elle annonce fouvent une belle criftalli-
fation fpathique.
Quelques-unes de ces coquilles fofliles font intactes,
fans aucune altération, & ont confervé leurs
couleurs & leur vernis ; mais d ’autres font tellement
oblitérées & même détruites, que l'on ne
peut pas en diftinguer l’efpèce , parce qu’elles
n’ont pas confervé leurs formes lorfqu’elles ne
font pas encailfées dans la partie la plus folide des
couches.
Dans la matière qui remplit la cavité des coquilles,
on diftingne quelquefois non-feulement
des débris de ces mêmes coquilles aifés à recon-
noïcre , mais .encore de petites coquilles de même
efpèce.
Enfin, on voit de gros morceaux de pierre
qui font compofés de fragmens de toutes ces
coquilles, pétris & conglutinés enfemble, avec
quelques-unes qui font reliées entières au milieu
de ces débris.
D’après ces détails on peut conclure qu’ il y
a des couches de pierres calcaires qui font formées
de coquilles tellement comminuées, qu’ on n’èn
diftingue plus les fragmens, & que n ême ils
font réduits en une pâte qui a reçu l’infiltration
! du marbre} que, d’autres fois, cette matière fe
trouve réduite en poudre à tel point, qu’elle a
perdu tous veftiges de fon ancienne organifation
animale, & qu’ elle eft devenue une terre calcaire
fertile, & qui n’annonce plus qu’elle ait été coquille.
On voit aufli par-là qu’il y a eu, dài.s le
baflinde la m er, des coquilles diffoutes en poudre
calcaire, laquelle a rempli les coquilles entières
& qui en a formé les noyaux : il en eft de même
des autres matières mêlées à la poudre de coquilles,
& qui ontété introduites en'même temps.
Si toutes les pierres & les terres calcaires fe
font formées ainfi des débris des coquilles, il
s’enfuit que la plus grande partie des montagnes
élevées, comme des collines, font des productions
du règne animal. Quelle immenfe production,
& quelle étonnante transformation !
A une demi-lieue de Molina , du côté où eft
fituée la mine de la Platille , il y a un ravin d’environ
cent cinquante pieds de profondeur & de
trente à quarante pieds de largeur, formé au milieu
des couches de pierres de fable rouge qui
pofent fur des bancs de cailloux roulés, quart-
z eu x , conglutinés avec un ciment fablonneux.
On trouve dans les deux maflifs divifés par la
coupure du ravin , des fentes perpendiculaires qui
les partagent en plufieurs morceaux. En ^ e x a minant
minant avec foin', on voie que les fentes, dans les |
bancs de cailloux roulés quartzeux, font dues
particulièrement à la décompofition du ciment
qui les uniffoitj car on trouve quelques-uns de
ces cailloux qui font détachés, & qui fe précipitent
au bas de la ravine avec le fable au milieu
duquel ils étoient auparavant engagés.
Si l’on examine les rives du ravin, on remarque
que les bancs de pierre de fable de l’une corref-
pondent aux bancs de, l’autre , & que les fentes
de deftruélion font à peu près les mêmes des deux
côtés } elles affeétent non-feulement la longueur
8c la largeur des couches, mais encore leur ëpaifi-
feur, en offrant leur délitement-par lames.
Dans les environs de Molina il y a plus de cinquante
carrièfes de plâtre : quelques-unes font fi-
tuées fur le fommet des montagnes, & d’autres à
leur pied.} quelques-unes ont plus de foixante
pieds de profondeur, & un grand nombre de couche
» ont- depuis deux lignes jufqu’à deux pieds
d’épàiffeur, & paroiffent avoir été dépofées par
fucceflàon, non pas tant fuivant la couleur de leurs
feuillets, que fuivant la diftinéfcion des intervalles
terreux, comme nous l'avons dit à l’article D ist
i n c t io n DES COUCHES.
D’après cette même théorie, nous avons prérendu
que les feuillets de marne qu’on trouve
fouvent étendus entre les pierres à plâtre, non-
feulement font de vraies couches, mais encore
fervent à diftinguer les bancs de plâtre. Ces feuillets
de marne font placés de cette manière,
parce qu’ ils ne font point partie des bancs de
pierre à plâtre, & qu’ijs n’ont rien de commun
avec eux.
