
drons que, dans certains endroits de l'Angleterre,
fuivant des obfervations faites avec précifion, il
tombe jufqu'à quarante pouces d'eau. Suivant Der-
ham3 il tombe quarante-(Jeux pieds de pluie dans
la province de Lancaftre.Hallesa trouvé trois pouces
de rofée & vingt-deux pouces de pluie ; ce qui
fait vingt-cinq pouces. Statiq. des Vég. exp. 15.
Il ne paroît pas que Plot, qui a differté fi longuement
fur les fontaines, ait fait, aucune obfervation
fur le produit des pluies à Wiliovr-Bridge, ni qu'il
fe foit afluré de la plus grande étendue des couches
qui pouvoient verfer de l’eau dans leur réfer-
Voir.
M. Mariotte, en fuivant le plan de M. Perrault,
a embralfépar fes calculs une plus grande quantité
de terrain. Il a trouvé, en efiimant le produit delà
pluie à quinze pouces, qu’il fe formoit en un an,
fur toute la fuperficie que traverfent l'Armanfon
l ’Yonne, le Loing, l’A ub e, la Marne & les autres
rivières qui ^roflîfient la Seine, une.maffe de fept
cent quatorze milliards cent cinquante millions de
Pjeds^cubes. Le total eût été d un quart plus fort
s’il eut fait l’évaluation fur Je pied de vingt pouces.
Enfuite M. Mariotte ayant mefuré la quantité de
l ’eau de la Seine qni paffe fous le Pont-Royal, il la
trouva feulement de douze midions de pieds cubes'
par heure, c ’eft-à-dire , decinq milliards cent vingt
millions de pieds cubes par an. L’eau pluviale fe
trouve être fextuple de la Seine, proportion déjà
trouvée à peu près par Perrault, au defius d’Arnay-
le-Duc.
Je ne dois pasdiflîmuler ici que M. Gxialtieri a
trouvé des rapports bien différens en comparant
l ’eau de pluie qu’îi fuppofe tomber en Italie, avec
la quantité que les fleuves & tous les canaux portent
à la mer. Il réduit toute la furface de l’Italie
en un parallélogramme reéfcangle, dont la longueur
eft de fix cents milles, & la largeur de cent vingt}
enfuite il.trouve deux trillions fept cents billions
dé pieds cubes dyea.u pour le produit de la pluie,
évalué fur le pied dè dix-huit à dix-neuf pouces ,
évaluation trop peji çonfîdérable pour l’ Italie; car,
fuivant des obfervations faites avec foin pendant
dix ans par M. Poleni, à Padoue , il pai oit que la
quantité moyenne de la pluie, dans cette partie de
l’ Italie, eft de quarante-cinq pouces, 8c quarante-
trois pouces un quart à Pife. Il eft vrai qu’il n’en
tombe que dix-fept à Rome; mais en fe reftrei-
gnantàquarante pouces, on trouve un ré fui tat fort
approchant de là quantité d’eau que portent dans
la mer toutes lés rivières de l’ Italie pendant un an,
fuivant des déterminations trop vagues ou trop
vifiblement forcées pour être oppofées à celles de
M. Mariotte ; car M. Gualtieri', pour déterminer
la qua tité çl’eau que toutes les rivières de l’ Italie
porrent à la mer pendant un an, la fuppofe, fans
aucun fondement, égale à celle que verferoit un
canal de mille deux cent cinquante pieds de largeur
& de quinze pieds de profondeur,'qu’ il trouva de
cinq mille cinq cent vingt-deux miiliafies, trois
cent ouatre-vingt-onze milliards pieds cubes ; ce
qui fait deux trillions huit cent vingt-deux billions
trois cent quatre-vingt-onze millions déplus que
n’en peut fournir la pluie.
Il en eft de même du calcul de M. Gualtieri fur
la comparaifon de la quantité d’eau évaporée de
deflus la furface de la Méditerranée, avec celle que
les fleuves y portent. Nous croyons qu’il n’ébranle
point celui que nous avons donné plus haut, fes
appréciations étant dirigées fur les prétentions d’un
fyftème, pour la défenfe duquel nous l’avons vu
figurer aflez foiblement.
Après la difcuftîon dans laquelle nous venons
d’entrer, on peut puifer de nouveaux motifs qui en
appuient les réfultats, dans la confidération de la
distribution des fources & la circulation des vapeurs
fur le Globe. ( Voye^ les articles Source , V a peurs,
Pluie, Rosee, Fleuve.) On trouve quet
ccs deux objets font liés comme les çaufes le font
aux effets.