A un quart de lieue de Molina, le terrain eft
propre à faire le falpêtre fans le fecoursde la bafe
alcaline des plantes} ce fel, avec fa bafe aUaline,
paroît tout formé dans des parties du fo l , & peut
s’extraire fans aucune difficulté par la fimple ébullition
8c la criftallifation , fans qu’il foit néceffaire
d’y ajouter d’autres matières, comme je l’ai vu depuis
très-long-temps à laRoçhe-Guyon, 8c comme
je l’ai fait connaître à l’Académie des Sciences ,
lorsqu'elle publia fon programme, où lès com-
miffaires ont fait honneur de cette remarque à un
autre membre de cette compagnie, qui n’en avoit
été inftruit que par moi.
MOLLESSE DE LA TERRE. S i , par queî-
qu’accident', les lits de la terre euffent été conf-
truits rapidement & accumulés les uns fur les autres,
& que les vallées 8c les montagnes s’y fuf-
fsrit formées dans le .même temps, comme le
fuppofe le P. de Lignac, Lettre V 3 par l’effet des
nuages du déluge chargés d’une fubftance lai-
teufe propre à former des pierres, pour lors la
furface de la terre devroit avoir, dans la figure
extérieure des collines 8c dans leur maffe intérieure
, unedifpofiton differente de celle que nous
yobfervons; car nous n’y verrions aucun cfcar-
Géographie-Phyfique. Tome lK .
I pement- extérieur ni aucune fraéture, car les co teaux
n'auroient été formés que par l'écoulement
de la vafe liquide } en ferte que nous ne trouverions
au dedans & au dehors de leùr maffe, que
la fuite de cette mollejfe primitive qui auroic
exifté dans cette révolution. Nous ne pouvons
concevoir comment des nuages affaiflés aurqient
pu former des bancs diftindh» 8c d’une dureté différente.
Il paroiffoit évident 8c mamfefte, d’après la
forme des terrains qui s’offroient à la fuite des
dégradations que l’on rencontroit partout, que
les continens, dans l’époque de leur émerfion ,
s’étoient trouvés aufli capables de réfiftance & pref-
qu’aufli folides qu’ils le font aujourd’hui. Si les
premières eaux courantes euffent traverfé des
vafes molles 8c fraîchement accumulées, elles les
euffent fillonnées profondément & entraînées avec
elles dans la mer} nous n'aurions pas dans nos'
vallées des bords efearpés, des rochers d’ une
coupe effrayante } on n’obferveroit pas à tous les
coudes , à tous les détours des vallées, ces terrains
élevés au pied defquels coulent les rivières;
on ne verroit pas ces énormes quartiers de rochers
que les eaux ont détachés de leurs anciens
lits , & qui fontdiftribués fur le fond des vallées ;
enfin, l’on ne verroit pas, au milieu de nos pro- 1
vinces & fur le bord des mers, s’élever des montagnes
ifolées, des pics inacceflibles > où l’on remarque
l’extrémité-de tous les bancs, de toutes
les aflifes & tranchées, comme dans un rempart
démoli. .
Il y- a mille monumens qui prouvent que les
eaux courantes ont rencontré la terre compofée
de bancs folides, & tous les maflifs de la plus grande
confiftance, même dans les premiers temps qu’ elles
ont parcouru les terrains abandonnés par la mer :
il eft vrai cependant que, dans certains golfes qui
ont reçu plufieurs rivières & un fleuve prolongé ,
les dépôts terreux mal confolidés fe font trouvés
entraînés, de manière que les anciennes vallées
qui avoient donné lieu à ces golfes, ont été creu-
fées de nouveau dans une grande partie de leur
étendue : telle eft la vallée du Rhône 8c celles
des rivières du Dauphiné qui y affluent, & enfin
la vallée du Gard. Les feules parties des dépôts
qui fubfiftent encore, occupent vifiblement les
intervalles des rivières, & les lieux où leur cours
ne s’eft pas porté dans les premiers temps.
M O LUQUE S, groupe d’îles fituéeS fur la ligne
équinoxiale, entre la Nouvelle-Guinée & les
îles de la Sonde, au nord de la Nouvelle-Hollande
& au fud des Philippines.
La plupart de ces îles font volcaniques, & font
fujettes à des éruptions & à des trerçiblemens de
terre1
lie Soréa. — L e i vents d’eft avoient foufflé pendant
environ fix ou fept femaines, jufqu’ au 4 juin
1693 ; ce jou r , U montagne de 1 *Üt Soréa com