Nous obferverons ici qu’ il y a une très-grande
différence entre les eftimes de Riccioli fur la quantité
d’eau que le Pô décharge dans la me r ,& celles
de MM. Perrault & Mariotte par rapport à la
Seine. Le terrain qui verfe fes eaux dans le Pô doit
lui en fournir à raifon de vingt pouces 8c demi de
hauteur, & , fuivant les déterminations dePerrault,
le terrain qui environne le canal de la Seine au
deflus d*Arnay-le-Duc , lui en fournit feulement
trois quarts, ce qui eft la.fixième partie de dix-
neuf pouces quelques- lignes * à quoi on évalue le
produit moyen de la pluie aux environs de Paris >
& le terrain qui décharge fes eaux, dans la Seine
au deflus de Paris , n’en fournit, fuivant Mar
io tte , qu’ a raifon de.deux pouces & demi de
hauteur. En prenant un milieu entre les deux e f times
de Perrault & de Mariotte , la quantité d’eau
que la Seine recevroit de tous les pays qui épanchent
leurs eaux dans fon canal fe réduiroit à une
couche de trois pouces d’épaiffeur. O r , cette quan-,
tité n’eft que la Septième partie ou environ de celle
que reçoit le Pô au terrain.qu’ il parcourt. Le Pie«*
mont paroît, il eft vrai plus abondant en eau , que
la Bourgogne & la Champagne , & d'ailL urs, étant
couvertde neiges pendant plufieurs mois de l’année,
il y a moins d’évaporation ; cependant il fembîe
que l’eftime de Riccioli eft trop forte;, & Gugiiel-
mini l’ infinue aflez clairement.
Cette difcuflïon nous donne lieu de remarquer
que, quelque probabilité que les réfultats locaux
puiffent avoir, on nedoit pas s’en appuyer pour en
tirer des conféquençes générales. O r , on ne peut
être autorifé, par les déterminations de MM. Mariotte
8c Perrault, à conclure, par exemple, qu’il
n’entre dans le canal des .rivières ,que la fixieme
partie de l’eau des pluies 3 <car, fuivant celles de
Riccioli fur ie Pô , on trouveroit que les rivières
entraînerpjent .tout le produit des eaux pluyiales ,
en l’eftimant à vingt pouces : plufieurs.raifons peuvent
contribuer à ces variations. 11 tombe une plus
grande quantité d’ eau dans un pays que dans un
autre : les canaux qui raffemblent les «eaux peuvent
les réunir plus favorablement. Une furface,
quoique peu étendue , fe trouve coupee par des
ruifleaux fort multipliés ; dans d’autres, les canaux
font plus au large, 8c, fuivant qu on opérera fur un
terrain ou lur un autre, on en tirera desconclufîons
plus ou moins défavorables au fyftème des pluies., !
On pourra conclure quelque chofe de plus cer?
tain 8c de plus décifif pour les induétions générales
fi., au lieu d’ un terrain arbitraire que l’on fuppofe
fournir de l’eau à une rivière, on s’attachoit à un
pays pris en totalité, comme à l’Angleterre, à 11-
taiie;mais alors fila variété des terrains fe fait moins
En tir , il y a plus de difficulté d’apprécier d une
vue générale 6c vague , comme M. Gualtieri, la
maffe totale que les rivières charient dans la mer.
On ne peut tirer parti de cesgénéralilationsqu autant
qu’on a multiplié les obfervations dans un très-
grand nombre d’endroits particuliers , fur le produit
de la pluie & la quantité d’eau que les rivières
charient } en forte que ces obfervations Icrupu-
leufes font lès élémeris naturels d’ un calcul général
qui fe trouve afîujetti à des limites préciles.
' Si l’on prouve conftamment que ce que chaque
pâys verfe dans une rivière peut lui être fourni par
là pluie,outre ce qui circule dans l’atmofphere en
vapeurs, on fera en état de tirer des conclufions
générales. Ainfi MM. Perrault & Mariotte ont travaillé
fur un bon plan, 6c il doit être fuivi quoi
qu’en dfle M. Sedileau , tom. X , Mcm. de F Acad, ,
afin. 1699.
' Au refte , les calculs généraux que nous avons
donnes d’après M. Halley, tout incertains qu’ils
font, portent fur des obfervations fondamentales,
& doivent fatisfaire davantage que la fimple négative
de ceux qui décident généralement que les
pjuies font infuflifantés pour l ’entretien des fontaines
& des rivières. J’avoue cependant que ceux
qui réduiroient le produit des canaux fouterrains à !
un vingtième ou à un dixième du produit des ri- j
yïères, ne pourroient être convaincus par les dé- j
términations que nous avons données, puisqu'elles
ne vont pas à ce degré de précifion j mais il eft
d^autres preuves qui doivent les faire renoncer à
un moyen, aufli caché que ladiftiilation fouteiraine,
dont le produit eft fi incertain , pour s’attacher à ,
dès opérations aufti évidentes que celles des pluies,
0£ dont les effets font fi étendus & peuvent fe déterminer
de plus en plus avec précifion.
Nous avons vu plus haut que ceux qui fe ref-
tveignoient à dire que les canaux fouterrains four-
niffoienr feulement à une petite partie des fourbes
, alléguojent quelques obfervations pour fe
maintenir dans leurs retranchemens. Ainfi M. de
là Hire prétend ( Mém. de F Acad. , ann. 1703,-)
qye la fource.de Rungis, près de Paris , ne peut
venir des pluies. Cette fource fournit cinquante
pouces d’eau ou environ, qui coule toujours &
qui fouffrè peu de changemens. O r , félon cet académicien,
tout l’efpace de terre dont elle peut
tirer cçs eaux n’eft pas aflez grand pour fournir à
ces écoulemens. M. Galtieri objeéte de même que
les fources du Modenois ne peuvent tirer aflez
d’ eau des montagnes de Saint-Pélerin. Guglielmini
affure .qu’ il y a plufieurs fources dans la Valte-
line , & c . , qui ne peuvent provenir des eaux pluviales.
Mais comme tous ces phyliciens n’a’lèguent
aucun fait précis & ne donnent que des aflertions
très-vagues, nous croyons devoir nous en tenir à
des déterminations plus précifes. Que l’on compare
exa&emenr l’eau de pluie , le produit d’un? fontaine
6c l’efpace de terrain qui peut y verfer fes
eaux , & alors on pourra compter fur ces réfultats.
Voilà les feules objections qu’on puifle adopter.
Par ce qu’ on a déjà fait dans ce genre on peut
préfumer que l’ eau de pluie ne fe trouvera jamais
au deflpus du produit d’une fontaine quelconque.
§. II. Il nous refte à établir la pénétration de
l’eau pluviale dans les premières couches de la
Terre. Je conviens d'abord qu'en général les terres
cultivées dans les terrains plats 8c montueux ne
s’imbibent ordinairement qu’ à la profondeur de
deux pieds. On obferve auffi la même impénétrabilité
fous les lacs ou fous les étangs dont l'eau 11e
diminue guère que-par évaporation.
Mais cependant, quelque parti que l’on prenne
fur cette matière , on eft forcé, par des faits in-
contéftables, d'admettre cette pénétration; car
les pluies augmentent aflez rapidement le produit
des fources, leurs eaux grofliflent 8c fe troublent,
& leur cours fe foutient dans une certaine abondance
après les pluies; ainfi il faut avouer que
l’eau trouve des iffues aflez favorables pour qu’elle
parvienne à une profondeur égale à celle des ré-
fervoirs de ces fources; ce qui établit incontef-
tablemenc une pénétration de l’eau de pluie , capable
d’entretenir le cours perpétuel ou paffager
de toutes les fontaines fi la quantité d’eau pluviale
eft fuffifante, comme nous l’ avons prouvé
d’après les obfervations. Combien de fontaines
qui coulent en mai 8c ratifient en feptembre au
pied de ces montagnes couvertes de neiges 1 Certains
amas de neiges fe fondent en été quand
le foh il darde fes rayons deflus l’on remarque
alors, fur les croupes des montagnes, des écoulemens
abondans dans certaines fources pendant
quelques heures du jour, & même à plufieurs reprîtes
, fi le foleil ne donne fur ces neiges qu’ à
quelques heures différentes de la journée. Le refte
du tems , étant à l’ombre des pointes de rochers
qui -interceptent la chaleur du fo le il, elles ne
fondent point. Ces alternatives prouvent une pénétration
prompte & facile. Combien de puits
très-profonds tariflent ou diminuent par la féche-
reffe ! Les eaux de pluies pénètrent donc les terres
aflez profondément pour les abreuver, & il ne
paroît pas que les fontaines qui tariffent ou qui font
fenfibles à la féchereffe 8c aux pluies aient un ré-
ferYoir moins profond ou un cours moins aboo